Au nom de Dieu, le très Miséricordieux, le tout Miséricordieux
[...] Je vais vous faire une remarque au sujet du gouvernement islamique qu'il faut connaître un peu mieux. Le régime islamique s'est constitué sous la Révolution islamique. Il était possible que la révolution et la lutte révolutionnaire aboutissent, sans qu'un régime islamique ne soit formé.
Nous en avons des exemples dans beaucoup de pays comme l'Algérie, par exemple, où le combat était un combat islamique dirigé par des musulmans mais, une fois le combat terminé, ce sont des individus qui ne croyaient pas aux principes islamiques qui ont pris le pouvoir.
Nous avons faillit faire la même expérience en Iran, les premiers jours de la victoire. Certains voulaient que le mouvement ouvrier l'emporte sur celui du peuple, comme dans les régimes socialistes avec une révolution ouvrière et la mise en place de certaines personnes au pouvoir.
Mais ils avaient négligé dans leurs calculs, la personnalité invulnérable de l'Imam Khomeiny et ils ont échoué. Trois jours après la victoire de la Révolution, ils ont manifesté devant la résidence de l'Imam, à l'école Alavi, pour présenter leurs revendications socialistes et ouvrières. Malgré cela, le régime islamique a été instauré.
Que signifie un régime islamique ? Cela signifie que les critères et les principes de la direction du pays sont déterminés. Les différents organismes du régime, le Pouvoir exécutif, le Pouvoir législatif, le Guide Suprême et le Pouvoir judiciaire ont trouvé leur place et ont été confirmés par la Constitution. Les bases idéologiques du régime ont été définies. Le régime islamique n'est pas seulement une forme mais aussi un contenu, autrement dit, certaines choses doivent être réalisées. La réalisation de ces objectifs dans la vie du peuple, exige des gens fidèles, confiants et doués de qualités particulières. C'est ce qu'on appelle un régime islamique.
Un gouvernement islamique concerne tous ceux qui y travaillent et pas seulement le Pouvoir exécutif ou le cabinet ministériel. Ceux-ci doivent adapter leurs orientations, leur comportement social et individuel, et leurs liens avec le public aux principes islamiques, pour atteindre les objectifs en question. Il faut ensuite se focaliser sur les grandes orientations et avancer vite vers la réalisation des objectifs. Voilà ce que signifie un régime islamique.
Il ne suffit pas de porter le nom de régime islamique, il existait bien avant nous, d'autres régimes islamiques dans la région, en Afrique ou ailleurs. Avant la Révolution, un régime soi-disant islamique a été instauré que nous appelions en riant « La République islamique américaine ! ». Ce régime aussi prétendait être une République islamique.
Donc, il ne suffit pas d'avoir seulement le titre de régime islamique mais il faut aussi avoir les orientations et les actions islamiques qu'il implique. Sans cela, le mouvement, continu et dynamique, qui contribue à la constitution d'un régime islamique restera inachevé et les travaux traîneront. Ceci dit, il faut noter que le véritable Gouvernement islamique, dans le vrai sens du terme, se formera à l'époque de l'Etre complet, c'est-à-dire l'Imam Mahdi (que Dieu hâte sa venue), incha-Allah.
Quant à nous, nous faisons tous nos efforts pour mener les responsables du régime à un degré où cet ensemble répondra le mieux aux critères d'une République islamique. Notre but est de nous rapprocher de ces normes autant que possible. J'en avais parlé lors d'une rencontre avec les hautes instances du pays, il y a quatre ou cinq ans, quand j'avais dit : Révolution islamique, régime islamique, gouvernement islamique et enfin pays islamique. Avec un gouvernement islamique, le pays deviendra islamique.
La nomination de « régime islamique » signifie que nous tentons de rapprocher nos comportements individuels, sociaux et internationaux, des normes et des standards islamiques. Ce slogan a une grande valeur.
Je ferai une autre remarque : Si nous voulons qu'une véritable justice s'instaure dans la société, il y a deux points dont il faut tenir compte, le premier est la raison et l'autre, la spiritualité. Si la réalisation de la justice s'éloigne de la logique et de la spiritualité, la justice disparaîtra. Sans impliquer la raison dans notre quête de justice sociale, nous serons perdus et nous considérerons à tort, certaines choses comme des symboles de justice en négligeant les véritables questions. Bref, la logique est un facteur essentiel pour arriver à la justice.
Quand je parle de raison, ne pensez pas tout au conservatisme. Cela est différent. Le conservateur préfère la stabilité et craint toute évolution, il rejette tout changement et craint les évolutions, mais la question de la raison est différente. Les calculs logiques sont parfois à l'origine de grandes évolutions.
Notre grande Révolution était le fruit d'une logique et d'une profonde réflexion. Ce n'est pas par hasard que le peuple est descendu dans les rues pour renverser le régime du Shah. Il s'agissait de calculs et de plans, issus d'une réflexion. Des revendications de liberté et de justice étaient apparues les années précédentes, qui ont mené à la formation de Forces populaires qui sont entrées sur la scène du Djihad pour combattre l'ennemi qu'elles ont vaincu en fin du compte.
La raison peut être à l'origine de telles évolutions. Il en est de même aujourd'hui, il y a certaines évolutions dans notre régime qui se fondent sur des réflexions logiques et précises, sur la situation actuelle et celle qui existe dans le monde. Je constate cela dans différents domaines.
La somnolence et la passivité face aux courants politiques et économiques qui existent dans le monde, sont un grand danger pour notre société, ceux qui comprennent cette situation, se rendent compte de la nécessité d'un mouvement de réformes dans le domaine économique et politique. La logique diffère donc du conservatisme. Ne confondez pas calculs logiques et prudence conservatrice, ce sont deux choses différentes.
Une justice sans spiritualité, est inefficace. Une justice sans spiritualité et sans horizons spirituels, se transformera en hypocrisie et en mensonge, et tombera dans les déviations et les erreurs. C'est ce qui s'est passé dans les régimes communistes dont le slogan était la justice.
Nous disons nous, justice et liberté. Cette dernière ne faisait pas partie de leur slogan. Dans tous les pays où des gouvernements communistes sont apparus, après révolution ou coup d'état, la justice était au centre de leurs slogans mais pas du tout dans leur façon de vivre, au contraire.
Ceux qui ont pris le pouvoir, en tant qu'ouvriers, n'étaient en fait que des aristocrates du régime tyrannique précédent, sans aucune différence. Les chefs d'états marxistes menaient la même vie que leurs prédécesseurs. J'ai vu les conditions de vie des ouvriers des pays socialistes quand j'étais Président de la République. La justice ne régnait pas du tout là-bas. Une nouvelle couche d'aristocrates s'était formée dans ces pays, avec des principes politiques et partisans, qui vivaient dans le bien être alors que le peuple vivait dans la pauvreté et la misère. Cette situation existait aussi dans de grands pays communistes. On peut donc déduire que ce genre de revendication de justice n'est pas stable et tombe dans l'hypocrisie et les déviations.
La justice doit s'accompagner de la spiritualité, en d'autres termes, il faut rechercher la justice pour la satisfaction divine, dans ce cas, vous serez capables de vous opposer aux ennemis de la justice. Ceci dit, il faut signaler qu'une spiritualité sans quête de justice manquerait de dimensions.
Certains croyants ont un haut niveau spirituel mais ne se soucient pas de la justice.
Cela est inacceptable. L'islam n'admet pas une religion qui se désintéresse des questions sociales et du destin des gens.
«من اصبح و لم يهتمّ بامور المسلمين فليس بمسلم»
« Celui que ne s'intéresse pas aux problèmes des musulmans n'est pas musulman », a dit le Prophète.
Quel sens a la foi de celui qui supporte l'oppression, la tyrannie et les régimes tyranniques ? Comment pouvons-nous parler de religion et de spiritualité ? On ne peut comprendre une telle spiritualité. La spiritualité et la justice sont imbriquées l'une dans l'autre.
Je ferai une autre remarque au sujet de la justice et en réponse à ceux qui disent que la justice est un partage de la pauvreté. Non, ceux qui abordent la question de la justice ne veulent pas dire cela, mais envisagent au contraire, un partage juste des possibilités.
Ceux qui parlent d'un partage de la pauvreté veulent en fait, vous éloigner de votre recherche de justice. Ils conseillent de rechercher la richesse pour la partager ensuite, alors qu'une production de richesses sans justice revient à ce que nous voyons aujourd'hui, dans les pays capitalistes. Il y a des gens qui meurent de faim et de froid dans le pays le plus riche du monde, à savoir les États-Unis. Ce n'est pas un slogan, ce sont des réalités.
Il y a des gens qui font des efforts pendant des années, pour s'acheter un appartement de trois ou quatre pièces, et comme ils ne réussissent pas, ils ont recours à toutes sortes de trahisons.
Il y a quelques années, un haut membre de la CIA a été arrêté pour espionnage à la solde de l'URSS et de la Russie, par la suite. Quand on l'a interrogé sur ses motivations, il a répondu qu'il avait toujours rêvé de posséder une villa de trois pièces, et qu'il avait été obligé par manque d'argent, de travailler pour l'URSS, malgré les hostilités et les différends qui existaient entre les deux pays, à l'époque.
La production de richesses sans souci de justice, fait que certains, plus malins que les autres, arrivent à se faire des fortunes en un clin d'œil, puis il y a les familles riches et une majorité qui mène une vie moyenne et difficile, et enfin un certain nombre de gens qui vivent sous le seuil de pauvreté. On a tort de dire qu'il faut d'abord rechercher la richesse et de s'occuper ensuite de la justice. Cela n'est pas possible.
La justice signifie une juste répartition des possibilités du pays, de manière raisonnable et équitable, selon des calculs précis, et l'augmentation de ces possibilités pour en donner encore davantage à tous et non à une classe sociale particulière.
L'autre responsabilité du gouvernement islamique est de développer le savoir et la science, sans cela le régime islamique n'arrivera nulle part. Le développement de la liberté de pensée est aussi important. Il faut créer une ambiance où les gens peuvent penser librement. La liberté d'expression dérive de la liberté de pensée. Quand elle existe, les gens peuvent s'exprimer librement. L'essentiel est de pouvoir penser librement.
Il n'est pas possible de progresser sans liberté de pensée. Sans elle, il n'y aura pas de place pour la pensée, la science et le développement des gens. Tous nos progrès littéraires et philosophiques, sont le résultat de débats et de discussions, et de la présence d'opposants.
La lutte contre la corruption est un autre devoir important du régime islamique.
L'autre remarque concerne l'honneur national. Si un peuple se sent indépendant, il se développera et sera fier de lui mais s'il est soumis, ses talents seront étouffés.
La lutte contre la domination est aussi un autre devoir du gouvernement islamique. Le régime de l'arrogance est un régime qui s'est jeté et se jette sur la société humaine pour la détruire.
Ce régime a deux facettes : l'oppresseur et l'opprimé. Il faut se battre contre un tel régime.
Ce n'est pas une lutte armée mais une lutte dont les armes sont la raison, une politique intelligente et le courage de s'engager dans les domaines nécessaires.
L'Etat islamique a toujours eu des ennemis qui se divisent en deux groupes : Les ennemis connus, c'est-à-dire les arrogants et les dictateurs dont l'hostilité est évidente car le régime islamique est contre toute domination et dictature.
Il y a également ceux qui sont contre le gouvernement islamique et la présence de la religion dans la vie, les sécularistes en fait, qui croient que la religion doit être séparée de l'économie, de la politique, de la vie sociale et des mouvements sociaux. Cette opposition se manifeste dans de larges domaines, en passant d'une simple opposition, à des contradictions et à des luttes ouvertes.
Les compagnies internationales qui veulent posséder le pétrole et les ressources mondiales, et qui travaillent dans les domaines scientifiques et opérationnels, sont les ennemis extérieurs du régime islamique.
Comme je l'ai dit plus haut, l'hostilité varie d'un ennemi à l'autre. Certains ne font que s'opposer, d'autres entrent en action et nous attaquent. Il y a donc différentes sortes d'hostilités dont chacune exige des méthodes spéciales.
Un deuxième groupe est composé des ennemis intérieurs, ce sont des microbes et des éléments nuisibles. Les dissensions intérieures sont plus dangereuses pour un peuple que la présence d'ennemis extérieurs. Les décès causés par les virus, les microbes et les cancers sont plus nombreux que ceux causés par les meurtres. C'est la même chose avec le régime islamique. Il faut donc surveiller ces ennemis intérieurs qui sont très nuisibles.
L'une des conséquences nuisibles de la négligence et des déviations idéologiques, se manifeste dans l'exagération du discours religieux sans exemple pratique. Cela nous conduit à l'hypocrisie et encourage l'hypocrisie dans la société. Je ne suis pas contre un renforcement du discours religieux mais il faut que les slogans soient appliqués. Nous devons plus corriger notre comportement que notre apparence. Accorder plus d'importance à l'extérieur est une chose nuisible.
Le fond doit être islamisé. Si nous désirons que cela se fasse, nous devons évoluer dans nos méthodes de gestion.
Ce que je viens de dire au sujet de l'exagération du discours religieux et de l'absence de mise en pratique, ne doit pas vous faire penser à l'élimination systématique par certains, ci et là, des symboles et des signes islamiques, non, ce n'est pas à cela que je voulais faire allusion. Il ne faut pas faire disparaître les signes islamiques.
«و من يعظّم شعائر اللَّه فانّها من تقوى القلوب»
« Quiconque respecte les choses sacrées de Dieu sait que leur observance provient de la crainte révérencielle de Dieu contenue dans les cœurs » [Coran 22/32]
Nous sommes encouragés à en faire la démonstration et à les mettre en évidence. Il ne faut pas les effacer. Certaines personnes suppriment les signes, les aspects, les formes, les comportements et les symboles islamiques de leur vie, sous le prétexte d'éviter l'hypocrisie, non, je ne le conseille pas du tout, au contraire, je vous conseille de les défendre, coute que coute.
Si on vous accuse de dogmatisme et de traditionalisme, n'y prêtez aucune attention. Ces critiques ont toujours existé. Par contre, nous sommes absolument contre des mouvements comme ceux des Talibans. Leurs militants n'ont aucune logique.
A vrai dire, ceux qui s'opposent aux croyants sont plus proches de la pensée des Talibans qui suivent docilement les leçons occidentales. Ils obéissent aux étrangers au doigt et à l'œil, n'est-ce pas du dogmatisme ? Si exactement !
De plus ils ne nous présentent aucune des nouvelles idées de l'Occident, et se contentent de nous rabâcher des idées du 19ème siècle, démodées et hors d'usage au niveau politique comme au niveau moral, religieux ou économique.
Ceux là sont plus proches des Talibans dont la doctrine repose sur le dogmatisme et le rejet de la raison et de la réflexion. Je vous conseille de recourir à des raisonnements logiques et de réfléchir. Le noble Coran et la Révélation sont des émanations de la raison.
Que les salutations et les bénédictions de Dieu soient sur vous !