Ce qui suit est le texte intégral du discours prononcé le 18 juin 2015, par l'Ayatollah Khamenei, Guide suprême de la Révolution islamique, à la réunion annuelle coranique organisée chaque année le premier jour du mois sacré du Ramadan. Au cours de cette réunion coranique, 15 mémorisants, récitants et maîtres coraniques ont fait la lecture de quelques versets du Saint Coran et des groupes ont récité des poèmes à la gloire du Seigneur, à l'occasion de l'arrivée de ce mois béni.

Au nom d'Allah, le tout Miséricordieux, le très Miséricordieux

Je remercie sincèrement les chers frères qui nous ont fait profiter aujourd'hui de ces belles récitations. Ce fut une rencontre très bonne, belle et significative, avec ces diverses récitations éloquentes dont je remercie Dieu. Chaque année, les progrès dans la récitation du Saint Coran sont visibles chez nos jeunes et notre peuple, cela me rend très heureux et j'en suis reconnaissant à Dieu. Grâce à ces excellentes récitations, la réunion d'aujourd'hui a été très significative, importante et agréable notamment en raison du point opportun que notre présentateur talentueux et éloquent, à mentionné concernant l'offre de ces récitations et ce qui a été réalisé lors de cette rencontre, pour les âmes pures des martyrs récemment enterrés à Téhéran.

Réciter le Saint Coran avec une belle voix et une belle mélodie, et observer les exigences et les règles de la récitation sont un prélude à la pénétration des concepts coraniques dans les cœurs. Toutefois, si nous nous contentons de cet aspect du Coran et si nous ne tenons compte que de la beauté de la récitation et du chant, notre acte s'effondrera sûrement de ce rang élevé (qu'on lui reconnaît). Le but de cet accent sur la beauté et l'observation des règles dans la récitation du Saint Coran est que les concepts coraniques pénètrent dans les cœurs, que nous établissions une relation étroite avec le Saint Coran et que nous prenions une forme et une couleur coraniques. La réalisation de cet objectif a certaines exigences et conventions. La première règle est que le lecteur récite le livre en y croyant et en croyant à ses concepts. Si nous ne comprenons pas ce que nous lisons, si nous ne comprenons pas les concepts et s'ils ne nous influencent pas de manière profonde, notre récitation aura peu d'influence sur les autres et sur nous-même. Ceci est la première condition.

Ce que je demande aux honorables récitants, aux experts et aux lecteurs coraniques est de prêter attention à ce point. Ils doivent examiner premièrement, dans leur esprit, les versets qu'ils veulent réciter. Ils doivent y réfléchir et en ressentir la profondeur dans leur cœur et leur foi. Ils doivent réciter le Saint Coran dans cet esprit et avec une telle préparation. S'ils observent ces points, leur récitation influencera profondément leur public. Bien entendu, vous avez beaucoup avancé. Il y a des années que je constate les progrès du Saint Coran dans notre pays. Aujourd'hui, nos jeunes ont fait de grands progrès. Nos récitants et nos experts coraniques sont réellement et véritablement bons mais il y a encore beaucoup de travail à faire pour exercer une plus grande influence.

J'ai noté deux ou trois points. Le premier est la transmission des concepts coraniques à votre public par le biais de votre récitation. Bien que la plupart de vos destinataires ne connaissent pas l'arabe et la langue du Saint Coran, le miracle du Saint Coran réside dans le fait que si vous essayez de transmettre de manière profonde et efficace, les concepts coraniques dans ces circonstances où vos destinataires ne savent pas l'arabe, ils pénétreront quand même l'esprit de votre auditoire mais de façon incomplète. Cela exige certaines conditions. J'écoute souvent les récitations diffusées à la « Radio Talavat » qui est un bon moyen pour écouter les récitations du Saint Coran. J'écoute les récitations de nos experts coraniques et de nos bons récitants. Pour être juste, nos récitants sont très bons et très expérimentés au niveau de la voix. Cela a été reconnu par les récitants étrangers. Je les ai entendus faire les louanges des récitants iraniens. Certains d'entre vous, possèdent vraiment une voix excellente et éloquente, qui répond à toutes les exigences de voix mais qui doit être accompagnée des exigences de la récitation.

Une des exigences de la récitation coranique est que vous devez insister sur les parties que vous souhaitez mettre en relief comme quand vous voulez faire passer un message dans des circonstances normales. Si nous voulons faire une comparaison, nous pouvons nous référer aux panégyristes qui récitent des poèmes persans. Comme vous pouvez le voir, ils récitent les mots et les phrases de manière à ce qu'ils soient bien enregistrés dans l'esprit du public et que leur message soit bien transmis. C'est ce que nous faisons aussi dans les conversations de tous les jours. Lorsque vous vous engagez dans une conversation normale, vous insistez sur les mots qui ont pour vous, une signification particulière et importante. Vous devez réciter le Saint Coran de la même façon et souligner les mots spécifiques. Vous devez réciter les phrases du Coran de sorte que leur message et leurs significations pénètrent l'esprit de l'auditoire. Les bonnes notions doivent être accompagnées d'une bonne récitation. Parfois, il est nécessaire de répéter une phrase afin d'en imprégner l'esprit de l'auditoire. Vous devez donc parfois répéter. Il y a quelques années, j'ai critiqué ceux qui répètent trop les versets coraniques mais la répétition est parfois nécessaire et vitale, car une seule lecture ne transmet pas le message comme il le faut. Par conséquent, il faut répéter deux ou trois fois. Parfois, vous devez même répéter deux ou trois versets en suivant. Bien sûr, il ne faut pas exagérer. J'ai remarqué que certains récitants égyptiens exagéraient. Cela a un effet négatif. Je ne veux pas dire que cela doit être fait à l'excès. Si nous répétons quelque chose huit ou dix fois, cela ne sera pas agréable. C'est peut-être une chose courante dans le chant arabe mais pas dans la récitation du Saint Coran. Cependant, la répétition pour que le message imprègne bien l'esprit du public, est nécessaire. Parfois, on a l'impression que le récitant récite le Coran comme n'importe quel livre. Ce n'est ni approprié ni agréable. Vous devez faire entrer le message coranique dans l'esprit du public. Parfois, cela est possible avec la répétition et parfois avec l'insistance sur une phrase ou un mot. Ce sont des méthodes qu'il faut employer.

Un autre point qui doit attirer notre attention, est celui des exigences de la tonalité. Bien sûr, les mélodies arabes et coraniques ne sont pas très connues par notre peuple et les récitants. Ce sont des choses qui sont étrangères à (l'ouïe de) notre peuple. Une personne qui récite un poème persan, le fait avec un ton approprié mais si la même personne veut lire un poème ou une phrase arabe, elle ne sera pas en mesure de choisir le ton approprié parce que ce sont des concepts qui nous sont étrangers contrairement aux mélodies et aux chants persans. Cependant, grâce à la répétition et en se familiarisant avec le Saint Coran, les spécialistes coraniques et les récitants du Saint Coran arrivent à maitriser ces concepts. Une mélodie correcte doit être adoptée. J'écoute parfois les récitants qui récitent les versets coraniques d'une voix agréable et belle. Leurs voix sont d'une grande qualité et ils ont la force et les vibrations nécessaires, mais ils ne respectent pas les règles de la mélodie c'est-à-dire, le rythme et la discipline sur lesquels est basée la récitation, et qui sont nécessaires. Vous ne lisez pas le Saint Coran de manière ordinaire. Vous le récitez avec un rythme spécial. Dans toutes les religions, au moins dans les religions monothéistes et non-monothéistes que je connais, les textes sacrés sont récités de manière rythmique. Je l'ai constaté. Vous devez donc réciter le Saint Coran de manière rythmique et observer le rythme et la mélodie en conformité avec les exigences. Si cela n'est pas respecté, la lecture n'aura pas l'effet désiré et produira parfois un effet inverse.

Je voudrais aborder un autre point. Presque toutes les personnes qui sont présentes à cette réunion sont des récitants. Une des choses qui est devenue courante chez les récitants arabes d'Égypte et d'autres pays, et qu'ils ont propagé dans notre pays, est l'importance exagérée donnée au souffle. Je ne comprends pas la raison de cet attachement. Il n'est pas du tout nécessaire de relier les mots et les versets coraniques pour prouver la force de notre souffle. À mon avis, ce n'est pas du tout nécessaire. Bien entendu, cela est parfois nécessaire si la transmission du message dépend de la liaison entre les mots. Les récitants peuvent y recourir, mais la beauté et l'effet de la récitation ne dépendent pas du souffle. Un certain nombre de récitants égyptiens bien connus, sont réputés pour la longueur de leur souffle et le public applaudit naïvement et les félicite par des "Allah, Allah", quand ils prolongent leur récitation. À mon avis, c'est une erreur de la part des récitants et du public. Il y a certaines personnes parmi les grands récitants égyptiens qui ne font pas ces démonstrations et dont la récitation est très bonne et exerce une influence considérable. Nous pouvons citer Abdul Fattah Cha'chaïe comme exemple. Comme vous le savez, il n'a pas beaucoup de souffle mais il est un des meilleurs et des plus influents récitants. J'espère qu'Allah le Très-Haut lui accordera Sa miséricorde et Son pardon et à tous les récitants. Par conséquent, je vous demande de ne pas vous inquiéter pour la longueur de votre souffle. Il en va de même pour les répétitions excessives et constantes des mots et des versets, qui ne sont pas du tout nécessaires.

Nous approchons de la fin de la réunion et du moment de la prière, je me contenterai donc de faire remarquer un dernier point au public pour qu'il observe les limites quand il veut applaudir un récitant et dire "Allah, Allah". Ceci est également une imitation des Arabes. Dès qu'un récitant du Coran commence à réciter, certaines personnes disent constamment "Allah" comme s'il s'agissait d'une condition nécessaire de la récitation. Cela n'est pas du tout nécessaire. Parfois, vous êtes profondément ému par une belle récitation et vous applaudissez involontairement. Selon la tradition arabe, les applaudissements coraniques se font en disant "Allah, Allah" et cette pratique n'est pas particulière au Coran. Quand quelqu'un chante une chanson ordinaire, ils disent "Allah, Allah". Il n'y a rien de mal à cela mais le fait que nous disions constamment "Allah, Allah" dès qu'un lecteur commence sa récitation, n'est pas du tout nécessaire. Je vous demande de conseiller aux participants aux réunions où vous êtes considérés comme des enseignants et des experts, d'éviter de dire "Allah, Allah" de façon excessive. Quand un récitant récite le Coran d'une manière très belle et artistique, il faut l'encourager. Cependant, certaines personnes disent, "Allaho Akbar" dès que le récitant dit « Je cherche protection auprès d'Allah contre Satan le rejeté » [phrase introductive utilisée avant de lire le Coran, ndt], ce qui n'est pas approprié. Je souhaite que Dieu vous associe tous au Saint Coran dans l'Au-delà, et qu'Il construise votre vie dans le monde et dans l'Au-delà sur les bénédictions du Saint Coran.

Avec mes salutations et que la miséricorde d'Allah et Ses bénédictions vous accompagnent !