Ce qui suit est le texte intégral d'un discours prononcé le 29 Novembre 2007 par l'Ayatollah Khamenei, Guide suprême de la Révolution islamique, lors d'une audience accordée à un groupe de savants, d'enseignants et de chercheurs des centres islamiques iraniens.

Au nom d'Allah, le très Miséricordieux, le tout Miséricordieux

"Cette réunion m'a semblé très agréable. En ce qui concerne les réalisations des centres islamiques comme ceux de Qom, de Machhad et d'Ispahan, beaucoup de choses ont été dites, nous nous en souvenons et des promesses ont été faites. Cependant, à mon avis, ce que j'ai vu ce soir était plus prometteur, plus favorable et plus crédible que toutes les choses que j'ai déjà entendues à cet égard.

La génération d'aujourd'hui dont font partie ces messieurs et l'honorable dame qui ont a pris la parole, peut sans aucun doute, accomplir les exploits que nous attendons des études sur la religion, à condition que ce mouvement conserve sa force et fasse de plus en plus de progrès. En ce qui concerne les centres islamiques, j'ai fait quelques suggestions à la fois dans les réunions générales que j'ai eues avec leurs religieux auxquelles des centaines et parfois des milliers de personnes ont participé, et dans certaines réunions privées avec certains faqihs, fonctionnaires ou figures éminentes des centres islamiques.

Lors de ces réunions quelques suggestions ont été faites mais beaucoup d'entre elles n'ont pas été opérationnalisées ou sont restées inachevées. Nous pouvons voir cependant, de nombreuses réalisations comme le mouvement religieux, motivé et dynamique, grâce à la Révolution islamique et à l'imam Khomeiny.

Bon nombre de ces suggestions constructives n'ont pas encore été appliquées mais la production, la qualité et les ressources humaines sont d'un niveau élevé comme nous le constatons aujourd'hui. Le meilleur exemple est le discours de certains messieurs ce soir qui m'a semblé très intéressant.

Un autre exemple est ce que j'ai vu dans les réunions que j'ai eues avec certains chercheurs. Il y a deux ans, j'ai rencontré un groupe de chercheurs en logique, philosophie et mysticisme. J'ai vu la même chose là-bas. J'ai aussi rencontré des savants impliqués dans des travaux universitaires et j'ai eu le même sentiment lors de cette réunion. Ceci est très important et signifie que l'exploitation des talents des gens qualifiés dans ces centres, est élevée. Cultiver ces talents exige certains critères. Nous n'avons pas encore rempli ces critères, mais si nous y parvenons, les avantages seront plusieurs fois plus élevés que ceux qu'ils sont actuellement. C'était le premier point que je tenais à vous faire remarquer.

J'ai écrit quelques points dont je voulais discuter avec vous mais cela n'est plus nécessaire et nous n'avons pas assez de temps. Si nous avions le temps, ce ne serait même pas nécessaire car vous avez-vous-mêmes mentionné ces points que j'avais à l'esprit. Je suis très heureux de voir que vous y avez pensé. Je ferai donc brièvement deux ou trois remarques qui ne prendront pas beaucoup de temps. La première est que les centres islamiques qui dans leur ensemble, sont composés de plusieurs éléments, sont comme les êtres vivants. C'est-à-dire qu'ils grandissent et se fanent, sont animés et tombent en décadence, vivent et meurent comme des êtres vivants. La raison réside dans l'Histoire des centres islamiques. Le centre islamique de Hillah, fondé au 7ème siècle ou peut-être vers la fin du 6ème siècle de l'hégire, était très actif. Lorsque Khawaja Nasir-o-Din Tusi s'est rendu à Hillah, il y avait là un groupe d'éminents étudiants. Pour autant que je me souvienne, il y avait aussi environ 20 ou 25 chercheurs dont Muhaqqiq al-Hilli.

Parmi d'autres personnalités, nous pouvons citer le père de l'Allâmah Hilli ainsi que l'auteur du "Jameh-ol-sharaye", Yahya bin Said et les autres. Le centre islamique de Hillah n'existe plus aujourd'hui.

Outre le séminaire de Hillah, le séminaire de Najaf a également connu un déclin après des années brillantes. Au début, il n'y avait pas de grandes personnalités au centre de Najaf. Ce sont les élèves d'al-Wahid Bihbahani comme Bahr-ol-oloum et Kachif Al-Ghita' qui ont développé ce centre qui a mon avis, pendant 200 ans, a joui d'une grande renommée grâce aux efforts de ces grandes figures. Leur compétence en jurisprudence a animé le centre qui par la grâce d'Allah, existe encore aujourd'hui.

Le centre de Qom n'avait pas à l'époque la renommée qu'il a actuellement. Après ses premières années d'essor, il est tombé en déclin. C'est lorsque Hadj Cheikh Abdul Karim Haeri y est venu qu'il a commencé à se développer. Les centres islamiques sont ainsi. Vous ne devez pas vous limiter au présent. Vous avez l'avenir devant vous. Cet avenir, comment sera-t-il ? C'est vous qui déciderez et vous devez prendre votre décision dès aujourd'hui. Aujourd'hui, si les piliers principaux des centres islamiques c'est à dire les responsables, les experts, les professeurs et les personnalités éminentes font des efforts, réfléchissent et planifient de façon convenable, dans vingt ans, les centres islamiques s'amélioreront sensiblement en profondeur et en force, par rapport à ce qu'ils sont actuellement. Si nous ne planifions pas pour l'avenir, il n'est pas certain que le centre de Qom existera avec la même influence que celle qu'il a actuellement car certaines personnalités, chercheurs, enseignants, philosophes et faqihs disparaîtront dans l'avenir.

ننقصها من اطرافها
" Ne voient-ils pas que Nous frappons la terre et que Nous la réduisons de tous côtés ? "
[Coran 13:41]

De nouvelles personnalités doivent les remplacer et faire plus de progrès. Si nous avons suffisamment de perspicacité, nous aurons un bel avenir devant nous. Mais un manque de perspicacité concernant le centre islamique de Qom, et nous satisfaire de ses conditions actuelles, aboutiront à la disparition ou au déclin de ce centre dans l'avenir. Aujourd'hui, nous prévoyons pour le jour où nous n'aurons plus de ressources pétrolières. Nous essayons de produire de l'énergie sans recourir au pétrole. Nous deviendrons un jour un pays sans pétrole comme d'autres pays dans le monde. Le monde est à la recherche d'énergies de remplacement. Nous sommes également confrontés à cette question et tentons d'accomplir ce travail.

Si nous ne faisons pas cela, les conséquences néfastes de notre négligence se feront sentir dans l'avenir même si nous ne sommes plus en vie d'ici là. Nous serons responsables de notre négligence. Cette façon de penser doit se généraliser dans les centres islamiques. Tous les cadres du centre islamique, le Haut Conseil, les figures éminentes et tous les faqihs doivent se sentir concernés et savoir qu'aujourd'hui, nous devons avoir des plans pour les vingt ou trente prochaines années pour les centres islamiques de Qom, d'Ispahan et de Machhad ou d'autres villes.

Comment sera le monde dans trente ans ? Il ne ressemblera plus sans aucun doute, au monde d'aujourd'hui en termes de propagande, d'influence sur les cœurs des gens et d'occupation des territoires d'autres nations. Il y a vingt ans, la technologie de l'information sur laquelle l'un des honorables intervenants a prononcé un excellent discours, n'existait pas ou n'en était qu'à ses premiers pas. Voyez comme elle s'est développée aujourd'hui. Si nous nous préparons le futur nous ne serons pas dans le vide à ce moment-là. Dans chaque école, chaque maison et comme l'un des messieurs l'a souligné, chaque village, nous trouvons les traces des nouvelles technologies de l'information. Les centres islamiques doivent-ils être retard dans ce domaine ? Imaginez les progrès qui seront faits en trente ans dans les technologies de l'information. Bien sûr, avec un rythme plus rapide car en ce qui concerne les progrès scientifiques, le rythme était certainement beaucoup plus lent ces vingt dernières années par rapport à ce qu'il sera dans vingt ou trente ans. Dans trente ans, des gens qui ont des opinions différentes, de diverses écoles de pensée et éventuellement corrompus, pourront facilement prendre en main le destin de vos universités, de vos écoles et l'éducation de vos enfants à la maison. Vous ne pourrez rien faire contre eux. Les centres islamiques doivent prévoir ce jour-là car ils seront responsables. Les religieux sont chargés de fournir aux gens une éducation religieuse et sont eux-mêmes formés dans les centres islamiques. Vous devez considérer votre responsabilité de ce point de vue, pour en comprendre la signification. Réfléchir sur l'avenir est une question importante dont je veux que vous teniez compte.

Une autre question est que vous devez gérer les évolutions. Chers frères et sœurs, sachez que l'évolution est inévitable. L'évolution fait partie de l'essence naturelle de la création divine. Je l'ai souligné à plusieurs reprises. Imaginez une créature qui ne connaît pas d'évolution, soit elle mourra soit elle sera isolée. À la suite des évolutions survenues autour d'elle, elle n'aura aucune chance de survie, sera foulée au pied ou complètement isolée comme cet homme vivant dans la jungle dont nous avons lu l'histoire dans les journaux, et qui il y a quarante ans, était allé dans la forêt du Māzandarān et n'avait plus eu de relations avec le monde extérieur. Il est devenu complètement isolé. Il est possible d'éviter les évolutions mais cela contribuera à un isolement. Si les centres islamiques tentent d'éviter les évolutions et parviennent à survivre, ils seront quand même isolés. Bien entendu, l'existence de croyances religieuses dans les centres islamiques, empêche leur destruction mais pas leur isolement. L'évolution est inévitable mais elle a deux aspects. Elle peut s'effectuer dans le droit chemin ou dans un chemin erroné. Nous devons gérer les choses de telle sorte que cette évolution s'oriente dans le droit chemin. C'est le devoir des personnalités influentes dans les centres islamiques.

Chers responsables, figures éminentes et influentes des centres islamiques, vous ne devez pas éviter les évolutions. Vous avez mentionné que l'évolution était nécessaire dans les méthodes d'enseignement, de recherche, d'accueil des étudiants et des programmes. Tous ces domaines nécessitent des évolutions mais vous ne devez pas dire que vous avez évolué dans tous ces domaines en élaborant un plan de dix ou quinze ans. Ce plan était valable il y a dix ans, vous devez le perfectionner. Tel est le sens de l'évolution qui exige une remise à jour en fonction des évolutions mondiales et ne supporte pas les retards.

Les centres islamiques ont naturellement été l'objet de retards au long de ce siècle, personne n'est responsable et la Révolution en Iran qui a été un mouvement extrêmement rapide n'a pas été accompagnée des évolutions nécessaires et a dévoilé nos retards dans tous les domaines, dans le domaine intellectuel, nos universités et les centres islamiques. Nous n'avons pas réussi à rattraper les retards avec le même rythme rapide des développements remarquables qui ont eu lieu dans notre société et ont eu un effet profond sur notre pays. Les centres islamiques ont dans une certaine mesure, un retard par rapport à cette évolution qu'ils peuvent rattraper à condition de faire preuve de vigilance et d'accélérer leur rythme de manière convenable. Nous devons donc accepter l'évolution et la gérer. Nous devons être très prudents. Vous avez parlé de diplômes. Je suis moi-même un de ceux qui dès le début, ont souligné l'importance des diplômes dans les centres islamiques. J'insiste encore sur le fait que les religieux doivent obtenir des diplômes mais pas ceux qui sont délivrés par le ministère des sciences car le prestige de ces centres est plus élevé que celui de n'importe quel ministère.

Les centres islamiques doivent délivrer des diplômes particuliers peu importe le titre. Certains se sont plaints du fait que nous ayons choisi le nom de doctorat ou de maîtrise, et ajouté le terme de "troisième et quatrième niveau " à ces degrés. Je n'ai rien contre ces plaintes. Nous pouvons en discuter dans les centres islamiques et toute décision qui sera prise, sera acceptable. En fait, je suis d'accord avec le fait de donner des diplômes mais pas avec une importance exagérée des diplômes. Il n'est pas recommandable pour les étudiants des centres islamiques, d'étudier uniquement pour obtenir un diplôme. Nous devons avoir un comportement modéré vis-à-vis des évolutions. C'était aussi le cas dans la question des diplômes. Vous pouvez donner des diplômes mais éviter d'y accorder trop d'attention parce que nous avons toujours considéré que c'était un des inconvénients des nouveaux systèmes d'éducation. C'est un des exemples d'évolutions au sein des centres islamiques.

La question des livres d'enseignement dont certains ont parlé est très importante. Lors d'un voyage à Qom, je ne me souviens plus de la date exacte, nous avons eu une réunion avec quelques religieux sur le changement des programmes et des livres. J'ai ressenti immédiatement certaines réactions et il y a eu quelques plaintes. Bien sûr, je n'en étais pas surpris et je savais que cela arriverait. La modification des livres est absolument nécessaire et il n'y a aucun doute à cet égard. J'ai noté l'argument qu'un de nos frères a présenté ici, très convaincant, qui dit que si nous n'étions pas censés changer les manuels, nous aurions du continuer à étudier le Ma'alem sans avoir besoin d'écrire les livres "Ghavanin", "Rasa'el", "Fosul" et "Kefaya". Cet argument est convaincant et s'applique parfaitement à la situation actuelle.

Nous devons changer les programmes d'enseignement afin que l'objectif de l'étude devienne la compréhension de l'ensemble du sujet, et non pas d'une expression particulière. Faire une phrase difficile à comprendre n'est une réussite en soi même. Même si nous ne le faisons pas exprès, nous devons être prudents et éviter que notre propos devienne difficile à comprendre. Parler de manière difficile nécessite beaucoup d'efforts de la part des étudiants. Est-ce vraiment nécessaire et utile ? Non, ce n'est pas le cas. Nous devons utiliser des expressions courantes de manière à ce que celui qui est assez talentueux pour comprendre de tels sujets, puisse facilement en saisir le sens. De cette façon, l'enseignant n'aura aucune difficulté à transmettre le sens de la phrase et aura seulement à expliquer le contenu.

Elaborons une nouvelle version du Kefaya. Pourquoi pas ? Nous pouvons également changer le style du Makaseb dans lequel Cheikh Morteza Ansari a utilisé un langage complexe pour expliquer la jurisprudence islamique. Makaseb est le livre de Cheikh Morteza Ansari sur les débats de jurisprudence supérieure et nous ne devons pas en sous-estimer l'importance. Qui est égal au Cheikh Morteza Ansari ? Les livres sur les débats de jurisprudence supérieure qui ont été élaborés conviennent à ceux qui assistent aux cours et peuvent aborder une question de différents points de vue comme le fait le cheikh Ansari. Mais cette méthode n'est pas appropriée pour les gens qui veulent comprendre le fiqh en lisant ce livre qui est très difficile à comprendre. Vous devez essayer de rendre les textes de jurisprudence islamique plus accessibles. Vous pouvez utiliser les mêmes idées que le cheikh mais sous une forme nouvelles et plus accessible. Vous pouvez recourir à de nouvelles écritures pour transmettre mieux le message mais en restant fidèles au texte original que le cheikh a écrit. Vous devez expliquer les idées du Cheikh Ansari dans un nouveau livre qui deviendra une nouvelle version du Makaseb qui est à mon avis, nécessaire.

Certains responsables et personnalités des centres islamiques n'apprécieront peut-être pas cette idée et ce livre ne sera pas écrit de sitôt, mais il sera certainement écrit dans l'avenir. C'est une partie de la question. L'autre partie consiste à gérer l'évolution comme je l'ai souligné ci-dessus. Nous ne devons pas ignorer l'aspect scientifique de cette tâche et ne pas abaisser le niveau du livre du cheikh en ce qui concerne les principes. Nous devons faire attention de ne pas donner de fausses informations aux religieux sur les principes islamiques parce que ces principes sont fondamentaux dans notre jurisprudence. Les expressions utilisées dans ces livres, doivent être transcrites en un arabe excellent. Dans les travaux des étudiants des centres islamiques, j'ai remarqué quelques points faibles à cet égard. Pour qu'un texte passe pour une œuvre de premier plan dans les milieux scientifiques islamiques, il faut qu'elle n'ait aucune erreur grammaticale, d'orthographe ou textuelle. L'arabe est notre langue scientifique que tout le monde peut utiliser.

L'évolution est donc inévitable et ce que j'ai expliqué n'est qu'un aspect parmi tant d'autres. Vous avez abordé beaucoup d'autres aspects de l'évolution dans vos discours que je partage avec vous. Cette évolution doit être gérée et c'est un point crucial. Il y a eu aussi quelques avis sur l'organisation des centres islamiques. Vous avez fait des suggestions sur la rédaction d'une charte et de plans stratégiques qui sont tous bons et nécessaires mais inefficaces sans une gestion compétente. Une bonne gestion est le secret de l'application des mesures positives grâce auxquelles nous pouvons atteindre les résultats souhaités. Nous devons améliorer nos compétences en matière de gestion dans les centres islamiques. Heureusement, ces dernières années, les responsables sont parvenus à un accord sur la création du Haut Conseil des directeurs et d'une organisation centrale de gestion, et ont créé ces organisations dont nous constatons déjà les avantages. Ce soir, j'ai été informé à travers les discours des intervenants que douze associations d'experts avaient été récemment constituées pour l'étude des différentes questions scientifiques. Ceci est très intéressant et je n'étais pas au courant de la création de ces associations consacrées à l'économie, la psychologie, la science des hadiths et l'Histoire. Je n'en connaissais que quelques-unes. C'est le signe d'une gestion efficace. Sans gestion efficace, ces résultats positifs n'auraient pas été atteints. Pourtant, nous ne devons jamais nous contenter des réalisations effectuées jusqu'ici dans l'organisation des centres islamiques. Il y a encore des points faibles qu'il faut éliminer. Tout d'abord, le Haut Conseil - Je ne sais pas si les membres du Haut Conseil sont présents à cette réunion ou non - doit accorder une attention particulière à la définition des directives générales. La question la plus importante est la détermination des lignes générales.

Cette question a différentes dimensions. Nous avons toujours voulu produire des œuvres d'érudition et les développer. Qu'est-ce qu'on entend par œuvres d'érudition ? Que signifie le progrès scientifique dans la jurisprudence et les principes ? Vers où cette évolution est-elle censée nous conduire ? Ce sont des questions importantes auxquelles nous devons fournir des réponses. Les politiques qui sont déterminées au niveau du Haut Conseil nous aideront à répondre à ces questions. Vous devez concevoir des plans stratégiques pour les centres islamiques comme cela a été fait avec le plan stratégique vicennal mis au point pour l'ensemble du pays. Vous devez concevoir un plan stratégique définissant les lignes générales à suivre les dix ou vingt prochaines années. C'est le devoir du Haut Conseil. Quand le Haut Conseil va-t-il s'acquitter de cette tâche ? Quand ses honorables membres y consacreront du temps et considèreront ce travail comme une priorité et non comme un une tâche secondaire. Tenez compte de la façon dont une université est gérée ou la façon dont elle élabore ses directives générales. Considérant l'importance des centres islamiques, qu'il s'agisse du centre islamique de Qom, de Machhad ou d'Ispahan, il est nécessaire que vous preniez des mesures et consacriez votre temps à cette tache. C'est le premier devoir du Haut Conseil.

Le second devoir du Haut Conseil est de constituer des équipes d'experts très fortes. Heureusement, ces spécialistes existent dans nos centres. Les chers messieurs qui ont pris la parole à cette réunion, ceux qui n'ont pas eu l'occasion de s'exprimer et beaucoup de gens dans les centres islamiques sont des experts jeunes et intelligents. Vous pouvez construire une équipe d'experts auto-suffisante. Nous n'avons pas besoin d'autres personnes et pouvons utiliser les capacités de ces savants. En tant qu'équipe d'experts, celle-ci devra travailler dur. C'est une des tâches que le Haut Conseil doit accomplir. Outre l'organisation des centres et les responsabilités du Haut Conseil, la gestion centrale des centres est aussi très importante. Il doit y avoir un comité de planification dans les centres car comme certains l'ont souligné, certains plans ne sont pas cohérents ou comme une sœur l'a dit, certains plans à différents niveaux, ne sont pas assez souples. C'est une critique valable. Qui peut résoudre ces problèmes sinon un comité de planification informé des derniers développements contemporains ?

Comme les autres activités, la planification exige une approche scientifique et pas seulement un talent naturel et inné. Bien que les capacités naturelles soient efficaces, une approche scientifique est nécessaire. Vous devez trouver des gens spécialisés dans la planification qui doivent être engagés dans ce comité de planification et présenter des plans.

L'une des tâches nécessaires dans l'organisation des centres islamiques est la préparation de statistiques dont j'ai parlé lorsque certains messieurs présentaient leur discours à cette réunion. Nous n'avons pas de statistiques fiables à propos des travaux de ces centres, sur le nombre des religieux dans notre pays, le nombre d'étudiants, leur niveau, leurs capacités dans la présentation des enseignements de l'Islam et l'influence qu'ils peuvent exercer sur leur milieu. Ce sont des choses qui n'ont jamais été reflétées dans nos statistiques. Nous n'avons pas de statistiques fiables dans ces domaines. La préparation des statistiques exige également une approche scientifique et est une des nécessités à laquelle il faut répondre définitivement et rapidement. Il faudra plusieurs années pour mener à bien cette tâche mais les avantages seront très importants. Nous devons établir des statistiques sur les membres des centres, leur niveau de savoir et les progrès qu'ils ont faits. Nous devons connaître le rôle des organisations subordonnées aux organismes de gestion dans les centres islamiques, et savoir comment elles envisagent la coopération dans le travail. Cependant la question de la préparation de statistiques révélera une lacune qui est le manque de processus d'évaluation approprié. Ceci est également une des questions qui méritent d'être prise en considération dans les plans généraux d'organisation des centres d'enseignement islamique.

L'une des questions dont je tiens absolument à discuter ici, est celle des forums de libre pensée dans les centres islamiques dont certains ont parlé ce soir. Pourquoi à Qom, n'avons-nous pas encore de réunions où tout le monde puisse s'exprimer librement ? Quel est le problème ? Nos centres d'enseignement islamique ont toujours été des lieux de liberté d'expression et de discussions savantes, et ils le sont encore. Cela n'existe pas dans les autres organisations éducatives de notre pays. Nous sommes fiers du fait qu'un étudiant puisse contester ce que le professeur dit sans que le professeur se fâche ou ressent une certaine rancune contre lui. Ceci est très important et particulier à nos centres islamiques. Dans ces centres, il y a parfois eu des religieux qui avaient des idées différentes sur le fiqh et même sur des questions plus fondamentales. Il y a eu des philosophes, des mystiques et des faqihs qui vivaient et travaillaient les uns à côté des autres sans avoir les mêmes idées. Nos séminaires sont des lieux où les savants religieux peuvent avoir différentes opinions. Si vous étudiez la biographie des figures éminentes des centres islamiques, vous trouverez beaucoup d'exemples de ce genre.

L'auteur du "Hadaiq" et le défunt Vahid Behbahani qui avaient des idées très différentes, vivaient à Karbala à la même époque et avaient de nombreuses discussions. Un soir, ils ont discuté sur un sujet au sanctuaire de l'Imam Hossein (AS) jusqu'à la prière du matin. Le défunt Vahid Behbahani était beaucoup plus jeune que l'auteur du Hadaiq. Ils débâtaient sur des sujets et se querellaient parfois, mais vivaient dans la même ville et enseignaient dans le même centre islamique. J'ai entendu dire que certains étudiants de Vahid qui étaient opposés aux Akhbârîs, Sahib Riaz et quelques autres étudiants, suivaient aussi les cours de l'auteur du "Al-Hadaiq". C'est l'ambiance qui régnait dans les centres islamiques. Nous devons élever le niveau de tolérance dans ces centres. Certaines personnes peuvent avoir une préférence pour la philosophie, d'autres pour le mysticisme et d'autres pour le fiqh. Elles peuvent ne pas partager les mêmes idées. J'ai dit il y a quelques mois à Machhad, que le cheikh Mojtaba Qazvini était contre la Théosophie transcendante de Molla Sadra. Il contestait fortement cette philosophie tandis que l'imam Khomeiny était un fervent adepte de Molla Sadra. L'Imam suivait non seulement la philosophie de Molla Sadra mais aussi son mysticisme. Cependant Cheikh Mojtaba a non seulement accepté l'Imam comme chef religieux mais a aussi défendu ses idées. Il est même venu de Machhad à Qom, pour rencontrer l'imam Khomeiny. Le défunt Mirza Jawad Agha Tehrani était une des figures éminentes de cette école de pensée mais il s'est rendu au front. Il n'était pas d'accord avec l'interprétation de la sourate al-Fatiha que l'imam Khomeiny avait publiée et qui était diffusée à la télévision. Il m'a personnellement mis au courant de son désaccord et de celui du défunt M. Morvarid qui n'était pas non plus d'accord avec ce commentaire mais soutenaient l'Imam. Ils suivaient des écoles de pensée différentes mais se soutenaient les uns les autres quand il s'agissait de questions politiques, sociales et amicales, et faisaient preuve de tolérance envers les idées contraires aux leurs. Le centre islamique de Qom doit suivre cet exemple.

Si quelqu'un donne un avis inhabituel en jurisprudence et que vous n'êtes pas d'accord avec lui, vous pouvez organiser une réunion, exprimer votre opinion et débattre sur cette question. Cinq ou dix érudits peuvent rejeter cette opinion de jurisprudence par des arguments raisonnables. Il n'y a aucun problème. Si quelqu'un donne un avis dans les domaines de la philosophie ou des sciences islamiques, vous devez suivre la même attitude. L'anathème et la malédiction ne doivent pas exister dans les centres islamiques. Jeter l'anathème sur des figures éminentes des centres islamiques est vraiment horrible. Il est repoussant de maudire quelqu'un parce que son avis est différent du mien. Nous devons rejeter ce comportement tout d'abord au sein des membres du clergé. Il n'est pas possible de faire disparaitre ce genre de comportement si les religieux eux-mêmes, n'essayent pas de tenir des réunions pour propager la libre pensée comme je l'ai souligné. Vous devez faire de ces réunions une coutume dans les séminaires et insister sur cette nécessité dans les revues et autres écrits. Si quelqu'un donne un avis en jurisprudence que vous ne partagez pas, vous pouvez rédiger un texte contre cet avis. Il n'y a rien de mal à avoir les discussions savantes qui sont à mon avis, très constructives.

Une autre question est le statut social des chercheurs et des professeurs des centres islamiques qui est un de nos problèmes. Certains ont suggéré que des groupes de professeurs soient créés à Qom à différents niveaux et dans différentes spécialisations. Celui qui aura atteint un stade particulier et passé un examen, pourra devenir membre du corps professoral de Qom. Cela résoudrait la question du statut social de ces personnes. J'avais fait une proposition similaire il y a quelques années aux honorables membres de la Société des enseignants du centre de Qom et je leur ai conseillé d'en élargir le champ d'application, mais à cette époque, il n'a pas été possible de l'appliquer de la façon qui avait été prévue. Aujourd'hui, cette question est proposée sous une nouvelle forme.

Quoi qu'il en soit, les centres islamiques exigent beaucoup de travail. Ce qui était censé être fait jusqu'à aujourd'hui, n'a pas été fait ou n'a pas pu être fait dans le passé, vous devez commencer à partir de maintenant. Les travaux que nous devons accomplir sont cent fois plus nombreux que ceux que nous avons faits dans les centres islamiques. Nous pouvons faire beaucoup de choses à condition que vous y participiez, fassiez preuve de détermination et entriez dans l'arène. Chacun d'entre vous peut travailler dans le domaine de sa spécialisation et par la grâce d'Allah, la direction tirera le meilleur profit de vos capacités.

J'ai noté certaines de ces suggestions dont l'ensemble a été enregistré. Ces suggestions me semblent très utiles. Il sera peut-être nécessaire de compiler ces suggestions et les critiques qui ont été mentionnées, sous forme d'un livre et de le publier. À mon avis, elles étaient très utiles. Il serait souhaitable que cette réunion soit diffusée à la télé mais étant donné que je ne connais pas les modalités, je ne peux pas vous dire si cela est possible ou non. Si nous pouvions diffuser cette réunion à la télévision, ce serait très bien. La moindre chose est que ceux qui travaillent dans mon bureau et à mon bureau de Qom, collectent ces suggestions et les publient sous forme d'un livre. Cela aurait beaucoup d'avantages et serait très constructif.

Une des suggestions qui m'a beaucoup plu, est que les dirigeants des centres islamiques organisent une conférence nationale et partagent leurs expériences. Ceci aura des résultats très positifs.

Ce soir, vous avez mentionné vos attentes du gouvernement et du régime islamique. C'est un des avantages de cette réunion qui à mon avis, est très appréciable. Certaines de ces attentes ne pourront pas être satisfaites tant que les centres islamiques n'auront pas une structure et une organisation centrale constituée de gestionnaires compétents et fiables, qui pourront travailler. Bon nombre des suggestions formulées lors de cette réunion, ont besoin pour être appliquées, des possibilités offertes par les centres islamiques. Comment et où profiter des expériences et de la coopération des savants des centres islamiques ? Les centres islamiques devraient être améliorés et par la grâce d'Allah, le résultat de cette amélioration sera une coopération optimale entre ces centres et le gouvernement. Le régime islamique est obligé d'utiliser les possibilités offertes par les centres islamiques et de coopérer avec eux, et certaines suggestions qui nécessitent une coopération entre le régime et les centres islamiques sont d'ores et déjà applicables.

L'une des suggestions que certains ont mentionnée et sur laquelle je suis d'accord, est la création d'un Centre international de présentation des idées islamiques. Si je me souviens bien, j'en avais parlé il y a 14 ou 15 ans. A cette époque, un grand religieux du centre islamique qui est encore en vie grâce à Dieu, était tombé malade et était allé à l'étranger, dans un pays européen, pour se faire soigner. Les jeunes, les étudiants et les Iraniens qui étaient là-bas, étaient venus le voir pour lui demander de faire un discours dans tel ou tel endroit, ou de participer à telle ou telle réunion. Ils l'ont gardé pendant un ou deux mois et il s'est rendu compte des besoins qui existaient. De retour en Iran, il m'a demandé un rendez-vous. Nous avons eu une réunion où il m'a dit avec un certain mécontentement, que nous ne faisions rien pour répondre à ces attentes. Je lui ai répondu que nous avions fait certains efforts mais que nous manquions de budget, qu'il pouvait se mettre à l'œuvre et fonder une école à Qom pour la formation des prédicateurs à l'étranger. J'ai même dit que je lui donnerai l'argent nécessaire. Je lui ai dit de construire ce centre que je ne pouvais pas construire moi-même, à Qom. Il est allé à Qom et a même invité les gens intéressés à collaborer mais le projet est tombé dans l'oubli jusqu'à ce jour. C'est à vous de remplir cette tâche. Ceci est absolument essentiel et aura des résultats très importants.

En ce qui concerne les prêches dont certains messieurs ont parlé ce soir, je dois dire que cela a toujours été une de mes préoccupations. J'ai toujours souligné l'importance de l'éducation et de la formation des prédicateurs. Vous pouvez travailler dans ce domaine, faire des plans et avancer en fonction de ces plans. Vos plans doivent être précis et à long terme, et être bien appliqués. Bien entendu, il y aura beaucoup de problèmes avec lesquels vous vous familiariserez petit à petit. Je crois que vous pouvez résoudre tous ces problèmes grâce à votre énergie, votre détermination et votre foi inébranlable.

Mon Dieu ! Fais que cette réunion soit une source de bénédictions pour l'Islam, les musulmans et les membres des centres islamiques. Fais que ce que nous disons et entendons soit dans le but de servir Ta cause. Mon Dieu ! Aide-nous à accomplir de manière satisfaisante, les devoirs sur lesquels nous serons interrogés le Jour du Jugement dernier. Mon Dieu ! Associe les âmes de nos chers martyrs à qui nous devons toutes ces bénédictions, et l'âme de notre magnanime imam à celle de Tes serviteurs élus et fais qu'ils soient satisfaits de nous.

Que les salutations et la miséricorde d'Allah soient sur vous et que Ses bénédictions vous accompagnent !