Ce qui suit est le texte intégral du discours prononcé le 20 juin 2016, par l'Ayatollah Khamenei, Guide suprême de la Révolution islamique, lors d'une audience accordée à des poètes, des écrivains et des figures éminentes de la littérature persane. Au début de cette réunion annuelle qui s'était tenue la veille de l'anniversaire de la naissance de l'Imam Hassan Mujtaba - béni soit-il - au Hosseynieh Imam Khomeiny de Téhéran, plusieurs poètes de langue persane en provenance d'Iran, de l'Inde, du Pakistan et d'Afghanistan, ont récité leurs poèmes au début de cette réunion amicale et chaleureuse.

Au nom d'Allah, le tout Miséricordieux, le très Miséricordieux

« Louanges à Allah, Seigneur des Mondes, et paix et salutations sur notre Maître et Prophète Mohammad et ses descendants immaculés, en particulier celui qui représente le trésor d'Allah sur terre.

Cette rencontre a été une rencontre très agréable comme toutes celles que nous avons eues au milieu du Ramadan au cours de ces nombreuses années. Cette réunion a pour objectif d'établir une relation étroite [entre les hommes de lettres] dans un contexte littéraire, de développer l'enthousiasme littéraire et d'être témoins des progrès effectués dans le domaine de la poésie. Quand je compare les poèmes de la jeunesse d'aujourd'hui aux poèmes d'il y a dix ou quinze ans, je ressens un grand enthousiasme et une grande reconnaissance en constatant tous ces progrès. Heureusement, nos jeunes se sont améliorés et ont beaucoup progressé. Le nombre de poètes a augmenté, la qualité des poèmes s'est améliorée et le mouvement poétique dans le pays, est en mouvement heureusement, vers le progrès. Bien entendu, nous avons encore des souhaits et des attentes. Nous avons certaines lacunes dans le domaine poétique. J'ai personnellement beaucoup de points à discuter lors de cette rencontre avec ses personnalités sages et ses artistes savants et douées. Je voudrais soulever de nombreux points mais nous n'avons pas assez de temps ni assez d'énergie. Depuis plus de deux heures vous écoutez les autres réciter leurs poèmes. Il ne serait pas juste de vous imposer avec mes propos, une charge supplémentaire bien qu'il y ait beaucoup de choses à dire :

«Au fond de mon cœur, j'ai beaucoup à dire
Je ressemble à un sonnet resté inachevé »

Je considère qu'il est nécessaire de rendre hommage à la mémoire de notre cher ami et poète précieux, le défunt Hamid Sabzewāri. Au cours de ces longues années, il a été un compagnon toujours présent lors de ces réunions annuelles. Nous avons toujours - presque dans toutes les réunions - bénéficié de sa présence. Lorsque nous parlons de commémorer la mémoire du défunt Hamid Sabzewāri, cela ne signifie pas que nous voulons commémorer simplement la mémoire d'un ami et d'un poète mais que nous voulons apprendre certaines choses. En commémorant la personnalité d'Hamid et en tirant les conclusions de sa vie poétique, certains concepts prennent forme dans nos esprits. Tant que ces chères personnalités sont en vie et aussi longtemps qu'elles sont parmi nous, ces conclusions ne sont pas normalement atteintes (faute d'une attention méritée) et apparemment, si quelqu'un désire qu'on tire le plus tôt possible la conclusion de ce qu'il a été, décéder est la meilleure façon d'y parvenir [le public rit]. Quand les gens partent, les autres pensent à eux et contemplent leur vie. Quant au défunt Hamid, je dirai tout d'abord, qu'il avait un grand don pour la poésie. C'était vraiment un grand poète. Il était poète par nature et non par pratique. Deuxièmement, il maîtrisait les différents styles de poésie et possédait un lexique très vaste. Il connaissait beaucoup de mots dont il a bénéficié dans la diversité de ses poèmes et c'était un poète d'actualité, c'est le point le plus important de sa poésie depuis que j'ai fait sa connaissance au début de la Révolution - aux premiers mois de la Révolution - où j'ai établi une relation poétique et littéraire avec lui, au milieu des difficultés et des soucis extraordinaires que nous avions à cette époque. Il était comme une fenêtre qui nous donnait un air de liberté dont j'ai beaucoup profité. Depuis cette époque jusqu'à la fin de sa vie, cet homme a toujours été à jour tout comme sa poésie.

À mon avis, ses chants sont une des caractéristiques du défunt Sabzewāri, à la fois en termes de quantité, de qualité et de contenu. Aujourd'hui, nous avons des lacunes dans ce domaine. Nous avons besoin de chants. Les chants sont nécessaires. Maintenant que j'ai mentionné les chants, il sera bon d'en discuter tout de suite. À mon avis, un chant est une sorte de poème très efficace et très touchant. Son influence et son effet sont plus grands - nous pouvons peut-être dire dans tous les cas - que les autres formes et styles de poésie. En d'autres termes, son influence est plus large et plus élevée. Nous pouvons composer un chant pour les besoins de l'heure actuelle que les jeunes peuvent chanter dans leurs randonnées ou d'autres activités, ensemble. Aux rassemblements du 22 Bahman, ils peuvent chanter ces chansons. Ces chansons sont très importantes car elles sont un moyen de répéter et de promouvoir les concepts nécessaires. Les chansons peuvent le faire très rapidement. Les chansons créent une culture. L'une des caractéristiques d'une bonne chanson est qu'elle crée une culture sans discrimination entre les différentes couches de la société. Autrement dit, elle touche tout le monde, aussi bien les gens d'un niveau élevé de connaissances et de compréhension, que la société toute entière, et cela très rapidement. C'est une caractéristique que nous pouvions constater dans les chants du défunt Hamid.

Que Dieu accorde aussi Ses grâces au martyr Majid Haddad A'del - le frère du Dr Haddad A'del - qui m'a raconté cette histoire au début de l'année 1981 : En 1980, lorsque la ville de Sanandaj a été libérée des antis révolutionnaires - Sanandaj était aux mains des forces anti révolutionnaires et nos forces étaient assiégées dans leurs camps et leurs casernes - [quand la ville a été libérée] les gens enthousiasmés sont descendus dans la rue. Avant la libération de Sanandaj, les rues étaient sévèrement contrôlées et dangereuses, on entendait toujours des bruits de tirs. Après avoir chassé l'opposition antirévolutionnaire, Sanandaj est devenue une ville normale. Sanandaj est une ville belle et charmante. Ceux qui y ont allés le savent. Il a dit qu'il avait vu un marchand de jus de fruits dans une rue. Les jeunes de cette ville faisaient la queue pour lui acheter des jus de fruit. Tout en poussant les carottes dans la centrifugeuse, il chantait : « Ceci est un cri de liberté soulevé à partir de l'Est », que Hamid venait juste de composer, un ou deux mois plus tôt et peut-être moins. Et voilà qu'une personne à Sanandaj chantait cette chanson en faisant du jus de carotte. Personne ne lui avait dit de le faire. Comme l'a dit M. Feiz dans son poème [se référant à un poème de Naser Feiz, un des poètes présents à la réunion], il n'était pas un défenseur de la République islamique et personne ne lui avait rien demandé [le Guide suprême et le public rient]. Il le faisait de son propre gré. C'est l'effet d'une chanson. Une chanson pénètre le cœur comme l'air frais du printemps pénètre une chambre. Il n'est pas nécessaire de faire de la publicité ni d'écrire des commentaires à son sujet ni de composer d'autres poèmes sur ses effets. Cela n'est pas nécessaire. Quand une chanson est composée de manière artistique, elle produit automatiquement un effet. Aujourd'hui, nous manquons de chansons. Aujourd'hui, nous avons besoin de chansons et le feu Sabzewāri (que sa demeure soit au paradis divin) était le meilleur. Je ne me souviens pas exactement, mais je pense que, selon les chiffres qu'on m'a donnés, il a composé environ quatre cents chants ou plus. Ceci est très précieux et ne doit pas être ignoré.

J'ai fait référence à la chanson Palais Cobourg de M. Sayyar et M. Erfanpur que j'ai entendue comme je l'ai dit. Je pense que c'est ce poème qui a sensibilisé les réseaux antirévolutionnaires étrangers qui l'ont d'ailleurs sévèrement critiqué. Cela signifie qu'ils ont immédiatement compris l'importance de ce poème. Je pense que, selon les rapports qu'on m'a donnés, c'est Fox News et d'autres médias qui en ont fait la critique. La belle mélodie et l'excellent contenu de ce poème les avaient beaucoup irrités et mécontentés alors que [à l'intérieur du pays], nous ne savions pas grand-chose à son sujet car nous ne faisons pas assez la publicité des bonnes chansons. Pour moi, composer des chansons et choisir de bonnes mélodies est une très bonne chose. J'ai certaines recommandations au sujet de l'agencement et du ton des chansons et d'autres questions. Je vous ferai ces recommandations plus tard. Que Dieu accorde Sa miséricorde à notre cher Hamid. J'espère qu'il bénéficiera de la miséricorde divine et que les choses qui ont été mentionnées - qui faisaient partie de ses services - lui serviront dans l'au-delà, in-cha-Allah.

Mes chers amis, les poètes sont un trésor pour le pays. Les poètes sont un des trésors, les plus chers et les plus précieux, pour un pays. Bien entendu, tous les artistes sont des trésors mais les poètes et la poésie ont certaines caractéristiques par rapport aux autres arts, qui augmentent la valeur des poètes dans la société. Ils sont un trésor et une réserve. Eh bien, ce trésor doit être utilisé dans les périodes sensibles. Ce point est très clair et évident. Lorsque le pays a besoin d'aide dans les domaines culturels, politiques et sociaux, dans le domaine des relations populaires et des liens sociaux, ou bien pour faire face à des ennemis étrangers, cette réserve doit être utilisée comme le fait le Fonds national de développement qui garde nos revenus pétroliers pour les cas de nécessité [pour répondre aux besoins essentiels]. Donc, si nous composons des poèmes qui ne concernent pas les problèmes actuels du pays, ces poèmes ne répondent pas aux besoins du pays. Les poèmes doivent prendre position.

Bien sûr, vous savez que - comme je l'ai dit à plusieurs reprises lors de ces réunions annuelles - je ne prétends pas que tous les poèmes que vous composez soient politiquement orientés et engagés. Ce n'est pas le cas. Il n'y a rien de mal à composer des poèmes lyriques et romantiques. Après tout, cela fait partie de la nature des poètes. Il n'y a rien de mal à cela, mais ces poèmes - lyriques et romantiques - doivent proposer une orientation et non encourager la corruption et les déviations. Ce point doit être observé, mais je n'attends pas de vous que vous abordiez les questions politiques du début à la fin de vos poèmes. Il est possible par contre, d'insérer deux vers instructifs parmi les trois ou quatre vers émotionnels et romantiques, ou d'autres concepts comme nos bons poètes l'ont toujours fait. Ils composaient une poésie dont deux vers touchaient un point sensible. De cette façon, ils faisaient revivre une question oubliée et la mettaient en relief. Après tout, les poèmes doivent être vivants et d'actualité.

Au sujet des poèmes sur les problèmes actuels du pays, heureusement, à l'époque actuelle, les poètes qui composent ces poèmes vivants et politiquement orientés, sont nombreux. Aujourd'hui, la situation est meilleure qu'il y a dix ou quinze ans, dans ce domaine. Toutefois, ces poèmes ne sont pas assez connus. Par exemple, plusieurs poèmes ont été composés pour commémorer la mémoire des plongeurs tombés en martyrs ou des défenseurs des sanctuaires des Saints Imams (AS). Un autre exemple est le poème qu'a récité ce monsieur [l'Hodjat-ol-Islam wal-Muslimin Shafïi] à la réunion sur les défenseurs des sanctuaires des Imams (AS). C'étaient de très bons poèmes. Pourquoi ne sont-ils pas connus ? Comment peut-on faire connaitre ces poèmes ? Un autre exemple est le poème composé pour le cheikh Zakzaky [leader de la confrérie chiite au Nigéria] qui est un homme courageux et déterminé, un opprimé qui a été attaqué par des individus qui voulaient se venger de lui. Si nous traduisons ce poème et le présentons dans les pays où il est bien connu, cela exercera une grande influence et pourra stimuler le moral des gens. Si nous ne le faisons pas, nous aurons vraiment ignoré ces zones. Il en est de même pour les poèmes sur la Palestine, le Yémen, le Bahreïn et d'autres pays. Il en est de même pour les poèmes sur les crimes américains. Sur la question du Plan d'action conjoint par exemple, les Américains se sont comportés d'une manière très dangereuse. Ces choses doivent être exprimées. Ce n'est pas seulement la responsabilité des hommes politiques. Les artistes peuvent même exprimer ces choses mieux que les politiciens. Parmi les diverses formes d'art, la poésie est la forme la plus simple, la plus disponible et la plus populaire. Ces choses doivent être dites et expliquées à l'opinion publique. C'est aussi le cas de la Défense sacrée. Bien sûr, je voudrais remercier - sincèrement et du fond du cœur - les frères qui ont composé des poèmes sur ce sujet et dont beaucoup sont présents à la réunion d'aujourd'hui. Ils ont fait un excellent travail mais ils doivent continuer. Ces poèmes doivent être développés, présentés et propagés. Cependant, je vois que dans certains cas, on agit à l'envers !

Tel ou tel artiste, infidèle et indifférent, qui n'a jamais manifesté le moindre intérêt pour les concepts liés à la Révolution islamique et à l'Islam au cours de ces 38 ans, est adulé alors qu'un artiste qui y a consacré toute sa vie, n'est ni loué ni respecté ni admiré. C'est une très grande erreur. Nos responsables devraient prêter plus d'attention à ces questions. Nous devons donc composer des poèmes vivants, dynamiques et politiquement orientés, et leur apporter l'attention qu'ils méritent. En d'autres termes, nous devons les faire connaitre. La Radiotélévision nationale [IRIB], les organisations gouvernementales et non gouvernementales et certains responsables doivent faire ce travail.

Heureusement, le groupe chargé de ces affaires fait actuellement du bon travail. Cependant, leur sphère de travail et leurs ressources sont limitées. Leurs ressources devraient augmenter pour qu'ils puissent travailler davantage dans le domaine que j'ai mentionné et dans le domaine de la formation et de l'éducation des jeunes poètes. Heureusement, certaines tâches sont en cours dans ce domaine.

Une autre question concerne les poèmes très populaires comme les élégies ou les poèmes en l'honneur des Ahl-ul-Bayt (as). Les élégies peuvent exercer une influence profonde si elles ont un bon contenu. Par exemple, lors des cérémonies d'Achoura ou à d'autres occasions, des millions d'individus - surtout des jeunes - écoutent debout ces chants et ces élégies. Ces poèmes et ces mélodies ont une profonde influence sur ces jeunes qui versent des larmes et commémorent ainsi le deuil des Imams (as). Voici comment il est possible d'augmenter les croyances, les sentiments et les émotions, dans le domaine religieux. C'est une occasion très importante dont nous devons profiter. Quand je dis «nous», je veux dire le pays, l'Islam et la République islamique. J'ai donné ce conseil à plusieurs personnes et aujourd'hui, je voudrais vous donner le même conseil à vous qui êtes des spécialistes de poésie. Par exemple, pendant les activités révolutionnaires - au mois de Muharram - quelqu'un nous a apporté une cassette d'une cérémonie de deuil de l'Imam Hossein (as) dans la ville de Jahrom. À cette époque, nous étions à Machhad. C'était vraiment une cérémonie touchante ! Tout d'abord, très belle en termes de poésie, de sens et de contenu, deuxièmement, très bonne au niveau de la mélodie et troisièmement, profondément émouvante, passionnante et instructive, qui a été très utile. Après cela, on nous a apporté une cassette de Yazd. Je me souviens des cassettes de ces deux villes que je n'ai entendues nulle part ailleurs. Les poèmes portaient sur les concepts politiques de cette époque - mis en relief pendant les activités révolutionnaires - sous forme de chants élégiaques. Nous avons aussi eu de tels poèmes à l'époque de la Défense sacrée. Les chants de M. Ahangaran et du poète qui composait des poèmes pour lui dans la ville d'Ahwaz -M. Moalemi (que Dieu lui accorde Sa miséricorde)- sont des exemples de ces poèmes très instructifs. Nous devons poursuivre cette tâche de façon sérieuse. Bien sûr, ces poèmes et les élégies doivent respecter certaines normes et avoir certaines qualités en termes de terminologie et de combinaison poétique, afin qu'ils produisent un effet et puissent être récités. Je demande aux panégyristes de prêter attention à ces points et de demander aux poètes de composer des chants utilisables et profitables. Vous, chers poètes, vous devez vous aussi, faire de votre mieux à cet égard.

[En dehors de la réunion], l'un des messieurs a récité un poème dont le contenu disait que si vous tirez votre épée, il y a de nombreuses personnes qui viendront près de vous et gonfleront leur poitrine face à vos ennemis. J'ai dis que j'avais tiré mon épée, que nous étions en train de combattre et attaquions les ennemis à droite et à gauche, mais que ce n'était pas le cas. Aujourd'hui, l'épée que nous utilisons et l'arène dans laquelle nous combattons sont différentes des premières années de la Révolution. Nous sommes dans une guerre idéologique, politique, culturelle, de sécurité et d'infiltration. Ce sont les pensées et les volontés qui s'affrontent. Aujourd'hui, nous avons grandement besoin de ces outils efficaces et influents. À mon avis, un des outils les plus influents dans ce domaine, est la poésie. C'est à vous d'en tenir compte.

Comme je l'ai souligné, beaucoup de tâches n'ont pas été réalisées dans le domaine de la poésie. L'une de ces tâches est celle de la traduction. Un des messieurs à la réunion de ce soir, [M. Alireza Qazvah], m'a dit qu'ils avaient traduit certains poèmes en urdu. C'est une très bonne initiative et une tâche très nécessaire. La poésie persane dans différents domaines, devrait être traduite. Par exemple, les poèmes sur la Palestine, la Défense sacrée, les femmes, les questions régionales et le Yémen, devraient être recueillis et traduits en arabe, en urdu, en anglais et dans d'autres langues. Ces traductions doivent être assez bonnes pour être promues et présentées à l'extérieur du pays. Par exemple « la Palestine dans la poésie persane » est un sujet qui peut être abordé. Un autre sujet peut être les évènements qui se sont produits dans la guerre de huit ans, entre l'Iran et l'Irak. Les gens dans les autres pays, ne connaissent pas grand-chose sur de tels sujets. Une femme médecin irakienne a déclaré à un de mes amis, que la première et la deuxième fois qu'elle était venue en Iran - après le renversement de Saddam - chaque fois qu'elle s'approchait d'un Iranien, elle pensait que c'était lui qui avait tué ses deux frères pendant la guerre. Elle regardait les Iraniens de cette manière. Elle ressentait une rancune contre les Iraniens et elle continuait à parler des Iraniens en ces termes jusqu'à ce qu'elle rencontre Soleimani [le général iranien Qassem Soleimani]. Quand elle a vu que Soleimani était venu (en Irak) et avait fait tant de sacrifices (pour les Irakiens), les choses ont changé du tout au tout. Ce que j'avais à l'esprit n'était pas cette partie de ses déclarations, mais plutôt la première partie. Ce que j'avais à l'esprit était que les jeunes Irakiens, les femmes irakiennes et les mères irakiennes ne savent pas ce qui est arrivé. Nous étions dans nos maisons et voilà que leurs avions sont venus nous bombarder. Qu'est-ce que nous devions faire ? Devions-nous rester immobiles ? Ils ont traversé nos frontières et ont occupé plusieurs milliers de kilomètres de notre territoire. Que devions-nous faire ? Devions-nous rester les bras croisés et les regarder avancer ou devions-nous nous défendre ? C'est ce que nous avons fait. Ceci est une réalité. Pourquoi cette réalité ne devrait-elle pas être clarifiée pour les jeunes, les mères, les sœurs, les orphelins irakiens et les autres ? Ce sont des choses qui peuvent être transmises à travers le langage de la poésie.

Un autre point est que pour être juste, nos chers poètes se sont beaucoup améliorés et ont progressé. Les poèmes composés par nos poètes sont devenus très populaires parmi les jeunes et la classe moyenne de la société. La poésie du pays s'est beaucoup améliorée. Dans l'ensemble, nous estimons que notre poésie a progressé par rapport à ce qu'elle était dans le passé. Toutefois, cela ne signifie pas que nous avons atteint le stade idéal. Je l'ai répété à maintes reprises et je voudrais le répéter encore une fois. Je demande vivement que vous ne cessiez jamais d'améliorer les poèmes que vous composez actuellement et ceux que vous composerez dans l'avenir. Les poèmes que vous composez actuellement, sont de bons poèmes que j'apprécie. Nous les apprécions et les applaudissons, mais cela ne veut pas dire que vos poèmes sont à l'apogée de ce qu'ils peuvent être. Ce n'est pas le cas. Vos poèmes sont de bons poèmes mais nous voulons qu'ils parviennent au sommet. Nous aspirons à cela. Les mots sont un instrument pour le faire et vous devez utiliser un lexique beau, digne et approprié. Parfois, les poèmes sont bons mais les mots ne sont pas appropriés. Lorsque de bons mots sont utilisés dans un poème, cela est plus agréable.

La poésie doit donc s'améliorer. Les experts doivent déterminer quels poèmes sont bons. J'ai entendu dire que certains présentaient leurs poèmes dans le cyberespace - qui est devenu très commun ces jours-ci. Par exemple, quelqu'un écrit quelque chose qui n'est pas d'un niveau très élevé et plusieurs milliers de personnes mettent un « j'aime » en dessous du texte. Ces «j'aime» n'ont pas de valeur. La valeur des poètes et de leur poésie réside dans l'opinion des experts compétents dans le domaine de la poésie, qui comprennent ce qu'est une bonne ou une mauvaise poésie. L'opinion des autres n'est pas un critère pour déterminer la valeur d'un poème. De toute façon, il faut faire un effort pour améliorer la poésie.

Comme l'honorable ministre [Ali Jannati, ministre de la Culture et de l'Orientation islamique] est présent à la réunion, je dois dire qu'on ne peut pas former un poète en un ou cinq jours, ni même en deux semaines. Des cours ont été organisés pour la formation des poètes par des groupes de spécialistes non gouvernementaux. Si les organismes gouvernementaux veulent faire quelque chose dans ce domaine, ils devraient aider ces groupes, les soutenir et les équiper afin qu'ils puissent mener à bien leur travail.

Un autre point est celui que le défunt Monsieur Bahjati (Que Dieu lui accorde Sa miséricorde) - qui était un bon poète et un de nos chers amis de la ville de Yazd- avait évoqué comme l'a fait ce monsieur à la réunion [Hodjat-ol-Islam Zakariya Akhlaqi]. M. Bahjati était de la province d'Ardakān tandis que lui, est de Meybod. Meybod et Ardakān ont des divergences d'opinion et des débats sur différentes questions - bref, il avait traduit le Dua Abu Hamza en vers. Je ne me souviens pas exactement combien de prières avaient été ainsi transformées en poésies. Il avait fait allusion à une partie spécifique disant que cette partie était très difficile et qu'il n'avait pas pu la finir. L'une des tâches serait de versifier ces excellents et merveilleux textes religieux. Ceci est une discipline et une branche du travail. Comme les personnalités cinématographiques le disent, c'est un «genre» poétique. Bien sûr, nous ne voulons pas limiter notre travail à ce domaine. Ce n'est qu'un domaine de travail. En plus de leur excellent contenu, ces duas ont un excellent lexique. Les duas comme les Dua d'Arafa, d'Abu Hamza, de Cha'baniyah, et les duas du Sahifa Sadjadiah renferment d'excellents concepts et enseignements islamiques, présentés vraiment avec les meilleurs et les plus beaux mots. Il serait bon de tenir compte de ces duas dans votre poésie.

L'année dernière, j'ai récité le poème d'Akhavan (bien sûr, il l'avait composé à d'autres fins et s'adressait à un autre « bien-aimé ») qui dit : « Ô toi, ma source de soutien et mon refuge pour les plus beaux moments de mon innocente solitude et de mon glorieux isolement. Ô toi, ma rivière douce et magnifique », comme cette poésie est belle. Lors de cette réunion, j'ai dit que quand je lisais ce poème, je m'adressais à la prière. Les prières (duas) sont en effet décrites dans ce poème : « Ô toi, ma source de soutien et mon refuge pour les plus beaux moments de mon innocente solitude et de mon glorieux isolement. Ô toi, ma rivière douce et magnifique. » Bien sûr, le poète pensait à autre chose. À mon avis, il serait très bon de transformer ces excellents thèmes et ce très beau style des duas en poèmes avec la même littérature, les mêmes concepts, la même musicalité - la musicalité dans la poésie est une caractéristique à part - la même fluidité, la même beauté, la même douceur et une mélodie qui sauve la poésie de l'ennui.

Le dernier point concerne les poèmes sur les Saints Imams (AS). Heureusement, certains de nos amis qui travaillent dans ce domaine, sont présents. Certains composent vraiment de bons poèmes. Leurs poèmes sur la vie des Imams (AS) - tant leurs chants panégyriques que leurs élégies - ont un bon contenu et ils arrivent à dire beaucoup de bonnes choses dans leurs poèmes. Cependant, ce n'est pas le cas de tous leurs poèmes. Nous devons faire en sorte que ces poèmes deviennent une collection d'enseignements sur les Imams (AS). En d'autres termes, lorsque vous donnez vos poèmes aux chanteurs qui les récitent à différentes occasions, l'influence qu'ils exercent doit dépasser celle de plusieurs bons discours. Bien sûr, cela doit se produire naturellement si les concepts sont bons. Si le poème est un bon poème - par exemple, le poème que M. Ensani a récité à la réunion - son influence sera égale à celle de plusieurs bons discours. Il a utilisé une méthode artistique. Cependant, si le poème utilise des concepts ordinaires et des clichés qui ne servent qu'à faire pleurer les gens - bien sûr, faire pleurer les gens [pour le deuil des Imams] est une bonne chose mais ce n'est pas le but principal - il n'aura pas l'influence souhaitée. Nous devons examiner les poèmes que Komeït et De'bel ont composés pour les Imams (AS), voir quelles méthodes ils ont utilisées et quels concepts ils ont incorporés dans leurs longues odes. Si nous voulons composer des poèmes, nous devrions le faire comme eux. Si ces méthodes et ces outils sont mis à la disposition de ceux qui gèrent cette réunion, cela sera très précieux.

J'espère qu'Allah le Très-Haut, vous protègera et vous préservera tous afin que vous puissiez produire des œuvres précieuses en temps opportun, et répondre aux besoins de votre pays, de votre société et du régime islamique, in-cha-Allah.

Avec mes salutations et que la miséricorde d'Allah et Ses bénédictions vous accompagnent !