Ce qui suit est le texte intégral d'un discours prononcé le 13 Juin 2006, par l'Ayatollah Khamenei, Guide suprême de la République islamique d'Iran, lors d'une réunion avec un groupe de réalisateurs de la Télévision nationale.

Au nom d'Allah, le très Miséricordieux, le tout Miséricordieux

J'ai trouvé cette réunion très utile, agréable et bénéfique à divers égards. J'ai bénéficié à la fois des propos des amis et des différentes opinions qui existent dans le domaine du cinéma. Les remarques qui ont été faites dans cette réunion, devraient être résumées et publiées. Elles ont été enregistrées et j'ai également pris des notes mais je demande aux amis de résumer ces remarques pour qu'en plus des connaissances que nous avons obtenues dans cette réunion sur les questions liées au cinéma, un pas en avant soit également franchi et si Dieu le veut, certains obstacles soient supprimés. En ce qui concerne les divergences d'opinion sur le cinéma, contrairement à M. Ra'isiyan, je ne pense pas ces divergences soient au détriment du cinéma, au contraire, je les considère comme un signe de la liberté de pensée qui existe dans ce domaine où parfois sont exprimées des opinions diamétralement opposées les unes aux autres. Pourtant, ceux qui expriment ces diverses opinions se considèrent tous comme les enfants ou plutôt les propriétaires du cinéma, et cherchent à défendre les droits du cinéma. Je considère cela comme quelque chose de très positif et de très intéressant. Bien sûr, je sais depuis des années, qu'il y a des opinions et des attitudes différentes dans cette sphère d'activité, et les faits attestent cette réalité. Toutefois, malgré ces divergences d'opinion, le point de vue commun est qu'il faut déployer des efforts pour améliorer le cinéma iranien. C'est ce que tout le monde veut et je crois aussi à cette nécessité.

Lorsque nous avons décidé d'organiser cette réunion, je voulais atteindre deux objectifs. Le premier objectif était de rendre hommage aux cinéastes iraniens et au cinéma iranien. Je considère cette réunion et ses répercussions à l'extérieur comme un hommage rendu au cinéma et aux artistes, et je voudrais que cette attitude se propage dans le pays pour que l'importance du cinéma devienne évidente pour tout le monde. Il est tout à fait naturel que tout le monde ait sa propre conception, ses propres exigences et ses propres attentes. Néanmoins, il devrait y avoir un consensus sur le fait que l'art extrêmement complexe et remarquable du cinéma, est une nécessité et un besoin pour le pays. Le deuxième objectif de cette réunion était d'entendre vos points de vue et vos opinions, et cet objectif a été atteint, Dieu merci, dans une large mesure. Bien sûr, j'aurais préféré ne pas parler et écouter vos points de vue pendant toute la réunion.

Avant cette réunion, j'ai passé environ deux ou trois heures à lire les articles que des amis présents à cette réunion, comme M. Majidi et d'autres amis, m'avaient remis et j'ai pris des notes détaillées. Je ne sais pas dans quelle mesure je pourrai me référer à ces notes au cours de cette réunion mais de toutes façons, j'ai lu les opinions exprimées par ces amis.

Le premier point que je voudrais mentionner est la préoccupation exprimée par de nombreux amis au sujet d'un sentiment d'insécurité, d'un manque de sécurité ou d'une illusion d'insécurité que j'ai remarqués chez certains de nos amis. Nous pouvons remarquer que cette préoccupation existe aux deux extrémités de ce large ensemble. Je ne vois vraiment aucune raison pour être préoccupé de cette façon. Il est vrai qu'on peut s'opposer à certains films. J'ai peut-être moi-même, dans la mesure où je comprends les films et prends le plaisir à les regarder, fait des objections à certains films y compris ceux qui sont diffusés à la télévision ou dans les cinémas, qu'on m'apporte parfois pour que je les regarde. Cependant, je ne blâme pas le producteur. Il existe différents facteurs qui peuvent être à l'origine d'une erreur dans la production d'un film, dont l'un peut être le metteur en scène dont je parlerai plus tard de façon plus étendue. Par conséquent, il y a différents facteurs qui sont impliqués. Si nous pensons qu'une perceptionprofonde et appropriée n'a pas été reflétée par un producteur dans un certain film, nous devons essayer de savoir comment cette perception profonde et appropriée pourrait être insufflée dans le cœur de ce producteur, de sorte qu'il puisse la communiquer dans son art. L'art doit être influencé par ce que l'on ressent, comprend et perçoit. Dans le cas contraire, l'art restera peu profond et superficiel. Il est tout à fait naturel que l'objectif d'un producteur soit de transmettre une idée et une vision à ses spectateurs.Maintenant la question est de savoir comment il est possible de communiquer au producteur cette perception appréciée par les téléspectateurs, et pourquoi elle ne lui a pas été communiquée avant cela ? C'est la question qu'il faut se poser.

Je me souviens qu'un peu avant la Révolution, des poètes ont été appelés à participer à une cérémonie et à composer des poèmes sur un certain sujet. L'un des poètes, jeune et très talentueux, ne savait vraiment rien à propos du sujet. Un de nos amis lui a parlé pendant environ cinq ou six heures et lui a donné les informations nécessaires. Ce jeune poète talentueux a ensuite composé un long poème en fonction de ces informations. Maintenait il faut se demander si des efforts ont été faits pour donner une connaissance des valeurs et des principes islamiques, qui je crois, ne sont pas prédominants dans notre cinéma, au producteur, au réalisateur et même aux acteurs, avant de les accuser de ne pas avoir accordé d'attention à ces sujets ? Lorsque j'examine mes propres performances ainsi que les performances de nos centres islamiques et de nos organismes de gestion culturelle, j'arrive à la conclusion qu'il n'y a pas eu assez de travail fait dans ce domaine. Il y a un poème bien connu qui dit:

Tout malheur qui descend du ciel, Bien qu'il soit destiné à quelqu'un d'autre,
Avant d'atteindre le sol demande : Où est la maison d'Anvari ? [ici le poète se considère comme le bouc émissaire, ndt.]

Par conséquent, il n'est pas juste de s'en prendre au producteur. Je m'adresse au ministère de la Culture et de l'Orientation islamique, au Centre d'information islamique, aux centres d'enseignement islamique et aux savants qui connaissent cette pensée religieuse, mystique et transcendante dont vous avez parlé, pour leur demander ce qu'ils ont fait pour que le pays soit en mesure de bénéficier de cet art noble qui est réuni ici ? Qu'avez-vous fait ? Si aucune mesure efficace n'a été prise dans ce domaine, je ne dois pas attendre grand-chose d'un réalisateur. Je ne dois pas attendre de nos artistes de talent dont les œuvres sont dépourvues de ces valeurs ou tout au moins, qui ne présentent pas ces valeurs de façon prédominante, que leurs œuvres soient celles que j'aime. Par conséquent, il est inacceptable pour moi que nos producteurs soient victimes de cette insécurité. Si cela est le cas, cela est injuste et injustifiable.

Toutefois, chers frères et sœurs, en tant que religieux, j'ai des choses à dire mais vous n'attendez pas de moi et je ne ferai pas l'erreur de parler en tant que spécialiste du cinéma. En ce qui concerne le cinéma, des gens comme moi peuvent tout au plus, être de bons spectateurs et prendre plaisir à regarder des films. Par conséquent, je ne peux pas faire de remarques d'experts sur le cinéma. C'est à vous et à vos amis dans le domaine culturel de le faire. Mais en tant que membre du clergé et étudiant en théologie, je peux vous dire certaines choses et faire certaines remarques.

L'art du cinéma, comme vous l'avez souligné, est sans aucun doute un art supérieur, un narrateur très compétent car en effet, aucune méthode artistique n'a su raconter un événement et présenter une réalité aussi efficacement que le cinéma, et un art complexe, de pointe et sublime. Vous avez accès à cette fenêtre sur la connaissance et la lumière qui entre par cette fenêtre. Cette fenêtre est à votre disposition.

L'importance de cet art augmente également votre responsabilité. C'est cette lourde responsabilité que je veux souligner. Comme certains des amis l'ont signalé, personne ne vous a obligés à devenir metteur en scène ou cinéaste. C'est votre intérêt personnel, votre talent et votre enthousiasme qui vous ont poussés à entrer dans cette profession.Mais maintenant que vous y êtes entrés, vous devez assumer vos responsabilités. Vous pouvez être très influents.

Je peux dire à un clerc, un prédicateur ou un écrivain de livres religieux qui est aussi un narrateur des réalités et des connaissances, et leur dire de surveiller leurs remarques ou les mots qu'ils choisissent, car si une de leurs paroles ou de leurs remarques affaiblit la foi d'un jeune ou lui fait mal comprendre certaines vérités, ils seront responsables devant Dieu, le Tout-Puissant. Maintenant ce que je voudrais vous dire, chers frères et sœurs, est que compte tenu de cet art très efficace qui est à votre disposition, votre influence est plusieurs fois plus grande que celle de ce clerc, de ce prédicateur ou de cet écrivain. Si je dis que votre influence est dix fois supérieure, ce serait encore insuffisant. Par conséquent, vous pouvez voir qu'il y a une grande différence entre l'influence d'un bon film et l'influence d'un prédicateur !

Vous êtes en mesure de promouvoir la morale. L'inverse est également possible. Vous êtes capable d'inculquer à la jeune génération la patience et la persévérance, l'espoir et l'enthousiasme, la motivation, l'honnêteté et la pudeur et toutes les qualités dont une société développée a besoin. Il est également possible de les décourager au lieu de leur donner l'espoir, et d'encourager la stagnation au lieu du dynamisme et de la vitalité.

La question de la critique a également été soulevée dans cette réunion par les amis dont l'un a dit que la critique consistait à rouspéter. Non, la critique ne signifie pas rouspéter. La critique - je n'ai pas l'intention de donner une définition littérale de ce mot - signifie « dénoncer les défauts » mais il y a deux façons de dénoncer les défauts. Nous sommes assis face à face et pouvons librement évoquer les défauts. Mais cela peut se faire dans des intentions différentes. Parfois, l'objectif est d'humilier, d'insulter et de diffamer l'autre côté, ou de se venger. C'est un comportement que personne n'accepte sans parler des normes islamiques. Mais parfois, la critique est motivée par des intentions sincères et un désir d'amélioration et d'élimination des défauts et des lacunes. En d'autres termes, le but de cette critique est de montrer les défauts et les lacunes d'un individu, d'un administrateur, d'un système ou d'un groupe de gens pour les supprimer. Ce genre de critique est approuvé et louable. Il est possible que celui à qui la critique est adressée la trouve amère mais c'est un sentiment agréable. Il n'y a rien de mal à cela. Je tiens à dire qu'il n'y a rien de mal à cela non plus, au niveau du gouvernement. Si vous avez le moindre doute à ce sujet, sachez que je le dis sincèrement et qu'à mon avis, au moins, il n'y a aucun problème. Sachez que l'intention se révèlera dans l'œuvre elle-même. En d'autres termes, si nous trouvons des défauts et critiquons dans le but de démolir les gens, nous ne pouvons pas exiger des gens et de notre public qu'ils pensent que nous avons de bonnes intentions. Comme cela a été souligné lors de cette réunion par certains amis, nos interlocuteurs sont intelligents et se rendront compte de nos véritables intentions. Certains films sont des critiques qui sont susceptibles de me déplaire ou de me choquer, car le sentiment que j'ai pour le régime islamique est tel que toute critique contre ce régime est pour moi un coup difficile à supporter. Cependant, je n'ai jamais été offensé par la critique en elle-même que j'accueille avec plaisir. Mon sentiment est que c'est aussi l'attitude du régime mais la mesure peut varier selon les individus. Par conséquent, nous n'avons aucun problème avec la critique dont la question a été soulevée par quelques amis. Ce qui est important, c'est qu'elle soit accompagnée d'un sentiment de responsabilité.

Les réalités de notre société en dehors de la propagande, des slogans ou des exagérations, indiquent que le peuple iranien a une réputation exceptionnelle dans le monde en raison de son autonomie et de son courage qui ne peuvent être niés. Je ne dis pas que la nation iranienne est la meilleure mais c'est une nation de premier plan dans le monde. L'Iran d'aujourd'hui n'est pas l'Iran sous l'ancien régime. Le fait est que dans le monde actuel, les relations internationales, les centres politiques et les relations entre les grandes puissances du monde, l'Iran actuel, notre pays, notre nation et notre gouvernement sont considérés par les autres nations et gouvernements, et dans les milieux politiques internationaux, comme un ensemble sur lequel il faut compter, qui doit être pris au sérieux et tenu en haute estime. C'est la situation actuelle de notre pays. Nous avons connu de nombreuses réalisations et avons franchi de grands pas. Si je veux comparer l'état actuel du pays avec celui d'avant la Révolution, je dois dire sans exagération qu'il n'y a rien de comparable entre ce que nous avons atteint après la Révolution et ce qui existait avant la Révolution. Nous avons acquis une grande confiance en soi, nous avons pris conscience de nos capacités et dans une large mesure, nous avons exploité ce potentiel. Nous avons fait des progrès considérables dans les domaines scientifiques et industriels, ainsi que dans le domaine social et des affaires publiques.

Il n'est pas possible de faire une comparaison entre les deux régimes. Le premier était un régime dépendant, exclu des relations internationales, qui manquait de confiance en soi, réprimait son peuple dont les hauts fonctionnaires se considéraient comme les maîtres. Comme beaucoup d'entre nous s'en souviennent, c'était un régime tyrannique qui considérait le pays comme faisant partie de ses propres biens et ne reconnaissait aucune place au peuple iranien, sauf s'il était obligé alors que les responsables du régime actuel se considèrent comme les serviteurs du peuple et non comme des propriétaires ou des maîtres. C'est le véritable sentiment de nos représentants du gouvernement qui se considèrent comme les serviteurs du peuple et croient que leur raison d'être est de travailler pour le peuple. Ces deux choses sont incomparables, ce n'est pas des choses que nous pouvons comparer en fonction des revenus de telle personne ou en fonction de l'argent. La différence qui existe est celle qui existe entre l'existence et le néant. C'est ce que l'Islam nous demande et nous apporte. Je ne veux pas entrer dans le débat des valeurs islamiques qui est un débat très agréable et très plaisant.

Actuellement, notre pays essaie de progresser et fait des progrès remarquables. Ce que vous avez entendu au sujet de nos réalisations scientifiques dans le domaine nucléaire, n'est qu'une petite partie de ce qui a eu lieu dans ce pays. Inshallah, nous avons un grand nombre de jeunes talentueux. Nous avons besoin de motivation, de dynamisme, de confiance en soi et de réduire notre dépendance aux étrangers, à leur culture, leur mode de vie et leurs orientations intellectuelles et culturelles. C'est ce dont nous avons besoin aujourd'hui. Nous devons exploiter nos ressources intérieures et extraire les trésors que renferme notre patrimoine culturel. Si nos jeunes sont formés de cette manière, ils auront aussi besoin de votre présence, en d'autres termes, vous devez être présents pour que cela se produise. Ce que je veux dire est qu'à l'heure actuelle, les clés du progrès national sont dans une large mesure, entre vos mains. Vous pouvez faire de notre jeune génération, une génération progressiste, pleine d'espoir, de motivations et de confiance en soi, et qui a foi en ses valeurs islamiques et nationales. Vous êtes également en mesure de faire de la génération actuelle, une génération remplie de honte et de remords qui sous estimera ses gloires passées et remettra en question les réalisations glorieuses de la Révolution et de la Défense sacrée.

Il y a quelques années, lors d'une réunion à laquelle participait un groupe d'artistes, des cinéastes, des peintres et des sculpteurs, je leur ai dit qu'en tant qu'artistes, ils devaient constamment découvrir et mettre en lumière les beautés de ce monde. C'est le travail de l'artiste qui grâce à son art et ses perspectives artistiques, découvre et met en évidence les beautés, les délicatesses et les réalités qui sont invisibles aux yeux des non-initiés. Quand je dis beautés, cela ne signifie pas que l'artiste n'est pas en mesure de découvrir et de mettre en évidence les laideurs, non, cela est possible également. J'ai demandé à ces artistes qui recherchent les beautés, comment il était possible d'ignorer les beautés de huit années de combat d'une nation démunie de toute possibilité, pour défendre sa patrie, son pays et son gouvernement dans un combat si difficile.

Depuis quelques années, un certain nombre de livres sur les commandants de ce combat sont en cours de publication et je suis un lecteur assidu de ces livres. Bien que j'aie connu en personne certains de ces commandants, je trouve ces biographies tout à fait surprenantes. Ce sont des narrations exactes de leur vie et il est facile de distinguer une narration exacte d'une exagération. Nous remarquons que ces éminentes personnalités qui sont entrées dans le champ de bataille, étaient parfois de simples ouvriers. Par exemple, Abdol Hossein Bornosi était un jeune travailleur de chantier de la ville de Machhad que je connaissais avant la Révolution. Ils ont écrit sa biographie que je vous recommande vivement de lire. Je crains que vous n'ayez pas l'occasion de lire ces livres. Sa biographie est intitulé « Les terres molles de Koushk» et a été très bien écrite. Ce jeune homme est allé au front peu après le déclenchement de la guerre, et je ne le savais pas. Après son martyre, certains de nos amis qui avaient rejoint les cercles académiques et le Bassidj, avaient rencontré ce jeune ouvrier pas très instruit, qui avait quand même étudié les quatre premières années au Centre islamique, qui leur parlait avec une ferveur qui avait profondément influencé leur cœur. Comme je l'ai dit, il leur transmettait une perception, une compréhension, un sentiment sincère et une vision de l'univers. Après de nombreux sacrifices et efforts sur le champ de bataille, il est tombé en martyr. Maintenant la question est de savoir où vous pouvez trouver de telles beautés, des beautés comme la vie de cette personne ou d'autres comme les martyrs Hemmat et Kharrazi ? Où peut-on trouver de telles beautés ?

Quant au cinéma réaliste, quelle réalité est plus profonde et plus attirante que l'abnégation et le dévouement d'un jeune de dix-huit ou dix-neuf ans, d'une famille aisée qui se rend à Ahvaz ? J'ai vu beaucoup de ces jeunes et je me souviens encore d'un certain nombre d'entre eux, en particulier ceux que j'ai rencontrés et que je connaissais personnellement. Ces jeunes venaient de familles aisées, avaient de bons parents, une vie confortable et n'avaient jamais manqué de rien. Ils sont allés au front et se sont battus avec tant de dévouement et d'abnégation, qu'ils ont surpris tout le monde. Beaucoup de ces jeunes s'étaient engagés sur les recommandations de gens comme moi, mais ils nous ont vraiment dépassés. Ce sont des beautés qu'il faut extraire et décrire. M. Hatami-kia a déclaré qu'il ne savait pas quoi dire sur la guerre. Vous avez beaucoup de choses à dire. Dans quelle mesure avez-vous en tant que réalisateurs de films sur la guerre, décrit ce qui se passait en coulisses et ce qui a provoqué cette guerre ? Quel film politique ou policier peut être plus intéressant que celui que vous réaliserez en fonction des documents qui existent, pour expliquer la décision de Saddam Hussein, dénoncer ceux qui l'ont poussé à agir avec cette impudence et à attaquer l'Iran dans l'intention de dominer ce pays ? Il n'avait sans doute pas l'intention de conquérir l'ensemble du pays, mais d'occuper la province du Khûzistân et certaines provinces avoisinantes afin d'agir comme un voisin puissant, sur le gouvernement central de l'Iran, qu'il s'agisse de la République islamique ou de toute autre forme de gouvernement, et cela aurait été le cas. Si le peuple iranien n'avait pas résisté à cet attaquant et si le Khûzistân avait été occupé, le gouvernement central iranien aurait été forcé de faire d'importantes concessions aux occupants. Qui a poussé Saddam Hussein à attaquer l'Iran ? Comment l'ont-ils aidé ? Quelles sont les usines qui lui ont vendu des armes chimiques ? Qui sont ceux qui ont construit ces différentes modèles de tranchées de huit et cinq cotés ? Quels sont les pays qui lui ont fourni des avions ? Qui étaient ces hauts responsables politiques, sécuritaires et militaires de différents pays y compris les États-Unis, qui se rendaient à Bagdad et rencontraient Saddam Hussein et ses hommes ? Vous n'avez pas encore abordé ces sujets. En premier lieu, qui était Saddam ? Ce sont des thèmes suffisants pour écrire des scénarios auxquels certains amis ont également fait allusion. Je crois aussi que nous avons certaines faiblesses dans ce domaine. Toutefois, le récit n'est pas faible en Iran comme en témoignent les récits de Ferdowsi et de Mowlavi. Bien sûr, l'habitude de romans comme ceux qui ont été écrits en Europe et en Russie, notamment au cours du 19ème siècle qui est le siècle de la publication de grands romans, n'a pas été très répandue en Iran. Mais je crois que nous avons assez de talent pour cela. Nous avons réalisé de grandes œuvres dans le domaine de la poésie mais pas dans le domaine du roman. Cependant, nous sommes capables de le faire. Certaines mesures ont été prises dans ce domaine, après la Révolution, mais n'ont pas eu les performances attendues. Si on poursuit ces mesures et si le ministère de la Culture et de l'Orientation islamique fait un réel effort dans ce domaine, des résultats positifs seront atteints. Certains amis ont également demandé s'ils devaient écrire des récits pour le cinéma. Je ne sais pas. Vous êtes plus compétents que moi sur ce sujet. Le récit est-il vraiment censé être écrit pour le cinéma ? Beaucoup de grandes œuvres cinématographiques sont basées sur des œuvres classiques et des récits anciens. On ne sait pas si des romans avaient été écrits à cet effet ou non. En supposant qu'ils l'ont été, si nous faisons des progrès dans le domaine des récits et du roman, cet objectif sera également atteint. Ensuite, vous serez en mesure de présenter ces sujets au cinéma. Ce sera sûrement des sujets très intéressants. Il y a beaucoup de travail à faire sur la guerre imposée.

Je voudrais également insister sur votre responsabilité. Vos travaux peuvent être très influents, et sachez que vous serez rémunérés par Dieu le Tout-Puissant, si vous remplissez bien cette responsabilité. Par conséquent, vous devez vraiment essayer de travailler dans le sentier d'Allah. L'une des intervenantes a dit qu'elle se préoccupait de ses sentiments personnels. Il n'y a rien de mal à cela. Vous pouvez faire des films en fonction de votre discernement personnel. Mais vous pouvez le faire pour défendre la cause d'Allah et dans l'intention d'acquérir la satisfaction et les récompenses divines. Vous êtes engagés dans une activité importante, pourquoi vous privez de la rémunération divine ? Cela ne signifie pas que vous deviez faire des films uniquement sur la prière et le jeûne ! Cela signifie que tout ce qui promeut les valeurs morales, la discipline sociale, la persévérance et les efforts sérieux, la foi et le sens des responsabilités chez les jeunes, vous apportera une récompense divine. Le Commandeur des croyants (AS) a dit à ses fils de travailler contre une rémunération. La rémunération qu'il envisageait n'était pas une énumération financière, puisque pour le Commandeur des croyants, toute fortune valait moins qu'un grain de poussière. Ce qu'il entendait par-là, était la récompense et la rémunération divine. Il est nécessaire de mentionner que nous avons tous besoin des récompenses divines. Lorsque nous franchirons cette frontière qui est la mort, nous aurons besoin de cette récompense, que nous le voulions ou non, nous devrons un jour, passer cette frontière. De l'autre côté, il n'y a rien sur quoi nous pourrons compter, excepté la récompense divine. En tant qu'élites et artistes qui ont un regard pénétrant sur la société, le pays et les êtres humains, vous devez assumer ces responsabilités et travailler pour la cause d'Allah qui vous récompensera.

En tout cas, j'ai pris beaucoup de notes d'après ce que les amis ont dit à cette réunion et les rapports et les analyses qu'ils ont présentés, qui j'espère me seront bénéfiques. À mon avis, le résultat de cette réunion est en premier lieu, que nous sommes tous d'accord sur l'importance du cinéma, son statut artistique élevé et sa grande influence, ainsi que sur la responsabilité que cette influence confie à ceux qui travaillent aux différents niveaux. Peut-être que j'ai aussi une place dans cette hiérarchie à cause de mes responsabilités dans le régime, comme le ministre de la Culture et de l'Orientation islamique. Quoi qu'il en soit, nous devons tous nous sentir responsables. Nous sommes tous d'accord sur l'importance du cinéma. Deuxièmement, nous sommes tous d'accord sur le fait que le cinéma doit avoir pour objectif d'améliorer le pays et la société. S'il y a des critiques, elles doivent être faites dans cette perspective. Je pense que les divergences d'opinion sur la nécessité et le modèle des critiques seront réduites. La raison est que lorsque la critique a pour objectif d'apporter des améliorations et des progrès, cette intention se reflétera dans l'œuvre cinématographique elle-même.

M. Hatami-kia a demandé qu'on vous donne des grades. Allah le Tout puissant, vous a déjà conféré des grades. Vos grades sont de nature divine. Le goût artistique et le talent que vous avez, sont les grades qui vous ont été conférés. Nous gâcherions tous en essayant d'évaluer ce degré avec des critères matériels. Bien sûr, nous vous sommes reconnaissants, exprimons notre gratitude et avons à la fois, certaines attentes. En tant que prédicateur, j'attends beaucoup des réalisateurs et des cinéastes. Vous devez encourager et renforcer la place des valeurs religieuses et nationales. Lorsque nous parlons de valeurs nationales, vous ne devez pas aussitôt penser à certaines coutumes observées la veille du dernier mercredi de l'année. Ce que nous entendons par « valeurs nationales » est l'indépendance culturelle d'une nation. C'est vraiment un phénomène précieux qu'une nation s'appuie sur sa propre culture, malgré l'endoctrinement et les ingérences de la culture occidentale ces 200 dernières années. Vous devez consolider cette culture. Cela peut se faire en participant à des festivals internationaux et parfois en s'abstenant d'y prendre part. Lorsqu'il est nécessaire de se rendre à des festivals internationaux, il faut y aller dans cette intention, quand il est nécessaire de ne pas y aller, n'y allez pas. M. Ayari a défendu « les amis de Cannes » qu'ils lui ont dit qu'ils ne pouvaient pas présenter son film car il donnait une image très sombre de notre pays. Il faut voir ce que M. Ayari a fait pour qu'ils ressentent autant de pitié envers la nation iranienne. Vous êtes libre de les défendre mais je suis informé par divers canaux - comme vous le savez, nos informations ne se limitent pas aux sources qui sont à votre disposition et nous avons accès à d'autres sources d'informations - que ces festivals internationaux, y compris le festival de Cannes que vous avez mentionné, et d'autres festivals, font des effort pour tirer un profit politique de la présence des éminents artistes iraniens.

Je ne sais pas dans quelle mesure ils montrent les films de M. Majidi au public. Il est vrai qu'ils manifestent un certain respect pour nos artistes mais je ne croirai à leur admiration pour les artistes iraniens que quand ils présenteront leurs films au public, dans leurs salles de cinéma et à la télévision. Soit ils ne le feront pas ou le feront dans une mesure très limitée. Par conséquent, lorsque leurs louanges et leurs encouragements se limitent à leurs fêtes et cérémonies de remise de prix, cela montre comme on dit, que leurs intentions ne sont pas très «catholiques». Il y a des intentions politiques derrière ces événements et cela n'est pas anormal. Nous avons également des intentions politiques dans nos activités culturelles internationales, et nous ne le cachons pas. Nos activités culturelles à l'égard de nombreux pays, sont politiquement motivées et ils font la même chose avec nous. Nous devons donc rester vigilants et perspicaces.

Le regretté M. Hadj Ahmad Khomeiny m'a dit un jour, qu'ils avaient été prêts à payer environ 80.000 dollars pour que le message du défunt imam Khomeiny sur le pèlerinage à la Mecque, soit publié dans un célèbre journal américain. Il a dit que malgré tous les efforts qu'ils avaient faits, ces journaux n'avaient pas accepté de publier le message, même dans les petites annonces.

Mme Ebtekar qui était auparavant adjointe du Président, a écrit un livre sur la prise de l'ambassade américaine à Téhéran que nous avons baptisée « le Nid d'Espionnage américain ». Elle faisait partie des étudiants qui ont participé à la prise de l'ambassade. Elle avait passé son enfance aux États-Unis. Son père, le regretté Dr Ebtekar qui était un de nos amis, avait vécu aux États-Unis pendant de nombreuses années. C'est pourquoi Mme Ebtekar avait une bonne maîtrise de l'anglais. Elle a écrit ce livre en anglais et il a ensuite été traduit en persan par un traducteur. Elle m'a dit qu'aucun éditeur aux États-Unis n'était disposé à publier son livre alors qu'ils insistent eux-mêmes pour dépeindre la prise de l'ambassade comme une plaie inguérissable. Au cours de ma Présidence, je me suis rendu à l'Organisation des Nations Unies. Un journaliste célèbre a eu une interview avec moi, qui a eu une large couverture médiatique. La première question qu'il m'a posée était : « Pourquoi avez-vous pris l'ambassade des États-Unis ? » Je lui ai dit : « je suis venu pour assister à l'Organisation des Nations Unies et vous commencez votre interview avec cette question? ». Ils ne voulaient pas lâcher cet événement qu'ils ont essayé de présenter comme un acte terroriste. Maintenant, une jeune intellectuelle instruite qui n'est ni une illettrée ni une terroriste, et qui a participé à cet événement, le décrit dans son livre et voilà que les éditeurs américains refusent de le publier. C'est l'essentiel de la question. Ils ne pensent qu'à leurs propres intérêts. Aux États-Unis, la règle de l'absence de censure est maintenue aussi longtemps que cela ne représente pas de menace pour les intérêts américains. Si les principes ou les intérêts américains sont menacés comme par exemple, dans le cas de la guerre du Golfe Persique qui a eu lieu pendant la Présidence de Bush père, il y a une censure complète, officielle et ouverte.

Ils poursuivent leurs propres intérêts culturels. Nous aussi, nous devons défendre nos intérêts culturels. Nous ne devons pas attendre qu'ils défendent nos intérêts, c'est à nous de le faire. Nous attendons donc de vous, que vous défendiez les intérêts culturels de votre pays lorsque vous allez à l'un de ces festivals internationaux. Il est évident que si votre présence est en faveur de leurs intérêts et porte atteinte aux intérêts de votre pays, vous ne devez pas y aller.

Il y a encore beaucoup de choses à dire et il faudrait beaucoup de temps pour parler de ce que j'ai noté. Trois heures et cinq minutes se sont écoulées. C'était une rencontre très agréable et je suis satisfait et heureux qu'elle ait eu lieu. Je tiens à exprimer ma sincère gratitude à ceux qui ont organisé cette réunion et à ceux qui y ont participé, à Monsieur Majidi qui a en quelque sorte, joué le rôle de réalisateur de cette réunion, aux amis qui ont exprimé leurs points de vue de façon claire et éloquente, et aux responsables estimés du ministère de la Culture et de l'Orientation islamique qui ont été chargés des invitations et ont été les véritables organisateurs de cette réunion. Si ce n'était pas temps de prière, je resterais plus longtemps mais c'est l'heure de prière et je dois m'en aller.

Que les salutations soient sur vous et que la miséricorde d'Allah et Ses bénédictions vous accompagnent !