Au Nom d'Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Tout d'abord, je voudrais remercier les chers frères présents à la réunion, et M. Jalili qui a essayé de faire quelque chose de nouveau. Il serait vraiment regrettable que le massacre de la mosquée de Gohar-chad - qui a été un événement important et significatif - ne se reflète d'aucune façon dans notre histoire, notre littérature et nos romans. Vous avez heureusement pensé à cela. Les choses que j'ai vues à cette exposition - bien entendu, dans le cadre de ma compréhension - m'ont semblé très intéressantes. Les dessins, les œuvres graphiques, les rapports et les récits étaient très bons. Maintenant, j'aimerais faire deux ou trois remarques :

Tout d'abord, au sujet de la mosquée Gohar-chad, il y a d'autres livres que celui que M. Jalili a mentionné. Il y a un livre qui a la forme d'un roman qui raconte cet évènement. J'ai lu ce livre et cela correspond à l'information que j'ai en tête. Il raconte l'histoire de la mosquée Gohar-chad dans tous les détails, et présente les noms de toutes les personnalités impliquées dans cet évènement. Ce livre raconte les événements correctement et j'ai ce livre à ma disposition. Un autre livre est un livre que j'ai lu, il y a deux ou trois ans, qui raconte aussi les événements de l'année 1935, avec des détails et des explications, les réunions tenues à la maison du feu Aqazadeh et les événements qui ont eu lieu dans l'ancienne Cour de la mosquée - la Cour de la Révolution actuelle. Il mentionne également Bohlul [le cheikh Muhammad Taqi Bohlul, une des principales personnalités impliquées dans les manifestations de la mosquée Gohar-chad] et les événements qui ont suivi. Tous ces événements sont mentionnés dans ce livre. Les événements sont racontés dans les mémoires de Bohlul - au début. Je n'ai pas lu les mémoires de Bohlul, mais il m'a lui-même décrit les événements oralement, et par conséquent, j’imagine que les choses que j'ai entendues existent dans le livre. J'ai eu le livre pendant un moment, qu'il m'avait donné avant d'être publié. Très probablement, il a mentionné les détails des deux ou trois jours où il est resté dans la mosquée Gohar-chad et ses discours - les événements de la mosquée Gohar-chad puis les événements survenus dans les anciennes et nouvelles cours, puis à la Mosquée Gohar-chad encore, jusqu'à ce qu'il ait dû fuir Machhad - dans l'introduction du livre. Il y a d’autres livres sur ce sujet. Bien entendu, comme je l'ai mentionné, il y a un livre qui mentionne cet événement sous forme d'un rapport. Une partie de ce livre contient les écrits du feu cheikh Ahmad Bahar, un romancier bien connu de Machhad, qui était présent dans tous les événements. Il était éditeur d'un journal qu’il a fermé à cette époque, pour certaines raisons. L'histoire mentionne le noyau de l'événement. Une partie du livre que j'ai mentionné contient ses mémoires. Vous devriez chercher et trouver ces livres.

Le deuxième point est que vous devriez voir en premier lieu, pourquoi l’incident de la mosquée Gohar-chad a eu lieu. Nous ne devons pas oublier cela. La personne la plus importante était Hadj Aqa Hussein Qomi. Lorsque le problème du «kashf-e hijab» [enlèvement forcé et interdiction du hijab par Reza Khan] est survenu, le feu Hadj Aqa Hussein Qomi a dit qu'il irait parler à Reza Shah et l’obligerait à l’écouter. Il est allé à Téhéran dans cette intention. Bien entendu, quand il est arrivé à Téhéran, il a été emmené à Abdul-Azim par des agents gouvernementaux, et gardé là pendant un moment, sans que le Shah ne lui accorde d'audience. Bien sûr, il avait dit : « J’irai là-bas et je lui parlerai, s'il m’écoute, tant mieux, s'il ne le fait pas, je l'étranglerai». Il était allé là-bas dans cette intention, mais il n'a pas obtenu d'audience et a ensuite été exilé en Irak. Quand il était à Téhéran, les oulémas de Machhad se sont rassemblés pour exiger qu’Hadj Aqa Hussein soit renvoyé à Machhad et que ses demandes soient satisfaites. C'est la raison pour laquelle les oulémas se sont rassemblés dans le poste de garde de la mosquée Gohar-chad, ce qui a, plus tard, conduit au rassemblement des gens. Ce que je veux dire est que le défunt Hadj Aqa Hussein Qomi ne doit pas être oublié dans cet événement. C’était un vrai moudjahid (combattant) dans le sentier de Dieu, un homme courageux prêt à prendre des risques. Il n'avait pas peur. Quand il est allé à Téhéran, il était tout seul sans camarades et domestiques qui l'accompagnent. Apparemment, seulement deux de ses fils l'accompagnaient. C'est un point qu’il faut remarquer.

Le point suivant est que le défunt Aqazadeh ne doit pas être oublié non plus. Aqazadeh n'était pas directement impliqué dans l'événement de Gohar-chad, mais il a été accusé par le tribunal et arrêté sur la même accusation. Personne n'aurait pensé que les agents du gouvernement oseraient aller chez Aqazadeh qui était une personnalité très respectée de Machhad. Cependant, les agents sont allés chez lui et l'ont emmené. Ils ne l'ont même pas laissé s'habiller correctement. Il a d'abord été emmené à Yazd puis à Téhéran. Un ou deux ans plus tard, il a été empoisonné et est tombé en martyr. Ce sont les personnalités importantes liées à l'incident de la mosquée Gohar-chad.

Un autre point concerne le massacre de la mosquée Gohar-chad, considéré comme une catastrophe historique comme le montrent les représentations. Certaines personnes pieuses s’étaient rassemblées dans ce lieu saint, avec un objectif précis, et les agents du gouvernement les ont attaquées et assassinées. Bien entendu, les tueries ne se sont pas seulement produites à la mosquée, il y a eu d'autres tueries à l'extérieur de la mosquée - sur la vieille place qui n'existe plus aujourd’hui. Au bout de la rue – qu’on appelle rue de Téhéran ou rue de l’Imam Reza (as) - un grand nombre de personnes ont été tuées. À la porte sud de la mosquée Gohar-chad - fermée à l'heure actuelle, et qui a été remplacée par la cour Quds - il y avait un couloir qui menait à la porte Gohar-chad. Dans ce couloir, beaucoup de gens ont été tués. Je ne me souviens pas où j'ai lu le récit de ces événements. Je ne me souviens pas vraiment avoir lu ceci mais je sais que beaucoup de gens ont été tués là-bas. Des gens ont raconté qu’ils regardaient depuis les étages supérieurs des maisons, qu’ils avaient vu des gens poussés à l'intérieur de camions, à moitié morts, et emmenés à Alamdasht pour y être enterrés. Ce sont des événements bien connus. Donc, un point de vue important est de considérer cet événement comme une catastrophe qui a eu lieu à Machhad à cause de l’hijab.

Une question à mon avis, beaucoup plus vaste et beaucoup plus importante, est celle du hijab lui-même. J'ai constaté que certains amis ont souligné au début de la réunion, la question de l'interdiction des « rozé-khani » [cérémonies de deuil religieux], mais la question de l'interdiction de l’hijab est une question très importante. Les souvenirs que vous avez racontés ici, concernaient surtout la question de l’hijab. Bien entendu, il n'y avait pas de points très importants dans les deux ou trois souvenirs que j'ai lus ici. Beaucoup de choses peuvent être trouvées sur cette question. Il y a beaucoup de récits dans notre esprit, et ceux qui ont le même âge que nous, ont entendu beaucoup de récits de parents plus âgés - de leurs mères et de leurs sœurs - qui furent directement impliquées dans ces événements. Il y a beaucoup de personnes qui y ont participé. La question de l’hijab n'était pas particulière à Machhad et à la mosquée Gohar-chad. C'était une question très vaste, à l'échelle nationale. Il s'agit de la mesure que Reza Shah avait adoptée et des confrontations qu’elle a entrainées. Vous pouvez trouver beaucoup de récits et de souvenirs sur le problème de l’hijab, qui peuvent constituer une excellente collection. Vous avez mentionné que l'un des messieurs - je ne sais pas lequel  - a décidé d'écrire un roman sur ce sujet. À mon avis, c'est une question très importante. Encore une fois, c'est une des questions sur lesquelles on n'a pas assez travaillé.

Une autre question concerne les gens qui ont joué un rôle dans l'interdiction de l’hijab. Notez que des personnalités culturelles connues à l'époque de Reza Shah - Ali Asqar Hekmat, par exemple - qui est une des plus connues - ont joué un rôle important dans la question du «kashf-e hijab» (interdiction de l’hijab). Ils ont joué un rôle de colonialistes. Ce sont eux qui ont soutenu Reza Shah. Reza Shah était un militaire, mais ils étaient des intellectuels qui lui enseignaient où utiliser ses armes. À mon avis, ces personnalités culturelles étaient très influentes et doivent être présentées. Reza Khan n'a fait qu'un seul voyage à l’étranger, en Turquie, à l'époque d'Atatürk. Là, ils lui ont montré des femmes qui ne portaient pas de hijab et lui ont donné l'idée d'éliminer l’hijab. Ensuite, ses proches compagnons lui dirent que le chemin de la civilisation était celui d'Atatürk, il s’est donc mis à y penser et à préparer le terrain à cet effet. En 1935, l’interdiction devint obligatoire, mais il y avait eu d'autres événements avant cela.

Un autre point concerne les personnalités qui ont travaillé sur cette question et qui devraient être mentionnées. L'Imam Khomeiny (que Dieu lui accorde le paradis) nous a dit qu'il n'avait vu personne de plus courageux sur cette question, que le feu Ayatollah Kashani. L’Imam avait également vu Modarres mais il a mentionné Kashani comme le plus courageux. Après cela, il a mentionné trois récits sur le regretté Kashani. Deux de ces récits concernent l’époque des Pahlavis mais malheureusement, je ne me souviens pas du troisième. Le récit spécifiquement lié à la question de l’hijab, précise que le feu Kashani vivait à Paminar (un vieux quartier de Téhéran). Un jour, un policier est allé le voir et lui a dit : « Mon commandant vous envoie ses salutations et vous invite, vous et votre famille, à une cérémonie mardi ». À cette époque, il était fréquent d'inviter des personnalités à telle ou telle cérémonie, avec leur femme sans hijab. Ce policier était venu inviter M. Kashani qui s’est mis à crier sur le policier. Le policier a dit que c'était l'ordre de son commandant. M. Kashani a répondu que « son commandant s’était lourdement trompé » ou quelque chose de ce genre [Rires du public]. Puis le policier s’est énervé et a dit : « Ce sont les ordres de mes supérieurs». Encore une fois, M. Kashani a dit quelque chose du genre : « Qu’ils aillent en enfer, tes supérieurs ! ». Le policier a rapporté l'événement à son chef qui a dit : « Ne vous approchez pas de cet homme, il est dangereux». Bref, il y a beaucoup de récits de ce genre sur les événements liés à la question de l’hijab.

L'une des personnalités qui ont été arrêtées, était le défunt Cheikh Hashem Qazvini, mon professeur, un enseignant réputé de Machhad dont nous avons suivi les cours pendant de nombreuses années, qui a raconté : « Lorsque la question du « kashf-e hijab » a surgi, nous étions tous très contrariés, mais il y en avait un qui était content, nous lui avons demandé pourquoi il était si content et il a dit : « C'est une très bonne chose que les gens comprennent avec qui je vis depuis 40 ans !» [Le Guide suprême et le public rient].

Ce que je veux dire, c'est qu'il y a beaucoup de récits et d'événements liés à la question de l’hijab.  Bien entendu, l'année de l’ordre de "kashf-e hijab" (interdiction de l’hijab), je n’étais pas encore né. Je suis né en 1939 - quatre ans après - mais ma mère et d'autres nous en parlaient. Elles restaient à la maison et ne sortaient jamais. Elles avaient beaucoup de difficultés pour sortir en cas de nécessité. J'ai entendu cela à la fois de ma mère et d'autres femmes. Ce sont des événements très douloureux qui ont eu lieu. Tous ces événements doivent être décrits. Lorsqu’il est question de l’hijab, tous ces événements doivent être dépeints. Ainsi, la question de l’hijab ne se limitait pas à la question de la mosquée Gohar-chad, c'était une question importante d’ampleur nationale.

En tout cas, je vous remercie, messieurs, pour les efforts que vous avez déployés. J'espère que Dieu vous accordera le succès, in-cha-Allah.

Avec mes salutations et que la miséricorde d'Allah et Ses bénédictions vous accompagnent !