A l'époque de l'oppression, je connaissais un célèbre professeur qui s'était prosterné aux pieds du Shah, Mohammad Réza Pahlavi. Les professeurs étaient alignés et quand Mohammad Réza est passé devant eux, cet homme s'est jeté aux pieds du Shah. Ces pratiques étaient fréquentes chez les généraux de l'armée. Mais cette fois-ci, c'était un célèbre savant et chercheur. Un homme qui avait fait tant de recherches et écrit tant de livres, se prosternait à ses pieds ! Ses élèves le lui reprochèrent et lui demandèrent pourquoi il s'était ainsi prosterné aux pieds de cet homme sans instruction". Les universitaires généralement, ne reconnaissent personne, et ne se soucient pas de la politique. Ils restent entre savants. Fondamentalement, il n'y a rien de plus attrayant et de plus utile pour un chercheur que de la connaissance. "Illettré" est la pire étiquette que vous puissiez accoler à un érudit. Aucune insulte n'est pire que celle-là. Ceci est une réalité dans tous les domaines académiques et voilà que ce savant se prosternait aux pieds de ce tyran ignorant ! Ses amis et ses étudiants le lui reprochèrent et il n'eut rien à répondre. Il a juste dit qu'il avait été fasciné par le roi ! Cette phrase devint un slogan pour les amis qui fréquentaient l'université et les universitaires se divisèrent en deux groupes : ceux qui sont fasciné par le sultan et ceux qui sont fasciné par la science ! Bien sûr, à cette époque, nous avions des savants qui souffraient, simplement parce qu'ils n'accordaient aucune attention à ces tyrans. Ils refusaient de se jeter à leurs pieds, de baiser leurs mains ou de s'incliner devant eux.  Ils estimaient que leur dignité valait mieux et que leurs idées dépassaient ces régimes ignorants dépourvus de toute connaissance. Ils jugeaient les biens matériels trop médiocres pour se salir en les recherchant.   
 
(Extrait d'un discours prononcé devant les doyens des facultés de médecine, le 10 octobre 1990)