Ce qui suit est le texte intégral du discours prononcé le 17 Mai 2009, par l'Ayatollah Sayed Ali Khamenei, Guide suprême de la Révolution islamique, aux étudiants et aux professeurs de la province du Kurdistan.

Au nom d'Allah le Très Miséricordieux, le Tout Miséricordieux

La réunion organisée dans votre université, chers jeunes, étudiants et scientifiques, a été très fructueuse et prometteuse. Les réunions qui sont organisées avec les jeunes en particulier dans cette ambiance avec les étudiants et les universitaires, sont toujours fructueuses, à la fois pour le locuteur, les interlocuteurs et l'ensemble du pays.
Je connais bien l'esprit progressif, novateur, actif et dynamique de nos étudiants parce que je suis constamment en contact avec eux, et j'espère maintenir cette relation. Ce grand rassemblement et en particulier ce que nos chers amis, étudiants et professeurs, ont déclaré aujourd'hui, nous rend encore plus optimistes. Avec un tel esprit et un tel dynamisme, tout le monde doit être persuadé que l'avenir du pays sera meilleur et plus avancé. Tout le monde doit avoir l'assurance que le pays et la République islamique feront beaucoup plus de progrès dans l'avenir. Nous avons constamment progressé depuis le début de la Révolution et grâce à cette prise de conscience des jeunes, leur attention aux idéaux nationaux et leur sens des responsabilités, nous pouvons prévoir que le rythme de nos progrès sera doublé dans l'avenir. Certains ont une vision négative de la jeune génération qui vient de leur fanatisme et de leur ignorance. Ils pensent que nos jeunes ont tourné le dos à nos idéaux, je ne le crois pas et je n'ai jamais cru ce que ces gens disent. Nos jeunes vont de l'avant, ont des buts déterminés et ont beaucoup d'espoir et, par la faveur d'Allah, cette énergie qui est celle de la jeunesse, les aidera à assumer les lourdes responsabilités qui leur incombent dans le pays.
Avant d'aborder ce que j'ai prévu, je voudrais commenter les déclarations de nos chers amis. Les commentaires qui ont été faits, étaient intéressants et les solutions, appropriées et utiles, qui ont été proposées, concernent principalement les questions scientifiques et technologiques, et l'amélioration de la qualité des laboratoires et des milieux universitaire. Nos amis ont également souligné l'importance de soutenir les industries qui se fondent sur un savoir scientifique. Toutes ces questions sont des questions que nous approuvons. Il y avait quelques points nouveaux dans les discours de nos amis et j'espère que les responsables gouvernementaux qui sont présents à cette réunion, le Ministre des Sciences et le Ministre de la Santé, ainsi que le vice-président chargé des Affaires scientifiques, prêteront attention aux questions de recrutement des élites, à l'instauration de relations et à d'autres questions qui ont été discutées ici. Je crois que les excellentes suggestions qui ont été faites doivent toutes être prises en considération. Quand je reviendrai à Téhéran, je demanderai aux responsables de me présenter un rapport sur l'application de ces projets, dans la mesure du possible.
La proposition d'un "Parlement étudiant" qu'a faite une étudiante, est une proposition très belle mais très irréaliste, et n'aidera ni les étudiants ni le pays. Nous devons nous détourner autant que possible des formules de spectacle et des slogans, et nous tourner vers les mesures fondamentales, efficaces et applicables qui nous aideront à progresser. Admettons qu'un Parlement étudiant soit créé, imaginez le temps que nos étudiants vont consacrer à l'élection de ses membres ! Il faudra également déterminer quelles universités, quelles villes, quelles tendances et quelles orientations, politiques et intellectuelles, seront représentées dans ce Parlement !
Actuellement, tous nos efforts s'orientent vers le développement de l'enthousiasme pour la recherche et l'acquisition de connaissances, dans le milieu universitaire. De plus, ma chère fille a également déclaré que ce Parlement devrait avoir des pouvoirs exécutifs. Qu'est-ce que ce qui est censé être un Parlement a à voir avec un pouvoir exécutif ? Il déciderait lui-même les lois, puis les mettrait en pratique! Imaginez les conséquences d'un tel organisme dans l'université. Je suis absolument d'accord avec le fait que les étudiants doivent être soutenus, écoutés et traités avec bienveillance, et qu'ils doivent être autorisés à exprimer leurs points de vue, mais ce n'est pas le bon moyen.
Cette jeune étudiante a exprimé son point de vue avec un tel enthousiasme que le vieillard que je suis, a eu un sentiment de jeunesse. Ce parlement, selon elle, aiderait les étudiants à faire entendre leur voix. Je pense qu'à cet égard, la présente réunion est meilleure qu'un parlement pour transmettre votre message aux représentants du gouvernement et que vous devriez essayer d'augmenter le nombre de ces réunions.
C'est une des raisons pour laquelle je tiens à organiser des rencontres avec les étudiants lors de mes voyages en province ainsi que dans mes visites dans les différentes universités de Téhéran. Par ces réunions, je tiens à encourager les responsables du gouvernement à s'adresser face à face aux étudiants. Ce que vous avez dit aujourd'hui sera diffusé par l'IRIB dans tout le pays, et en tant que responsable gouvernemental, j'aurai entendu vos opinions ainsi que les responsables des questions universitaires. Votre avis sera également transmis aux représentants du gouvernement.
Connaissez-vous un meilleur moyen de vous faire entendre ?
Vous devriez essayer d'augmenter le nombre de ces réunions amicales et éviter les politesses, je n'aime pas vraiment entendre nos amis dire des choses exagérées à mon sujet. Nos relations doivent être plus proches et plus naturelles. Les étudiants doivent pouvoir parler librement aux représentants gouvernementaux. De même les représentants gouvernementaux doivent pouvoir parler librement aux étudiants quand ils ont quelque chose à dire. De toute façon, cette réunion a été une très bonne réunion et je tiens à remercier tous les intervenants.
Ce dont je veux parler maintenant est totalement en accord avec la nature de la jeunesse et des étudiants de notre pays. Il s'agit de l'avenir qui est la période de temps qui vous appartient. Votre participation sera efficace et déterminante dans l'avenir. Je voudrais évoquer le slogan de la quatrième décennie de la Révolution qui est «La décennie du progrès et de la justice ». Cette décennie a déjà commencé. J'ai nommé la quatrième décennie de la Révolution «La décennie du progrès et de la justice ». Bien sûr, il n'est pas possible de faire des progrès ou d'instaurer la justice par des slogans. Les progrès et la justice seront atteints par la clarification, la persévérance et le renforcement des efforts et des volontés. Nous devons tous faire de la question du progrès et de justice, un sujet de dialogue national. Sans volonté et sans efforts, les plans ne seront pas appliqués et nous ne pourrons pas atteindre nos objectifs. La question de la justice et du progrès doit être clarifiée. Je tiens à aborder plus largement celle du progrès car la question de la justice représente un domaine très large.
D'abord, je tenterai d'esquisser dans la mesure du possible, une image succincte et concise de cette question. Je présenterai certains éléments de progrès pour présenter les grandes lignes de notre conception du progrès. Ensuite, j'énumérerai quelques conditions préalables au progrès et, si le temps nous le permet, je ferai allusion aux obstacles et aux problèmes qui peuvent apparaître dans la voie du progrès.
En ce qui concerne la première question qui est la présentation d'un schéma général du progrès, je citerai un certain nombre de points qui nous donneront un aperçu de ce schéma général.
Le premier point est que notre définition du progrès ne doit pas être associée au concept occidental du «développement». Dans le discours politique et international, le développement est un mot familier aujourd'hui et ce que nous entendons par progrès peut comporter certains points communs avec la notion de développement dans le monde contemporain. Mais le mot progrès doit être défini dans notre terminologie, et ne pas être confondu avec le concept occidental de développement. Ce que nous essayons de réaliser n'est pas forcément conforme au modèle occidental de progrès. Pendant de nombreuses années, les Occidentaux dans une tactique habile de propagande, ont divisé les pays du monde en trois parties, les pays développés, en voie de développement et les pays sous développés. Au début, nous sommes amenés à penser que les pays développés sont les pays qui possèdent une haute technologie. Les termes « sous développés » et « en voie de développement » sont conçus dans le même sens mais ces termes sont utilisés dans un contexte différent alors qu'il s'agit de tout autre chose.
Ces qualificatifs sont chargés d'une certaine valeur sémantique et suggèrent qu'un pays développé est un pays occidentalisé avec toutes les caractéristiques que cela comporte au niveau culturel, au niveau des traditions, du comportement et de l'orientation politique pro occidentale. C'est ce qu'ils entendent par «pays développés». Les pays en voie de développement sont ceux qui sont entrés dans un processus d'occidentalisation. Les pays sous développés sont ceux qui ne sont ni occidentalisés ni dans un processus d'occidentalisation. C'est leur manière d'interpréter ces termes. Lorsque les Occidentaux encouragent les pays au développement, ils les encouragent à s'occidentaliser ! Vous devez tenir compte de ce point. Bien sûr, les pays occidentaux développés ont des aspects positifs. J'en ai évoqués parfois quelques-uns dans mes discours. Si nous sommes censés apprendre ces aspects positifs, c'est à nous de les apprendre. Nous sommes même prêts à devenir leurs élèves. Mais nous pensons qu'il existe un certain nombre de choses qui sont contraires à nos valeurs. C'est pourquoi nous sommes absolument opposés à l'occidentalisation et au développement dans le sens occidental du terme. Le progrès que nous voulons est d'un autre domaine.
Le deuxième point est qu'aucun modèle absolu de progrès ne peut être appliqué dans tous les pays et dans toutes les communautés. Le progrès n'est pas une notion absolue. Il dépend de différents facteurs historiques, géographiques, géopolitiques, naturels et humaines, et des différentes conditions spatio-temporelles. Un modèle particulier de progrès peut être approprié dans un pays et inapproprié dans un autre. Par conséquent, il n'existe pas de modèle uniforme de progrès et nous ne devons pas chercher un tel modèle ni préparer le terrain à son application dans le pays. Non, notre pays a son propre modèle de progrès qui convient à nos conditions historiques et géographiques, à notre territoire, à notre nation, à nos traditions, à notre culture et à notre patrimoine. Nous devons trouver un modèle de progrès approprié. Les modèles tout prêts sont inutiles, ni les modèles américains, ni les modèles européens ou les modèles appliqués en Europe occidentale et dans les pays scandinaves, ne sont des modèles favorables pour notre pays. Nous devons chercher un modèle autochtone de progrès conforme à notre situation. Je suis en train de discuter ce point dans un milieu académique, cela signifie que les étudiants et les universitaires, doivent faire des recherches déterminées sur cette question. Par la grâce d'Allah, vous réussirez à trouver ce modèle.
Le point suivant est important et concerne les principes idéologiques qui déterminent la nature, favorable ou défavorable, de ce progrès. Chaque communauté et chaque nation ont un ensemble de principes intellectuels, philosophiques et éthiques, qui déterminent quel modèle de progrès est opportun ou inopportun. Ceux qui encouragent les gens à devenir européens, ne doivent pas ignorer le fait que les progrès de l'Europe reposent sur son passé, son contexte culturel et ses principes idéologiques. Il se peut que nous n'acceptions pas certains principes idéologiques européens. Il se peut que nous les critiquions et les rejetions Nous avons nos propres principes intellectuels et moraux. Au Moyen Age, l'Eglise en Europe s'est opposée à la science. Nous ne devons pas ignorer les motivations de la Renaissance scientifique en Europe. Les principes intellectuels, philosophiques et moraux conditionnent le genre de progrès pour lequel opte une société. Nos principes idéologiques nous avertissent qu'un modèle de progrès est licite ou illicite, favorable ou défavorable, juste ou injuste.
Imaginez qu'une société ses soit donné comme référence les profits lucratifs, c'est-à-dire que tout est évalué à partir de l'argent dans cette société, et les gens ne pensent qu'à la valeur financière et lucrative des choses. C'est le cas dans une grande partie du monde où tout est évalué en fonction de l'argent. Dans une telle société, une action a de la valeur uniquement si elle permet aux gens de gagner de l'argent, alors que la même action pourrait être considérée comme une antivaleur dans une autre société où l'argent et le profit ne sont pas des critères de jugement. De même, imaginez une société hédoniste. Lorsque vous demandez pourquoi ils considèrent, par exemple, que l'homosexualité est légitime, ils vous répondront que c'est parce que cela procure du plaisir. C'est le sens de l'hédonisme. Lorsque le plaisir est prioritaire dans une société, certains actes deviennent légitimes. Mais dans une philosophie, une idéologie ou un système moral qui ne donnent pas la priorité au plaisir, certaines choses sont interdites et illégales, même si elles procurent du plaisir. Dans une société qui n'est pas obnubilée par la recherche du plaisir, le plaisir ne peut justifier les actes, les décisions et leur légalité. Dans une telle société, vous ne pouvez pas prendre les mêmes décisions que celles que vous prendriez dans une société hédoniste, car leurs principes idéologiques sont différents.
Dans une autre société ou système idéologique, c'est l'argent qui compte sans se soucier de la façon dont il a été acquis, par le colonialisme, l'exploitation ou le pillage, la seule chose qui compte est de gagner de l'argent. Bien sûr, dans ces sociétés, ces réalités signalées de manière explicite seront démenties mais l'étude de l'Histoire apporte les éclaircissements nécessaires. Par exemple, aux Etats-Unis la défense des richesses personnelles constitue la base de la liberté individuelle et du libéralisme, considérés comme des valeurs absolues. Dans le contexte où l'Amérique s'est constituée et avec le peuple qui l'a créée, la reconnaissance absolue de la propriété individuelle était nécessaire aux efforts et aux activités économiques.
Bien sûr, le cas de l'Amérique est très étendu, d'un point de vue sociologique et dans un regard réaliste sur la société américaine. Lorsque l'Amérique, et non son gouvernement, s'est transformée en « un endroit pour gagner de l'argent », grâce à ses ressources naturelles, les gens qui sont venus étaient pour la plupart, des aventuriers européens qui avaient réussi la traversée périlleuse de l'Océan atlantique et s'y étaient installés. Tout le monde n'était pas prêt à émigrer en Amérique. Ceux qui avaient une bonne vie, un travail et une famille en Europe n'étaient pas prêts à partir en Amérique. Ceux qui sont allés en Amérique avaient de graves problèmes financiers ou étaient des proscrits ou des aventuriers. Ces gens-là devaient être vraiment audacieux pour traverser l'Océan Atlantique qui est un des océans les plus agités du monde, et quitter l'Europe pour l'Amérique. La majorité de la population au début, était constituée d'aventuriers. Pour aider ces aventuriers à coexister et à produire des richesses, il était nécessaire de défendre à tout prix la propriété individuelle et c'est exactement ce qu'ils ont fait. Dans certains westerns, vous voyez des gens qui sont condamnés à mort pour avoir volé une vache ! La richesse et la propriété individuelle étaient devenues des valeurs absolues. Bien sûr, ces films ne représentent pas toujours la réalité, mais ils en contiennent des traces. Dans une telle société, peu importe d'où vient l'argent.
La majorité des sociétés occidentales se sont enrichies grâce au colonialisme. La richesse que les Anglais ont obtenue aux 18e et 19e siècles, a été acquise par la colonisation des pays orientaux, en particulier le sous-continent indien. Ils ont pillé le sous-continent indien, l'ancien Siam [Thaïlande actuelle] et d'autres pays de cette région, et utilisé cette richesse pour imposer leur politique dans toute l'Europe et dans d'autres régions. Lisez et étudiez l'Histoire à ce sujet. Il est impossible de résumer en deux mots ce qu'ils ont fait en Inde. Les Anglais ont constitué leur fortune en saignant l'Inde qui était un pays très riche, et en versant toutes ces richesses au Trésor anglais. C'est comme cela que l'Angleterre est devenue un pays riche. Personne ne demandait d'où venait cette richesse qu'il fallait respecter ! Les progrès ont une signification particulière pour un pays mais dans un pays où le colonialisme, l'exploitation, le pillage, l'usurpation et la violation des droits des autres sont considérées comme des actes illicites et interdits, le progrès a une signification différente. Par conséquent, les principes idéologiques, éthiques et philosophiques jouent un rôle majeur dans la définition du progrès pour un pays.
Le point suivant est que les différences entre le progrès dans la pensée islamique et dans la conception occidentale, ne doivent pas nous faire oublier les similitudes. Il existe certaines similitudes comme le goût du risque qui est une des bonnes caractéristiques et des qualités des Européens comme l'innovation, les efforts et la discipline qui sont indispensables pour progresser dans toute société. Ce sont des exigences essentielles que nous allons apprendre et mettre en pratique si cela est nécessaire et si elles existent dans nos enseignements.
La question suivante est celle de la justice. Cette décennie baptisée "La décennie du progrès et de la justice", est très significative. L'augmentation du produit national brut (P.N.B.) est un des critères les plus importants pour tout pays mais il n'est pas juste de déduire qu'un pays dont le P.N.B. est de plusieurs milliers de milliards de dollars est plus développé qu'un autre pays dont le P.N.B. représente un dixième de celui-ci. La valeur élevée du P.N.B. n'est pas en elle-même, représentative des progrès réalisés dans un pays. Il faut voir comment ce P.N.B. est distribué dans le pays. Un pays dont le P.N.B. est extrêmement élevé mais dont les habitants dorment sur le trottoir et meurent de chaleur lorsque la température atteint 42 degrés, n'est pas un pays développé. On lit parfois dans les journaux que plusieurs personnes ont été victimes de la chaleur dans une grande ville occidentale, aux Etats-Unis ou dans d'autres pays. Pourquoi ces gens meurent-ils lorsque la température s'élève ? Parce qu'ils sont sans abri. Une société qui a des sans abris et des gens qui doivent travailler 14 heures par jour pour se nourrir, n'est pas une société développée même si son P.N.B. décuple. Selon la pensée islamique, cette société n'a réalisé aucun progrès. Par conséquent, la justice est une question extrêmement importante.
Certes, il y a beaucoup d'autres choses que je voudrais mentionner au sujet des progrès. Fondamentalement, la vision islamique du progrès est fondée sur la vision de l'être humain en islam. Dans la vision islamique, l'être humain a deux étapes dans la vie, l'une dans ce monde et l'autre dans l'au-delà. C'est le critère principal et la base de toutes les discussions islamiques sur le progrès. Si une civilisation ou une culture considère l'être humain limité à ce monde matériel et ne reconnaît qu'une seule étape, naturellement sa conception du progrès sera totalement différente de la conception islamique.
Notre pays et les sociétés islamiques en général, ne réaliseront des progrès que s'ils aident les gens à réussir dans ce monde et dans l'au-delà. La réussite dans ce monde et dans l'au-delà était l'objectif les Prophètes. Bien entendu la prospérité dans ce monde ne doit pas être négligée au profit de la réussite dans l'au-delà, ni le contraire. C'est un point crucial et c'est le genre de progrès dont les sociétés islamiques doivent tenir compte.
Il y a plusieurs risques dont l'un consiste à concentrer notre attention sur ce monde et à ignorer l'au-delà. Dans ce genre d'écart, tous les efforts des responsables et des politiciens sont focalisés sur la prospérité matérielle, et l'assurance que les gens ont assez d'argent et de confort. Dans une telle société, tous les efforts se concentrent sur la résolution des problèmes de logement, de la famille et de l'emploi, sans que la spiritualité soit prise en considération. C'est un des modèles de déviation.
Un autre modèle de déviation est d'ignorer le progrès matériel et d'être indifférent aux bienfaits de la vie et de l'existence. Tout au long de l'Histoire, ce genre de déviation a causé de nombreux problèmes pour les religieux qui se concentraient uniquement sur les aspects religieux et spirituels de la vie et ignoraient les bienfaits qu'Allah le Très-Haut, a octroyés aux gens ici-bas.

«هو الذّى انشأكم من الارض و استعمركم فيها»
De la terre Il vous a créés, et Il vous l'a fait peupler (et exploiter). (Coran 11 : 61 )

Allah, l'Exalté, a ordonné à l'homme de faire prospérer la terre. C'est-à-dire que nous devons découvrir les potentialités du monde matériel et aider l'humanité à les utiliser et à progresser. L'acquisition des connaissances et la production scientifique entrent dans ce contexte.
Un autre modèle de déviation consiste à sous-estimer ou à ignorer les bénédictions de ce monde et à rester indifférent aux besoins matériels de la vie. L'islam n'a pas demandé aux gens d'ignorer ces besoins matériels, au contraire.

«ليس منّا من ترك اخرته لدنياه و لا من ترك دنياه لاخرته»
"Ceux qui abandonnent leur vie de l'au-delà pour leur vie dans ce monde et ceux qui abandonnent leur vie dans ce monde pour leur vie de l'au-delà ne sont pas des nôtres».

Si vous renoncez à la vie d'ici-bas ou à celle de l'au-delà, vous échouerez dans cette épreuve divine. C'est un point très important. Le Commandeur des croyants, l'Imam Ali (AS) a rencontré une personne qui avait abandonné sa famille et avait renoncé à ses biens, pour se consacrer à l'adoration de Dieu. L'Imam Ali (as) lui a dit qu'il était son propre ennemi et que ce n'était pas ce que Dieu avait demandé.

«قل من حرّم زينة اللَّه الّتى أخرج لعباده و الطّيّبات من الرّزق»
Dis: "Qui a interdit la parure d'Allah, qu'Il a produite pour Ses serviteurs, ainsi que les bonnes nourritures ?" (Coran 7 : 32)

Ce verset fait allusion à ce point. Par conséquent, il est nécessaire de maintenir un équilibre entre la vie terrestre et la vie éternelle, tant dans la programmation que dans les affaires individuelles et l'administration du pays. C'est l'un des critères importants de progrès.

Ce sont certains critères du progrès que nous voulons avoir. Comme je l'ai déjà dit, les progrès ne se limitent pas à ceux que j'ai abordés ici. C'est une question très large qui doit être étudiée avec soin et sérieux. Les intellectuels et les universitaires doivent faire des efforts pour éclaircir cette question. Le modèle de progrès islamique doit être scientifiquement défini et programmé afin que nous puissions le mettre en pratique et réaliser des progrès tangibles dans les dix prochaines années.
Tous les modèles de progrès doivent assurer notre indépendance nationale. C'est une des exigences et un critère. Tout modèle de progrès qui conduirait à soumission et à la dépendance du pays est inacceptable. Tout modèle de progrès qui nous obligerait à suivre politiquement, économiquement et militairement les grandes puissances, est à rejeter. L'indépendance est une des conditions indispensables au progrès dans "La décennie du progrès et de la justice". Un progrès superficiel qui s'accompagnerait d'une dépendance politique et économique, ne sera pas un véritable progrès. Aujourd'hui, il y a certains pays, notamment en Asie, qui ont réalisé des progrès superficiels dans les domaines technologiques, scientifiques et techniques. Ces pays ont aussi réussi à s'imposer dans différentes parties du monde, mais le problème est qu'ils sont dépendants. Dans les politiques mondiales et économiques, et dans d'importants projets internationaux, leur peuple ainsi que leur gouvernement n'ont aucun rôle. Ils ne font que suivre en général l'exemple américain. Leur progrès n'est pas authentique et n'a pas de valeur.
Une autre question que je voudrais aborder est celle de la mondialisation. La mondialisation est un mot très beau. Tous les pays pensent que la mondialisation va leur ouvrir les marchés internationaux. Si la mondialisation signifie qu'une nation indépendante doive devenir un rouage dans le système capitaliste occidental, cela est inacceptable. Une véritable mondialisation devrait permettre à tous les pays de préserver leur indépendance économique et politique. Or le modèle de mondialisation proposé dans les organisations comme la Banque mondiale (BM), le Fonds monétaire international (FMI) et l'Organisation mondial du commerce (OMC), est un moyen au service des Etats-Unis et de l'Arrogance, et est sans valeur. Par conséquent, l'indépendance est un des critères les plus importants. Sans indépendance, le progrès est un mirage.
La production scientifique est une autre question étroitement liée au monde universitaire. Heureusement, je vois que la production scientifique et le dépassement des frontières scientifiques sont devenus des thèmes très appréciés dans nos universités. Ceci est très prometteur et encourageant. Les propositions des chers étudiants et universitaires sur la science, la recherche, la création de centres de recherche et de soutien aux élites scientifiques et leurs relations, sont tous en accord avec la question de production scientifique. Vous pouvez mettre ces suggestions en pratique. Nous devons constamment avancer dans cette direction. Nous sommes en retard dans ces domaines. Notre niveau de progression actuel est bon mais étant donné les retards imposés à notre pays dans le passé, notre niveau de progrès, quel qu'il soit, ne sera jamais excessif. Nous avons un long trajet à parcourir. Nous devons prendre des raccourcis, augmenter notre vitesse et produire dans tous les domaines.
Les relations entre les pays, dans le domaine scientifique, doivent respecter les mêmes règles que dans les exportations et les importations. Il faut qu'il y ait un équilibre et une symétrie dans les échanges. Dans les domaines économiques et commerciaux, il n'est pas rentable pour un pays d'importer plus de marchandises qu'il n'en exporte, cela provoque un déficit commercial. Il n'est pas bon non plus pour un pays, d'importer plus de connaissances qu'il n'en exporte. Rien n'empêche d'importer des connaissances de l'étranger, mais vous devez produire et exporter au moins autant de connaissances. La connaissance doit couler dans le pays et à l'extérieur. Si vous ne faites que consommez les connaissances produites par d'autres pays, vous ne pourrez pas faire de progrès. Vous devez apprendre les connaissances produites par les autres pays, mais vous devez également produire des connaissances et en faire bénéficier d'autres pays. Evitez que votre pays ne soit confronté à un "déficit scientifique". Malheureusement, nous avons subi ce déficit pendant les deux derniers siècles qui ont été par contre une période de développement scientifique dans le monde. De bonnes mesures ont été prises depuis la Révolution, mais il faut intensifier et accélérer l'exécution de ces mesures.
Bien sûr, je ne parle pas seulement des sciences naturelles. Les sciences humaines comme la sociologie, la psychologie et la philosophie ne sont pas moins importantes que les sciences naturelles. Certains considèrent les théories sociologiques occidentales comme aussi fiables que le Coran et parfois même plus ! Ils s'imaginent qu'il est impossible de contredire tel ou tel sociologue. Pourquoi? Ils feraient mieux de réfléchir et de proposer des théories. Nous devons utiliser les connaissances qui existent dans ces domaines mais nous devons ajouter quelque chose et repérer les points faibles. C'est une des conditions indispensables au progrès.
La persévérance est une autre exigence du progrès. Si vous voulez progresser, vous devez vous battre. La paresse, la passivité et « regarder ce qui se passe dans le monde sans rien faire », ne pourront jamais faire avancer un pays et une nation. Vous devez prendre des mesures. Le combat n'est pas propre au champ de bataille, dans le monde moderne, les batailles politiques et idéologiques sont plus importantes que les confrontations militaires. Sans un bon bilan au niveau politique et moral, la plupart des pays, gouvernements et sociétés, dits développés, seraient déshonorés.
Prenons le cas de Gaza dont les habitants ont été assiégés dans une petite bande de terre. Les produits les plus élémentaires sont interdits d'entrée et rien ne peut sortir de cette zone. Des avions de guerre, des missiles, une lourde artillerie et des unités blindées ont été utilisés contre la population de Gaza conduisant au massacre de plus de 5000 personnes en 22 jours. Le monde est resté un spectateur passif de ces scènes. C'est seulement au milieu de ce massacre inutile que certaines objections ont été soulevées ci et là, et pour finir l'Organisation des Nations Unies et récemment son Secrétaire général ont déclaré que ce dossier était clos ! C'est vraiment étonnant !
Aujourd'hui, le monde souffre d'oppressions, de discriminations et d'une politique d'apartheid. La question nucléaire en est un exemple. Les attaques militaires contre les pays islamiques voisins de notre pays sont une autre manifestation de cette oppression. Larguer des bombes sur les civils et les tuer est normal dans le monde moderne. La semaine dernière par exemple, 150 personnes ont été tuées en Afghanistan à la suite d'une frappe aérienne américaine, comme si de rien n'était. Ils ont juste dit qu'ils étaient désolés de cette erreur ! Cela n'a aucun sens !
Le monde aurait dû conduire Saddam Hussein au tribunal pour avoir largué des bombes chimiques sur la ville d'Halabchech. Le commandant américain aurait du être trainé devant les tribunaux internationaux pour avoir abattu un avion iranien dans le Golfe Persique et tué des centaines de voyageurs iraniens et étrangers. Au lieu de cela, l'ancien Président américain lui a remis une médaille d'honneur. Quelle dégénérescence ! Le monde aurait dû juger ce commandant américain qui a ordonné le bombardement d'un mariage en Afghanistan. Si le monde avait réagi, cela ne se serait plus reproduit ou au moins le nombre de ces crimes auraient diminué. La situation actuelle est inacceptable et inhumaine. Toute nation qui a une conscience en éveil doit lutter contre ces exactions.
Nous sommes fiers que tout au long de ces années, notre nation, notre gouvernement, nos jeunes, nos responsables gouvernementaux et nos intellectuels ne sont pas restés indifférents à ces événements. Ils ont pris position et ont exprimé leur colère. La nation iranienne ne doit pas perdre cet esprit. Vous, les jeunes en particulier, ne devez pas perdre cet esprit. Certains veulent montrer les réalités à l'envers et protestent en disant "Combien de temps allez-vous crier ces slogans ? ». Ils critiquent le fait que nous utilisions les réunions internationales pour dénoncer publiquement les crimes commis par les Etats-Unis, les sionistes ou leurs alliés.
Nous devons informer le monde entier de ces crimes. Les nations du monde en tireront des leçons. Un certain nombre de pays nouvellement libérés en particulier, un célèbre pays africain, ont suivi l'Iran. Nous ne pouvons pas le prouver, mais je sais qu'ils ont suivi le modèle iranien. Je l'ai vu de mes propres yeux. Ils ont adopté la même méthode que celle qui avait été utilisée pendant la Révolution iranienne. Quand leurs chefs révolutionnaires sont venus en Iran, ils ont été informés de la méthode de l'Imam Khomeiny et l'ont appliquée à leur retour dans leur pays, et ont acquis leur indépendance et éliminé l'apartheid.
Les nations s'inspirent d'un peuple qui résiste comme le nôtre, les gouvernements en tirent des leçons et les dirigeants reprennent courage. Pourquoi devrions-nous en avoir honte? Avant la Révolution, quand quelqu'un faisait la prière dans un lieu public, ceux qui l'accompagnaient étaient gênés. C'était une honte de prier. Vous, chers jeunes, vous n'avez pas connu cette époque où le fait qu'un jeune religieux fasse ses prières dans un lieu public, gênait ses amis. Avant la Révolution, si un orateur commençait son discours par la formule "Au nom d'Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux", ses amis étaient gênés et baissaient la tête.
Aujourd'hui, l'islam jouit d'un statut glorieux et la nation iranienne et la République islamique doivent leur prestige à leurs prises de position contre l'Arrogance. Mais quand quelqu'un critique les Etats-Unis, Israël et leurs alliés de manière explicite, il y a encore des gens qui se sentent gênés dans notre pays comme ces gens qui étaient gênés avant la Révolution, quand leurs amis faisaient leurs prières en public.
Pourquoi devrions-nous être gênés ?
Les positions claires de la nation iranienne, en particulier des jeunes, contre l'oppression et l'injustice internationale ne doit pas être abandonnées.
Chers amis, tout le monde doit faire des efforts et des progrès. La plupart des étudiants de cette université sont des étudiants kurdes. Je suis fier du fait que nos ennemis enragent à la vue d'étudiants kurdes du Kurdistan défendant les slogans islamiques. Je suis fier du fait que les étudiants kurdes du Kurdistan soient si fortement engagés dans la défense de nos idéaux nationaux et mettent ainsi nos ennemis en colère.
C'est un honneur pour la nation.
Les ennemis ont fait beaucoup d'efforts dans la province du Kurdistan, dans leurs médias, leurs tracts et leurs journaux, pour suggérer publiquement et secrètement, qu'il existait des conflits ethniques. La réunion d'aujourd'hui montre que leurs efforts se sont retournés contre eux. Vous avez aussi vu l'échec de leurs efforts dans les réunions qui ont eu lieu à Sanandaj et à Marivan. Notre peuple est uni et tout le monde a les mêmes idéaux. Les ethnies iraniennes sont solidaires. Je crois que ce que nos compatriotes kurdes ont aujourd'hui déclaré sur la solidarité et l'engagement national, sont des évidences. Cela est clair comme le jour. Il se peut que certains ne distinguent pas encore ces réalités ou comprennent mal la situation, et devraient réviser leurs points de vue.
Les différents groupes ethniques qui vivent dans notre pays, sont une occasion pour notre pays. Ce serait vraiment bien d'encourager les ethnies iraniennes à concourir dans les bonnes œuvres. Toutes les ethnies iraniennes, y compris les Kurdes, les Persans, les Azéris, les Baloutches, les Arabes, les Turkmènes et des Lors, doivent aider notre pays à réaliser le projet de progrès national. C'est une excellente occasion. Il y a quelques jours, lors de ma réunion avec les élites de Sanandaj et de la province du Kurdistan, un de nos amis kurdes a eu une bonne idée en disant que «tout comme le martyr Motahhari avait écrit un livre sur les services mutuels de l'Iran et de l'islam, il serait bien que quelqu'un écrive un livre sur les services mutuels des Kurdes et des Perses"
Vous devez préciser les grands progrès que les différents groupes ethniques iraniens doivent faire pour la réalisation des idéaux nationaux et islamiques. Si vous parvenez à encourager les ethnies iraniennes à prendre part à une telle compétition, ce sera la meilleure compétition nationale qu'on puisse imaginer et qui révélera les talents du peuple iranien. C'est une excellente occasion pour nous tous. Bien sûr, l'ennemi peut transformer l'existence des différences ethniques en menace. Mais heureusement, vous êtes tous vigilants. Les conflits causés par une étroitesse d'esprit et des nationalismes tribaux sont incompatibles avec la vision islamique et cet esprit large et ouvert que nous devons tous adopter.
J'espère qu'Allah le Très-Haut vous accorde Sa grâce et Ses bénédictions.

Avec mes salutations et que la miséricorde d'Allah et Sa bénédiction vous accompagnent