... Comme nous nous y attendions - et on ne pouvait s'attendre à rien d’autre - un groupe de gauche a effectué un coup d'état et a pris le pouvoir par le biais d’opérations de guérilla ou de combats réguliers. Le palais dans lequel habitait Samora Machel, le leader révolutionnaire du Mozambique, qui a été assassiné par la suite, était le même que celui du précédent dirigeant portugais du pays. Il m'a reçu dans le même palais et j'ai vu que la situation était la même que dans le passé. Je regardais un tapis sur le sol, « C'est un des tapis qui subsiste de l'époque des Portugais", a-t-il dit. Je me suis rendu compte que non seulement ils vivaient dans le même palais et dans le même luxe, mais qu’ils menaient aussi le même mode de vie comme si ces gens ne faisaient pas du tout partie d’un groupe révolutionnaire et populaire. En fait, ils ne l'étaient pas et on ne trouvait chez eux aucun signe de simplicité révolutionnaire. Quand je suis entré dans la salle des invités, j'ai vu deux hommes qui se tenaient à la grande porte qui conduisait à la salle de réception. Exactement comme les esclaves qui servaient à la cour des sultans, et suivant le mode de vie que menait justement les dirigeants portugais. Ces deux hommes noirs à la porte ne devaient plus être de vrais esclaves car le souverain lui-même, faisait partie du même milieu, portaient des uniformes et se tenaient debout à la porte. Ils avaient reçu l'ordre d'ouvrir la porte quand « le sultan », (le leader révolutionnaire) et son invité (moi en l’occurrence) arrivions à la porte, et les deux volets de la porte devraient s’ouvrir en même temps alors que ces deux personnes s’inclinaient. C’est ce qu’ils ont accompli. J'ai regardé en souriant. Puis nous sommes entrés dans la chambre des invités avec notre hôte qui avaient le même comportement que ses prédécesseurs portugais.

(Raconté lors d’une réunion avec les dirigeants de la prière du vendredi le 15 mai 1990)