Je vous remercie sincèrement chers jeunes amis, pour cette ambiance vivante et éclairée qui règne dans notre Hosseinieh. J'espère que cet esprit qui, s'il s'accompagne de la piété et de la recherche de la religion, sera en mesure d'aider le pays à passer toutes les étapes difficiles et se développera de jour en jour parmi vous, chers jeunes et chers étudiants.

Les questions abordées par nos amis étaient très justes, surtout pour moi qui écoute avec attention, les étudiants les jeunes et les différents groupes sociaux qui participent à ces rencontres. J'aime écouter attentivement et en tirer profit. Vos déclarations aujourd'hui m'ont paru très riches et très utiles, et témoignent d'un niveau satisfaisant dans les milieux universitaires. Je ne veux pas dire que vous représentez l'ensemble des étudiants du pays mais cela montre l'existence d'un bon niveau de réflexion et d'engagement, pour la résolution des problèmes au sein de nos universités, ce qui est très appréciable à mon avis.

Vous avez fait quelques remarques, j'ai des notes que, si le temps le permet, je vous exposerai, mais avant tout il me semble nécessaire de donner quelques conseils en fonction de ce que vous venez de dire. Il n'est pas mauvais de revoir un peu les propos qui ont été tenus.

Un ami a dit qu'une nouvelle génération est en train d'apparaître, ce qui est, à mon avis, tout à fait juste. Bien entendu, ce n'est pas la première génération issue de la Révolution, avant vous, une autre génération s'est montrée dans la Révolution, est née en fait avec la Révolution et a fait de grands travaux. Cette génération-là appartenait également à la Révolution et ne venait pas d'ailleurs. Car la Révolution fonctionne comme un four qui transforme l'apparence et la constitution des éléments et des substances.

La Révolution fonctionne comme on disait dans le temps, dans l'alchimie, qui transformait le cuivre en or. La Révolution transforme et bouleverse non seulement les bases sociales mais aussi et surtout la pensée et la conscience. Le premier changement se fait donc dans le cœur.

La jeune génération entre quinze et vingt ans, a fait ses preuves pendant la Révolution et après, dans la guerre imposée, et a réussi à créer cette impressionnante ambiance. Cette génération est née aussi de la Révolution, comme vous l'avez dit, je suis tout à fait d'accord avec vous et je le ressens aussi.

On a posé une question sur la mission de l'actuelle génération, sur ses modalités, ses guides et ses orientations. Ce sont de très bonnes questions dont les réponses sont évidentes. La Révolution n'est pas venue pour remplacer un gouvernement par un autre, mais pour fonder un nouvel ordre et mettre en place une société, fondée sur une pensée particulière, qui est la pensée islamique.

Nous croyons que la voie du bonheur est celle qui passe par les enseignements des Prophètes de Dieu et que l'islam contient les enseignements les plus complets. C'est notre ferme croyance que nous sommes prêts à justifier et qui a déjà été prouvée. Sans les Prophètes, l'humanité n'aurait jamais atteint un tel progrès même au niveau matériel.

L'application des théories des Prophètes dans la société humaine, exigeait un long mouvement. Notre Révolution est apparue pour accomplir cet objectif. Notre objectif est de construire une société islamique et non seulement un gouvernement islamique, et une société qui vive en fonction des enseignements de l'islam. C'est notre objectif, bien entendu nous n'avons pas encore atteint cet objectif, dans ce court délai de trente ans.

C'est un objectif qui doit se réaliser à long terme, il faut travailler et faire des efforts pour l'atteindre. C'est le devoir de cette génération. Conduisez votre pays et votre nation à un stade où, dans le vrai sens du terme, la société sera islamique. C'est le meilleur moyen de propager cette idéologie dans le monde. C'est la mission de cette génération qui apparemment ne semble pas très difficile, alors qu'elle l'est dans la pratique.

Ce travail exige l'énergie et la vivacité de la jeunesse, en un mot l'objectif se résume en cela : Nous voulons un pays islamique. Quand le pays islamique aura été constitué, la vie des gens progressera mais pas dans le sens où on l'entend dans les sociétés matérialistes, et qui ne représente pas le bonheur pour l'humanité. Il peut exister un pays dont le produit brut national est dix fois plus élevé que celui d'un autre pays, mais cela n'est pas une raison et cela dénonce même une inégalité dans la distribution des richesses, il y a une injustice et des privilèges. Que dire alors de la discrimination dans les questions spirituelles, c'est pire encore, aucune sécurité psychologique, aucune attention à Dieu, aucune piété ni vertu, aucune règle morale, ni pureté, ni générosité, ni pardon, aucune entraide et secours aux pauvres, tout manque dans cette société.

Cela n'est pas le modèle de progrès que la société islamique aspire à atteindre. Le bonheur dans une société islamique concerne les besoins matériels et les besoins spirituels. La pauvreté doit disparaître et la justice doit s'instaurer avec la morale, la piété et la spiritualité. C'est l'objectif que nous devons poursuivre.

L'un de nos amis a souligné que l'avenir du mouvement étudiant était indéfini et ambigu. Je répondrai qu'il n'y a aucune ambiguïté car tous les devoirs du mouvement étudiant et ses responsabilités ont été présentés de façon très claire. Quelle ambiguïté voyez-vous ? Vous devez poursuivre ces objectifs et ces projets comme ils ont été justement exposés.

La question qui se pose est de savoir si ce noble et grand objectif concerne seulement les étudiants. Surtout les étudiants engagés qui se sont fixé une mission dans le cadre de ce mouvement. Des étudiants engagés et actifs qui veulent consacrer leurs talents et leur énergie au progrès. Sont-ils les seuls à être impliqués dans cet objectif ? Non, sans aucun doute.

La plus lourde responsabilité incombe aux responsables et à l'élite scientifique et politique, et aux intellectuels. Néanmoins le mouvement estudiantin a aussi une grande responsabilité dont la principale est de comprendre et de raisonner.

A mon avis, l'organisation de réunions de discussion sur des sujets divers, entre les étudiants des universités et ceux des centres d'enseignement islamique, est une chose nécessaire. La propagation d'une pensée correcte pourra apporter les mêmes résultats que ceux des domaines technologiques.

Un des travaux est de déterminer les principes. Nous avons des principes à respecter et qu'il ne faut pas transgresser au nom du raisonnement et de l'argumentation. Les principes constituent les grandes lignes et la bonne direction. Il serait faux de les comparer à des murs entre lesquels il faut avancer. Non, les principes sont des repères sur un chemin droit qui conduisent l'être humain à la réalisation de ses objectifs.

Il faut connaître ce chemin juste, personne n'est emprisonné dans ce chemin ni forcé de prendre. Ces principes ne contraignent ni ne limitent personne, ils guident l'être humain et lui permettent d'atteindre ses objectifs s'il les respecte, sinon il n'arrivera pas au but espéré.

Les gens qui, pendant cent, cent cinquante ans de l'histoire de notre pays, ont prêché la réforme et vanté ses progrès nous ont détournés du juste chemin. C'est un grand péché qu'ils ont fait, nous ne sommes pas arrivés à notre objectif, nous avons même reculé et perdu notre temps. Plusieurs générations doivent se succéder et être sacrifiées jusqu'à ce qu'une génération se rend compte de l'erreur de toutes ces années perdues, revienne au point de départ et recommence tout à zéro. Le péché de ceux qui détournent la société de la juste voie est qu'ils gâchent le temps, la vie et les chances de cette société.
A une époque, ils ont cherché à nous faire croire que pour progresser, nous devions imiter les Occidentaux dans leurs apparences, et non dans leur science. Par exemple, il fallait que les femmes de notre pays se dévoilent ou que les hommes portent tel ou tel vêtement occidental.

Les coutumes vestimentaires ont été proclamées démodées et interdites par l'Etat, au profit d'une mode importée de l'Occident. Pourquoi ? Pour le progrès ? Pour eux le progrès signifiait le recours aux habitudes occidentales, dans le costume et la cravate pour les hommes, et la nudité chez les femmes. Voyez comme ces comportements ont été nuisibles et regrettables. Nous avons honte en y pensant, alors qu'à cette époque ils s'en vantaient à haute voix. C'est une erreur, une fausse façon d'appréhender le progrès. Les principes sont là pour nous éviter ces erreurs.

L'un de nos amis a fait une critique qui me paraît juste (c'est une des caractéristiques des étudiants). Il a critiqué quelques personnalités et organismes, ses critiques sont plus ou moins justes, je ne veux pas juger. L'important est que les étudiants puissent s'exprimer ouvertement et sans tenir compte des enjeux politiques, cela est très louable. La pire chose pour le milieu étudiant est qu'il tombe dans le conservatisme et parle avec prudence. Non, les étudiants doivent parler franchement.

Bien sur, ce franc-parler doit se faire dans la bonne foi et la reconnaissance de nos fautes. S'il y a une erreur, il faut qu'il y ait une différence entre les jeunes sincères et honnêtes, et les politiciens. Parlez ouvertement et dites ce que vous pensez, et renoncez-y aussitôt si vous avez compris votre erreur. A mon avis, c'est une des meilleures qualités du milieu étudiant.

L'une de vos critiques concernait la radio télévision. Certains prétendent que critiquer cet organisme revient à critiquer le Guide ? Pourquoi ? Parce que c'est le Guide qui désigne le directeur de la radio télévision ?! S'il en est ainsi on ne doit plus critiquer personne, puisque c'est aussi le Guide qui choisit le chef du pouvoir judiciaire, et c'est encore le Guide qui, suite aux élections, investit le Président de la République.

Par conséquent il ne faut plus critiquer personne. C'est une erreur. Tout d'abord je dois vous rappeler que le Guide ne dirige pas la radio télévision, c'est son directeur qui décide. Et le Guide a beaucoup de critiques à faire qui sont, dans de nombreux cas, les mêmes que celles que vous avez faites. Il y a également d'autres critiques qui me sont rapportées, car je ne regarde peut-être pas autant que vous la télévision, mais je suis au courant des problèmes. Nous faisons nos critiques aux responsables de l'IRIB, parfois même nous avons avec eux, des discussions très houleuses. Ils ont leur propre avis et des réponses qui sont parfois justes et parfois injustes. Il y a des critiques à faire et vous avez le droit de le faire, cela ne pose aucun problème, et vos critiques à l'égard de l'IRIB ne concernent aucunement le Guide.

Un autre ami a demandé comment on pouvait comprendre quelles étaient les idées de l'Imam Khomeiny. A mon avis, c'est tout à fait évident, les idées de l'Imam constituent un ensemble complet qui heureusement, a été enregistré. C'est tout ce dont nous disposons, ni moins ni plus. C'est comme les autres textes qui nous permettent de comprendre la pensée d'un écrivain, mais avec une interprétation correcte qui consiste à lire tous les textes, à les comparer et à les situer dans leur contexte historique. Il existe des paroles générales et des paroles particulières et exclusives. Cet ensemble constitue les idées de l'Imam khomeiny. Bien entendu, ce n'est pas un simple travail, notre devoir est très clair et ce travail exige différentes spécialités comme les vôtres. Créez donc des groupes de recherche dans différents domaines, pour extraire les grandes lignes de la pensée de l'Imam.

L'heure de la prière approche, permettez-moi de développer brièvement une autre question que j'avais notée. Comme quelques amis l'ont indiqué, nous sommes à l'aube de la quatrième décennie de la République islamique. Evidemment un système social de trente ans est encore assez jeune et, si ses activités et ses évolutions se déroulent correctement et à temps, il ne sera pas vieux même après cent ans. Ce qui est évident, c'est qu'à cet âge, un régime politique est encore jeune et a besoin d'expérience et d'efforts pour atteindre sa maturité, surtout dans ses principes de base.

Nous avons dit qu'à cette période, la question qui doit être considérée comme l'objectif et être à l'ordre du jour, est celle du progrès et de la justice. J'entends par progrès, un progrès multidimensionnel, à la fois matériel et spirituel. Nous ne rejetons pas du tout le progrès matériel. La question des revenus, de l'emploi et des progrès technologiques est très importante et doit être sérieusement poursuivie, pour lutter contre la pauvreté, le chômage et l'inflation. Mais nous ne arrêtons pas à cette étape, et à côté de ces objectifs, envisageons le renforcement de la foi, des motivations et des valeurs morales, islamiques et humaines.

Une autre sorte de déviation qui pourrait arriver à notre époque, et à laquelle nous devons faire attention, (il ne s'agit pas de remettre en cause les questions culturelles ou de rejeter l'identité iranienne et islamique), est que dans certains cas, nous ressentons un découragement et un sentiment d'impuissance chez les administrateurs et les responsables du pays qui, se disant réalistes, considèrent l'Occident comme un idéal très haut et inaccessible.

Ils énumèrent les différents succès des Occidentaux, dans les domaines scientifiques, dans les sciences humaines, les domaines sociaux et politiques, louent leurs nouvelles idées et leur créativité, en disant que nous ne pourrons jamais rattraper notre retard.

Un tel regard existe, moi-même, j'ai rencontré plusieurs fois des gens qui pensaient ainsi pendant ces tente années, des gens qui explicitement ou implicitement répétaient que « Nous devons progresser, nous devons suivre les Occidentaux, mais nous ne pourrons jamais les rattraper ni les devancer. C'est peine perdue », attention c'est un autre piège qu'il faut éviter.

Cela veut dire qu'une nation comme la nôtre par exemple ou toute autre nation orientale et surtout musulmane, est condamnée à suivre l'Occident, sans espérer jamais le rattraper ou encore moins le devancer. Il ne faut pas penser ainsi.

C'est une déviation très dangereuse qui, malheureusement, se propage de nos jours, par le biais des professeurs d'université, des théoriciens politiques et même de certains orateurs religieux. C'est exactement le contraire de ce que montre l'expérience historique humaine.

Dieu, le Tout Clément, a-t-Il crée un groupe de gens qui doit toujours être en avance sur les autres ? Quelle réalité historique appuie cette thèse ? Ces mêmes nations qui sont à notre époque en avance dans le monde, n'étaient-elles pas les nations les plus arriérées dans tous les domaines, auparavant ? Le Moyen-Âge européen est-il oublié ? Le Moyen-Âge qui est la période d'obscurantisme et d'ignorance de l'Europe, ne l'est pas pour les pays islamiques et l'Iran. Cette période d'ignorance est celle de la grandeur et de l'expansion des sciences et du pouvoir politique, dans notre pays et les autres pays islamiques.

C'est une façon de penser très dangereuse. Même dans les domaines où nous connaissons des progrès, certains cherchent à nous décourager. Mais les jeunes musulmans iraniens se sont mis fermement au travail et ont réussi à parvenir au même niveau que les autres pays et même à les dépasser dans certains domaines. Il ne faut pas adopter un regard pessimiste. Le regard que portent la religion, l'islam et le Coran sur l'être humain est que, pour obtenir les résultats voulus, il doit travailler assidûment et avec méthode.