Au nom d'Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Il est 9h50, cela signifie que nous avons dépassé le temps dont nous disposions qui était d’ailleurs assez long. Comme moi-même, certains d'entre vous sont probablement fatigués et nous ne pouvons pas abuser de votre temps. [Les participants demandent au Guide Suprême de raconter des souvenirs de la Défense sacrée]. Bien entendu, il y a des souvenirs, mais mes souvenirs ne sont pas très importants. Ce sont vos souvenirs, chers combattants, qui sont précieux et j'ai noté quelques points dont je voudrais discuter avec vous. Plus tard, s'il nous reste de l'énergie, je raconterai un souvenir.

Tout d’abord, j’estime nécessaire de remercier les gens qui ont pris cette initiative. Je remercie sincèrement - du fond du cœur - ceux qui ont organisé ces soirées de souvenirs, écrit les souvenirs et rappeler les événements de la Défense sacrée. Je leur suis vraiment reconnaissant. Leur travail est vraiment important. Ce que M. Sarhangui a dit est tout à fait correct. C'est une sorte de défense des frontières d’une importance significative.

Combien de souvenirs avons-nous ? Combien d'événements avons-nous vécus ? Nous avons plusieurs centaines de milliers de soldats dont chacun est un recueil de souvenirs. Chacun d'entre eux, avait des amis, des camarades, une famille – des parents, des conjoints et des enfants - et chacun de ces soldats est un trésor de souvenirs. Malheureusement, certains de ces trésors ont été enterrés au cours des 30 dernières années et ne nous sont plus accessibles. Quel dommage, quel dommage ! Ceux qui pensent - à l’heure actuelle- ou ont pensé -dans le passé – écrire leurs souvenirs ou écrire les souvenirs des parents ou des conjoints des soldats, empêchent en fait, une perte importante et préjudiciable. Ils empêchent que ces souvenirs soient gaspillés. Ils font revivre ces trésors précieux et irremplaçables, qui sont aussi des trésors nationaux. Tous ces gens, ceux qui ont survécu, les anciens combattants invalides, les anciens prisonniers de guerre, les vétérans et autres - et leurs souvenirs sont des trésors nationaux.

La Défense sacrée a différents aspects. Un aspect est qu'elle dépeint le pouvoir de l'impérialisme dans le monde - un monde de dominateurs et de dominés. La Défense sacrée a cet aspect. Au cours de ces huit années, vous et d'autres combattants, avez réussi à créer et à établir une image de votre monde – dans un monde fou, sauvage et oppressant qui ne connaissait rien à la spiritualité et à la justice. Comment avez-vous réussi à donner cette image alors que nous ne pouvions même pas importer du fil de fer barbelé ?! Je dis cela d’après mes informations et les choses qui existaient dans la réalité. Nous voulions importer du fil barbelé mais les vendeurs ne nous en vendaient pas. En outre, le pays intermédiaire qui aurait dû permettre aux fils barbelés de passer par ses frontières, ne coopérerait pas avec nous. Il ne nous permettait pas d'en importer. Nous étions d'un côté, et l'autre côté avait les armes les plus modernes à sa disposition et en abondance. La 92ème armée d'Ahwaz avait moins de 20 chars ! Ce qui était en fait, un septième ou un huitième de nos besoins. Ils auraient dû avoir plus de 40 chars. L'armée que nous avons vue - la brigade d’Ahwaz - avait moins de 20 chars alors que chaque fois que les chars de l’ennemi se retrouvaient coincés sur la route, ils envoyaient leurs bulldozers pour les transporter de l’autre côté de la route et ouvrir le chemin. Ils ne se souciaient pas de ces petits problèmes. Ils avaient tout ce qu'ils voulaient. Ils disposaient de ressources terrestres, aériennes et maritimes, et de toutes sortes de munitions. Ils avaient même la permission d'utiliser des armes chimiques. Voyez ce que les Européens et les Américains prétendent au sujet de l’utilisation des armes chimiques. Remarquez ce tumulte qu'ils créent, comment ils se comportent et ce comportement éhonté ! Ce jour-là, le régime de Saddam avait la permission d’utiliser des armes chimiques, non seulement sur les lignes de front mais aussi à l’intérieur des villes ! La région de Sardasht souffre encore des conséquences de cela. La banlieue de Sardasht subit encore les conséquences des attaques chimiques. Notez que c'était la situation du monde à cette époque. Cela (la défense sacrée) a montré ce qui se passait vraiment dans le monde, les divisions et les équations du pouvoir dans le monde. Cela a été dénoncé par la guerre, par la Défense sacrée, par ces huit années et par les sacrifices de nos combattants.

Les pays comme la France, l'Allemagne et autres aidaient Saddam. L'Union soviétique à cette époque, jouait son rôle d'une autre manière. Non seulement nous étions victimes d'un siège économique et politique, mais nous étions également soumis à un grave siège de propagande. En d'autres termes, nous ne pouvions faire entendre notre voix nulle part. Les médias du monde entier étaient exclusivement aux griffes des sionistes. Ils étaient au service des ennemis, non pas qu’ils défendaient Saddam, mais ils étaient les ennemis du gouvernement islamique. Ils disaient tout ce qu'ils voulaient contre nous, et nous ne pouvions pas faire entendre notre voix. Nous étions dans cette situation.

Ma question est la suivante : Pourquoi les peuples, allemand et français, ne doivent-ils pas savoir ce que leurs gouvernements ont fait à la nation iranienne, au cours de ces huit années ? Pourquoi ne doivent-ils pas être informés ? À l'heure actuelle, ils ne savent pas ce qui s'est passé et c'est de notre faute. À l'heure actuelle, le monde ne distingue pas clairement l'image du système de domination scandaleux qui a été créé. Pourquoi ? Cela vient de notre négligence et nous devons travailler davantage dans ce domaine.

Dans notre littérature, notre cinéma, notre théâtre, notre télévision, nos journaux et notre cyberespace, nous devons faire beaucoup de choses à propos de la Défense sacrée que nous n’avons pas faites jusqu’à présent. Chaque fois que nous avons agi de manière engagée, cela a eu une influence, même si cette influence était limitée et de petite envergure. Un exemple est le récent film de M. Hatami-Kia sur la Syrie, qui a eu un grand succès partout où il a été projeté. Pourquoi ne devrait-il pas être projeté en Europe ? Pourquoi ne devrait-il pas être projeté dans les pays asiatiques ? Pourquoi les peuples d'Indonésie, de Malaisie, du Pakistan et de l'Inde ne devraient-ils pas être informés de ce qui s'est passé dans cette région, et à qui nous étions et sommes encore confrontés ? En plus, ce film concerne des événements récents. Les événements de la Défense sacrée étaient beaucoup plus profonds, beaucoup plus significatifs et plus étendus.

Dans les festivals de films occidentaux, certains films iraniens sont diffusés alors que ce sont des films de qualité bien inférieure à celle de nombreux films sur la Décence Sacrée ou la Révolution. Ils sont applaudis alors qu’on ne montre même pas un seul film sur la Défense sacrée ? Pourquoi ? Il est clair qu'ils ont peur. Ils craignent que cette image révélatrice soit transmise aux peuples du monde entier et influence l’opinion publique dans le monde. Ils ont peur. C'est donc une arme efficace et une grande possibilité à notre disposition. Pourquoi ne profitons-nous pas cette possibilité ?

Nous devons donc nous mettre au travail et faire des films sur nos héros. Nous avons des héros comme Hemmat, Bakeri et les responsables et les commandants. Certains de ces héros sont encore vivants. Je ne veux pas dire que la sincérité et les efforts de ceux qui ont survécu sont moins importants que la sincérité et les efforts de ceux qui sont tombés en martyrs. Ce n'est pas ce que je veux dire. Allah le Très-Haut, les a conservés à titre de provision. Dieu n'en a pas encore fini avec eux. C’est le cas de beaucoup d'entre eux. Ces personnalités doivent être présentées. Le monde doit se familiariser avec ces personnalités, comprendre et connaître leur grandeur.

Un mouvement de traduction des œuvres littéraires sur la guerre devrait être lancé. Heureusement, nous ne manquons pas de d’œuvres de qualité. J’aime lire - et je le fais - selon le temps dont je dispose. Beaucoup d’œuvres ont été publiées jusqu’à aujourd’hui, qui méritent d’être traduites. Nous devons lancer un mouvement de traduction non des livres publiés à l’étranger mais traduire pour l'étranger afin de présenter ce qui existe ici. Vous devez dire au monde ce qui s'est passé à Abadan, à Khorramchahr, au cours de nombreuses batailles et dans nos villages. J'ai écrit un commentaire sur la biographie de la dame de Kermânchâh - Farangis [Farangis Heidarpour, auteure de Mahnaz Fattahi]. Dans ce commentaire, j’ai écris que nous ne savions pas vraiment ce qui s’est passé dans nos villages touchés par la guerre.

Je l'ai dit à maintes reprises : ce tableau est un beau tableau mais nous le voyons de loin. Plus nous nous en approcherons, plus nous en verrons les subtilités et plus nous serons impressionnés. Ces événements ont été écrits. Vous devez informer les gens dans le monde, à leur sujet. Ces livres devraient être traduits en arabe, anglais, français, ourdou et dans d’autres langues vivantes dans le monde. Vous devez informer des centaines de millions de personnes de ce qui s'est passé dans cette région, de ce que nous disons et de ce qu'est le peuple iranien. Ce sont les héros de la nation iranienne. Un mouvement de traduction de livres et d'exportation de bons films doit être lancé. Le Ministère de l'orientation islamique, l'Organisation de la culture et des communications, et la Radio-Télévision nationale sont responsables de ce travail ainsi que le ministère des Affaires étrangères et diverses autres organisations.

Aujourd'hui, si vous ne collectez pas et n'augmentez pas les souvenirs de guerre, l'ennemi prendra le relais. C'est un danger, je vous le dis. La guerre doit être racontée par vous et ceux qui étaient présents. Si vous ne le racontez pas, votre ennemi le racontera comme il le souhaite, et profitera de certains points faibles. Bien entendu, chaque mouvement militaire et non militaire peut avoir certaines faiblesses et c’était certainement le cas, mais ils en profiteront et en fabriqueront à leur guise. Nous devons nous sentir responsables à cet égard, et travailler dans une grande mesure, dans ce domaine.

En racontant la Défense sacrée, l'esprit et la grandeur de ce message de défense doivent se manifester. Cette Défense sacrée avait un esprit, un langage et un message qui doivent être reflétés. Ce message et cet esprit sont la foi, le sacrifice de soi, l’amour, le djihad et l’invincibilité d’un pays dont les adolescents - comme les jeunes, les personnes d'âge moyen et les personnes âgées – sont partis se battre avec enthousiasme et ferveur. Cela est très important. À une époque où les jeunes du monde matérialiste assouvissaient leurs désirs d'une autre manière, nos jeunes de 16 ou 17 ans, rejoignaient les lignes de front, et apaisaient leur enthousiasme juvénile en s'engageant dans le djihad sur le sentier de Dieu. Ce sont des points très importants et très précieux.

Bien sûr, la guerre est une chose difficile. C'est un évènement amer. Certains des amis présents à cette réunion, l’ont également souligné mais le Coran tire un message de grandeur et d'enthousiasme de cet évènement amer. Notez qu’aux yeux de tous les gens dans le monde ou de la plupart d’entre eux, être tué et quitter ce monde est une perte. C'est une perte, mais que dit le Coran ? « Promettant joyeusement à ceux qui sont restés derrière eux et ne les ont pas encore rejoints, ne connaîtront aucune crainte et ne seront point affligés » [Coran, 3 : 170]. Il envoie un message de bonheur à ceux qui sont tués, meurent, dépassent ce monde et s'en privent. Il fait des promesses à ceux qui tombent en martyrs : « Promettants joyeusement à ceux qui sont restés derrière eux et ne les ont pas encore rejoints, ne connaîtront aucune crainte et ne seront point affligés » ! 

Mes chers frères et chères sœurs, sachez que si nous entendons le message des martyrs aujourd'hui, cela fera disparaitre la peur et la tristesse. Ceux qui ont peur et ceux qui sont tristes sont ceux qui ne reçoivent pas et n'écoutent pas ce message. Sinon, si nous entendons la voix des martyrs, notre peur et notre tristesse disparaitront. Cela effacera notre tristesse et notre peur, et nous apportera bonheur, courage et énergie.

Vous devez poursuivre cette tâche de manière sérieuse. Les responsables des affaires artistiques, le ministère de l’orientation islamique et diverses autres organisations doivent aussi le faire. J'ai vu des organisations dans différentes villes, prendre des mesures à cet égard. Récemment, j'ai lu un livre de Qazvin. J'ai aussi lu un livre de Mashhad et un autre de Shahinshahr de M. Boluri. Tout le monde - les gens, les jeunes, ceux qui sont motivés et ceux qui aiment ces tâches - partout dans le pays, peuvent y prendre part, entrer dans cette arène et travailler sur ces diverses questions. Vous devez augmenter votre travail de cent fois. Si je dis cent fois, ce n’est pas parce que j’ai tendance à exagérer. Ce qui se fait aujourd'hui dans le domaine de la littérature de guerre, des ouvrages littéraires sur la Défense sacrée et d’autres ouvrages artistiques et littéraires sur la Défense sacrée, doit être multiplié par cent, dans le vrai sens du terme. Si cela est fait, alors nous pourrons avoir le sentiment d’avoir réussi dans ce domaine.

J’espère que par la grâce d’Allah, nous pourrons ainsi déjouer le complot global du front de l’arrogance. Dès le premier jour, le plan du front de l’Arrogance était de déraciner et d’abattre le jeune arbre qui avait poussé sur la terre de la spiritualité et annonçait des fruits prometteurs. Ils ont essayé de le faire dans un monde où tous les matérialistes du monde, les gens noyés dans le bourbier du matérialisme, les sionistes et autres, s'étaient unis pour créer un monde purement matérialiste qui s'éloignait de plus en plus de la spiritualité. Toutes les forces du front de l'Arrogance essayaient de le faire. Dans les premiers jours, ils pensaient que ce serait facile et quand ils ont incité Saddam à attaquer la République islamique, ils avaient le même espoir. Cependant, ils ont été giflés au visage et se sont retirés, mais ils continuent quand même. Nous pouvons déjouer ce complot grâce à notre détermination, notre confiance en Dieu et notre confiance en la grâce divine, comme nous l'avons fait jusqu'à aujourd'hui. In-cha-Allah, nous continuerons à déjouer complètement ce complot. Une des façons de le faire est de garder vivantes les dimensions de la Défense sacrée.

Eh bien, il est 10h05. Quel souvenir puis-je raconter ? Je voudrais raconter un souvenir du début de la guerre. Lorsque la guerre a éclaté - dès la première heure - j'étais à proximité de l'aéroport. Je devais faire un discours dans une usine. J'étais assis dans une pièce et j’attendais le temps de mon discours. On pouvait voir l'aéroport par la fenêtre. J'ai entendu du bruit et j'ai réalisé que des avions étaient venus. Au début, je ne savais pas d’où venait le bruit. Plus tard, on m’a dit qu'il s'agissait d'une attaque contre l'aéroport. Je suis allé à la réunion où les ouvriers m'attendaient pour faire mon discours. J'ai parlé pendant quatre ou cinq minutes et j'ai dit que je devais partir parce qu’on avait été attaqués.

Je suis allé à l'état-major où tout le monde était rassemblé. Les martyrs Rajaï et Beheshti, et M. Bani Sadr étaient présents. Tout le monde était là pour discuter de ce que nous devions faire. Ils ont dit – je l'avais suggéré moi-même - que nous devions parler aux gens qui ignoraient ce qui s'était passé. Nous n'étions pas conscients des dimensions de l'attaque. Nous ne savions pas combien de villes  avaient été frappées. Nous savions seulement qu'ils avaient frappé d'autres villes que Téhéran. J'ai suggéré de faire une annonce publique à 14h - juste avant que l'imam Khomeiny (que Dieu lui accorde le paradis) ne donne son message. Ils m'ont demandé de l'écrire et j'ai écrit quelque chose. Plus tard, ce message a été diffusé à la télévision avec ma voix, et devrait normalement être disponible dans les archives de l'IRIB. Nous avons organisé ces réunions pendant quatre, cinq ou six jours environ. Je ne rentrais pas chez moi la plupart du temps. Parfois, je rentrais chez moi pour une heure ou deux, car nous restions là-bas souvent jour et nuit.

Les gens appelaient de Dezful, d’Ahwaz et d’autres villes pour expliquer leurs problèmes, le manque de forces, de munitions et de ressources. Quand il fut question de forces, j’ai pensé que je pouvais aller à Dezful, faire des annonces publiques ci et là, et demander aux jeunes de s’engager. Cela m'a traversé l'esprit mais il fallait obtenir la permission de l'Imam. Je ne pouvais pas y aller sans sa permission. Je suis donc allé à Jamaran et je pensais qu'il ne serait probablement pas d’accord car l’Imam était parfois hésitant à propos de telles mesures - voyages et autres questions de ce genre. J’ai parlé de mes intentions à Hadj Ahmad (le fils de l’imam) pour qu’il m'aide à obtenir la permission d’aller au front. Hadj Ahmad a accepté. Nous sommes entrés dans une pièce où il y avait un certain nombre de personnes. Le regretté Chamran était assis. J'ai dit à l’imam que je serais plus utile si j'allais au front au lieu de rester dans la capitale. Je lui ai demandé de m’accorder cette faveur. L’imam a dit sans hésiter : « Oui, oui, vous pouvez y aller». Je m’attendais à une réponse négative mais sans aucune hésitation, il m’a dit que je pouvais y aller. Quand il m’a dit que je pouvais y aller - j’étais très heureux – le feu Chamran a aussitôt demandé l’autorisation de partir lui aussi. L’Imam a répondu : « Vous aussi, vous pouvez partir». Je me suis alors tourné vers Chamran et lui ai dit : « Qu'est-ce que vous attendez ? Allons-y». Mon intention était de partir immédiatement mais il a dit que nous devions attendre l'après-midi. J'étais seul et je n'avais pas prévu de prendre d'autres personnes avec moi, mais il avait lui, environ 60 ou 70 personnes qui l’accompagnaient, qui s’étaient entraînées avec lui et qu’il voulait emmener. Il a donc fallu aller les chercher. Il m'a dit : « Attendons l'après-midi et allons à Ahwaz au lieu de Dezful. Ahwaz est meilleur que Dezful pour réaliser notre objectif». J’ai accepté sa proposition. Il était plus habile et plus entraîné, et j’étais d’accord avec lui. Je suis rentré chez moi pour dire au revoir. J'avais environ six ou sept gardes du corps que j’ai congédiés en leur disant : « Vous êtes libres, car je vais faire la guerre. Vous êtes avec moi pour empêcher les autres de me tuer, mais au combat, des gardes du corps n’ont aucun sens». Ces pauvres gens ont commencé à pleurer et ont dit qu'ils ne me laisseraient pas seul. J'ai dit que je ne les emmènerai pas avec moi. Ils ont répondu : « Très bien, emmenez-nous en tant que camarades. Laissez-nous venir car nous aimons aller au front ». Ils m'ont donc accompagné dans la région où nous sommes allés, et sont restés avec moi jusqu'à la fin.

Nous sommes partis dans l'après-midi avec le regretté Chamran. Nous sommes montés dans un avion militaire C-130 et nous nous sommes dirigés vers Ahwaz. Ahwaz était plongé dans le noir. J'ai vu les romans et les mémoires de certaines personnes sur les zones touchées par la guerre, qui sont complètement faux. J'ai vu Ahwaz de près, dès les premiers jours de la guerre, et j'y suis resté un moment. Ce que ces romanciers non révolutionnaires qui voulaient présenter un rapport sur la guerre ont écrit, est complètement faux. Ce qu'ils ont écrit sur les autres villes est également faux. L'un d'entre eux a décrit les événements de Téhéran de façon fausse aussi. En fait, ils ne voulaient pas décrire correctement la situation. Nos écrivains et nos romanciers devraient entrer dans l'arène et écrire ces récits. Si nous ne la faisons pas, d'autres les écriront différemment.

Ahwaz était plongé dans le noir. Nous sommes allés dans l’obscurité, à la base de la 92ème division et ensuite, au bureau du préfet où nous sommes restés. Le premier jour de notre arrivée, le regretté Chamran a rassemblé ses compagnons et a annoncé une opération. « Quelle opération avons-nous demandé ? » Il a répondu qu'ils seraient des chasseurs de chars ! Moi aussi j'avais une Kalachnikov qui m’appartenait et que j'avais emportée avec moi. J'ai demandé si je pouvais venir et il a accepté. J'ai donc mis mon turban et ma robe de côté, on nous a donné des uniformes larges et mal ajustés, et nous sommes partis dans la nuit. Je n'avais pas reçu d'entraînement militaire auparavant, et je n'avais pas de bonnes armes. Personne ne serait allé chasser des chars avec une Kalachnikov ! Bien sûr, ils n’avaient pas non plus de RPG anti chars, ni d’autres armes de ce type, ils avaient les mêmes armes (que moi). Nous sommes donc partis mais nous n'avons pas chassé les chars et nous sommes revenus [le guide suprême et l'auditoire rient].

Avec mes salutations et que la miséricorde d'Allah et Ses bénédictions vous accompagnent !