Rappeler aux hommes, les mondes après la vie dans le monde d'ici-bas est un thème récurrent dans les prières et invocations du mois béni de ramadan ; rappeler le monde de la mort, le monde de la tombe, le monde de la résurrection, les problèmes des hommes au moment de rendre des comptes et de répondre aux questions divines (au Jour du Jugement Dernier) ; c'est un des thèmes évoqués dans les prières du mois béni de ramadan.

 

Pour nous, nous qui assumons des responsabilités, cela s'avère très important ; le facteur qui contrôle l'homme et qui veille sur lui, est parmi tant d'autres, de prendre en considération ces mondes. Que nous sachions « Rien ne Lui échappe fût-il du poids d'un atome » [Coran, 34: 3] ; qu'aucun geste, qu'aucun pause, qu'aucun acte, qu'aucun parole, tout petits qu'ils soient, n'échappe de Celui qui fait les comptes post-mortem ; qu'on nous interrogera ; cela influe énormément sur notre conduite, notre parole et nos gestes.

 

Il est dit dans la prière Abi Hamza : « Aie pitié de moi quand je suis sur le point de mourir et quand les mains de mes chers me retournent dans mon lit »; nombreux sont ceux qui ont perçu l'agonie chez autrui, cet instant où la mort est proche des autres ; vous et moi, nous ne disposons pas de nous-mêmes dans ces instants ; personne n'y est plus proche de nous que Dieu. « et que Nous sommes plus proche de lui que vous [qui l'entourez] mais vous ne [le] voyez point » [Coran, 56: 85]. Personne ne pourra nous sauver en cet instant du gouffre abyssal qui s'ouvre devant nous sauf nos œuvres bonnes et la grâce divine.

 

Nous disions : dans cette prière on sollicite Dieu le Tout-puissant « Aie pitié de moi quand on me pose sur le banquet pour laver mon corps et quand mes chers parents me tournent vers différents côtés »; quand on nous fait l'ablution après la mort, que Dieu sublime nous gratifie en ce moment-là et qu'Il ait pitié de nous, nous sommes impuissants entre les mains de celui qui accomplit le rituel de l'ablution ; cela arrivera à chacun de nous, vous et moi ; personne n'en sera épargné ; cela est réservé à tout le monde. Rappelez-vous toujours cet instant.

 

« Et (aie) de bonté envers moi lorsque mes proches posent mon cadavre sur leurs épaules ». On nous soulève, on nous porte sur les épaules, on nous conduit vers notre demeure éternelle et permanente. . « Et (sois) généreux envers moi quand je suis transporté vers Toi, posé seul dans ma tombe ». On nous met dans le sépulcre. C'est un rappel. Il ne faut pas oublier ces états ; il faut qu'ils soient toujours devant nos yeux. C'est une des raisons de recommandation qui nous conseille de nous rendre au cimetière et nous recueillir sur la tombe des morts.

 

Il y a des gens qui n'aiment pas que l'on leur rappelle la mort ; non c'est un diagnostic, c'est un médicament ; c'est le remède à notre égoïsme, à nos ignorances, à nos désirs voluptueux. Dans un autre passage de la prière d'Abi Hamza, il est dit : « Ô mon Dieu, Aie pitié de moi quand je n'ai pas de réponse à donner, quand je ne peux pas trouver ma langue pour Te donner des réponses et quand mon esprit fait une erreur quand Tu me demandes une question » : en cet instant où nous sommes impuissants face à la question divine, nous n'avons plus d'argument ; ce ne sera plus comme ici où nous pourrions écarter l'autre partie en exploitant son ignorance, et ses sentiments. Là tout est clair et évident, pour Celui qui nous interroge ; il nous faut donc nous souvenir de cet instant.

 

Il est dit dans un autre passage : « je m'afflige sur mon état, sortant tout nu de ma tombe » - récitez avec une grande attention cette prière à l'aube au mois de ramadan. Dans une autre partie de ce dua nous lisons: « Je pleure pour le jour où ils me sortent de la tombe, nu et sentant mauvais. Je pleure pour ce jour-là quand je porterai la lourde charge de mes péchés et parfois je regarde droit et parfois, je regarde à gauche et je vois que tout le monde est impliqué dans ses propres affaires ». Chacun ne pense qu'à lui-même, personne ne m'aidera là-bas.

 

« Ce jour-là il y a des visages clairs, souriants, brillants » [Coran, 80: 37 à 39]. Tous les croyants, ceux qui se sont préservés, qui n'ont pas dévié de la voie du juste, de l'équité, qui ont accompli les devoirs divins sont l'exemple par excellence de cette parole : « Ce jour-là il y a des visages clairs, souriants, brillants » ; il y a ceux qui sont ainsi. « De même qu'il y aura, ce jour-là, des visages pleins de terre, couverts de poussière » [Coran, 80: 37 à 41]. Les versets coraniques s'arrêtent là, dans le texte de la prière, le terme « avilis » est aussi ajouté. Certes, il n'y a pas seulement ce thème ; les prières du mois béni de ramadan, à l'instar d'autres invocations, nous conduisent vers la source limpide et douce de la miséricorde divine.

 

C'est le mois de l'humiliation, le mois du repentir, le mois de la piété, le mois du rappel de Dieu, le mois de l'auto-édification, le mois de l'éthique. Dans le sermon du dernier vendredi du mois de Cha'aban du très vénéré Prophète de l'Islam, il y a des thèmes qui rappellent que ce mois n'est pas uniquement celui de la prière et de l'invocation. Il est aussi le mois de l'éthique. S'initier à des vertus et les appliquer : voilà ce auquel nous devons également accorder une grande importance pendant ce mois.