Au nom de Dieu, Clément et Miséricordieux

Cette réunion était très bonne et j'ai pris plaisir à voir nos jeunes intellectuels et leur courage dans la présentation de leurs idées, cela compte beaucoup pour moi. Il est très important qu'un jeune Iranien et musulman ait confiance en lui-même et puisse donner son avis sur les principaux enjeux du pays, et les questions de l'enseignement supérieur, de l'éducation, de son université ou des autres universités. Il faut encourager cela comme la passion pour apprendre et pour devenir une personnalité scientifique.

Mes chers amis ! Je vous le dis : ceux qui ont, au début, ralenti la marche scientifique et la recherche dans le pays et l'ont complètement arrêtée, ont tenté avant tout de répandre chez les Iraniens un sentiment d'infériorité scientifique et intellectuelle, et l'idée qu'ils étaient incapables de distinguer les voies du bien-être et manquaient d'un vocabulaire pour s'exprimer. Ce qui anéantit un peuple est de lui faire perdre sa confiance en soi. Je suis ravi de voir ce sentiment de confiance chez les jeunes, cette année. Je l'ai remarqué au cours d'autres rassemblements avec les jeunes et ce sentiment augmente de jour en jour. Mais il ne faut pas oublier que ce sentiment de confiance et le fait de dire ouvertement ses idées, n'ont rien à voir avec l'arrogance et la violence. L'arrogance fait partie de la nature des jeunes, je n'en parlerai pas, mais je vois à travers cette réunion et d'autres réunions semblables, que les jeunes sont très logiques et que leurs critiques sont scientifiques et acceptables, ce qui a une grande valeur, à mon avis. Tout ce que vous venez de dire est intéressant et remarquable. J'ai pris des notes mais nous écrirons à partir des vidéos, et vos propos seront étudiés avec minutie dans l'avenir.

Certaines remarques sont tout à fait applicables et concernent les responsables, ici présents, qui doivent les étudier le plus tôt possible, comme la question de l'amende pour les unités de valeurs supplémentaires qu'un étudiant aurait choisies. Je n'en vois pas non plus la raison, ou les relations avec les scientifiques étrangers qui doivent être l'objet d'une étude et d'une planification. Certaines questions sont un peu plus vastes comme l'octroi de bourses par les organisations gouvernementales, aux étudiants très brillants. La question du service militaire à laquelle certains ont fait allusion, est résolue et ne requiert plus de débat. Une question que vous n'avez pas posée dans cette réunion, mais qui a été posée dans la réunion précédente et que j'ai prise en considération, est celle de l'entrée et de l'admission des lauréats des Olympiades et des premières places des universités. J'ai demandé à deux ministres de l'étudier et d'éliminer les obstacles pour les deuxième et troisième places au concours d'entrée, et pour faciliter leur admission à l'université. Certaines questions de nos amis concernent les dossiers qui doivent être étudiés et suivis par les organisations gouvernementales, pour être remis ensuite au Haut Conseil de la Révolution culturelle ou à d'autres organisations concernées.

J'ai une seule remarque à faire : Certaines questions auxquels vous avez fait allusion sont des projets réalisables à long terme ou à court terme. Lancer le débat ne pose aucun problème surtout dans une réunion si chaleureuse et si sympathique, j'accueille ces avis à bras ouverts même si vous ne parlez que de ce genre de problèmes. Mais prenez garde de ne pas parler de manière décourageante. Autrement dit, essayez de ne pas être décourageants. Mes chers amis ! L'espoir est une chose essentielle. Les responsables universitaires du pays et les responsables qui assument diverses fonctions, doivent avoir le courage d'avancer et d'atteindre de bons résultats. Il ne faut pas prendre un ton décourageant, non, où il n'y a aucune raison désespérer, et le découragement n'a aucune place ici.

Ce qui me semble important à dire au cours d'une telle réunion, à coté de ce que vous avez dit, est que votre travail consiste à faire des progrès scientifiques dans une démarche scientifique poursuivie. C'est un travail admis par l'islam et un objectif poursuivi par cette religion. C'est à nous, en tant que musulmans et croyants, de poursuivre ce travail scientifique et d'atteindre les sommets de la science, dans notre travail individuel et les programmes généraux du pays. C'est un devoir et c'est le regard que nous devons avoir sur cette question.

La situation était différente en Europe et en Occident. Dans l'Europe chrétienne, la connaissance scientifique a coïncidé avec la fin de la connaissance religieuse, autrement dit le début de l'une signifia la fin de l'autre. Cela était peut-être normal car la connaissance religieuse dans le milieu chrétien, était fondée sur des superstitions et n'avait rien de scientifique. L'époque où l'on envoyait en prison, fouettait ou brûlait un savant à cause d'une découverte scientifique, en Europe, est très loin de nos jours. Pendant des siècles, des savants ont été brûlés sur le bûcher pour sorcellerie. Vous pouvez voir cela dans les œuvres littéraires et scientifiques de l'Occident. Quand le milieu religieux et les religieux traitent la science de cette manière, il est normal que le développement de la science exige le rejet de la spiritualité et de la religion. C'est tout à fait clair.

En islam la situation est complètement différente. En islam, l'opposition entre la religion, la science et la raison n'a pas de sens. L'une des sources des principes et des piliers de la religion est la raison. Les principes de la foi ne peuvent être atteints que par la raison, les règles secondaires aussi s'appuient sur la raison. Si vous regardez les livres de Hadith, comme le « Kafi » par exemple, rédigé il y a mille ans environ, vous verrez que le premier chapitre est consacré au « livre de la science et de l'Ignorance » où l'on aborde le sujet de la raison et de sa valeur. Le grand mouvement de l'islam est consacré au savoir. La civilisation islamique a été créée grâce à ce mouvement scientifique, déclenché dès le début. Le mouvement islamique avait pris son élan deux siècles après le début de l'islam, dans un milieu comme la Péninsule arabe. Si vous voulez comparer ce mouvement avec notre époque, prenez en considération les pôles scientifiques du monde et imaginez un pays dans un coin lointain, loin de toute civilisation, qui entre en scène et l'emporte sur toutes les autres civilisations et les dépasse de cent, cent cinquante ans sur le plan scientifique. C'est un miracle, c'est une chose incroyable. Tout cela n'était réalisable que grâce à l'intérêt de l'islam pour l'apprentissage de la science. Voyez les hadiths qui existent et qui sont parfois négligés :
النّاس ثلاثة: عالم و متعلم على سبيل نجاة و همج رعاع
« Il existe trois sortes de personnes : les savants ; les personnes à la recherche de la science et le reste c'est-à-dire des gens sans poids, sans valeur et égarés ».

L'islam comme vous le voyez accorde une grande valeur à l'acquisition du savoir et à l'enseignement. Voilà la vision et l'esprit de l'islam.
Il faut que les jeunes fassent attention à ce que leurs activités scientifiques, quelle que soit cette science, humaine, coranique, expérimentale ou autre, ne les empêchent pas d'entrer et de faire des progrès dans le domaine moral et spirituel. Il faut suivre les deux à la fois. Le verset que notre cher ami a lu au début :
«و يزكّيهم و يعلّمهم الكتاب و الحكمة»
« Dieu envoya le Prophète, l'enseigna et purifia ».

Montre que l'enseignement et la purification vont de paire. Ne les séparez pas. L'idée que l'activité scientifique éloigne naturellement de la spiritualité et de la morale est une fausse idée, importée, et en relation avec le passé de l'Europe chrétienne et qui ne convient absolument pas au milieu et à la pensée islamiques. Si un savant est vertueux, on pourra compter sur lui dans n'importe quel domaine scientifique pour le progrès de l'humanité et de son pays. Un tel scientifique à des buts de valeur et son travail est en faveur de l'humanité, de la justice et des valeurs, et il sera capable d'affronter les vicissitudes du monde contemporain. Essayez d'être un tel savant dans l'avenir et choisissez ces objectifs comme buts principaux ! Soyez des gens qui font avancer le monde sur le bon chemin. Que ce soit votre but ! Cela est possible mais il vous faut bien entendu, franchir des étapes préliminaires pour atteindre cet objectif.

Le débat que vous avez lancé au sujet des élites intellectuelles est une question à laquelle je crois aussi : préparer le terrain pour former des scientifiques, repérer les talents, aider les étudiants à accéder aux sommets scientifiques et à progresser dans la recherche, sont des travaux importants qui ont été entrepris dans notre pays. Avant la Révolution non seulement cela n'existait pas mais on travaillait dans le sens contraire, on étouffait les élites, on essayait de tuer tout espoir chez les jeunes. Seuls était mis en valeur celui qui connaissait bien l'exemple de l'Occident, qui pouvait s'y adapter à cent pour cent et qui y croyait. L'innovation et la créativité n'existaient pas. Notre pays devait rester à jamais dépendant des autres et les suivre. Il est certain qu'un tel pays ne fera pas de progrès. Tel était notre situation dans le passé. La Révolution a renversé cette situation et a changé cet état de chose. Cela fait quelques années que, grâce à Dieu, l'attention à l'élite intellectuelle est prioritaire dans la programmation du pays mais cela n'est pas suffisant. En tout cas, les remarques que nos amis ont faites seront prises en considération et l'objet de travaux. Des efforts et des progrès ont été faits, mais il faut avancer d'avantage incha-Allah.

En ce qui concerne les élites scientifiques, je crois que nous avons besoin d'une association. Il y a plusieurs années, j'ai dit au Président de l'époque, M. Khatami, de créer un centre pour organiser les relations entre l'université et l'industrie. Par extension, ce centre pourrait servir à l'examen des affaires qui concernent les élites scientifiques, les écouter, régler leurs problèmes, prendre en considération leurs idées sur les plans de développement et la formation des élites scientifiques et intellectuelles dans la société. Pendant son mandat, j'ai dit à plusieurs reprises, à M. Khatami de travailler sur ce sujet, ce qui a été fait mais de façon insuffisante. Il faudrait créer une association sous la direction de la Présidence, car c'est le meilleur lieu pour cela. J'ai entendu dire que certaines organisations ont l'intention de faire ce travail, mais aucune institution ne vaut l'enceinte présidentielle, même les organisations ministérielles ne sont pas compétentes car cette affaire dépasse les possibilités d'un ministère.

Comme vous l'avez remarqué, certaines questions dépendent du ministère des sciences, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, certaines autres du ministère de la Santé, de l'Éducation nationale, de l'Orientation islamique ou d'autres ministères comme celui de l'Industrie ou du Pétrole. L'un de nos amis a cité l'exemple de la pétrochimie, c'est vrai, je suis au courant que certains amis se sont adressés au ministère du Pétrole qui ne leur a pas demandé le travail qu'on attendait d'eux. De toutes façons, il nous faut un centre spécial pour ces affaires et pour suivre la question concernant les étudiants brillants du pays, de façon correcte et indépendante et surtout loin de toute orientation politique. Ainsi toutes les questions dont vous avez parlé seront concentrées dans ce centre, la reconnaissance des aptitudes, la formation et ensuite l'orientation de ces étudiants vers des travaux adéquats et utiles.

Il est possible que beaucoup de ces talents soient aujourd'hui utilisés dans des directions dont le pays n'a pas besoin. L'émigration des étudiants, par exemple, n'est pas un phénomène négatif, je l'ai dis à plusieurs reprises. Il se peut qu'un étudiant décide de sortir du pays pour continuer ses études et de rentrer ensuite pour être utile à son pays. Il vaut mieux bien entendu, qu'on lui donne les possibilités de continuer ces études ici et d'épanouir ses talents, grâce à des laboratoires, des centres scientifiques et de recherche. C'est mieux ainsi mais si les étudiants partent, cela doit se faire selon un plan précis, autrement dit, il faut qu'ils sachent pour quelle raison ils s'en vont, ce qu'ils envisagent de faire et ce qu'ils feront une fois leurs études achevées. Utiliseront-ils leur savoir en faveur de leur pays et pour faire avancer les autres étudiants, ou travailleront-ils pour une usine ou la compagnie d'un capitaliste américain, canadien ou européen ?

C'est une grande humiliation pour un scientifique qu'après tant d'efforts, après avoir travaillé et progressé en profitant des possibilités de son pays, il soit finalement au service de telle ou telle compagnie dans un autre coin du monde, et que son patron le considère comme un simple pion pour la défense de ses intérêts. Un scientifique est fier quand il peut contribuer au progrès de son pays, de sa maison et de son peuple, et à l'amélioration de la vie, de l'avenir et de l'histoire des gens auxquels il est redevable. Vous brillerez quand vous pourrez rendre service à votre propre pays. Qu'un jeune, parmi des milliers de jeunes, qui a lui, travaillé en physique, en médecine ou en littérature persane, devient une personnalité dans son pays, est une chose qui compte. Nous avons des personnalités brillantes en physique, en littérature et dans d'autres disciplines de sciences humaines et de philosophie, dont nous sommes fiers. Le pays ne sera jamais fier d'un ingénieur ou d'un médecin qui est parti rendre service à tel ou tel groupe de capitalistes dans un autre pays. Il est allé produire de l'argent pour les enfants, filles et garçons, les chiens et les serviteurs d'un étranger, ce n'est pas une fierté. Celle-ci n'apparaît que si l'on reste dans son pays et qu'on travaille pour le développer, l'améliorer et en corriger les défauts. Si quelqu'un fait ses études, ici ou ailleurs, dans cet objectif, il deviendra quelqu'un. En tout cas, les politiques et les programmes de ce qui vient d'être dit, seront réalisables grâce à cette association.

Je suis ravi que certains amis aient fait allusion à la semaine de la Défense sacrée (les huit ans de guerre imposée à l'Iran par l'Irak). Faites attention de ne pas négliger cet événement sacré qu'a connu le pays et qui a été un exploit. La plupart des jeunes qui ont joué un rôle clé dans la guerre, étaient comme vous, des étudiants et même les meilleurs des étudiants. Je vous citerai l'exemple d'un jeune de 22 ans qui est devenu commandant d'une armée, a guidé ses hommes et planifié des opérations qui ont surpris non seulement l'ennemi Baathiste mais aussi les satellites de ses amis. Nous avons eu l'opération militaire « Val-Fadjr 8 », un mouvement incroyable, alors que les satellites américains étaient au service de l'armée irakienne, comme vous le savez, et lui fournissaient des renseignements. Les bases militaires du régime Baathiste étaient constamment en contact avec les systèmes de renseignement américains et leurs satellites, qui enregistraient nos déplacements et l'emplacement de nos forces, et en informaient immédiatement les Irakiens.

Vous savez que le renseignement joue un rôle primordial dans la guerre mais sous le contrôle de ces satellites, des dizaines de milliers de soldats sont allés jusqu'au bord de la rivière Arvand sans que l'ennemi ne s'en rende compte ! Par des moyens divers dont vous êtes plus ou moins au courant, nous les connaissions à l'époque et on les a expliqués plus tard, (bien que les expériences de la guerre ne soient pas assez transmises, cela est un des problèmes), ils sont arrivés à déplacer des dizaines de milliers d'hommes par camions et camionnettes, sous déguisement de marchand de pastèque et dans des nuits sans lune, pour les mener aux bords de la rivière et leur faire traverser cette rivière qui fait parfois plus de 2 ou 3 kilomètres de large, parfois sous l'eau et malgré la situation de cette rivière que vous ignorez peut-être, qui a deux courants, un Nord-Sud qui est le principal courant auquel se joignent les deux rivières de Tigre et de l'Euphrate, pour se jeter ensemble dans le Golfe Persique, et un courant inverse, au moment des marées hautes quand la mer monte de trois ou quatre mètres, au Nord, et avance dans la rivière. Ainsi l'Arvand a deux courants opposés. C'est dans ces conditions que les combattants de l'islam ont pu conquérir une région et connaître un tel exploit. Cela a été l'œuvre des jeunes étudiants et des génies du Basidj et de l'armée des Gardiens de la Révolution, des jeunes monothéistes qui, à un moment stratégique, ont défendu une partie de votre pays. Sans cela nous aurions été un Etat humilié et condamné à subir le joug des superpuissances du monde. Alors que nous sommes aujourd'hui un pays puissant et un peuple fier et prestigieux, disposant d'un gouvernement capable de donner un avis sur les questions sensibles du monde. Nous devons cela aux sacrifices de ces jeunes, ne les oubliez pas !

J'ai noté vos propos, vous avez encore beaucoup de choses à dire, moi aussi mais ce n'est pas grave. En tout cas je vous le dis : Vous êtes notre élites et nos favoris. N'oubliez pas que plus vous êtes savants, plus vous devez être modestes ! Que jamais votre science ne vous rende orgueilleux, ces deux choses ne vont pas de paire et je ne le vois guère chez vous. Vos visages illuminés le prouvent mais prenez garde. Il faut séparer les élites intellectuelles des égoïstes dans le pays. Plus vous remportez des succès et progressez plus vous devez être humbles, c'est seulement cela qui peut assurer votre développement et vos acquis.