Ce qui suit est le texte intégral du discours de l'Ayatollah Khamenei sur les "Droits de l'homme en Islam", prononcé à l'occasion de la cinquième conférence sur la Pensée islamique organisée du 29 au 31 janvier 1987. Ce discours a été également publié dans un ouvrage intitulé "Les Droits de l'Homme en Islam".
Au nom d'Allah, le très Miséricordieux, le tout Miséricordieux
Louange à Allah, Seigneur de tous les êtres, et que la paix de Dieu et Ses salutations soient sur notre maître et prophète, Abel-Qassem Al-Mustafa Mohammad (AS), ses descendants infaillibles et immaculés, et ses compagnons choisis.
La question des Droits de l'homme est une des plus fondamentales et aussi des plus sensibles et controversées questions de l'humanité. Au cours des dernières décennies, cette question a été plus d'ordre politique qu'éthique ou juridique. Bien que l'influence des motifs politiques, des rivalités et des tendances ait rendu difficile une formulation correcte de cette question, cela ne devrait pas empêcher les penseurs et les humanistes authentiques de l'analyser pour parvenir à une conclusion finale. En Occident, bien que la question des Droits de l'homme ait été soulevée par les penseurs après la Renaissance, ce n'est que depuis 200 ans qu'elle est devenue une question fondamentale du domaine politique et social de la société occidental. Si nous examinons les causes des nombreux changements sociaux et des bouleversements politiques, nous trouverons peut-être des traces de cette question et ces grands idéaux.
Au cours des dernières décennies, cette attention a atteint son paroxysme en Occident avec la constitution de l'ONU après la Seconde Guerre mondiale, et la rédaction ultérieure de la Déclaration universelle des Droits de l'homme qui est un modèle concret né à la suite de cette attention aux Droits de l'homme, et qui peut servir de critère et de base pour notre jugement et notre analyse des principes exprimés à ce sujet au cours des 200 dernières années et surtout dans les dernières décennies.
Bien sûr nous, musulmans, savons très bien que le monde occidental et la civilisation occidentale se sont penchés récemment sur cette question au cours des derniers siècles, alors que l'Islam l'avait étudiée sous ses divers aspects, depuis quatorze siècles. L'idée des Droits de l'homme comme principe fondamental, peut être considérée comme la base de tous les enseignements de l'Islam. Cela ne nécessite pas d'explication pour un public musulman. Les versets du Coran et les traditions léguées par le Prophète (AS) et les Saints Imams (AS), mettent tous l'accent sur les droits fondamentaux de l'homme et ce qui a commencé à attirer l'attention ces dernières années en Occident, est une évidence pour les musulmans et n'exige aucune information pour les chercheurs. Toutefois, je tiens à dire qu'aujourd'hui, la communauté islamique a une grande responsabilité, doit faire connaître cette réalité au monde et ne pas laisser les enseignements fondamentaux de l'Islam se perdre dans la tempête des tumultes politiques et des tapages médiatiques. Il y a des questions qui peuvent être soulevées à cet égard et répondre à ces questions est notre principal objectif aujourd'hui. Bien sûr, dans le cadre de cette conférence, vous, les savants, mènerez des discussions utiles et profondes sur les divers aspects des Droits de l'homme, qui vont servir de source d'information pour le monde musulman et éclairer les points de vue de l'Islam dans ce domaine.
La première question est de savoir si les efforts déployés aunom des Droits de l'homme au cours de ces deux siècles, et plus particulièrement pendant les décennies qui ont suivi la seconde guerre mondiale, ont été fructueux ou non. Les discours, les colloques et les sessions de l'Organisation des Nations Unies, et les diverses déclarations sur les Droits de l'homme, ont-ils réussi à rapprocher l'homme de ses véritables droits ou tout au moins, de faire respecter les droits de la majeure partie de l'humanité qui en avait été privée ? La réponse à cette question n'est pas très difficile, car l'observation des conditions actuelles est suffisante pour prouver que ces tentatives n'ont pas abouti à des résultats appropriés jusqu'à présent. Un coup d'œil sur les conditions des sociétés sous-développées dans le monde, qui constituent la majeure partie de la population humaine, suffit pour montrer que non seulement la majeure partie de l'humanité n'a pas pu faire respecter ses véritables droits au cours des cinquante dernières années, mais aussi que les méthodes de violation des droits des peuples sont devenues plus sophistiquées, plus complexes et plus difficiles à redresser. Nous ne pouvons pas accepter les déclarations de ceux qui prétendent être « les défenseurs des Droits de l'homme », tandis que les réalités amères des nations africaines et asiatiques et de millions d'êtres humains affamés sont sous nos yeux et que nous observons la violation constante des droits de nombreuses nations.
Ceux qui se présentent comme les défenseurs des Droits de l'homme depuis une quarantaine d'années, sont ceux qui ont le plus transgressé les Droits de l'homme dans les pays du Tiers-Monde. C'est avec leur appui que certains gouvernements et régimes qui privent les gens de leurs droits fondamentaux, ont réussi à survivre. Aucun des dictateurs du monde contemporain ni les despotes de ces cinquante dernières années en Asie, en Afrique et en Amérique latine, n'auraient pu établir et conserver leur dictature par leur propre force et sans l'appui des grandes puissances qui ont inventé la plupart des slogans sur les Droits de l'homme. Ce sont eux qui ont mis en place l'ONU et aujourd'hui encore, l'ONU est à leur service.
La pauvreté, la faim et la mortalité dans plusieurs pays du monde, sont certainement le résultat des ingérences, de la répression, de l'usurpation et des pressions des grandes puissances. Qui a fait que l'Afrique, ce continent aux vastes ressources, doive subir ces épreuves actuellement ? Qui a exploité le peuple du Bangladesh et de l'Inde pendant des années, qui sont malgré leurs ressources naturelles et leurs grandes potentialités, dans une situation déplorable où nous entendons des gens mourir de faim ? Qui a pillé les richesses et les ressources des pays du Tiers-Monde, et après avoir imposé la faim, la pauvreté et les malheurs à ces pays, a acquis des technologies sophistiquées et d'innombrables richesses? Nous voyons que les élaborateurs de l'Organisation des Nations Unies et les principaux rédacteurs de la Déclaration universelle des Droits de l'homme et ceux qui aujourd'hui encore, prétendent être les partisans de cette déclaration, sont les véritables responsables de ces malheurs. Il n'y a aucune raison pour que l'Afrique, ce continent aux abondantes richesses naturelles, la riche Amérique latine, la grande Inde et de nombreux autres pays du Tiers-Monde, aient pris un tel retard en dépit d'une main-d'œuvre et de ressources naturelles suffisantes.
Aujourd'hui, le système de domination politique fondé sur le capital et le pouvoir, domine le monde et il n'y a aucun doute que ce système capitaliste et hégémonique, est contrôlé et dirigé par « les pères » de la Déclaration des Droits de l'homme. Devant nos yeux, les nations du monde sont écrasées et luttent désespérément sous les sabots de cette puissance du capital, de l'argent et de la technologie. L'ONU est le produit le plus remarquable des efforts déployés pour les Droits de l'homme mais qu'a-t-elle fait dans le passé pour les nations du monde et que fait-elle aujourd'hui ? Quel rôle actif l'ONU a pu jouer pour la résolution des problèmes fondamentaux des nations pour soulager des maux qui les accablent ? Dans quel cas l'ONU a pu agir comme le libérateur des opprimés contre l'oppresseur ? À quel point l'ONU a pu convaincre les grandes puissances tyranniques de renoncer à l'oppression ? L'ONU est encore moins influente dans ces domaines qu'une grande majorité des nations et des gouvernements.
Aujourd'hui, en dépit de toutes ces revendications, nous sommes témoins de l'apartheid en Afrique du Sud et de nombreux cas de racisme et de discriminations raciales dans les pays développés eux-mêmes. Par conséquent, il est clair qu'en dépit de ses efforts pour les Droits de l'homme, l'ONU n'a rien aucun résultat concret dans ce domaine. Elle est intervenue dans les questions internationales sous l'habit d'un prédicateur ou d'un prêtre. Le Conseil de sécurité qui est un des principaux organes de l'ONU et le centre des prises de décisions, est un organisme où les grandes puissances ont un droit de veto. C'est-à-dire que chaque décision qui est prise au sein de l'ONU et du Conseil de sécurité contre les agents et les principaux responsables de l'affaiblissement des pays, peut être rejetée par ces mêmes responsables que sont les grandes puissances. L'Organisation des Nations Unies et ses différents organismes et organisations, qu'ils soient culturels, économiques ou techniques, est sous l'influence et la domination des grandes puissances. Les pressions des États-Unis touchent même une organisation culturelle comme l'UNESCO et d'autres organismes qui sont connus de tous. Vous avez vu comment les États-Unis ont soumis à des pressions l'UNESCO au cours de ces deux dernières années, simplement parce qu'un musulman en est le directeur et désire maintenir son indépendance ainsi que celle de l'Organisation. Par conséquent, nous considérons l'ONU qui est le résultat le plus significatif des efforts déployés pour les Droits de l'homme, comme inefficace, impuissante et pratiquement inutile, et considérons qu'elle a été créée pour « consoler » les nations. En raison des ingérences des grandes puissances, l'ONU fonctionne un vassal. Nous ne rejetons évidemment pas l'ONU. Nous croyons que cette organisation doit exister mais qu'elle doit être réformée. Nous sommes nous-mêmes, membres de cette organisation. Cependant, ce que je veux dire est qu'après tous ces efforts, toute cette publicité et tous les espoirs qu'elle a suscités, cette organisation est restée insuffisante et inefficace dans la garantie des droits de l'homme dans le monde contemporain. Par conséquent, la réponse à la première question est claire. Nous pouvons dire que les efforts déployés pour la défense les Droits de l'homme et les revendications faites au nom des Droits de l'homme au long des derniers siècles et surtout ces dernières décennies, n'ont pas porté de fruits et n'ont pas réussi à les garantir.
La seconde question est de savoir si ces efforts étaient sincères ou non ? Cette question est évidemment de nature historique et peut ne pas avoir beaucoup d'effets pratiques. Par conséquent, je n'ai pas l'intention d'en discuter longuement. Il suffit de mentionner ici qu'à notre avis, ces efforts n'étaient pas sincères. Il est vrai qu'il y avait des philosophes, des penseurs et des réformateurs sociaux parmi ceux qui ont fait des efforts dans ce domaine, mais la scène était dominée essentiellement par des hommes politiques. Les efforts de ces penseurs et de ces réformateurs ont été mis au service des politiciens. Si dans les annales de l'Histoire, les penseurs, les prophètes, les mystiques et les grands hommes sont considérés comme les défenseurs des Droits de l'homme, aujourd'hui, quand nous voyons les hommes politiques et les hommes d'État défendre ces Droits avec véhémence, nous avons le droit de douter sérieusement de leur sincérité. Regardez autour de vous ces « avocats » des Droits de l'homme ! Prenons l'exemple de l'ex-président des États-Unis [Jimmy Carter] qui s'était présenté comme un défenseur des Droits de l'homme durant sa campagne électorale et a remporté l'élection grâce à ce slogan. Aux débuts, certains de ses discours et certaines de ses mesures ont fait croire qu'il était sérieux et de bonne foi mais nous avons vu que finalement, il est devenu plus cruel, plus barbare et plus tyrannique et l'adversaire le plus farouche des Droits de l'homme dans cette région comme le Shah d'Iran, les tyrans dominant la Palestine occupée et d'autres dictateurs contemporains. Même maintenant, les états et les politiciens qui expriment bruyamment leur soutien aux Droits de l'homme dans les conférences et les forums internationaux, ne sont pas plus sincères que leurs prédécesseurs. Nous ne voyons aucun signe de sincérité dans leurs efforts. Le but de ceux qui ont rédigé la Déclaration des droits de l'homme et à leur tête les États-Unis, était d'étendre leur domination et leur hégémonie sur le monde à cette époque. Leur intention n'était pas de protéger les Droits de l'homme qu'ils avaient violés pendant la guerre, alors qu'ils avaient massacré des dizaines de milliers d'êtres humains avec leur bombe atomique et recruté la majorité de leurs soldats en Inde, en Algérie et dans d'autres pays africains et non-européens, pour une guerre qui ne concernait aucun de ces pays. Nous ne croyons pas que Roosevelt, Churchill, Staline et leurs semblables aient eu la moindre considération pour les Droits de l'homme et étaient sincères dans la formation de l'Organisation des Nations Unies et la rédaction de la Déclaration universelle des droits de l'homme. Par conséquent, la réponse à la deuxième question est également claire. Non, nous ne croyons pas que les efforts de ces politiciens et de ces soi-disant « avocats des Droits de l'homme » étaient sincères.
La troisième question, qui est la plus fondamentale de toutes, est la raison de l'échec de ces tentatives. C'est le point auquel une plus grande attention devrait être accordée et je vais en discuter brièvement ici. Je crois que c'est le point le plus fondamental, parce que toutes les actions lancées au nom des Droits de l'homme, se font dans le cadre d'un système défectueux et tortueux, un système de domination répressif et tyrannique. Ceux qui ont créé l'ONU et ont rédigé la Déclaration universelle des Droits de l'homme, et ceux qui les défendent aujourd'hui bruyamment, en majorité sont malheureusement des états et des politiciens qui reconnaissent le système de domination et l'ont accepté. Le système de domination signifie qu'un groupe de personnes domine et doive dominer un autre groupe. Le système de domination est soutenu par la culture dominante. Aujourd'hui, le monde est divisé en deux groupes, le groupe de ceux qui dominent et le groupe des dominés. Les deux groupes ont accepté le système de domination et les grandes puissances estiment que ce système doit être maintenu. Même ceux qui sont dominés ont accepté le système de domination et se sont résignés à sa continuité. C'est le plus grand problème du monde actuel.
Ceux qui rejettent le système de domination sont des individus ou des groupes qui ne sont pas satisfaits de l'ordre social dans leur pays ou des conditions sociales et politiques internationales, et se révoltent contre ce système. Les groupes révolutionnaires, les gouvernements révolutionnaires et les révoltés qui se soulèvent contre ce statu quo mondial sont très peu nombreux et constamment soumis à des pressions. L'exemple le plus illustratif à cet égard est la République islamique d'Iran qui a rejeté la domination sous toutes ses formes et ne reconnait aucune domination. À cet égard, l'Est et l'Ouest sont égaux pour nous et lors des prises de décisions, elle (la république islamique) ne donne aucune priorité aux puissants et aux riches. Le monde entier est témoin des pressions qu'elle a subies pendant les huit premières années qui ont suivi l'instauration de la République islamique en Iran. Elle a été soumise à des pressions politiques, militaires, économiques et médiatiques. La cause de ces pressions est claire et est que la République islamique a pris une position claire et indépendante contre le système de domination. Si certains gouvernements progressistes ont résisté à l'Occident et à la domination des États-Unis, dans la majorité des cas, il y avait et il y a encore des signes d'une reconnaissance de la domination de l'Est et d'une soumission au bloc de l'Est. Bien entendu, les cas sont différents, certains ont complètement cédé au bloc de l'Est et à l'URSS alors que d'autres montrent des signes d'indépendance, dans certains cas. Mais s'il y a un gouvernement et une société qui n'a jamais cédé à aucune pression, c'est de la République islamique qui a totalement rejeté le système de domination. Partout dans le monde où existent l'oppression, l'autoritarisme et les exigences injustes d'une grande puissance à une nation, nous avons clairement exprimé notre position et avons ouvertement et franchement exprimé notre point de vue sans aucune réserve. Mais la majorité des nations du monde ont accepté ce système. Vous pouvez voir que malheureusement, les gouvernements des pays soumis n'ont pas le courage, le moral et la volonté de résister et de s'opposer à la domination des grandes puissances et de les combattre alors qu'à notre avis, cela est tout à fait possible.
Nous croyons que si les pays pauvres et les pays dominés qui ont été en dépit de leurs ressources, contraints de plier aux caprices des grandes puissances, avaient voulu se dresser contre eux, ils auraient pu le faire. Ils n'avaient pas besoin de miracle. Il suffit que les gouvernements s'appuient sur leur peuple. Malheureusement, la peur de résister et la faiblesse de certains chefs d'États qui trahissent leur peuple, ne leur permettent pas dans certains cas, de se soulever contre le système de domination. Ce système de domination dirige l'économie mondiale, la culture mondiale, les relations internationales et les droits internationaux. Naturellement, la question des Droits de l'homme a été posée dans le cadre de ce système de domination et s'est développée dans ce contexte et ces perspectives. Les individus qui tentent de garantir la liberté, les possibilités et les moyens de bien-être de leurs concitoyens dans les pays européens au nom des Droits de l'homme, bombardent et tuent par milliers, des êtres humains dans d'autres pays. Qu'est-ce que cela signifie ? Est-ce que cela ne signifie pas que dans cette culture de domination qui prévaut dans le monde entier, les êtres humains sont divisés en deux catégories, ceux dont les droits doivent être défendus et ceux qui n'ont absolument aucun droit et qu'il est permis de tuer, d'asservir et de priver de leurs biens ? Ce système règne partout dans le monde et la conception des Droits de l'homme en est le produit. Ce sont les cadres du système des Droits de l'homme dans le monde d'aujourd'hui. Dans ce cadre culturel et juridique, les superpuissances élargissent constamment la distance qui les sépare des nations plus faibles, et exercent sur ces dernières de plus en plus de pressions. Plus les progrès de la technologie s'accélèrent, plus les pays et les nations faibles sont menacés et soumis à des pressions croissantes.
Aujourd'hui, personne ne demande aux grandes puissances pour quelle raison et de quel droit elles exercent des pressions sur certains pays et nations, et abusent de l'avancement qu'elles ont dans la technologie et l'industrie. Aujourd'hui, les satellites lancés dans l'espace par les grandes puissances se déplacent dans leurs orbites autour du globe, collectent les moindres détails et espionnent les secrets des autres pays. Pourquoi ? Qu'est-ce qui leur donne le droit de faire cela ? Aujourd'hui, la plupart des communications et des conversations téléphoniques entre les gens dans le monde, particulièrement entre les hommes et les chefs d'État, ainsi que les discussions politiques et scientifiques sont accessibles à ceux qui possèdent ces technologies sophistiquées. Pourquoi ? Personne ne leur pose cette question. Personne ne soulève aucune objection. Depuis que les États-Unis ont lancé les satellites et possèdent les moyens de collecter des informations et d'espionner, tout le monde leur reconnait le droit d'obtenir ces informations. Les écoutes téléphoniques ne constituent-elles pas une violation des droits ? Personne ne pose cette question aux États-Unis, à l'URSS, au Royaume-Uni, à la France et à l'Allemagne ? Lorsque cette question est soulevée de notre part, y a-t-il un autre gouvernement qui le confirme ? Non, tout le monde se dit qu'ils sont forts et que par conséquent, ils peuvent faire ce dont ils sont capables et doivent profiter de cette occasion. Aujourd'hui, le problème de la bombe atomique et l'utilisation des armes nucléaires est un enjeu au niveau mondial. Les grandes puissances soulèvent elles-mêmes cette question parce qu'elles ont peur les unes des autres. Elles se disputent sur cette question et chacune cherche à duper l'autre en limitant les arsenaux nucléaires de son rival et en augmentant ses propres arsenaux. Les petits pays, ont-ils déjà songé à s'opposer aux fabricants de bombes nucléaires ou déclaré que tant que ces bombes ne seront pas détruites et neutralisées et que la tranquillité ne sera pas restaurée dans le monde qui est exposé à une continuelle menace nucléaire, ils n'auront aucune relation, ni commerce ni coopération avec eux ?
Demandez aux pays du Tiers-Monde, les pays membres du Mouvement des Non-alignés (MNA) et d'autres pays du monde s'ils ont pensé à faire usage de ce levier contre la course aux armes nucléaires ? Non. Si vous leur suggérez cette idée, ils vont dire que c'est une technologie de pointe que les superpuissances possèdent et qu'elles peuvent et doivent par conséquent, produire de telles armes. Cela signifie qu'ils ont accepté le principe de domination. L'absence d'équilibre dans la conjoncture mondiale actuelle, a été à la fois acceptée par l'oppresseur et les nations opprimées. La reconnaissance de la domination a été gravée dans les esprits.
Lorsque nous dénonçons les actes de l'Est et de l'Ouest dans les organisations internationales, nous percevons clairement un étonnement chez les chefs d'État et les représentants d'autres pays. Ils estiment que c'est une attitude étrange et téméraire, alors que c'est une prise de position naturelle d'une nation indépendante. Toutes les nations et tous les États devraient se comporter de la même manière, mais ils ne le font pas. La conclusion que nous en tirons est qu'aujourd'hui, la reconnaissance générale de la domination est devenue le plus grand fléau et le plus grand danger. C'est une chose qui est fortement préjudiciable pour les nations faibles et qui encourage les grandes puissances dans leur violation des Droits de l'homme. Toutes ces violations des Droits de l'homme sont tolérées que ce soit l'agression américaine contre la Grenade, le massacre des civils libanais sans défense par Israël, soutenu par les États-Unis, ou la répression impitoyable des noirs qui sont les vrais propriétaires de cette terre par le gouvernement d'Afrique du Sud, également soutenu par les États-Unis et certains pays européens. Mais quand quelqu'un dénonce cet état de choses dans une région du monde et fait quelque chose, si une explosion a lieu ou s'il arrive quelque chose, on parle tout de suite d'acte de terrorisme. L'agression américaine contre la Libye, le bombardement de la maison du Président d'un pays et l'agression contre son territoire ne sont pas condamnés par le monde. Chaque fois qu'on parle de terrorisme, la première chose qui vient à l'esprit des gens est l'image désespérée d'une jeune victime de l'oppression, un jeune épuisée et furieux vivant en Palestine ou au Liban, ou dans certains pays d'Afrique ou d'Amérique latine, et non ces grandes puissances comme les États-Unis, le Royaume-Uni et autres. C'est le résultat de l'imposition de la culture de domination qui domine malheureusement la mentalité des gens partout dans le monde. Dans la culture de domination, les mots acquièrent une connotation particulière qui convient au système de domination. Par exemple, le «terrorisme» est défini de sorte que l'agression américaine contre la Libye, les menaces contre le Nicaragua ou l'invasion de la Grenade par exemple, n'entrent pas dans ce cadre. C'est un grand problème dans l'état actuel des choses. Par conséquent, l'échec des tentatives lancées au nom des Droits de l'homme - même de la part de ceux qui sont sincères et sérieux - vient de la nature du système dans lequel ils veulent les définir et les déclarer - ce qui n'est pas possible. Ce cadre doit être brisé et le système de domination doit être aboli. Les États, les nations et les pays doivent rejeter résolument la domination injuste des grandes puissances afin que les Droits de l'homme puissent être compris, connus et suivis.
Enfin, la quatrième et dernière question est le remède à cette situation. À notre avis, la réponse est le retour à l'Islam et le recours à la révélation divine. C'est une solution aussi valable pour les musulmans que les non-musulmans. A cet effet, les sociétés islamiques n'ont à rien d'autre à attendre que le retour à l'islam, au Coran, au mode de pensée islamique dans la société et aux sources islamiques (le Coran et la Sunna) dans le domaine juridique. Ce sont les choses qui nous permettront de comprendre le sens des Droits de l'homme, nous aideront à les identifier et nous guideront dans notre lutte pour les protéger. Afin de garantir les Droits de l'homme, il est nécessaire une fois pour toutes, de renoncer à donner des conseils et des cours qui n'ont aucune utilité. Le Coran dit : « Prenez par la force, ce que nous vous avons donné » [Coran 2 : 63].
Dieu le Tout-Puissant, a accordé ces droits à l'humanité et les êtres humains doivent les reprendre de force. Les nations islamiques doivent résister aux exigences injustes et à la domination des grandes puissances, en s'appuyant sur l'idéologie islamique. Ce ne sont pas les paroles d'un idéaliste sur des questions et des idéaux islamiques au fond d'un centre de théologie mais les propos d'une révolution qui a vécu des expériences et a les a ressenties dans la réalité. Notre Révolution a acquis une expérience qui est disponible et à la portée de toutes les nations. Je ne dis pas que nous avons résolu tous nos problèmes. Nous ne l'avons pas fait. Il n'y a aucun doute qu'un grand nombre de ces problèmes nous ont été imposés à cause de la Révolution et de son caractère islamique mais nous avons résolu le problème de la domination. Aujourd'hui la nation iranienne et la République islamique peuvent prétendre qu'elles se sont débarrassées de toute domination et de toute superpuissance, et qu'elles peuvent décider elles-mêmes. Bien entendu, une nation qui cherche à faire disparaître toutes les formes de dépendance, a un long chemin à parcourir. Bien entendu, les dépendances, si elles ne sont pas accompagnées de domination, de répression et d'exigences injustes, sont quelque chose de naturel et de tolérable.
Il est bien évident que notre Révolution et la République islamique ont hérité d'une société décadente, d'une économie délabrée et d'une culture dégénérée. Ce qui a été légué à la Révolution par les dirigeants des siècles derniers, en particulier les cinquante ou soixante dernières années, était un Iran assiégé de toutes parts. On ne devait pas s'attendre à ce que la Révolution puisse mener ce patrimoine endommagé en peu de temps, aux hauts niveaux culturels, éthiques, économiques, scientifiques et industriels. Nous n'avons pas de telles prétentions bien que nous nous attendons à un bel avenir. Nous croyons que seules l'indépendance, l'autonomie et l'utilisation de ses ressources humaines et matérielles peuvent permettre à un pays d'atteindre un haut niveau de progrès. Mais ce que nous pouvons prétendre aujourd'hui de façon catégorique, est que la République islamique n'est soumise à aucune pression politique ni à aucun diktat d'un quelconque pouvoir. Les pressions politiques ne parviendront pas à changer son cours ou à modifier ses décisions. La République islamique ne changera pas son chemin ni son élan à cause des réserves de certaines superpuissances. Cela signifie que nous nous sommes libérés de la domination des grandes puissances. Il s'agit d'une expérience qui, croyons-nous, souligne l'importance du droit le plus fondamental et le plus précieux dans l'islam, c'est-à-dire le droit de vivre, d'être libre, de bénéficier de la justice, du bien-être et d'autres droits fondamentaux qui peuvent être garantis dans une société islamique. Ces droits peuvent être tirés des sources islamiques et l'Islam les a incorporés dans ses commandements aux musulmans et a attiré l'attention à leur égard bien avant que les penseurs occidentaux aient pensé à ces droits et ces valeurs. Il nous est indispensable de retourner à l'islam.
Les penseurs musulmans ont la responsabilité de l'examen et de l'étude des Droits de l'homme ou plutôt de la structure générale du système juridique islamique. C'est aussi la mission de cette conférence qui je l'espère, sera une nouvelle étape dans ce sens et si Dieu le veut, ce travail va se poursuivre. Les nations du monde pourront trouver l'occasion de bénéficier des perspectives sublimes de l'Islam. Les gouvernements islamiques doivent bien sûr, aider leur peuple à obtenir leurs droits, mais sans avoir de réserves à l'égard des grandes puissances. Malheureusement, aujourd'hui, ce que nous ne voyons est différent. La plupart des régimes des pays islamiques sont sous l'influence des grandes puissances. La majorité d'entre eux sont dominés par l'Occident et sont sous l'influence des États-Unis. Par conséquent, leurs actions et leurs décisions ne sont conformes ni aux principes islamiques, ni aux besoins des nations musulmanes.
Le meilleur exemple est la conférence qui s'est tenue récemment au Koweït. Vous avez vu que dans cette conférence, au lieu de traiter des véritables problèmes des musulmans, quels problèmes ont été discutés et quelles résolutions ont été adoptées. Cela n'avait rien de compatible avec une approche islamique des problèmes. Au lieu de rejeter l'agression irakienne contre un pays musulman et de critiquer le déclenchement de la guerre contre une révolution islamique, au lieu de dénoncer l'agresseur et de l'expulser de la conférence, au lieu de dénoncer la complicité des puissances impérialistes dans cette guerre imposée, ils se sont contentés d'un appel vide et insignifiant à la paix et ont même exprimé leur satisfaction à la réponse positive de l'Irak à l'appel pour la paix. Ils l'ont fait sans entrer dans le cœur du problème, sans tenir compte du fait que la volonté d'une nation de défendre ses droits était louable ainsi que et la résistance d'un gouvernement et d'un régime aux pressions illégales des puissances impérialistes sur sa révolution. Bien entendu, ces résolutions, décisions et avis sont totalement invalides car ils sont éloignés des principes et des valeurs islamiques. En conséquence, il n'y a pas de nation ou de pays dans le monde qui attende avec impatience la décision de la Conférence islamique du Koweït, afin de l'accueillir ou d'en être déçu. Cela signifie que ces décisions et résolutions si loin de la réalité et si étrangères aux critères islamiques et aux aspirations des nations, ne suscitent qu'une complète indifférence. Vous ne trouverez pas un seul pays au monde où les gens attendent avec impatience de savoir ce que la Conférence islamique a à dire, de sorte que ses résolutions entrainent une obligation ou un espoir de leur part. Quelle en est la raison ? Pourquoi une réunion de quarante-six États islamiques organisée au plus haut niveau des chefs d'États et des leaders, doit-elle être inefficace, sans conséquence et sans contenu ? C'est parce que malheureusement, la plupart de ces régimes sont sous l'influence des grandes puissances. Tant que cette domination des grandes puissances et leur crainte resteront dans les cœurs, la confusion régnera dans les nations musulmanes. Si nous voulons sortir le monde musulman de son désarroi actuel et de cette confusion, la première chose à faire consiste à se débarrasser de cette peur et de cette crainte, comme Dieu le Tout-Puissant l'a dit : « Ne craignez donc pas les gens, mais craignez Moi » [Coran 5 : 44]. Les gouvernements ne devraient avoir peur de personne sauf de Dieu. Si cela se produit, la situation des nations islamiques s'améliorera.
Je conclus mon discours avec l'espoir que, si Dieu le veut, cette Conférence sur la pensée islamique, pendant les quelques jours où elle tiendra ses sessions, sera en mesure d'apporter une contribution positive à la compréhension des vérités islamiques en matière de Droits de l'homme, que les échanges d'opinions entre les frères iraniens et non iraniens, aideront à communiquer l'expérience de la Révolution et de la République islamique, que les frères non-iraniens pourront mieux comprendre cette expérience et que les autres nations pourront considérer la Révolution menée par leurs frères en Iran, comme un modèle et une nouvelle voie qu'ils peuvent choisir et parcourir.
Que les salutations soient sur vous et que la miséricorde d'Allah et Ses bénédictions vous accompagnent !