Au nom de Dieu le très Miséricordieux, le tout Miséricordieux

C'est pour moi une très agréable journée. Bien sûr, j'ai fréquemment effectué des visites dans votre université pendant ma Présidence. Cette réunion évoque pour moi des souvenirs impérissables et agréables. Il y a quelques mois, lorsque j'ai été informé de cette réunion, peut-être par le président de l'université, au sujet d'un message à donner ou d'une réunion avec les étudiants, j'ai tout de suite décidé d'y assister pour me rendre compte personnellement et sur place, des résultats de plusieurs années d'activités de cette université.
Cette université a été fondée sur de grandes attentes et aspirations. Bien entendu notre Révolution et notre régime sont redevables à toutes les universités pour les progrès qui ont été faits et les services qu'ils ont été rendus à la science et à la culture, mais cette université est un produit de la Révolution qui devait former des scientifiques et des professeurs, compétent et révolutionnaires, pour les universités.
Peut-être qu'il sera difficile de comprendre cette question pour certains alors que, Dieu merci, nos universités ont produit de nombreux diplômés, fidèles et révolutionnaires. Cela était plus significatif dans la première décennie de la Révolution où certains professeurs d'université n'aimaient pas enseigner, n'étaient pas prêts à coopérer avec le mouvement révolutionnaire, étaient partis à l'étranger ou, à cause de leur manque de sympathie et de dévouement, n'étaient pas bien vus par les étudiants qui s'en plaignaient alors que d'autres poursuivaient fidèlement leurs travaux. Tout cela signifie que pour l'amélioration et le développement de nos universités, nous devions lancer une réforme fondamentale. L'un de ces programmes a été la création de cette université et aujourd'hui, je vois qu'il existe des milliers d'étudiants, des jeunes femmes et des jeunes gens, qui sont sortis de cette université. Je suis sûr que cette cérémonie restera pour moi un agréable souvenir et une expérience inoubliable.
Chers frères et sœurs! Je tiens à souligner que les universitaires, aujourd'hui, ont une lourde responsabilité. Aujourd'hui, votre pays, votre Révolution et votre régime islamique sont dans une phase qui nécessite la coopération de tous les gens qui ont des idées et des programmes, et qui peuvent aider les responsables des centres d'administration et de pouvoir.
Nous avons traversé des moments difficiles pendant la guerre et l'après guerre. Aujourd'hui, il est temps de rattraper tous les retards qui nous ont été imposés au cours de la longue période de domination despotique qui a sévi dans notre pays, grâce à la connaissance, la science et les efforts scientifiques, et de compenser ces périodes de notre Histoire où les talents restaient inconnus, où l'identité véritable et authentique de cette nation n'était pas reconnue et où, suite aux importations de produits industriels fabriqués grâce aux progrès scientifiques et industriels Occidentaux, nous dépendions de l'Occident dans tous les domaines et même dans les domaines intellectuels et culturels.
Leur première tentative a été de dépouiller nos intellectuels de leur identité, de leur culture, de leurs coutumes et traditions, de leurs connaissances, de la confiance dans leurs capacités et dans les talents de la nation iranienne. Ce manque de confiance en nous-mêmes a eu effets négatifs pendant de longues années. Il est clair qu'il a fallu plusieurs années à partir du moment où ils ont programmé d'humilier le peuple iranien jusqu'à ce que cette pensée s'enracine dans les esprits et chez les élites, permettant à l'Occident d'en récolter les fruits, malgré nos ressources humaines, nos grandes richesses, notre situation géographique stratégique, notre passé scientifique et culturel, et notre héritage scientifique. Ils ont réussi finalement et les conséquences de cette aliénation et de ces humiliations sont visibles dans les exemples concrets de retards qui existent aujourd'hui dans ce pays. Oui, en dépit de tous ces facteurs brillants, notre situation actuelle dans les domaines scientifiques, industriels et universitaires, n'est pas du tout ce qu'elle devrait être.
Même dans les domaines historiques, littéraires et géographiques, les étrangers ont fait plus de recherches que nos propres chercheurs iraniens qui n'ont pas encore réussi à rattraper les retards. Certes, depuis la Révolution, nous avons assisté à un miracle et ce sentiment d'impuissance a été remplacé par une confiance inébranlable en nous-mêmes qui a effacé ce sentiment d'infériorité, mais nous devons encore travailler.
Dans les premières années de la Révolution et en particulier pendant les huit années de guerre imposée, nous étions confrontés à de nombreux problèmes. Mais aujourd'hui, c'est votre devoir de faire de votre mieux pour la grandeur de l'Islam et l'indépendance de l'Iran islamique. Il est évident que l'indépendance ne signifie pas qu'il faille fermer nos frontières et suspendre nos relations avec l'étranger, ce qui ne serait pas sage du tout et personne ne vous invite à le faire. Au cours de l'Histoire, les êtres humains ont toujours profité les uns des autres mais il y a une différence entre des échanges d'idées, de produits et d'expériences, et le fait de mendier auprès d'un arrogant, comme c'était la cas, plus ou moins, avant la Révolution.
Vous devez conduire votre pays au stade élevé qu'il mérite. C'est la mission des gens éclairés et instruits, de la jeune génération de ce pays, et la vôtre, frères et sœurs, qui avez étudié dans cette université. A mon avis, vous avez une tâche plus lourde que celle des autres et, si Dieu le veut, vous aurez aussi plus de succès.
Je tenais simplement aujourd'hui, à être parmi vous et je n'avais pas l'intention de discuter. Je pensais passer une heure ou deux avec vous, en répondant à vos questions, ce qui était plus agréable et plus plaisant mais il y a une question qui est actuellement très utile dans les circonstances actuelles de notre pays, qui me pousse à aborder quelques points dont j'avais pris note.
La question de la liberté qui est discutée aujourd'hui avec enthousiasme dans la presse et chez les intellectuels, a deux aspects. C'est un phénomène très positif. Que les principes et les thèmes fondamentaux de la Révolution soient l'objet d'échanges d'idées et que de nombreuses personnes ressentent la nécessité de réfléchir et de s'exprimer sur ces questions, est une chose que nous attendons et qui existait déjà dans de nombreux domaines.
C'est une question qui se pose aujourd'hui et j'ai personnellement lu et entendu la majorité des travaux sur ce sujet, et même profité de certains d'entre eux. Les points de vue sont différents, ne suivent pas la même ligne et sont parfois opposés les uns aux autres.
Des deux côtés, vous trouvez des idées correctes et erronées, et il est nécessaire de poursuivre ces discussions. Nos chercheurs et nos spécialistes devraient développer ces idées et susciter des discussions publiques qui sortiraient les médias de leur monotonie et de leur fadeur. J'ai toujours demandé un approfondissement du discours révolutionnaire. Ces débats sont nécessaires pour cet approfondissement.
Il y a deux points cependant qui exigent une attention particulière. Le premier est que, dans toute discussion sur la liberté, la notion d'indépendance qui est l'une des trois devises de la Révolution, ne doit pas être négligée et doit être sérieusement prise en compte. Cela signifie que nous devons penser de façon indépendante et ne pas faire preuve de soumission et d'imitation dans le processus de pensées. Si dans ce domaine qui est la condition de nos progrès, nous imitons les autres et suivons les pensées occidentales, nous commettrons une grave erreur qui aura des conséquences amères.
Tout d'abord, je tiens à mentionner que la question de la liberté est un thème fréquent dans le Saint Coran et les Traditions des Saints Imams (AS). Certes, notre définition de la liberté n'est pas une définition absolue qui n'aurait aucun adepte dans le monde. Je crois que personne dans le monde, n'invite les gens à une liberté absolue. D'ailleurs, notre définition de la liberté n'est pas la définition spirituelle qui existe dans l'Islam et l'ensemble de notre grande littérature islamique, non, la liberté spirituelle est approuvée par tous les fidèles et ne cause aucun problème.
La liberté dont nous parlons est celle des « libertés sociales » qui comprennent les droits humains, la liberté d'expression, de pensée et de choix.
Cette notion de liberté est encouragée dans le Coran et la Sunna.
Le verset 157 de la sourate Al-Araf dit :

« الّذين يتبّعون الرّسول النّبىّ الامّىّ الّذى يجدونه مكتوباً عندهم فى التّورية والانجيل يأمرهم بالمعروف و ينهاهم عن المنكر و يحلّ لهم الطيّبات و يحرّم عليهم الخبائث و يضع عنهم اصرهم و الاغلال الّتى كانت عليهم»
« A ceux qui suivront le Messager, le Prophète qui n'a reçu aucun enseignement comme l'ont mentionné leurs propres Écritures, la Thora et l'Evangile, qui leur ordonne ce qui est juste et bon et leur interdit ce qui est répréhensible, il leur rend licite ce qui est bon et pur, et leur interdit ce qui est mauvais et impur, il les libère de leur fardeau et de leurs chaines»

Dieu présente une caractéristique importante du Prophète qui est la libération des gens de leurs charges et des pressions qui leur sont imposées. Cela a une vaste et riche signification. Si vous observez les communautés religieuses ou non religieuses de notre époque, vous comprendrez que ces restrictions, ces obligations et ces innombrables pressions imposées aux gens, ont pour origine toutes sortes de superstitions, de déviations et de contraintes sociales imposées à l'humanité par le despotisme. Le reste est clair et fait allusion aux chaines et aux jougs qui pèsent sur l'Humanité.
Le célèbre écrivain, Georges Jordak, auteur du livre "La Voix de la Justice» qui est une recherche sur les pensées de l'Imam Ali (AS) et son comportement, a fait une comparaison entre deux phrases prononcées par Omar, le deuxième calife, et par l'Imam Ali (AS).
Il écrit qu'à l'époque de Omar, certains gouverneurs des Etats islamiques, contre lesquels des plaintes avaient été portées ainsi que des rapport sur leurs mauvaises administrations, avaient été emmenés auprès du calife qui était très en colère et qui a dit:

« «استعبدتم النّاس و قد خلقهم اللَّه احرارا
« Vous avez fait du peuple vos esclaves alors que Dieu les a créés libres. »

L'autre déclaration citée dans le Nahjol-Balaghe de l'Imam Ali (AS) est celle-ci :

«لاتكن عبد غيرك وقد خلقك اللَّه حراً»
«Ne soyez jamais l'esclave d'un autre car Dieu vous a créés libres».

Georges Jordak, comme je l'ai dit, compare les deux phrases et conclue que la déclaration de l'Imam Ali (AS) est supérieure à celle d'Omar : « Omar s'adresse aux gouverneurs qui n'ont pas pu garantir la liberté ni défendre sa valeur, et qui, comme Omar le leur reprochait, ont asservi les gens. Omar leur reproche d'avoir transformé le peuple en esclave alors qu'ils devaient lui donner la liberté, alors que l'Imam Ali (AS) s'adresse à tous les gens tombés en servitude. Il les informe que ce sont eux qui doivent défendre leur liberté : «Ne soyez jamais l'esclave d'un autre car Dieu vous a créés libres», leur dit-il.
Dans ces deux phrases, il y a deux éléments fondamentaux sur la liberté et la phrase de l'Imam Ali (AS) garantit l'application de cette liberté. L'un de ces éléments est que la liberté est naturelle et j'aborderai ce point dans une comparaison entre la pensée islamique et occidentale.
Bien sûr, je n'ai pas l'intention d'entrer dans une discussion détaillée sur cette question. Peut-être que je le ferai, si Dieu le veut, à une autre occasion parce qu'il y a beaucoup de chose à dire à ce sujet. Aujourd'hui cependant, je mettrai l'accent sur les deux points que j'ai mentionnés, dont l'un est la nécessité d'une réflexion indépendante sur la liberté.
« La liberté sociale » dont on parle aujourd'hui dans le discours politique, a des racines dans le Coran. Il n'est pas nécessaire que nous nous reportions au philosophes du XVIIIème siècle pour savoir ce que Kant, John Stuart Mil ou d'autres, ont dit à ce sujet. Nous avons des idées et une logique personnelle sur ce sujet. J'expliquerai pourquoi leurs discours ne peuvent pas nous être utiles. Nous devons considérer la question de la liberté dans un cadre islamique, bien qu'il existe deux groupes qui soient opposés à l'islamisation de ce sujet et à une réflexion indépendante.