Au nom de Dieu le Très Miséricordieux, le Tout Miséricordieux
Je tiens tout d'abord à souhaiter la bienvenue à mes chers frères. Grâce à Dieu, tout le monde est réuni ici aujourd'hui, toutes les personnalités, les programmateurs et les personnes actives dans le domaine économique. Je profite donc de cette occasion pour présenter tout de suite mes points de vue sans aucune introduction.
Le 22 juin 2005, les politiques globales de l'Article 44 de la Constitution - excepté l'alinéa C - ont été ratifiées. Un an plus tard, le 2 juillet 2006, cet alinéa qui concerne le transfert des entreprises de l'Etat au secteur privé et aux coopératives, a été également ratifié. Le lendemain, en réponse à une lettre du Président de la République, l'autorisation du transfert d'un certain pourcentage des actions des entreprises, concernées par cet alinéa, a été aussi accordée sous forme de « titres de justice», et il a été convenu que ces titres seraient distribués à certains groupes de la société.
De nombreux mois se sont écoulés après cette dernière ratification du 3 juillet 2006, et un an et demi après la première ratification du 22 juin 2005, mais les progrès acquis dans ce domaine ne sont pas satisfaisants. Il y a un ou deux mois, je l'ai communiqué explicitement aux Présidents des trois pouvoirs, et je vous le répète, à vous qui êtes responsables de l'application et de la marche de ce projet, à divers niveaux et dans divers secteurs. Pourquoi ce plan n'avance-t-il pas de façon satisfaisante ?
Il se peut que l'attention nécessaire n'ait pas été attirée sur l'importance de cette politique et ce qui a été envisagé dans son élaboration, c'est à dire une immense évolution économique dans différentes dimensions. Il se peut aussi qu'il y existe différentes interprétations de cette politique. En réalité, dans des organismes différents et même à l'intérieur d'un même organisme, les personnes concernées ne sont pas arrivées à un consensus et n'ont pas toutes la même compréhension et la même interprétation des différentes étapes de cette politique, de ses objectifs et des résultats qui sont envisagés dans son application.
L'objectif de cette réunion est d'attirer tout d'abord l'attention des chers frères qui sont réunis ici, sur l'importance de ce projet et d'arriver à une compréhension et une perception communes dans ce domaine, de sorte que les points de vue personnels et les interprétations différentes ne soient plus un obstacle à l'application de ce projet indispensable et vital qui a, pour nous, une très grande importance.
Chers frères ! L'objectif de cette réunion est d'introduire certains changements dans notre vision de l'économie nationale, dans nos comportements, dans la structure de nos organismes et de nos administrations, dans nos lois et nos réglementations, mais aussi dans la répartition des rôles de chacune de ces organisations. Nous devons forger notre avenir sur la base de ces décisions et de ces politiques. Cela fait partie du devoir de tous les organismes du pays. La loi du budget doit être élaborée et approuvée en fonction de ces politiques et toutes les activités économiques envisagées en dehors de la réglementation budgétaire doivent être régularisées et réajustées en fonction de ces politiques. Dans ce domaine, Le Majlis islamique (Parlement), le gouvernement et le pouvoir judiciaire ont de très grandes responsabilités qu'ils doivent assumer de façon complète.
Dans une première étape, nous déterminerons ces politiques et nous en expliquerons les raisons. Un regard en arrière nous montrera que les évolutions qui ont suivi la Révolution islamique dans notre pays, sont des évolutions immenses et profondes. Dans les domaines culturels, politiques, sociaux, et en ce qui concerne le renforcement de l'identité nationale, ces évolutions ont apporté des changements complets. Même les propos malveillants de nos ennemis et les propos de certains de nos amis inattentifs qui ne tiennent pas compte des circonstances, ne peuvent ébranler ces acquis qui les dépassent. Cependant, je tiens à souligner que les évolutions économiques ne sont pas à la hauteur des évolutions dans les autres secteurs. Nous aurions dû pouvoir présenter au monde entier un modèle plus réussi en matière d'économie.
Nous aurions dû être capables de présenter au monde non seulement des performances en matière de croissance économique, mais aussi des performances dans l'application de la justice. Certes, beaucoup de travaux ont été accomplis dans ce domaine. Nous en sommes conscients et nous ne voulons pas les nier. De grands travaux ont été faits, mais il est certain que nous ne sommes pas arrivés au niveau que nous avions envisagé et cela est très regrettable.
Lorsque nous étudions globalement l'économie islamique, nous nous apercevons qu'il existe deux piliers essentiels. Toute théorie économique et tout système économique qui respectent ces deux piliers fondamentaux sont acceptables. Par contre, toute méthode incapable de respecter ces deux facteurs ne peut être considérée comme islamique, même si elle se réfère en apparence, aux sources de la religion. Le premier pilier est «l'accroissement de la richesse nationale ». Un pays musulman doit être un pays riche, capable d'accroître ses richesses, et doit grâce à sa puissance économique, pouvoir réaliser ses objectifs nobles et sublimes, au niveau international. Le second pilier est « une juste distribution et la lutte contre la pauvreté dans la société musulmane ». Ces deux objectifs doivent être assurés, le premier étant la condition du second. Sans production de richesses et plus value, nous ne serons pas capables de faire disparaître la pauvreté. Par conséquent, ces deux facteurs sont nécessaires, l'un comme l'autre. Vous qui êtes des théoriciens et des spécialistes en économie, désirant respecter les principes islamiques, présentez vos plans et vos projets. Vos projets doivent être conformes à ces deux principes, sinon, sachez qu'ils sont insuffisants et imparfaits.
Pour mener le pays à l'autosuffisance et à la capacité de subvenir à ses besoins, en ce qui concerne la richesse nationale, il faut que toute la population active du pays ait la possibilité d'avoir accès et d'avoir le choix de participer aux investissements, aux activités économiques et à la production de richesses. Tout le monde doit avoir la possibilité de participer à ces activités que le gouvernement doit encourager ainsi que la loi. Les jeunes spécialistes et les managers adroits et compétents - et grâce à Dieu, dans notre pays, nous avons une grande force humaine jeune et éduquée, et beaucoup de managers compétents - doivent pouvoir participer aux grands projets nationaux et aux activités produisant de l'emploi et des richesses, et les faire avancer. Ils doivent pouvoir le faire, car le pays est très riche au niveau des ressources matérielles et des ressources humaines. Je ne crois pas que quelqu'un puisse s'opposer à cela en se référant aux principes islamiques.
A mon avis, les élaborateurs de la Constitution et de l'article 44 étaient à la fois, justes et intelligents. Nous avons travaillé étroitement avec la plupart d'entre eux. Les articles 43 et 44 témoignent de leur intelligence et de leur sens de la justice. Ces gens justes et intelligents avaient parfaitement raison de croire qu'il fallait définir les grandes lignes de l'économie nationale entre l'économie capitaliste et l'économie socialiste. Ils en ont décrit le cadre dans l'article 44 sous la forme des trois axes de propriété où ils ont défini la propriété de l'Etat, la propriété coopérative et la propriété privée. Ils ont ensuite envisagé deux ou trois conditions dont l'une précise que cette classification que je vous ai décrite, doit promouvoir la croissance et le développement de l'économie, sans lui porter préjudice. Cela signifie que si un jour, les responsables venaient à estimer que cette classification est préjudiciable et entrave la croissance économique, cette loi n'aura plus de valeur et devra être révisée pour s'adapter aux besoins. Cela montre l'intelligence et la justice des auteurs de ce chapitre de la Constitution.
Pendant les dix premières années après la Révolution, et en raison de la Défense sacrée, de la guerre imposée et d'autres problèmes comme le blocus économique très contraignant, nous avons pris des mesures qui ont abouti à un très grand développement de la propriété de l'Etat, beaucoup plus important que celle qui avait été envisagée dans ce chapitre de la Constitution. A cette époque, il y avait beaucoup de débats et de discussion à ce sujet. A l'époque, j'étais moi-même Président de la République et nous avions de longues discussions avec les responsables économiques, le chef du gouvernement et les conseillers économiques. Ce sont les circonstances de l'époque qui ont conduit à ce développement de la propriété de l'Etat au-delà de ce qui avait été prévu dans le Chapitre 44. Mais pendant les deuxième et troisième décennies, c'est-à-dire après la guerre jusqu'à aujourd'hui, nous n'aurions pas dû accepter le développement inutile des entreprises publiques. En effet, il y a aujourd'hui plusieurs milliers d'entreprises publiques dont beaucoup ne sont pas vraiment nécessaires. En d'autres termes, la création d'entreprises dans le cadre de l'article 44, par l'Etat, ou le fait de ne pas transférer certaines compagnies au secteur privé, ne sont pas conformes aux intérêts nationaux.
Selon l'article 44 et conformément à une loi que nous avions approuvée au Conseil de la révolution, le gouvernement a le devoir de transférer entièrement au secteur privé, les entreprises qui ne font pas l'objet de l'article 44. Nous avions d'ailleurs approuvé une loi contenant des clauses (a), (b), (c) et (d). La clause (c) portait sur les sociétés et les entreprises qui avaient des dettes à payer au gouvernement, et dont les dettes remontaient à l'ancien régime. Il a été convenu que les propriétaires de ces sociétés et entreprises après avoir remboursé leurs dettes, disposeraient du contrôle de leur société. Mais cette clause n'a pas été appliquée. Je me souviens qu'au début de ma présidence, en me référant à la Constitution, j'ai protesté contre les décisions d'un comité qui annexait les sociétés faisant l'objet de la clause (c) à la clause (b) portant sur les sociétés dont la propriété devait être remise à l'Etat.
Si les circonstances représentaient une contrainte à cette époque, cela n'aurait pas dû continuer après la guerre, au cours des deuxième et troisième décennies. Le gouvernement ne devait pas créer des sociétés publiques sans raison valable. Le gouvernement aurait du transférer au secteur privé, certaines sociétés publiques, dans le cadre défini par la Constitution. Nous aurions dû le faire. Nous aurions dû réduire progressivement l'étendue de la propriété de l'Etat au lieu de l'étendre de cette manière ! Une grande partie des revenus qui devait être consacrée à la production et à la circulation de l'argent dans la société, a été engagée dans des activités inutiles et des dépenses excessives comme la construction illogique de certains bâtiments. L'économie du pays en a subi les conséquences. Ce processus n'aurait pas dû se poursuivre pendant ces deux dernières décennies. Nous voilà maintenant face à une propriété démesurée de l'Etat, parfois en contradiction avec le contenu de l'article 44, et souvent en contradiction avec la clause indiquée en bas du Chapitre.
Le document sur « la Perspective de vingt ans de développement » a bien déterminé nos objectifs. Mais nous avons constaté que dans le contexte actuel, nous n'arriverons pas à assurer les objectifs de ce document au sujet par exemple, des investissements dont la croissance annuelle doit être de l'ordre de 12% selon les estimations. C'est un chiffre très important. Selon les estimations, nous devrions investir 170 milliards de dollars dans les dix prochaines années, rien que dans le secteur pétrolier. Cela signifie qu'il faut investir en moyenne 17 milliards de dollars par an. Le gouvernement est-il vraiment capable de fournir ces investissements ? Cela dépasse les possibilités du gouvernement qui a déjà de lourdes responsabilités dans le domaine de la politique économique, dans les activités nouvelles, les investissements consacrés aux technologies de pointe et des activités qui ne peuvent pas être confiées au secteur privé et dont le gouvernement doit se charger, car l'avenir du pays en dépend, comme le programme nucléaire, par exemple.
Les mêmes inquiétudes existent en ce qui concerne la justice et la lutte contre la pauvreté dont je vous ai déjà parlé. Aujourd'hui les étrangers, tant dans leur propagande officielle que dans les contacts politiques et diplomatiques bilatéraux, tentent de suggérer que l'entière responsabilité de cette situation relève du gouvernement actuel. Cela est faux car c'est une situation qui est apparue progressivement au cours des années, sans que personne n'ait de mauvaise intention. La méthode n'était pas correcte et a abouti à cette situation.
Voilà pourquoi nous avons envisagé la question notifiée dans l'article 44. C'est en 1998 ou 1999 que j'ai proposé, pour la première fois, au Conseil du discernement des intérêts du régime islamique, de travailler sur cette question. Nous en avons notifié le décret en 2005. Les politiques définies en fonction de l'article 44 ont été formulées en cinq clauses (a), (b), (c), (d) et (e). Certaines de ces clauses se divisent en deux parties. Ces politiques portent brièvement sur le retrait du gouvernement, des activités économiques non nécessaires, l'ouverture de la voie aux investisseurs dans le secteur économique, la valorisation de la coopération et des sociétés coopératives, une couverture constituée de coopératives pour les couches les plus démunies de la société, et la réduction du rôle du gouvernement dans la réglementation, l'orientation et la définition des modalités de l'usage des revenus provenant du transfert de la propriété de l'état aux autres secteurs. Voilà en résumé les politiques définies dans l'article 44.
Nous avons accueilli favorablement le projet des « Titres pour la justice ». Nous avons senti que ce projet permettrait aux deux groupes les plus démunis de la société de participer aux investissements et à la production, et d'en tirer des revenus. C'est pourquoi nous avons demandé que ces actions soient remises avec un rabais et avec des facilités appréciables.
Certes, il est clair que l'application de ces politiques, telles que je les ai décrites, ne signifie pas du tout la solde les biens de l'Etat. Nous n'en avons aucunement l'intention et nous ne permettrons jamais que les biens publics qui appartiennent au peuple, soient soldés. Non, il s'agit de transformer un capital à faible rendement, peu rentable voire non rentable, en un capital efficace et décisif pour l'économie du pays, et d'orienter les richesses publiques vers les couches les plus démunies de la société. Cependant, certains ont fait naitre certaines ambiguïtés dans les esprits. Certains m'en ont parlé directement, me disant que l'application de ces politiques permettrait à certains de se faire de très grandes fortunes ou à certains de s'enrichir par ces activités économiques. Je leur ai répondu et je vous le dis aujourd'hui, qu'en Islam, il n'y a aucun inconvénient à ce que les gens s'enrichissent par des voies légales et légitimes. Nous n'avons jamais prétendu que la Charia s'opposait à ce que quelqu'un s'enrichisse par des activités légales et légitimes. Personne ne l'a dit hier, ni ne le dit aujourd'hui. C'est une évidence pour ceux qui connaissent bien la religion et le Coran.
Il y a deux choses différentes qu'il ne faut pas confondre : la production de richesses et l'utilisation des richesses. La production de richesse est elle-même un acte positif, car elle enrichit l'ensemble de la société, à condition que cette richesse soit produite correctement et non par des moyens illégaux. Le deuxième point est qu'une richesse correctement acquise ne doit pas être utilisée dans les voies prohibées par la Charia. Elle doit être comme le sang qui coule dans les veines de la société et non un facteur de corruption. Je vous évoque ici le verset 77 de la sourate 28 du Coran, qui relate l'histoire de Karoun, symbole par excellence de ces gens fortunés blâmés par l'Islam, le Coran et la Charia. Le Coran nous raconte que Karoun faisait partie du peuple de Moïse. Dans ce verset, le noble Coran dit :
«قال له قومه و ابتغ فيما اتاك اللَّه دار الأخرة»
« Son peuple lui disait » (les Israélites vertueux et croyants ou Moïse lui-même, car le Coran reprend leurs paroles et les confirme) « Cherche à gagner, avec les biens que Dieu t'a donnés, le séjour de l'autre monde ». (Coran, soutate28, verset,77)
Nos hadiths nous le disent aussi :
«نعم العون الدّنيا على الأخرة»
« Utilise les richesses de ce monde pour fertiliser l'au-delà. »
Mais ce même verset dit aussi :
«و لا تنس نصيبك من الدّنيا» , « N'oublie point ta part dans ce monde ».
Nous ne bannissons jamais l'usage des bienfaits de ce monde. Il n'y a aucun inconvénient à ce que les gens profitent des richesses matérielles.
Voici le troisième conseil formulé dans ce verset coranique :
«و أحسن كما أحسن اللَّه إليك»
« Sois bienfaisant envers les autres comme Dieu l'a été envers toi. »
C'est-à-dire que tu dois partager une partie des richesses que Dieu t'a données avec ceux qui en ont besoin.
Puis le verset donne enfin un quatrième conseil :
«و لا تبغ الفساد فى الأرض» , « Garde-toi de commettre des excès sur terre ».
Le Coran n'interdit donc pas l'acquisition de la richesse ni l'utilisation de la richesse pour s'enrichir davantage, par le biais d'activités productives ou de commerce. Par contre, ce que le Coran interdit est l'excès et l'abus. Les richesses doivent être utilisées correctement. Le meilleur usage est de s'en servir pour fertiliser la vie éternelle dans l'au-delà, tout en profitant de sa part dans ce monde. Voilà la logique de l'Islam.
Vous avez certainement lu dans les livres ou entendu dans les sermons prononcés en chaire par des prédicateurs, que le Prince des croyants, l'Imam Ali, a légué de nombreux terrains. Or on ne peut léguer que ce dont on est propriétaire, comme nous le dit un hadith. Par conséquent, le Prince des croyants était propriétaire de tous les terrains qu'il a légués en œuvre de charité. Le Prince des croyants n'avait pas hérité de ces propriétés, mais il les avait gagnées à la sueur de son front. Il creusait des puits, il fertilisait des terres agricoles et il les offrait ensuite en œuvre de charité. Certaines des œuvres de charité du Prince des croyants ont duré plusieurs siècles, ce qui témoigne de l'importance de ces dons. La production de richesses est donc une chose positive si elle est accompagnée de l'intention de contribuer au progrès du pays et d'aider les défavorisés. Dans ce cas, elle sera considérée comme une bonne action qui sera récompensée par Dieu.
Il y a des gens dont la fortune sert à aider les autres et à améliorer les conditions de vie de 20 ou 100 personnes, ou à payer les frais du pèlerinage au saint mausolée de l'Imam Réza à une cinquantaine de personnes qui n'en ont jamais eu les moyens. Par contre il y a des gens qui dépensent leur fortune pour se payer dix ans de suite, le pèlerinage à la Mecque. Si vous me demandez laquelle de ces deux personnes est la plus vertueuse, je n'hésiterais pas un instant et je choisirai la première. J'en conclus que la production de richesses est en soi, un acte louable et que si elle est accompagnée de bonnes intentions, elle sera comptée comme une œuvre pieuse et récompensée par Dieu dans l'au-delà.
Notre peuple est un peuple altruiste. C'est une réalité qu'il ne faut pas négliger. Cela ne date pas d'hier, car les Iraniens l'ont toujours été, et ils le sont encore davantage aujourd'hui. Vous voyez comment les gens se précipitent pour contribuer au mouvement de construction d'écoles. Avant la victoire de la Révolution, un mouvement populaire s'est organisé pour la construction d'hôpitaux et de dispensaires à Mashad. Aujourd'hui encore, le meilleur hôpital de Mashad est un de ces hôpitaux fondés et financés par des gens pieux. Les exemples sont nombreux dans toutes les villes. Il y a quelques mois, j'ai rencontré des gens de Chiraz qui avaient accompli une œuvre très précieuse dans le domaine de la santé et des services médicaux. Je leur ai proposé de partager leur expérience avec d'autres organismes. Voilà la mentalité de notre peuple. Ce sont des travaux que des gens pieux et riches peuvent faire. Il y avait à Téhéran, un hôpital administré par des hommes d'affaires, qui a offert des soins à un grand nombre de blessés au moment des manifestations à l'époque de la Révolution. Un si grand nombre d'œuvres pieuses est possible quand il y a des richesses. Nous ne nous opposons pas du tout à cela. Pourquoi permettre qu'on dise à l'étranger que le régime islamique et les responsables du pays n'aiment pas ceux qui réussissent à faire fortune ou qu'ils se renfrognent à cette idée. Cela est faux. La réalité est toute autre.
A notre avis, ces accusations ne sont pas valables. L'un de nos meilleurs proches et amis, nous a dit que l'application des politiques définies dans l'article 44 permettrait aux gens de s'enrichir et encouragerait les riches à entrer dans le domaine économique. Je lui ai répondu que nous avions justement défini ces politiques pour cela et pour que les riches s'engagent et participent aux investissements et aux activités économiques. Ils s'en plaignent alors que c'est exactement ce que nous recherchons.
Une autre ambiguïté est née dans l'esprit de certains qui disent : «Vous avez tant parlé de la corruption économique et vous avez donné des ordres pour la combattre, dont certains ont été appliqués alors que certains autres ne l'ont pas été. Comment voulez-vous continuer maintenant ? » Voici ma réponse : « Chers amis ! Si la lutte contre la corruption économique - telle que je l'ai définie - se concrétise avec sérieux, elle contribuera à la croissance et au dynamisme des activités économiques, car la lutte contre la corruption et la croissance sont complémentaires ».
Il y a quelques années, lorsque j'ai parlé pour la première fois de la corruption économique, des responsables ont craint que cela engendre certains problèmes. Je me suis opposé à cette idée, car la lutte contre la corruption est dans l'intérêt de ceux qui souhaitent avoir des activités économiques saines et correctes. Ces gens seraient ravis de voir qu'une poignée de bandits, d'escrocs et de gens corrompus ne peuvent plus leur barrer la route ou les déshonorer. Nous ne croyons pas qu'il y ait une contradiction entre la lutte contre la corruption économique et la croissance. Je crois personnellement qu'elles se complètent. Je suis convaincu que la lutte contre la corruption favorise le terrain à une compétition économique saine, favorable également à l'application des politiques que nous avons définies à partir de l'article 44. Certes, pour empêcher toute corruption dans ce domaine, il y a des obligations que le gouvernement, le parlement et le pouvoir judiciaire doivent respecter. Je vous les expliquerai par la suite :
Il faut que les trois pouvoirs contribuent à la transparence des lois et des règlements. Il faut qu'ils raccourcissent les mesures et réduisent les obstacles bureaucratiques. Il est très préjudiciable qu'un simple fonctionnaire soit capable de décider du sort d'une activité économique importante, selon ses caprices. Ce fonctionnaire s'expose d'ailleurs au risque de faire erreur ou de la corruption. Il faut agir de sorte que cela ne se produise plus. Il faut donc réviser les lois, les règlements et les procédures, conformément aux directives des politiques qui ont été définies.
Je tiens aussi à vous dire clairement, chers amis, que les ennemis s'opposent à l'application de ces politiques. Tant qu'il y aura des ennemis, tout effort dans l'application de ces politiques sera considéré comme un Djihad. Selon les enseignements islamiques, tout effort juste et sincère, face aux ennemis, est un Djihad. Qui sont les ennemis de ces politiques ? Certains d'entre eux craignent que la réalisation de ces politiques aboutisse à faire disparaître les carences et les insuffisances. Ils ne veulent pas que le régime islamique évolue et fasse des progrès dans le domaine économique. Ils ont misé sur la poursuite des pressions économiques. C'est la position de nos ennemis étrangers. Comme vous le voyez vous-mêmes, ils attendent comme des loups affamés l'occasion de nous attaquer dans une nouvelle opération économique, car ils ne croient plus en la possibilité d'une intervention militaire ou sociale. Ils disent ouvertement qu'ils ont choisi l'option des pressions économiques qu'ils veulent intensifier. L'application de ces politiques est capable de réduire ces pressions ou d'en réduire considérablement l'efficacité. C'est pourquoi ils s'y opposent. Il se peut que les ennemis aient des partisans à l'intérieur. Il s'agit surtout de ceux - à l'intérieur du pays - qui bénéficient aujourd'hui de certains privilèges et avantages, et qui ne souhaitent pas un changement de situation. Ils se réjouissent de voir que l'autorisation ou la signature d'un responsable - dans l'exécutif, le judiciaire ou le législatif - pourrait changer la donne en leur faveur. C'est pourquoi ils s'opposent à tout changement. Ils se mettent ainsi aux rangs des opposants. Il y a peut-être des gens qui ne veulent pas que le gouvernement actuel soit chargé de l'application de ce grand projet. C'est une hypothèse, nous n'en sommes pas certains.
Après avoir insisté sur l'importance de cette tâche, je tiens également à vous dire que tout le monde à une part de responsabilité. Si nous nous sommes réunis aujourd'hui, c'est parce que je veux demander à mes chers amis de faciliter, chacun à son niveau, l'application de ces politiques. Au parlement, il faut envisager les dispositions et les règlements nécessaires. Dans l'exécutif, les responsables et les hauts fonctionnaires doivent y travailler sérieusement. Et en ce qui concerne le pouvoir judiciaire, lors d'une récente réunion, nous avons demandé aux hauts responsables du pouvoir judiciaire de créer des tribunaux spécialisés et compétents, pour défendre le droit à la propriété privée. Nous avons également besoin de tribunaux spécialisés et compétents dans le domaine des affaires de corruption économique. Le gouvernement doit aussi avancer dans ce domaine avec sérieux et rapidité. Quand nous parlons de rapidité cela ne signifie pas du tout la précipitation. Il faut que le gouvernement se fixe un délai pour avancer dans ses programmes et remettre à la date prévue, son rapport aux autorités concernées. Il y a quelques mois, nous avons créé un groupe de travail chargé de poursuivre l'application de ces politiques par les trois pouvoirs. Au Parlement, une commission spéciale a été également chargée de cette tâche. Le gouvernement a chargé, pour sa part, un organisme pour l'accélération des travaux. L'accélération ne signifie pas la précipitation. Il faut procéder à des études minutieuses et détaillées, et consulter les personnes compétentes. Il est donc du devoir de tous d'y travailler sérieusement.
Le deuxième point important est le respect de ces politiques par tous les organismes. Ces politiques ont été élaborées en cinq clauses.
La clause (a) est composée de deux parties avec tout d'abord la libération rapide du gouvernement du lourd fardeau des sociétés concernées par l'article 44.
La clause (a) prévoit ensuite l'autorisation au secteur privé et aux coopératives d'investir dans les domaines prévus dans l'article 44.
La clause (b) concerne les coopératives et leurs caractéristiques.
La clause (c) concerne le transfert des sociétés stipulées par l'article 44, à l'exception de certains cas déterminés.
La clause (d) est composée aussi de deux parties, premièrement l'obligation pour le gouvernement de veiller aux modalités de ce transfert, de le faciliter et d'encourager le secteur privé.
La deuxième partie de cette clause porte sur l'usage des revenus provenant du transfert de ces sociétés au secteur privé ou aux coopératives.
Et enfin, la clause (e) porte sur la définition des politiques stratégiques de l'Etat.
Le gouvernement doit préserver son rôle stratégique dans la programmation, la réglementation et l'orientation. Il doit également participer au financement et aux investissements dans les cas spéciaux dont nous avons donné quelques exemples.
Ces clauses doivent être considérées dans leur ensemble, car un traitement isolé de telle ou telle clause, créerait un déséquilibre fâcheux et négatif.
Le troisième point donc nous avons déjà parlé, consiste à clarifier les lois et les règlements en vigueur. Les réglementations doivent être transparentes et parer à toute justification ou interprétation personnelle. Il faut bloquer la voie à toute manipulation et empêcher les abus que certains font des lois et des règlements.
Il est enfin nécessaire d'informer convenablement la population. Les gens doivent être mis au courant des moindres détails pour connaître les secteurs économiques où ils peuvent concentrer leurs activités, savoir quels sont les secteurs favorables aux investissements et comment ils peuvent participer à une coopérative. La majorité des gens ignorent malheureusement ces détails. L'année dernière, lorsque la télévision a annoncé l'application de ces politiques, des cercles d'élites s'en sont réjouis mais les gens n'y ont guère prêté attention ! Cette question doit être expliquée en détail pour que les gens sachent comment ils peuvent profiter des aides de l'Etat, quels sont les avantages accordés au secteur privé, et quel est le rôle du gouvernement dans l'aide, le soutien et les investissements à ces programmes.
L'étape suivante est consacrée à la légalisation. Il incombe aux centres de recherches du Parlement et aux commissions parlementaires concernées, de se consacrer entièrement à l'élaboration de lois en parfaite coordination et convergence avec le gouvernement.
Le dernier point porte sur le soutien total que le pouvoir judiciaire doit accorder à la propriété privée. Grâce à Dieu, les hauts responsables de l'appareil judiciaire - dont la plupart sont ici présents - feront tout ce qui est dans leur pouvoir, pour réaliser cet objectif. Les responsables des trois pouvoirs sont également au courant de tous les détails. Grâce à Dieu, en deux ou trois ans, nous constaterons tous les résultats positifs de cette évolution et de ce grand mouvement qui ouvrira des horizons prometteurs au pays.
Que la paix de Dieu soit sur vous et que Dieu vous gratifie de Sa clémence et de Sa bénédiction.