Ce qui suit est le texte intégral d'un discours prononcé le 22 août 2015 [7ème jour du mois de Dhul-qaadeh 1436 de l'hégire], par l'Ayatollah Khamenei, Guide suprême de la Révolution islamique, lors d'une audience accordée aux responsables et aux organisateurs iraniens du Hadj (Grand Pèlerinage annuel à la Mecque)

Au nom d'Allah, le tout Miséricordieux, le très Miséricordieux

Soyez les bienvenues chers frères et sœurs, organisateurs du Hadj qui êtes chargés d'une des plus belles et des plus admirables responsabilités qu'est la préparation du Hadj - cette obligation islamique unique et exceptionnelle - pour notre peuple musulman et croyant. Je tiens également à remercier les frères et sœurs responsables de cette organisation pour le travail laborieux - comme l'a dit Monsieur Qazi Askar ainsi que le président de l'Organisation du Hadj- qu'ils ont accompli et leurs préparatifs pour que les croyants accomplissent le Hadj dans les meilleures conditions. C'est exactement ce qu'il faut faire. Il faut qu'au fil des jours, les travaux se fassent de la meilleure manière et facilitent les objectifs sublimes du Hadj. Il faut travailler. Il incombe à chacun de vous, frères et sœurs, qui avez ces responsabilités et ce rôle, d'assumer votre rôle de la meilleure manière, avec la plus grande motivation et en y accordant avec soin, le temps nécessaire. L'ensemble de ces efforts donnera au peuple des résultats et un Hadj agréables.

Je tiens à dire en tant que recommandation, que le Hadj, le Grand pèlerinage, n'appartient pas uniquement aux Iraniens. Le Hadj appartient à l'Ummah islamique et est le garant de la pérennité de l'Islam. Le respect du mois de Hadj - auquel Dieu, le Sublime accorde un grand respect - le temps respectable et le lieu respectable du hadj - montrent l'importance et l'utilité de ce rite pour l'Ummah islamique qu'aucune autre obligation ne possède. Il faut tenir compte de ce point.

Un autre point intéressant est que le Hadj a deux aspects différents qui se complètent : un aspect individuel et un aspect social, qu'il faut respecter et dont il faut tenir compte. L'aspect individuel du Hadj concerne chaque pèlerin. Il incombe à chacun des pèlerins de communiquer dans cette conjoncture - à la période du Hadj et de l'Umra - avec Dieu le Sublime, de se repentir et de faire une provision spirituelle. Dans les versets coraniques concernant le Hadj, il est dit : « Prenez vos provisions ; mais vraiment la meilleure provision est la piété » [Coran, 2 : 197 ] ; Le Coran recommande la piété, chaque pèlerin qui profite de cette manne, doit penser à remplir son récipient et son sac, « Demandez pardon à votre Seigneur... » [Coran, 11 : 3 ]. Il doit se repentir, supplier, prier et solliciter Dieu le Sublime, et prendre des engagements devant Dieu le Très-haut, en ce qui concerne son avenir, sa vie quotidienne et ses activités. Voilà pour ce qui est du coté individuel.

Dans cette démarche individuelle du Hadj, il incombe à chaque pèlerin de se rapprocher de Dieu, dans ce mouvement et ce voyage, de purifier son for intérieur et de préparer une provision pour le reste de sa vie. La source des bienfaits et de la spiritualité pour tous les pèlerins dans ce voyage, se trouve dans ces rites et ces jours dont [les pèlerins] doivent être reconnaissants. Il y a des choses qui sont réalisables uniquement dans ce voyage comme regarder la Kaaba qui est un acte de piété, le Tawaf ou la circumambulation autour de la Kaaba qui est un acte de piété, la Salat (prière) à la Masjid ul-Haram [la Mosquée sacrée] qui est un acte de piété, se recueillir sur la tombe du Grand Prophète qui est un acte de piété, la station d'Arafat qui est la scène de l'invocation de Dieu, la station à Mashaar qui est la scène de la contemplation de Dieu, et à Mina aussi. Les pèlerins doivent profiter de ces rituels pour se purifier, s'élever et faire les provisions nécessaires pour toute leur vie. C'est l'aspect individuel du Hadj.

L'autre aspect du hadj est l'aspect social. Le Hadj est le symbole de l'union islamique. Différentes couleurs, différentes races, différentes nationalités, différents actes de naissance, différentes écoles, différents goûts se côtoient dans le Hadj. Tous effectuent ensemble, les circumambulations, le sa'y [les sept parcours entre Safâ et Marwa, ndt], et se recueillent ensemble à Arafat et à Mashaar. Cette unité est très importante. La solidarité islamique et cette entente dont le Hadj est le symbole, n'appartiennent pas seulement au peuple iranien mais à tous les musulmans du monde et à l'ensemble de l'Ummah islamique. Que la malédiction divine frappe ceux qui tentent d'écarter des esprits de la vérité de l'Ummah islamique et de l'importance de [l'unité de] l'Ummah islamique, et qui tentent de diviser les musulmans en différentes sectes pour des motifs variés comme l'exagération des nationalités face à l'immensité de l'Ummah islamique, et de diviser le peuple alors que [l'unité de] l'Ummah islamique est importante. La grandeur appartient à l'Ummah islamique, Dieu le Très-haut, gratifie de Sa miséricorde l'Ummah islamique. Le Hadj est le symbole et un échantillon de la formation de l'Ummah islamique. « Ils viennent à toi de tout chemin creux » [Coran, 22 : 27]. De partout et de loin, les musulmans se rassemblent à cette occasion propice pour discuter, manifester leur solidarité, partager leurs problèmes et compatir à la douleur des autres. Où cela est-il possible en dehors du Hadj ? Un des aspects sociaux du Hadj est la question de l'unité.

Un autre aspect social du hadj est la mise en relief de la grandeur de l'Ummah islamique. Le fait que plusieurs millions de personnes se rassemblent dans ces cérémonies déterminées, montre le bloc de l'Ummah islamique. Sur les 70 à 80 millions d'habitants d'un pays, supposons que 50000, 60000 ou 70000 mille personnes participent au Hadj, le résultat sera la démonstration de la grandeur de l'Ummah islamique.

Un autre aspect social est l'échange des expériences. Nombreux sont les pays islamiques qui ont des expériences comme par exemple la nation iranienne qui a une grande expérience dans la confrontation avec l'ennemi, l'identification de l'ennemi, la méfiance vis-à-vis de l'ennemi et la distinction entre l'ami et l'ennemi. Nous avons fait ces expériences. Nous ne nous sommes pas trompés dans la distinction entre l'ami et l'ennemi. Depuis le début de la Révolution jusqu'à présent, nous avons compris que les véritables ennemis, acharnés, entêtés et bellicistes, sont l'Arrogance mondiale et le sionisme. Nous l'avons su. Parfois cet ennemi essentiel et réel, s'exprime par la bouche d'autrui. Nous ne nous sommes pas trompés en disant voilà l'ennemi, non, nous avons précisé et déclaré que l'ennemi véritable est l'Arrogance.

Constatez vous-mêmes les slogans du peuple lors des marches du 22 bahman [11 février], de la Journée de Qods, lors des rassemblements immenses avec les slogans contre l'Arrogance, les États-Unis, les sionistes et le régime des occupants sionistes. Leurs slogans sont contre eux alors que ces régimes [ennemis] s'expriment par la bouche et accomplissent leurs actes par le biais de tel ou tel pays islamique. Or, nous n'avons jamais scandé de slogans contre ce pays islamique, ni notre nation parce qu'elle est consciente qu'il n'est pas le véritable ennemi et qu'on l'a dupé et instrumentalisé. C'est l'expérience que nous avons dans l'identification de l'ennemi. Certains groupes qui étaient des groupes islamiques et n'avaient pas cette expérience, ont été dupés, se sont ralliés au véritable ennemi contre l'ami, et en ont fait les frais. Ils n'ont pas été reconnaissants des bienfaits que Dieu le Très-haut, leur avait accordés.

Une des expériences de la nation iranienne est l'unité. Les divergences à propos des questions politiques, intellectuelles et idéologiques, sont nombreuses mais en dépit de ces divergences, les gens ont su préserver leur unité. Dans certaines régions de notre pays, vivent des ethnies particulières qui participent comme les autres, aux cérémonies du 22 bahman [11 février], aux marches de la Journée de Qods et aux différentes cérémonies commémorant la Révolution. Nous avons des régions où les gens parlent le kurde, le baloutche, l'arabe et le turc, et leurs agissements sont parfois plus dans l'intérêt de la Révolution et de la République islamique que dans d'autres régions. Nous l'avons vu. Voilà l'unité islamique que la nation iranienne a vécue.

Voilà maintenant 35 ou 36 années que nous faisons l'expérience de la nécessité de l'unité et de l'entente au sein de la nation. Grâce à l'unité et à l'entente, nous avons enregistré de grands succès. Un certain nombre de pays ne l'ont compris ni dans le passé ni aujourd'hui. Pour une divergence infime ou des différends confessionnels et ethniques, ou des divergences de partis dans leur pays, ils se combattent comme s'ils étaient des ennemis, et Dieu le Sublime, les prive de Ses bienfaits. « N'as as-tu pas vu ceux qui échangent pour de la mécréance le bienfait de Dieu, et font en sorte que leur peuple s'installe dans la demeure de la perdition, dans l'Enfer où ils tomberont ? - Et quel mauvais gîte ! » [Coran, 14 : 28 et 29]. Si nous ne sommes pas reconnaissants pour les bienfaits que Dieu nous a accordés, dont Il nous a gratifiés et qu'Il nous a alloués, si nous sommes ingrats, Dieu le Très-haut, changera d'attitude. « Il ne changera pas le bienfait accordé à un peuple tant qu'ils ne changent pas ce qu'ils ont en eux-mêmes» [Coran, 8 : 53]. Tant que vous et moi, avancerons dans la voie droite, progresserons dans cette voie et nous adapterons à la volonté divine dans la mesure du possible bien sûr, car nous ne sommes pas encore à la hauteur pour réaliser cela de façon parfaite, Dieu le Sublime, nous accordera Ses bienfaits. Par contre, si nous nous anéantissons nous-mêmes, si nous semons la discorde, complotons les uns contre les autres et nous disputons, Dieu le Très-haut, nous retirera Ses bienfaits. Dieu ne fait preuve d'aucun favoritisme envers aucun peuple. « Il ne changera pas le bienfait accordé à un peuple tant qu'ils ne changent pas ce qu'ils ont en eux-mêmes » [Coran, 8 : 53]. Si Dieu vous accorde un bienfait, Il ne vous retirera pas ce bienfait à moins que vous-mêmes, vous soyez à l'origine de ce retrait. C'est l'expérience du peuple iranien qui a su préserver le bienfait divin. Il faut que ces expériences soient retransmises.

Les pays islamiques sont aujourd'hui confrontés à un complot non contre le chiisme, l'Iran ou telle ou telle religion particulière, mais à un complot contre l'Islam. Car le Coran appartient à l'Islam. Ce centre, ce foyer qui crie : « Et jamais Dieu ne donnera voie aux mécréants contre les croyants » [Coran 5 : 141] n'est pas le chiisme mais le Coran. Par conséquent, ils sont contre le Coran et contre tout centre et toute voix qui éveillent les gens et qui éveillent les peuples. Ils sont contre tout bras qui lutte contre l'Arrogance, ce bras est celui de l'Islam. Cette voix est celle de l'Islam. C'est pourquoi ils sont contre l'Islam.

Les méthodes pour lutter contre l'Islam sont variées. Aux premières années de la Révolution islamique, nous avons été informés que le régime sioniste avait chargé et payé des gens pour qu'ils réfléchissent sur l'Islam et le chiisme, étudient et mènent des recherches. A quoi devaient servir ces recherches ? Ces recherches avaient pour objectif de trouver le moyen de neutraliser ce facteur immense, cet éveil, cette prise de conscience, et de savoir comment ils pouvaient frapper les peuples musulmans qui avaient pris conscience de leur puissance et avaient compris qu'ils pouvaient agir. Ils ont dépensé pour cela des sommes faramineuses. Ce que je viens de dire n'est qu'un exemple, ils ont créé des dizaines de centres et de foyers - nous en connaissons un bon nombre et devinons les autres - en Europe, aux États-Unis, au sein du régime sioniste et dans certains pays qui sont leurs vassaux, pour trouver des solutions. Constatez comment ils s'évertuent à semer la discorde, à engendrer la violence, à déshonorer l'Islam, à démembrer les pays islamiques, à mettre face à face les nations musulmanes et les peuples par le biais des Blackwater américains, du Daech irakien ou syrien, ou d'autres. Ils cherchent et trouvent des moyens pour semer la discorde.

Ce sont nos expériences et des choses qui sont arrivées, il s'agit de choses que la nation iranienne a suivies de près et qu'elle a comprises. Lorsque nous insistons sur l'unité entre les écoles islamiques, entre chiites et sunnites, et entre les peuples musulmans, il ne s'agit pas de paroles. Nous connaissons la douleur et le remède. Nous sommes inquiets pour l'Ummah islamique, et c'est pour cette raison que nous suivons ces questions. Cela va de soi pour la nation iranienne, mais pour de nombreux peuples, ce n'est pas le cas. Le Hadj est l'occasion de transmettre, de répercuter et de le dire. Certes, il y a des détracteurs qui souhaitent que ces divergences persistent et ne veulent pas de ces échanges de vue, de ces rapports, de ces liens d'amitié et de ces échanges d'expériences, mais il faut trouver le moyen de le faire.

Une des tâches importantes dans le Hadj concerne ces aspects individuels et personnels. Le fait que nous insistions tant sur les aspects sociaux du Hadj, ne doit pas nous faire oublier ses aspects individuels, les supplications, l'humilité, l'obéissance et l'invocation. C'est une opportunité dont il faut profiter. Aucun lieu ne ressemble à Masjid ul-Haram ni à la mosquée du Prophète, et cette opportunité est à votre disposition et à la disposition des pèlerins. C'est vraiment faire preuve d'ingratitude que d'abandonner tout cela pour se rendre au bazar et dans telle ou telle boutique. On a conseillé d'éviter ces promenades dans les magasins mais malheureusement les rapports montrent qu'il y a encore des pèlerins qui souffrent de ce mal et ne pensent qu'à aller chez tel boutiquier ou tel commerçant - les femmes d'une manière, les hommes d'une autre - pour acheter des camelotes au double prix, l'embarquer dans l'avion et l'emporter à Téhéran ou dans d'autres villes. C'est vraiment une grande erreur. Il faut rappeler à notre peuple que c'est une erreur. On peut faire des achats partout, on peut aller partout au bazar, on peut acheter partout des marchandises, on peut jeter partout l'argent par la fenêtre car il s'agit vraiment de jeter l'argent par la fenêtre, on peut gaspiller partout de l'argent. Il vaut mieux s'occuper des choses que l'on ne peut pas faire partout comme contempler la Kaaba, célébrer la salat à la Mosquée sacrée et embrasser l'endroit où le Prophète a posé les pieds. Le Grand Prophète a marché dans cette ville et a parlé dans cet espace qui est rempli des paroles du Grand Messager de l'Islam. N'est-il pas dommage de ne pas respirer dans cet espace ! Dans quel autre endroit du monde peut-on trouver cela ? Il faut que nos pèlerins en soient reconnaissants car partout dans le monde, il est possible d'aller au bazar, de se promener et d'avoir des activités de ce genre, on peut le faire aussi à Téhéran, à Ispahan, à Tabriz et à Machhad ! Partout dans le monde on peut le faire. Il faut chercher ce que l'on ne peut pas faire ailleurs et qui est spécial au Hadj. Ce sont nos recommandations.

Nous souhaitons que Dieu le Très-haut, vous accorde à tous, in-cha-Allah, l'occasion d'un Hadj accepté et nous vous demandons de prier pour nous.

Avec mes salutations et que la miséricorde d'Allah et Ses bénédictions vous accompagnent !