Question : Comment et dans quelle mesure les clivages sociaux entre les différentes couches de la société américaine (Noirs et Blancs, démocrates et républicains, capitalistes et classes moyennes, etc.) ont-ils provoqué le déclin de l'Amérique ?

 

Dr Saeidi : Au nom de Dieu, Clément et Miséricordieux. Dès le début, la société américaine était une société établie sur la base des immigrés. Eh bien, comme vous le savez, lorsque l'Amérique a été (comme on l'a dit tristement) "découverte", elle avait une population indigène d'Indiens. Mais la population blanche qui est entrée dans ce territoire était constituée d'immigrants d'Europe. Beaucoup d'entre eux étaient des financiers de pays européens, en particulier d'Angleterre. De nombreux Juifs s'y sont également rendus en pensant que les États-Unis étaient la Terre Promise. L'Amérique était un endroit très approprié pour établir une société humaine en raison de sa riche zone géographique. Et puis d'autres y ont migré à partir de différents pays et communautés avec des couleurs différentes. En raison de la question de l'esclavage, les Noirs sont entrés en grand nombre aux États-Unis en provenance de différents pays et ce, au cours de plusieurs siècles.

Mais le point important était que l'Amérique était considérée comme un « melting pot ». Un « melting pot » est l’image d’un creuset en ébullition qui peut faire fondre ces différentes personnes venues de divers horizons raciaux, de différentes nationalités et de différentes classes sociales. Il peut les rapprocher autour des valeurs américaines et naturellement transformer ces divergences en convergences. Eh bien, évidemment, l'une des caractéristiques les plus importantes d'une société prospère est la cohésion sociale. Mais dans le cas de l'Amérique et de la situation qui existe aujourd'hui, [le problème est que] le creuset n'a pas très bien fonctionné. C'est parce que ceux qui ont émigré aux États-Unis ont conservé leurs propres caractéristiques et leurs propres colonies. Par exemple, les Arabes qui vont aux États-Unis maintiennent le même style de vie qu'ils ont toujours eu. Ils se sont installés dans des zones où il leur est possible d'avoir le même style de vie grâce aux boutiques, magasins et mosquées qui s'y trouvent. Ou [un autre exemple, ce sont] les Chinois qui y ont construit « Chinatown ». Et il en va de même pour les Portoricains, les Hispaniques et les Mexicains. Cette question a créé aujourd'hui en Amérique une situation où ces divisions sociales peuvent être vues. En d'autres termes, il existe des différences raciales, des différences de couleur de peau et des différences sociales. Ces valeurs américaines n'ont pas nécessairement été en mesure d'éliminer ces différences. Donc, vous le savez peut-être déjà, mais les Mexicains, les Portoricains et les Hispaniques y constituent une très grande population. Et aujourd'hui, il y a un combat sérieux entre eux et les premiers Américains. Ou, il y a la querelle entre les Noirs et les Blancs, laquelle est une blessure et un différend chroniques qui existent aux États-Unis. Les Noirs croient que leur dignité sociale n'a pas été respectée par les Blancs et ils ont été torturés par la police américaine pendant de nombreuses années et décennies. Le mouvement « Ku Klux Klan » a tué des Noirs, et une grave discrimination raciale existait et existe toujours à l'encontre de la population noire. Ces choses ont amené la société américaine à se transformer en une société fragmentée sur le plan social, et cela est devenu extrêmement évident pendant la période où Donald Trump est arrivé au pouvoir. Ce dernier est venu et a intensifié ces différends dans une certaine mesure.

Ainsi, l'accent était mis sur une race purement blanche, une Amérique pure, sur l'opposition à l'acceptation d'immigrants, l'antagonisme envers les Chinois et l'antagonisme envers les Mexicains, en disant : « Ils nous prennent nos emplois, ils nous créent du chômage ». Aujourd'hui, il y a des discussions comme Calexit, qui signifie la sécession de l'État de Californie des États-Unis d'Amérique. Et il y a aussi d'autres États dans une situation similaire. Bien sûr, cela ne signifie pas l'effondrement immédiat des États-Unis. Il ne faut donc pas nécessairement considérer le déclin des États-Unis comme synonyme de son effondrement. Quoi qu'il en soit, l'une des caractéristiques d'une société qui réussit est la cohésion, l'homogénéité et l'unité sociale. Mais la société américaine d'aujourd'hui manque de ces facteurs. Il ne semble pas que ces questions puissent être réglées dans un avenir proche, et il est peu probable que le creuset américain puisse les réunir. Ce problème a conduit à une situation sociale fragile en Amérique. Bien que, comme je l'ai déjà dit, cela ne signifie pas un effondrement imminent. Il y a des problèmes comme Calexit, mais il est peu probable qu'ils se produisent réellement.

 

Question : En ce qui concerne les événements liés à la présence américaine dans le monde au cours des dernières décennies, tels que la situation en Afghanistan, en Irak, la crise en Ukraine, etc., ces questions auront-elles un impact sur l'isolement et le déclin de l'image de l'Amérique parmi les alliés et les pays non alliés ?

 

Dr Saeidi : Oui, la réponse est définitivement oui. Vous voyez, les États-Unis, en tant que pays qui se considéraient comme l'hégémon et le régulateur du système international, prévoyaient d'entrer dans différents endroits. Ils voulaient, selon leurs propres déclarations, « résoudre les problèmes, apporter la démocratie, faire des interventions humanitaires, éradiquer les régimes dictatoriaux (comme ce qui s'est passé en Afghanistan et en Irak) et apporter la sécurité et la démocratie au peuple ». Bien sûr, ce sont toutes leurs politiques telles qu'elles les ont annoncées.

Mais en pratique, ce que d'autres pays et l'opinion publique mondiale ont observé, c'est que les États-Unis ont échoué dans la plupart de ces projets, et les choses qui ont été discutées dans les politiques qu'ils avaient annoncées n'ont jamais été réalisées. Les États-Unis ont envahi l'Afghanistan en 2001 sous prétexte de lutter contre le terrorisme, de réprimer les talibans et de sauver le peuple afghan de ces terroristes. Cependant, vous avez vu comment, sous l'administration Biden, les États-Unis se sont retirés d'Afghanistan après toutes ces années sans avoir accompli aucun progrès. Vous avez vu comment les États-Unis se sont retirés. C'était un départ soudain et précipité. À qui l'Afghanistan a-t-il été remis ensuite ? Il est tombé entre les mains des talibans, le groupe que les États-Unis cherchaient à renverser lorsqu'ils sont entrés en Afghanistan en 2001. Toutes les [années de] guerre, toutes les destructions qui ont eu lieu, le meurtre de toutes ces femmes et de tous ces enfants, et des attaques contre des écoles et des cérémonies de mariage de civils ordinaires, mais que s'est-il passé après tout cela ? Après environ 20 ans d'occupation, les États-Unis ont abandonné l'Afghanistan dans cette situation.

La même chose s'est produite en Irak. L'occupation de l'Irak et le renversement de Saddam Hussein dans le but d'instaurer la démocratie en Irak ont finalement conduit à des années de guerre dans ce pays, aux scandales de la prison d'Abu Ghraib, au meurtre de civils et aux dégâts considérables qu'ils ont causés. Finalement, les Américains ont été contraints de quitter l'Irak sans avoir résolu le problème de l'insécurité dans le pays. Vous avez vu ce que Daech a fait à l'Irak. Si la République islamique d'Iran n'avait pas aidé, Daech aurait certainement acquis une domination en Irak. Ou le moins qui se serait produit, c'est que nous aurions vu un Irak divisé, et les Américains étaient prêts à accepter une telle situation.

C'est pareil dans d'autres endroits aussi. Aujourd'hui, nous entendons parler de questions similaires par un certain nombre d'universitaires qui ont critiqué la présence et l'intervention des États-Unis dans les affaires de l'Ukraine. John Mearsheimer, professeur renommé de réalisme structurel, affirme que l'intervention des États-Unis dans le cas de l'Ukraine a conduit leurs alliés, par exemple en Asie de l'Est, à ne plus les considérer de manière positive. Ils sont inquiets. Parce que même si les États-Unis avaient dit qu'ils apporteraient un soutien militaire à l'Ukraine contre la Russie, dans la pratique, ils ont laissé l'Ukraine se battre seule parce que l'Ukraine n'avait aucune valeur stratégique pour eux. Un soutien en armes ou un soutien médiatique a été fourni. Mais malgré tout ce qui a été dit, aucun soutien militaire n'a été apporté à l'Ukraine. Et aujourd'hui, l'Ukraine reste sans défense face à la Russie. Des gens comme John Mearsheimer ont déclaré que les alliés de l'Amérique dans d'autres parties du monde comme l'Asie de l'Est, où les États-Unis sont censés les soutenir contre la Chine, se demandent maintenant si les États-Unis peuvent vraiment les soutenir. Eh bien, nous avons tous vu des exemples de ce que les États-Unis ont fait en Afghanistan, en Irak, en Libye et en Ukraine. Non seulement ils n'ont pas amélioré la situation dans ces endroits, mais ils ont également provoqué l'escalade des crises partout où ils ont été présents. Cela a énormément nui au rôle et à l'image des États-Unis au niveau international, en particulier dans l'esprit de leurs alliés. L'Amérique était censée placer un parapluie de sécurité sur eux, mais elle ne pourra jamais le faire parce qu'elle ne l'a pas fait dans des cas similaires. Alors, sera-t-elle vraiment en mesure de les soutenir ? Et c'est une grave source d'inquiétude pour eux. Ainsi, ces dernières années, les projets internationaux des États-Unis ont un à un entraîné le déclin de son image sur le plan international, notamment dans l'esprit et aux yeux de leurs alliés.

 

Question : Au cours des dernières décennies, les États-Unis ont dépensé d'importantes sommes d'argent dans la région de l'Asie de l’Ouest. Cependant, selon ce qu'un nombre important d'experts ont déclaré, les États-Unis n'ont pas été en mesure de récolter des bénéfices proportionnels à leurs lourdes dépenses. Comment cette affirmation peut-elle être expliquée et interprétée dans le contexte du déclin (militaire, stratégique et cognitif) de l'Amérique ?

 

Dr Saeidi : Naturellement, chaque fois que nous prévoyons d'évaluer la politique étrangère d'un pays pour voir si elle a réussi, nous examinons quels étaient les objectifs de ce pays et s'il a été en mesure d'atteindre ces objectifs et de protéger ses intérêts nationaux. En effet, les objectifs sont conçus en fonction des intérêts nationaux. C'est donc notre critère d'évaluation du taux de réussite de la politique étrangère d'un pays. Son succès se traduit par la réalisation de ses objectifs. Cela peut être notre critère d'examen de la politique étrangère américaine.

Par exemple, les États-Unis ont pris certaines mesures dans la région de l'Asie de l’Ouest. Ils ont attaqué l'Afghanistan, établi des bases militaires et stationné un grand nombre de troupes dans la région. Toutes ces mesures ont entraîné de lourdes dépenses. Alors, quel était l'objectif que les États-Unis avaient en tête sur la base de la politique qu'ils avaient déclarée ? Ils ont annoncé leur objectif, qui était le renversement des talibans. Combien d'années sont-ils restés en Afghanistan ? 20 ans. Maintenant la question est : « Les talibans ont-ils été renversés ? » Non, aujourd'hui les talibans ont totalement l'Afghanistan sous leur contrôle. Ils ont pris le contrôle de l'Afghanistan, renversé le gouvernement d'Ashraf Ghani et pris sa place. Les Américains se sont contentés de regarder et ils ont finalement quitté l'Afghanistan. Ont-ils pu apporter la sécurité en Afghanistan ? Non. Ont-ils contribué au développement de l'Afghanistan ? Non. Pendant la période où les Américains étaient en Afghanistan, le pays s'est énormément détérioré en termes de corruption politique, d'augmentation du trafic de drogue, d'augmentation d'insécurité, et maintenant les talibans sont complètement aux commandes. Par conséquent, vous pouvez évaluer et comparer la présence des États-Unis en Afghanistan avec les dépenses qu'ils ont faites au cours de ces 20 années tout en gardant à l'esprit les objectifs que les États-Unis s'étaient fixés pour leur présence dans ce pays.

Que s'est-il passé en Irak ? Trump a lui-même déclaré qu'ils avaient dépensé environ 7000 milliards de dollars en Irak. C'est un chiffre déconcertant ! Quels objectifs y ont-ils atteints ? La sécurité a-t-elle été restaurée en Irak ? Les États-Unis étaient-ils capables de gouverner le pays ? Trump lui-même a déclaré : « Nous avons dépensé 7000 milliards de dollars en Irak. Mais maintenant, chaque fois que je veux aller en Irak, je dois y aller en secret et en cachette. Mais vous avez vu à quel point notre présence régionale [de l’Iran] en Irak est devenue forte. Nous avons atteint beaucoup de poids là-bas à l'époque du général Qassem Soleimani en termes de matériel et de logiciel. C'est nous qui avons mené la lutte contre Daech. C'est nous qui avons préservé l'intégrité territoriale de l'Irak. C'est nous qui avons chassé Daech d'Irak, bien qu'il eut complètement pris le contrôle de parties importantes de l'Irak, y compris les provinces de Mossoul et d'Al-Anbâr. Il avait déjà formé un gouvernement, frappé des pièces de monnaie et imprimé des billets bancaires. Les Américains disaient qu'il faudrait peut-être 30 ans pour combattre Daech, mais notre général Soleimani a dit qu'il faudrait moins de deux mois pour voir la fin de Daech, et c'est ce qui s'est passé. Après cela, les États-Unis ont été contraints de se retirer d'Irak lorsque le parlement irakien a adopté une loi revendiqué le retrait des troupes étrangères du pays. Ainsi, un gouvernement national a été établi en Irak, les États-Unis ont été pratiquement mis de côté, et ils n'ont joué aucun rôle dans le processus de formation d'un nouveau gouvernement irakien.

Ou considérons la situation au Liban. En 2006, Condoleezza Rice a décrit l'attaque d'Israël contre le Liban comme « l'enfantement d'un nouveau Moyen-Orient ». Le plan du Grand Moyen-Orient devait être exécuté. Qu'est-il arrivé à ce plan ? Où est passé l'argent que les Américains et les Israéliens ont dépensé pour faire avancer le plan du Grand Moyen-Orient ? Au cours de la toute première étape, la guerre contre le Liban s'est terminée par la honteuse défaite d'Israël. Le Hezbollah a gagné cette guerre et personne ne parlait plus du plan du Grand Moyen-Orient. C'était la fin du plan.

Ou dans le cas de la Syrie, combien d'argent et de crédits les États-Unis ont-ils dépensés pour renverser le gouvernement d'Assad ? Ils ont formé les hommes armés en utilisant leurs alliés régionaux, comme l'Arabie saoudite, etc. Ils les ont armés et ont été forcés d'abandonner nombre de leurs propres normes afin de justifier la présence des terroristes en Syrie. Ainsi, ils ont créé le bon terrorisme et le mauvais terrorisme. Quand Hillary Clinton était secrétaire d'État américaine il y a de nombreuses années, elle avait l'habitude de dire qu'"Assad doit partir". Mais que s'est-il passé ? Malgré toutes ces dépenses, la détermination de l'Iran et de l'axe de la résistance ont prévalu. Aujourd'hui, Hillary Clinton est partie, mais Bachar al-Assad est resté là où il était.

Ainsi, les nombreux échecs des États-Unis dans leurs plans de politique étrangère et leur incapacité à atteindre leurs objectifs de politique étrangère avec ces dépenses ridicules sont un signe du déclin de l'Amérique. Parce que lorsque vous voulez mettre en œuvre un projet sur la scène internationale et que vous échouez, cela montre que vos souhaits ne peuvent pas être réalisés dans ce système. Même si vous vous considérez comme une superpuissance, vous n'avez pas une détermination assez forte et vous échouez. Et cet échec ne s'est pas produit qu'une seule fois. Cela s'est produit dans de nombreux domaines. Pour un analyste des relations internationales, cela indique clairement que l'agent n'est plus un atout efficace, puissant et hégémonique dans le système international, et de toute évidence, son pouvoir a diminué.

 

Question : Le monde est aujourd'hui confronté à de nombreuses crises et défis dans des domaines tels que : les femmes et la famille, les droits des enfants, les Noirs, les personnes âgées, la faim et la pauvreté généralisées et parfois délibérément créée dans de grandes parties du monde (Afrique, etc.), l'injustice et l'apathie internationale (sur les questions du Yémen, de la Palestine, etc.). Certains considèrent les crises susmentionnées comme le résultat de la domination de la pensée et de la civilisation américaines sur le monde. Si cette idée est vraie, dans quelle mesure ce problème a-t-il contribué au déclin des États-Unis ? De plus, le déclin des États-Unis entraînera-t-il l'élimination de la domination de la vision du monde et de la civilisation américaines ?

 

Dr Saeidi : Oui, c'est aussi tout à fait vrai. Pas seulement nous, mais de nombreux universitaires occidentaux critiques considèrent également que les crises sont le résultat de la domination de la pensée et de la civilisation américaines. Donc, ce n'est pas nous qui le disons. À titre d'exemple, l'intelligentsia de l'école de Francfort - comme Theodore Adorno, Marx Horkheimer, Herbert Marcuse et d'autres théoriciens critiques -, a été témoin de la laideur et des couches sombres de la modernité, qui ont conduit à deux guerres mondiales, à de vastes défis, à la destruction de l'environnement, à la pauvreté, à l'insécurité, à la famine et à l'injustice. Lorsque ces problèmes ont été découverts après avoir examiné ces crises, ils ont dirigé leurs critiques vers la recherche des racines et des causes de ces crises. Et dans le domaine de la philosophie, ils ont dirigé leurs critiques vers la modernité et ses bases et fondements. Ils croyaient que la modernité et ses fondements philosophiques, tels que le positivisme, le rationalisme et le scientisme, ont fait souffrir l'humanité de ces crises. Ils essaient de révéler la couche cachée cruelle et injuste de leurs discours, parce que les discours dominants veulent que cela reste caché aux yeux des autres. Les critiques veulent dire que ceux-ci sont causés par la domination du libéralisme et du capitalisme, mais les théories de la domination, telles que le libéralisme et le réalisme, tentent de justifier la domination des États-Unis.

Par conséquent, non seulement la pensée et la civilisation américaines ont été remises en question dans le monde islamique et le monde non occidental, mais elles ont également été remises en question dans le monde occidental d'aujourd'hui. La validité de leurs propositions scientifiques et philosophiques a été sérieusement remise en question. Une autre question est que le libéralisme était devenu l'idéologie supérieure mondiale après l'effondrement du communisme russe - comme Fukuyama l'a déclaré dans son article " La Fin de l'histoire et le Dernier Homme", où il a promis que l'histoire se terminerait avec le libéralisme. Mais cela a été remis en question maintenant et ils révèlent leurs couches injustes et cruelles. Les crises et les défis sévissent aujourd'hui dans divers domaines et sur différents problèmes, notamment les femmes et les familles, les enfants, les personnes noires, les personnes âgées, la pauvreté, la faim, l'insécurité et l'injustice. Cela se produit partout dans le monde et même sur les territoires des pays développés. Il est tout à fait vrai de dire que ceux-ci sont le sous-produit de la domination de la pensée et de la civilisation américaines. En réponse à la question de savoir dans quelle mesure cette question peut contribuer au déclin des États-Unis, nous pouvons dire que puisque la validité de cette pensée et de cette civilisation est remise en question en Occident même, cela indique qu'elle ne peut plus être utilisée comme le meilleur logiciel. Il existe aujourd'hui d'importantes alternatives. Par exemple, les valeurs asiatiques sont évoquées aujourd'hui en réponse aux valeurs américaines. Nous assistons au retour du pouvoir et de la richesse à l'Est à la place de l'Ouest. Les Occidentaux eux-mêmes ont affirmé dans de nombreux livres et articles que le centre du pouvoir et de la richesse revenait à l'Est. Et il y a aussi le monde islamique et l'Islam politique qui s'est relancé après la victoire de la Révolution islamique. C'est actuellement une alternative significative pour la gouvernance. Ces problèmes ont surgi en remettant en question la domination de la culture et de la civilisation américaines. Naturellement, cela signifie que la vision du monde occidentale et l'anthropologie américaine sont en train de perdre leur domination. Par conséquent, nous nous trouvons aujourd'hui dans une situation où la souveraineté de la pensée et de la civilisation américaines est depuis longtemps exposée à de sérieux défis.

 Question : Comment et dans quelle mesure les expériences historiques des nations qui ont interagi avec les États-Unis (comme le Vietnam, l'Irak, l'Afghanistan, la Palestine, Cuba, le Venezuela, etc.) ont-elles eu un effet négatif sur l'image hégémonique et onirique de l'Amérique parmi les d'autres nations ? Et dans quelle mesure cette question montre-t-elle le déclin et l'isolement des États-Unis ?

 

Dr Saeidi : L'expérience des nations dans l'histoire a montré que pour les pays non-occidentaux, qu'ils soient appelés nations du tiers-monde, sous-développées, en voie de développement, ou peu importe comment on les appelle, faire confiance et se rapprocher des États-Unis ne leur a pas apporté grand-chose, de n'importe quoi. Au contraire, cela a entraîné de grands dégâts et des échecs. Considérons des pays comme le Vietnam, l'Irak, l'Afghanistan, la Palestine, Cuba et le Venezuela, par exemple. Ils font tous partie du monde non occidental. Il n'y a pas d'expériences historiques réussies en ce qui concerne l'interaction de ces pays avec les États-Unis. Il y a une idée qui existe parmi de nombreux intellectuels, même dans notre propre pays, que la racine de tous les problèmes est due au fait que nous n'avons pas de relations avec les États-Unis. Ils disent que si nous avons des relations avec les États-Unis, tous nos problèmes seront résolus, nous ferons des progrès, nous pourrons nous développer, nous atteindrons les sommets, nous n'aurons pas de problèmes de sécurité, etc. Cependant, l'expérience des nations dans les pays susmentionnés a montré que ce n'est absolument pas le cas. Aucune des autres nations qui ont testé cela n'a atteint un résultat approprié et souhaité.

Nous pouvons le constater à travers ce qui est arrivé à notre propre voisin à l’ouest, l'Irak, et à notre voisin à l’est, l'Afghanistan. Ou encore, dans le cas des Palestiniens qui ont fait confiance aux États-Unis lors de plusieurs conférences de paix qui ont eu lieu, les États-Unis agissant comme médiateur entre les Palestiniens et le régime sioniste. Cependant, ils ont vu que les médiations américaines se sont toutes terminées en faveur d'Israël et n'ont porté aucun fruit pour les Palestiniens. De même, les nations de Cuba et du Venezuela ont également vu que les relations avec les États-Unis ne résolvaient pas leurs problèmes.

Par conséquent, comme cela a été mentionné dans les réponses aux questions précédentes, à l'heure actuelle, les alliés des États-Unis ne sont même pas sûrs de pouvoir faire confiance et compter sur les États-Unis. Ils ne savent pas si leurs problèmes de sécurité seront résolus s'ils passent sous la bannière des États-Unis. L'expérience historique a montré que cela n'arrivera pas et que les États-Unis ne traiteront pas leurs alliés de la bonne manière.

Maintenant, l'expérience de notre pays pendant la période Pahlavi est beaucoup plus amère. Nous avons vu comment la confiance de Mohammad Mosaddeq envers les Américains a conduit au coup d'État honteux qui a eu lieu le 19 août 1953. Plus significative encore, c’était la confiance du gouvernement Pahlavi envers les Américains. Vous avez vu quel résultat sinistre et amer cela a eu pour le Chah d'Iran. Il n'y avait rien que le Chah d'Iran n'ait pas fait pour les Américains, et les Américains ont dit que c'était l'île de stabilité dans la région instable de l'Asie de l’Ouest. Mais vous avez vu avec quelle rapidité ils lui ont tourné le dos après les premiers signes de la Révolution. Ils n'ont même pas permis au Chah d'Iran d'entrer en Amérique malgré toutes les propriétés et les terres qu'il possédait là-bas. Ainsi, il a été contraint de déménager honteusement dans divers autres endroits. À la fin, il a dû mourir dans un hôpital en Égypte. À cette époque, il était très critique à l'égard des Américains et bouleversé qu'ils l'aient abandonné seul.

Hosni Moubarak et Mouammar Kadhafi ont subi un sort similaire à celui de Mohammad Reza Chah. Ces dictateurs ont été soutenus par les États-Unis pendant de nombreuses années, mais ils ont été laissés seuls au moment le plus critique de leur vie. Leurs destins montrent que les États-Unis ne sont certainement pas un allié digne de confiance. Les États-Unis ont démontré qu'ils n'ont jamais agi en tant que pays leader et qu'ils ont toujours considéré leurs propres intérêts. Ils ont laissé leurs alliés seuls dans les moments difficiles, même ceux qui les avaient servis pendant de nombreuses années. Le peuple ukrainien voit la même chose aujourd'hui. L'Ukraine, pays qui se trouve en Europe et qui est considéré comme faisant partie de la famille du monde occidental, a vu aujourd'hui que les États-Unis les ont laissés parce qu'ils estiment que l'Ukraine n'a aucune valeur ajoutée et aucune valeur stratégique pour les Américains. Ainsi, en pratique, ils ont laissé l'Ukraine seule pour affronter la Russie. Ces expériences historiques montrent que les États-Unis sont en déclin et incapables de démontrer leur leadership et leur image hégémonique. Ils ne peuvent pas agir comme un hégémon.

Pour conclure, je voudrais revenir une fois de plus sur le récent discours du professeur John Mearsheimer concernant l'Ukraine. Il a donné le même avertissement, disant qu'en raison de leur politique étrangère incorrecte, leurs alliés, par exemple ceux d'Asie de l'Est, pourraient devenir méfiants envers eux [les Américains] face à la Chine… Ces choses conduiront naturellement à l'isolement des Etats-Unis dans les années et les décennies à venir.

 

Dr Ruholamin Saeidi est professeur adjoint à l'Université Imam Sadegh (as), Faculté des sciences politiques et des relations internationales. Ses domaines d'expertise comprennent les théories des relations internationales et la théologie politique internationale.

 

(Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l'auteur et ne reflètent pas nécessairement celles de Khamenei.ir.)

Source : https://english.khamenei.ir/print/9338/In-the-new-world-order-the-isolation-of-US-is-definite