Je vous souhaite la bienvenue à vous tous, chers frères et sœurs de la magistrature, et aux honorables membres des familles des martyrs de l'attentat du 28 juin 1981, qui a permis à notre système judiciaire de bénéficier des influences bénéfiques du martyre qui ont une très grande valeur, si nous sommes capables d'en profiter.

Mon discours comporte deux parties, premièrement je parlerai de l'événement important et inoubliable de l'attentat du 28 juin 1981 et de son bilan tragique, et j'aborderai ensuite les questions concernant la situation actuelle de l'appareil judiciaire.

En ce qui concerne l'événement terroriste du 28 juin 1981, le point le plus important est que nous y avons perdu des personnalités les plus éminentes et les plus chères à la Révolution. Une personnalité hors du commun et exceptionnelle comme Shahid Beheshti, a été sacrifié à la cause de la Révolution. Je connaissais la plupart de ces martyrs dont certains à l'époque étaient mes propres collègues. Ces personnalités politiques, ces responsables de différents organismes du pays, des ministres et des députés, ont offert leur vie et sont tombés en martyrs. Il est très important qu'un ensemble à ce niveau, soit prêt à se sacrifier pour les objectifs de son régime. Il est vrai que sans sacrifice et dévouement de la part des citoyens, un pays, une civilisation ou un gouvernement n'avancera pas. Ces personnes ont été, dans le cas de notre pays, les pionniers de cette voie.

L'autre point est qu'en dépit de cette immense perte, la République islamique n'a pas subi le moindre trouble. Ceux qui ont planifié ces attentats ne visaient pas des personnes particulières, leur principal objectif était de détruire les fondements de la Révolution, de la priver de ses élites et d'affaiblir son cadre administratif. Par ces assassinats, ils voulaient ébranler la Révolution mais c'est le contraire qui s'est passé quand la principale base de la République islamique - c'est à dire la relation entre les responsables et le peuple - en est sortie renforcée. Ce sont les leçons de notre Révolution. C'est toujours le cas et rien n'a changé aujourd'hui. La République islamique se renforcera encore si des gens sont prêts à se sacrifier pour elle et la Satisfaction divine. Les racines de notre gouvernement sont aussi fermes que celles de l'arbre immaculé mentionné dans le Coran: «أصلها ثابت و فرعها فى السّماء» "L'arbre dont la racine est ferme et dont les branches sont élevées" (Coran 14: 24) Lions notre cœur aux principes et aux valeurs de la Révolution.

La République islamique et notamment le pouvoir judicaire sont redevables envers cette figure éminente. Le martyr Beheshti, pendant la courte période où il assumait la responsabilité du pouvoir judiciaire, à la fin de 1979 jusqu'au début de l'année 81, a introduit de nombreuses innovations, a réalisé de nombreux programmes et a programmé beaucoup de plans à long terme, pour le système judiciaire. Heureusement, le système judiciaire a pris de l'élan et est arrivé à obtenir des résultats satisfaisants au cours des 30 dernières années. De nos jours également, le pouvoir judiciaire remplit de la meilleure façon ses fonctions, grâce à l'administration de l'Ayatollah Shahroudi, une personnalité remarquable au niveau du savoir-faire et des qualifications, et qui assume la lourde responsabilité de la magistrature depuis maintenant 10 ans, en deux mandats de cinq ans.

En ce qui concerne l'appareil judiciaire, l'important est d'en connaître les buts et d'avancer dans ce sens. Le but du pouvoir judiciaire est l'instauration de la justice. Le respect de la loi est le critère de la justice. Si les actes d'un individu ou d'une communauté sont conformes à la loi, cela prouvera leur justesse mais s'ils s'écartent de la loi, cela témoignera de leur injustice. Dans la République islamique, la loi est la loi islamique. Bien sûr, dans l'ensemble de nos lois, on peut en relever certaines qui ne correspondent pas exactement aux règles islamiques et qu'il faut corriger. Le seul critère à observer est le respect de la loi pour que la justice se réalise.

L'application de la justice n'est pas facile et exige des infrastructures, évoquées très justement par l'Ayatollah Shahroudi, l'élaboration de politiques appropriées et la mise au point de dispositifs pratiques dans le système judiciaire. En d'autres termes, dans une organisation géante comme le pouvoir judiciaire, qui est censée gérer le système judiciaire d'un pays de 70 millions d'habitants, la justice ne peut pas être instaurée par des compliments et l'immobilité. Les conditions évoquées sont indispensables. Nous devons donc apprécier les mesures prises dans ce domaine, et travailler dans ce sens, inchallah. Je profite de cette occasion pour présenter mes remerciements à M. Shahroudi, ainsi qu'aux cadres supérieurs de la magistrature qui ont fait beaucoup d'efforts et accomplis de grandes taches dans les différents secteurs.

Le point important est que, bien que l'instauration de la justice dépende de l'existence de ces conditions, leur présence ne garantit pas forcément le respect de la justice. Il arrive que les conditions existent sans que la justice ne soit respectée pour autant dans la société. Nous devons craindre une telle situation. En réalité, c'est un personnel déterminé et croyant qui ne craint personne d'autre que Dieu, qui est le garant de la justice. Le saint Coran dit à ce propos : «فلا تخشوا النّاس و اخشون», « Ne craignez pas les hommes, mais craignez-Moi" (Coran 5: 44)

Si ce principe est réalisé nous pourrons espérer une justice complète, avec l'aide de dispositifs modernes. Sans cette volonté ou dans l'hésitation et le doute, aucun de ces dispositifs et aucune de ces instances judiciaires ne seront en mesure d'administrer la justice d'eux-mêmes, ils ouvriront même parfois la voie à l'injustice.

Nous devons examiner si le résultat de nos efforts est l'instauration de la justice ou non. C'est un point que je souligne dans mes réunions annuelles avec les hauts responsables du pouvoir judiciaire et j'insiste toujours sur cette question. Si le résultat est la justice, nous nous sentirons fiers devant Allah et le peuple. Dans l'exercice de la justice, nos jugements seront inévitablement au profit des uns et au détriment des autres, mais si nous respectons la justice et l'équité, même la partie perdante sera satisfaite en elle même. Dans le cas inverse, si le juge ne respecte pas l'impartialité, à la fin du procès, même la partie gagnante doutera de notre justice et se moquera de nous en elle même.

C'est un point important sur lequel nous devons focaliser nos efforts. L'Imam Ali (as) a dit : «الحقّ أوسع الأشياء فى التّواصف و أضيقها فى التّناصف» :« La justice est la plus grande question en théorie et la plus difficile en pratique ». On en parle beaucoup et aisément mais son instauration s'avère très compliquée. Beaucoup d'obstacles jalonnent cette voie et sans une ferme volonté et une grande confiance en Dieu, nous piétinons. Vous devez donc développer continuellement cet esprit dans l'ensemble de l'appareil judiciaire du pays, et rappeler que la raison de l'existence de ce pouvoir est l'instauration de la justice.

La phase la plus difficile dans l'instauration de la justice est quand vous avez affaire à des personnalités influentes et orgueilleuses qui se soumettent difficilement à la loi. Dans ce cas, il faut les affronter. Le juge doit prouver sa compétence et son indépendance dans de telles circonstances, et ne tenir compte dans ses décisions, que de la loi et de la satisfaction divine. Dans toutes les affaires, sociales et individuelles, si la loi est considérée comme le seul critère à observer, la justice sera acquise.

Dans les récents événements postélectoraux, j'ai déclaré que j'étais opposé au fait que les gens soient divisés en deux groupes et mis face à face. La réalité est que les gens sur de nombreuses questions, dans leurs tendances, leurs goûts et leurs avis, ont des positions différentes, mais cela ne signifie ni l'affrontement ni l'opposition ni la querelle. Nous ne devons pas provoquer le peuple, et monter les gens les uns contre les autres. Je conseille aux deux parties de ne pas provoquer les jeunes et de ne pas les dresser les uns contre les autres. Notre peuple est un peuple uni qui a confiance en son régime. La meilleure preuve est sa participation massive aux élections. Si la nation était découragée et déçue de la République islamique, elle n'aurait pas participé aux élections. Notre nation n'a aucun problème avec son régime et il ne faut pas la diviser en deux parties opposées.

Il existe des voies légales pour régler ces questions. Le rejet de la loi aura des résultats pires pour certains que leur mécontentement suite à des recours en justice. Il y a une phrase de l'Imam Ali (as) qui dit : «و من ضاق عليه العدل فالجور عليه اضيق». :"Celui qui se sent gêné par justice sera encore plus embarrassé par l'injustice."

Grâce à l'appui et aux bénédictions divines, notre peuple est un peuple fidèle, croyant et vigilant. C'est à nous, les dirigeants du pays de nous corriger. Les élites et les personnalités politiques doivent surveiller leurs actes et leurs paroles. Cela ne concerne pas une fraction particulière, tout le monde doit être vigilant à cet égard. Que tout le monde sache que cette nation est unie, et que les provocations de certains individus et d'un groupe contre l'autre, sont absurdes pour cette nation unie. Les manœuvres des puissances mondiales et des politiciens interventionnistes échoueront si vous êtes unis et si vous faîtes confiance à la République islamique.

Comme vous le voyez, certains dirigeants, notamment les dirigeants américains et européens, parlent comme si tous leurs problèmes étaient résolus et que leur seule préoccupation était l'Iran. Ils ne cessent de s'ingérer dans nos affaires intérieures sans savoir que leurs déclarations n'ont aucun poids pour le peuple iranien.

Leur soutien à certains mouvements aura des résultats inverses, car la nation iranienne est une nation intelligente et expérimentée qui se demande comment ces ennemis qui ont déployé tous leurs efforts et utilisé toutes leurs possibilités pendant trente ans contre notre pays, font preuve maintenant de compassion. Le peuple comprend ce complot et c'est un problème pour les ennemis confrontés à cette nation consciente et expérimentée.

Cette expérience de trente ans a formé la nation qui sait très bien que ces mêmes gouvernements, au lieu de condamner les crimes commis durant huit ans de Guerre imposée contre les civils et les villes d'Iran, ont aidé l'ennemi. Notre peuple a vécu et n'a pas oublié ces événements. Nous sommes témoignes aujourd'hui de leur politique dans les pays où ils se sont installés, en Afghanistan, en Irak, au Pakistan et en Palestine, où ils pillent les peuples partout où ils enfoncent leurs griffes.

Ces gouvernements n'ont aucun sentiment de pitié ni d'humanité. Le peuple connaît les intentions qui se cachent derrière ce « soutien » au peuple iranien et à certains individus à l'intérieur. Leurs intentions sont très claires. Le peuple est conscient de cela. Votre unité et votre persévérance, qui sont les fruits bénis de la Révolution, annihileront leur ruse et vous protégeront de leur animosité. Ils ne seront jamais en mesure de porter un quelconque préjudice à la nation iranienne.

Je prie Allah, le Très Haut, de vous donner à tous, Sa bénédiction.