Ce qui suit est le texte intégral du discours prononcé le 8 mai 2019 par l'ayatollah Khamenei, Guide suprême de la Révolution islamique, lors d'une réunion avec les clercs et les séminaristes, au deuxième jour du mois de Ramadan.
Au nom d'Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux
Louange à Allah, Seigneur de l'univers, et paix et salutations soient sur notre Maître et Prophète, Ab-al-Qassem Al-Mustafa Muhammad, et sur sa Lignée pure, immaculée et élue, en particulier celui qui représente le trésor d'Allah sur terre !
Vous êtes très bienvenu mes chers, chers frères et sœurs. C’est une réunion très agréable et douce pour moi, à la fois à cause de vous voir et des déclarations faites par les amis au début de la réunion. Un grand nombre des points soulevés par les membres de la réunion sont des points que je voulais moi-même aborder. J'ai vu que les jeunes des séminaires islamiques avaient soulevé ces points en utilisant une bonne littérature, une bonne cohésion et un vocabulaire éloquent et profond. Nous sommes très heureux de vous écouter et je remercie Dieu pour cela.
Un des messieurs a parlé de l'époque où j'étais jeune. Je vous dirai que le niveau de vos déclarations et de vos arguments est bien supérieur à celui des déclarations que nous faisions à cette époque-là. C'est vraiment le cas et je n'exagère pas. Nous avions certaines idées que nous exprimions, mais le niveau de votre travail, de votre pensée et de votre discours est bien supérieur à celui de notre jeunesse. Qu'est-ce que cela veut dire ? Cela signifie progrès et mouvement. Et ce mouvement est un phénomène très propice. Bien entendu, le mouvement d’une personne doit provenir de l’intérieur et se fonder sur ses origines et ses principes. L'un de ces messieurs a récité un très beau poème que j'ai écrit : « Quand les gens nous donnent de l'eau à boire sans nous la demander, ce n'est pas toujours souhaitable, c'est parfois un piège pour nous abattre » [extrait d'un poème de Fazel Nazari].
Ce geste de nous donner de l’eau - ce qu’ils nous donnent de l’extérieur - n’est peut-être pas authentique, car l’eau peut être sale et polluée. Nous devrions jaillir de l'intérieur. Nous devrions jaillir comme une fontaine : nous devrions couler pour étancher la soif des terres environnantes. Par conséquent, cette réunion est une très bonne réunion pour moi.
Je voudrais souligner certaines déclarations faites par les messieurs lors de la réunion. M. A’rafi a évoqué le programme qu’ils préparent ou ont déjà préparé et qu’ils souhaitent mettre en œuvre. Un programme d'une telle portée est très intéressant et répondra à bon nombre des demandes qui ont été avancées aujourd'hui. Puisque c’est M. A’rafi qui fait ces déclarations, j’espère vraiment que cela se concrétisera. C'est parce qu’il est lui-même est un atout très précieux. J'espère donc que ces tâches seront accomplies, si Dieu le veut. Bien entendu, ils devraient agir en coopération avec d’autres. Ils doivent faire preuve de détermination et essayer de mettre le programme en pratique. La préparation du programme ne représente que la moitié du travail. C'est une moitié importante, mais la mise en œuvre du programme est de toute façon l’autre moitié importante.
Un homme participant à la réunion a souligné que les idées sur les séminaires islamiques devraient être préparées et développées par le clergé lui-même, suggérant la création d’un centre d’innovation à cet égard. C'est une bonne suggestion avec laquelle je suis d'accord. C'est une bonne idée. Bien sûr, ce sont les grandes personnalités des séminaires islamiques qui devraient étudier la possibilité de le faire et les détails à cet égard, mais nous devrions avoir un centre capable d’examiner et de recueillir le potentiel d’innovation du jeune clergé. Ce centre devrait avoir une banque d’informations dont on pourrait tirer profit en cas de besoin. C'est une très bonne idée si cela peut être mis en œuvre.
Le point suivant concerne la spécialisation. Quelques personnes ont soulevé la question de la spécialisation. En particulier, un ou deux intervenants en ont longuement parlé. Heureusement, cette tâche - le Fiqh spécialisé - a commencé à Qom. Bien sûr, il y a beaucoup d'idées sur le Fiqh parce que c'est très important. Certaines personnes pensent que le Fiqh signifie s'occuper de questions périphériques car il s'agit de problèmes mineurs de religion. Ce n'est pas le cas. Le Fiqh est le squelette et en fait la colonne vertébrale de la vie sociale. C'est le statut du Fiqh. Le Fiqh a un tel rôle. Si nous ne prêtons pas attention à de nombreux domaines du Fiqh, c’est de notre faute, car cela signifie gérer la vie et clarifier le système qui gouverne notre vie sociale et politique. Si nous spécialisons le Fiqh et le divisons en autant de domaines spécialisés que possible, il s'agit bien sûr d'une très bonne idée qui est mise en œuvre. Cependant, nous ne devons pas ignorer les lacunes de la spécialisation. Cela fait de nombreuses années maintenant que certains penseurs du monde sont arrivés à la conclusion qu'il existe certains inconvénients à la spécialisation à côté de tous ses avantages. L'existence de certaines branches interdisciplinaires est destinée à éliminer ces lacunes. Si vous vous intéressez à la question de la spécialisation, vous devez être attentifs au fait qu’elle peut présenter certains inconvénients à côté des avantages dont elle dispose. Vous devriez identifier ces inconvénients.
Il a été mentionné qu'il devrait y avoir une base d'identification. Eh bien, ce n’est pas nécessaire, car les séminaires islamiques agissent eux-mêmes comme une base. La gestion dans les séminaires islamiques fonctionne comme une base. D’après mon expérience, créer de nombreux centres et organisations n’est pas très efficace.
Une autre question importante à mon avis concerne la question posée par une femme savante au début de la réunion sur la position sociale des sœurs qui poursuivent des études séminaristes. C'est une question bien fondée. Bien sûr, nous connaissons la réponse à cette question en bref. Lorsque les femmes séminaristes étudient leurs leçons et que nous avons autant de femmes savantes, leur présence dans la famille et dans les réunions de femmes est très importante. Un jour, une dame d'Ispahan qui était un bon mollah et spécialisée dans les sciences aqli [sciences rationnelles] - elle était une dame honorable - a eu une réunion avec le défunt M. Tabatabai. M. Tabatabai l'a rencontrée et ils ont eu une discussion savante. Nous étions fiers d’avoir une femme savante aussi compétente. Nous avons des dizaines de milliers de femmes savantes, dont beaucoup sont des séminaristes remarquables, que ce soit dans le domaine des sciences aqli ou du Fiqh ou d'autres sciences dans les séminaires islamiques. C'est une question très importante. Par conséquent, cette position devrait être clarifiée.
Et en fin, une autre dame a présenté certaines suggestions importantes, notamment la reconnaissance des capacités des femmes séminaristes et leur mise à profit dans divers centres culturels et intellectuels - dans différentes commissions, comités, conseils et centres officiels. À mon avis, il s’agit d’une tâche importante qui devrait être accomplie dans les séminaires islamiques. S'ils ont besoin de mon aide pour les tâches exécutives, cela ne me pose aucun problème. Ce n’est pas mon travail, c’est le travail des séminaires islamiques, mais je peux aider dans les domaines de l’exécutif et j’aiderai au besoin.
Un autre point soulevé par ces messieurs était la différence entre le niveau de connaissance dans les séminaires islamiques. Ce n'est pas le cas. Heureusement, vous incarnez les connaissances des séminaristes : vous, les séminaires de Machhad, d’Ispahan et de Téhéran, ainsi que le Séminaire islamique de Qom - qui est le centre ; Vos déclarations témoignent du niveau de connaissance des séminaires. Bien sûr, il y a des différences d'opinions partout et il existe également des différences de niveau. C’est correct, mais il existe des solutions. Cependant, le niveau de connaissance est très bon à mon avis.
En tout cas, les amis ont soulevé de très bons points. Je demande aux messieurs présents de nous donner toutes leurs notes. J'ai vu que tout le monde lisait leurs notes, ce qui est une bonne chose. Ils devraient nous donner les notes qu’ils ont avec eux aujourd’hui. Les messieurs des séminaires islamiques devraient réfléchir et travailler là-dessus, et ils devraient nous tenir informés de l'évolution de ces questions.
Le premier point que j'ai écrit pour en parler est que vous devriez savoir que les séminaires islamiques ont une responsabilité plus lourde aujourd'hui. La raison en est que les besoins et la réception sont plus grands aujourd'hui. Les besoins et la réception de votre travail sont plus vastes aujourd'hui. Aujourd’hui, les grands et nobles concepts religieux sont bien accueillis par les jeunes - non seulement nos jeunes, mais également les jeunes du monde islamique et les jeunes en dehors du monde islamique. Je ne veux pas exagérer, mais il y a une réception merveilleuse dans certaines parties du monde de l'islam et dans certaines parties, la réception est moins bonne, mais il y a quand même une bonne réception. C'est également le cas dans les pays non islamiques. Par exemple, j'ai écrit une lettre s'adressant aux jeunes des pays occidentaux. La lettre a été bien reçue et les réactions ont été bonnes dans certains cas. Bien sûr, certaines personnes ont exagéré à propos des effets, en disant qu’il y avait eu telle ou telle réception. Ce n'était pas comme ça, mais cela a reçu une bonne attention et une bonne réponse. Ils ont répondu à la lettre en envoyant des messages et des écrits différents. Cela montre qu'il existe un public pour de telles idées et que celles-ci ont des défenseurs. Par conséquent, il existe aujourd'hui un grand besoin de concepts et d'enseignements nobles promus par les séminaires islamiques. Il y a aussi une bonne réception.
Parmi les personnes qui vivaient, par exemple, il y a cent ans, il y avait peut-être des pieux qui avaient une foi ferme, mais il n'y avait aucune manifestation de cette foi dans la pratique. Notez qu'ils ont pendu le cheikh Fazlollah Noori - un si grand et remarquable mullah - ici au centre de Téhéran. Et la personne qui l'a pendu était un Arménien - un officier arméno-iranien non musulman. Certaines personnes ont versé des larmes ici et là, mais aucune action sérieuse n'a été entreprise en dépit du fait qu'il n'y avait pas de Reza Khan à ce moment-là pour pouvoir dire que le régime dictatorial de Reza Khan était comme ceci et cela. En d'autres termes, il n'y avait pas de dynamisme. Maintenant, comparons cela avec notre clerc martyr d'Hamedan. Un membre du clergé de Hamedan a été martyrisé de manière oppressante dans la rue, puis, comme vous l'avez vu, une très grande foule a assisté à sa cérémonie à Hamedan. Remarquez quelle réaction a été déclenchée en Iran. Tout le monde a exprimé sa sympathie et ses sentiments chaleureux. Si ce corps pur avait été enterré à Téhéran, Machhad, Ispahan ou Tabriz, il y aurait eu la même grande foule. Aujourd'hui, notre peuple est comme ça. Maintenant, certaines personnes défendent l'idée que les gens se sont éloignés de la religion. Ce n'est en aucun cas le cas. Nous avons vu ces jours-là. Nous étions membres du clergé à cette époque-là.
Certains messieurs défendent l'idée que le clergé est tombé et a décliné après la formation de la République islamique. Ce n'est pas du tout le cas. Ces idées n’ont pas de sens ! À cette époque, ils ridiculisaient le clergé dans les rues et les ruelles. Une fois, quand j'étais à la gare de Machhad, des jeunes sont passés devant moi. Ensuite, ils ont commencé à insulter, à nous ridiculiser et à se moquer de nous. Qu'aurions-nous pu faire ? Je me suis dit qu'ils n'avaient probablement pas été bien éduqués, mais qu’après tout j'étais enseignant dans un séminaire islamique. C'était la condition du système social à cette époque. Aujourd’hui, malgré tous les assauts contre le clergé par le biais d’appareils de propagande et autres appareils similaires, vous remarquerez l’accueil réservé par le peuple et la grande foule qui se réunit pour prier collectivement ou écouter un orateur sur un minbar. Il n’y a jamais eu les rassemblements auxquels vous assistez près du minbar d’un clergé aujourd’hui, dans aucune ville ou minbar. Bien entendu, cela ne signifie pas que de telles minbars n’existent pas, mais qu’il n’y avait même pas un dixième de cette participation. Ce n’était pas le cas à Machhad, Ispahan, Téhéran et d’autres villes. Eh bien, nous avions l'habitude de participer à différentes occasions. Je prononçais moi-même des discours à partir d’un minbar et ai été témoin d'autres grands discours. Les grandes foules qui montrent leur présence près de différents minbars - dont la plupart sont jeunes - n’existaient pas à cette époque. Il en va de même pour les prières de masse et les frais versés aux centres religieux. L'argent est un bon critère de jugement. Aujourd'hui, les gens ne sont pas en bonne condition financière, mais ils paient des droits religieux [appelé vojuhat dans la charia islamique]. Ils paient également des frais à d'autres organisations. Cela signifie que les gens sont religieux et qu'ils sont présents dans l'arène de la religion. Alors, d'où viennent ces propos ? Les séminaristes sont respectés et on leur fait confiance. Ce sont les réalités qui existent. Eh bien, des propos absurdes et faux sont parfois formulés à l’encontre de toutes ces réalités, mais ils sont formulés sans recherche correcte, sans enquête et sans critère ni norme scientifique. Certaines choses sont fausses et certaines personnes les achètent, mais la réalité est ce que j'ai dit. Par conséquent, cela alourdit la responsabilité des séminaires islamiques.
Ce que je voulais en dire, c’est que les séminaires islamiques sont des centres d’enseignement de l’islam. Après tout, la religion doit être comprise et interprétée et il faut faire un effort pour aller au fond des choses. Par conséquent, un centre spécifique est nécessaire. Ce centre spécifique est composé de séminaires islamiques qui forment des érudits religieux. Les séminaires islamiques sont des centres d'enseignement de l'islam. L'islam ne se limite pas à la compréhension. Il s'agit également d'agir selon les règles islamiques. Parfois, nous définissons l’islam comme une combinaison de principes majeurs et mineurs, d’éthique, etc. Bien sûr, c’est le cas en réalité, car les principes majeurs et mineurs de la religion, les valeurs morales, le mode de vie et la façon de gérer le gouvernement font tous partie de l’islam et de ses enseignements. Eh bien, nous devrions apprendre ces choses dans les séminaires islamiques. Cependant, cette interprétation n’est pas correcte car il ne s’agit que d’une partie du travail des séminaires islamiques. Pourquoi ? Parce que ce n'est qu'une partie de l'islam. L’autre partie de l’islam concerne la mise en œuvre de ces réalités dans la société et dans la vie des gens. Cela signifie des conseils. C'est l'autre partie de l'islam. L’islam ne concerne pas seulement le monothéisme dans son sens académique avec la même profondeur mystique et philosophique, etc., mais plutôt l’implémentation du monothéisme dans la société. Cela signifie que la société devrait devenir monothéiste. C'est l'autre partie de l'islam.
Vous dites que « les oulémas sont les héritiers des prophètes » [en arabe]. Les oulémas religieux sont les héritiers des prophètes. Ici, oulémas signifie érudits religieux et ils sont les héritiers des prophètes. Qu'ont fait les prophètes ? Ont-ils émergé pour pouvoir uniquement parler d'enseignements religieux ou ont-ils émergé pour les mettre en pratique dans la société ? Ce dernier est certainement la réponse : « Nous avons effectivement envoyé Nos Messagers avec des preuves évidentes, et fait descendre avec eux le Livre et la balance, afin que les gens établissent la justice » [Le Coran, 57 : 25]. « Afin que les gens établissent la justice » montre que la présence des prophètes est nécessaire pour établir la justice. En d’autres termes, il existe une corrélation entre le mouvement des prophètes et l’administration de la justice dans la société. Que la lettre arabe « L » indique la cause ou le résultat, peu importe. Cela signifie que les prophètes doivent administrer la justice dans la société et pour ce faire, ils doivent se battre. Sinon, si les prophètes ne voulaient pas établir la justice, réaliser le monothéisme dans la société et éliminer les idoles adorées à la place de Dieu, il n'aurait pas été nécessaire de faire le djihad. « Combien de prophètes ont combattu, en compagnie de beaucoup de disciples, ceux-ci ne fléchirent pas à cause de ce qui les atteignit dans le sentier de Dieu » [Le Coran, 3 : 146]. Qu'est-ce que signifie ce verset ? Pourquoi ont-ils combattu ? Tous les prophètes ont combattu. Certains d'entre eux avaient la capacité de se battre et « en compagnie de beaucoup de disciples ». Nous n'avons pas de récits détaillés des prophètes, mais il y est fait référence dans certains récits : « La première personne qui a combattu sur le sentier de Dieu était Ibrahim l'ami » [Bihar al-Anwar, vol. 12, page 10]. Dans l’islam, nous avons également le concept suivant : « Ô vous qui croyez ! Combattez ceux des mécréants qui sont près de vous ; et qu'ils trouvent de la dureté en vous » [Le Coran, 9 : 123] et « Ceux qui croient combattent pour la cause d’Allah » [Le Coran, 4 : 76]. Quelle est la raison d'un tel combat ?
Avant de s’installer à Médine, le Saint Prophète a demandé aux représentants des tribus « Ous » et « Khazraj », venus de Médine, de lui prêter leur serment d’allégeance. Il leur a dit qu'ils devraient l'accompagner de leurs vies et de leurs biens et ils ont accepté. Plus tard, le Saint Prophète a déménagé à Médine. Lorsqu'il est entré à Médine, il n'a pas demandé s'il était ou non responsable du gouvernement, car c'était déjà évident. Tout le monde savait qu'il était venu pour diriger le gouvernement et gouverner. C'est l'objectif de la religion : « Nous n'avons envoyé de Messager que pour qu'il soit obéi, par la permission de Dieu » [Le Coran, 4 : 64]. « Pour qu'il soit obéi » ne signifie pas que les gens doivent dire des prières quotidiennes si le prophète le demande, mais plutôt obéir au prophète dans tous les aspects de la vie. Cela signifie la gouvernance. Par conséquent, cela fait partie de l'islam. Ainsi, une partie de l'islam concerne les enseignements islamiques, notamment les leçons d'aqli [rationnelles] et de naqli [narrationnelles], les valeurs morales, le mode de vie et le type de gouvernement que nous devrions avoir. Toutes ces choses sont parmi les enseignements islamiques qui devraient être appris. Cela fait partie de l'islam. Et une autre partie de l'islam met en œuvre ces idées dans le monde extérieur. Cela signifie que le monothéisme devrait être appliqué dans le monde extérieur. Cela signifie que la prophétie- dans le sens d'être à la tête de la société - devrait se matérialiser. Eh bien, c’est vous qui devez concrétiser un concept tels que « Les oulémas sont les héritiers des prophètes ». Je ne dis pas que vous devriez être à la tête de la société. Bien, il peut y avoir différents types et formes de gouvernement, mais en tant qu'érudits et experts religieux, vous avez le devoir d'appliquer l'Islam dans le monde extérieur et dans l'environnement de la vie. C'est notre devoir et c'est ce que notre magnanime Imam [Khomeiny] a fait. Un des amis a correctement évoqué au début de la réunion la charte des séminaristes - cette lettre bien connue et détaillée écrite par l’Imam [Khomeiny]. Vous devriez lire fréquemment la charte des séminaristes. L’Imam était un sage au vrai sens du mot. Un sage n'est pas seulement une personne qui connaît la philosophie. La sagesse a rayonné dans son comportement, dans ses discours et dans ses écrits.
Par conséquent, ce que les séminaires islamiques ont fait au cours des activités révolutionnaires récentes - les activités menant à la formation de la République islamique - sous la direction de l'Imam est exactement le devoir dont les séminaires islamiques doivent s'acquittés. Nous ne pouvons pas affirmer que les séminaires islamiques ont agi en dehors de leurs responsabilités pendant la période des activités révolutionnaires. Ce n'est pas le cas. L'imam était à la tête de celles-ci et le clergé, des érudits et de nombreuses grandes personnalités des séminaires islamiques l'accompagnaient et se tenaient à ses côtés. Une fois, j’ai comparé ce mouvement lancé par le clergé de l’époque à travers tout le pays à ce saint verset : « [Et voilà] ce que ton Seigneur révéla aux abeilles : "Prenez des demeures dans les montagnes, les arbres, et les treillages que [les hommes] font. Puis mangez de toute espèce de fruits, et suivez les sentiers de votre Seigneur, rendus faciles pour vous. De leur ventre, sort une liqueur, aux couleurs variées » [Le Coran, 16 : 68-69]. Le clergé de cette époque éveillait le peuple et nourrissait la jeunesse avec des concepts révolutionnaires et la valeur de combattre dans la voie de Dieu et dans la voie de l'Islam, et ils piquaient en même temps ceux qui auraient dû être piqués. C'est la vérité de la question. C’était le devoir des séminaires et ils l’accomplissaient. Ce jour-là, ils devaient s’acquitter de cette tâche et aujourd'hui également - lorsque le système islamique a heureusement été mis en place et lorsque nous attendons la mise en place véritable du gouvernement islamique, puis la mise en place véritable de la société islamique et, ensuite, le véritable établissement de la civilisation islamique - les séminaires islamiques ont des responsabilités en rapport avec cette grande tâche et ils doivent les assumer. Alors, que devez-vous faire ? Vous devez y réfléchir. Ce sont parmi les sujets qui vous concernent.
Lorsque les messieurs ont pris la parole, je me suis rendu compte que ces bonnes déclarations, ainsi que la littérature et le vocabulaire appropriés que notre jeune clergé utilise heureusement, sont indispensables aujourd’hui. Vous devriez montrer votre présence dans tout le pays. Dans le temps présent, il y a la tradition de prendre des minbars. Vous devriez aller discuter de ces bonnes déclarations et d'excellents points - qui couvrent différents domaines - avec les gens. Vous devriez discuter avec eux de questions telles que le style de vie, le gouvernement islamique, la lutte contre le Taghut, l’instauration du monothéisme dans la société au vrai sens du mot et la question de la justice, qui est l’une des questions les plus fondamentales. Vous devriez sensibiliser les gens et générer des discours révolutionnaires dans les gens. Bien sûr, ces discours existent déjà, mais vous devriez les renforcer. Les séminaires islamiques peuvent remplir de nombreuses tâches. Une partie de ces tâches incombe aux organisations responsables à l'intérieur et à l'extérieur des séminaires et une partie d'entre elles revient au clergé lui-même.
Notez que nous sommes confrontés à un problème d'identité et d'épistémologie des séminaires islamiques. Que sont les séminaires islamiques ? Les séminaires islamiques sont un centre de formation d'érudits religieux et les érudits religieux sont des individus qui acquièrent des enseignements religieux et entrent dans l'arène afin de réaliser ces enseignements. Et peu importe que de tels érudits religieux soient spécialisés en Fiqh, en philosophie ou en Kalam. Notre magnanime imam [Khomeiny] était un grand faqih. Il était vraiment un faqih exceptionnel, mais il était également un Mudjtahid et un expert en mysticisme théorique au vrai sens du terme. Il en va de même pour son professeur, le regretté Shahabadi. Une fois, l'imam m'a dit qu'il ne fallait pas penser que M. Shahabadi n'était pas impliqué dans des activités révolutionnaires. Je ne me souviens pas exactement de ce qu'il a dit. Je pense l'avoir écrit quelque part. L'imam avait dit quelque chose comme ceci, citant le regretté Shahabadi : « Si j'avais des camarades et des partisans, je me soulèverais. » C'est donc l'identité des séminaires islamiques. Ceci est leur format principal. Toutes les tâches dans les séminaires doivent être effectuées sur la base de cette perspective. Lorsque vous parlez de spécialisation, lorsque vous formulez certaines demandes et lorsque vous formulez des suggestions concernant l’identification des capacités, toutes ces très bonnes déclarations devraient être effectuées dans ce cadre et cette perspective.
En ce qui concerne les questions qui ne sont pas directement liées à la religion, par exemple les sciences naturelles, entre autres, qui ne sont pas directement liées à la structure de la pensée religieuse, ce sont les séminaires islamiques qui doivent spécifier leur ligne de mouvement. Ce sont les séminaires islamiques qui devraient préciser l’orientation du mouvement scientifique, car c’est le travail de la religion. C'est la religion qui canalise la science. La science peut être au service de l’humanité, mais aussi contre l’humanité. Cela peut servir la justice et peut également servir les oppresseurs et les taghuts arrogants dans le monde, comme c'est le cas à l'heure actuelle. Ainsi, diriger et canaliser la science est une autre responsabilité des séminaires islamiques.
J'avais écrit un certain nombre de verset à réciter pour vous, mais cela ne peut pas être fait car il ne reste que quelques minutes avant que l’appel à la prière [et la rupture du jeûne].
J'aimerais soulever un point concernant les études : vous devriez prendre vos leçons au sérieux. Vous devriez prendre le Fiqh au sérieux. Notez que les érudits religieux souhaitent apprendre les enseignements islamiques. Où devraient-ils l’apprendre ? Ils devraient l'apprendre du livre, de la sunna [tradition islamique] et de "l'intellect". Une partie de ces enseignements est liée à l'intellect et une partie d'entre eux est liée aux sciences du livre, de la sunna et du naqli [par opposition aux sciences aqli]. Eh bien, ils devraient savoir comment ils veulent les apprendre. C'est l'idjtihad. L’idjtihad signifie comment acquérir ces enseignements à partir des sources. C’est une méthodologie - c’est un terme occidental et j’ai toujours insisté pour ne pas utiliser ces termes, mais c’est là que je dois le faire. Cela signifie faire face aux faits et aux réalités en utilisant les sources. C'est l'idjtihad. Si nous souhaitons profiter de l'idjtihad, nous devrions pratiquer et travailler. Et peu importe la leçon de Fiqh que vous étudiez, même s’il s’agit de taharat [questions relatives à l’ablution et l’hygiène personnelle et publique]. Certains membres du clergé demandent parfois : « Pourquoi parlez-vous toujours de taharat et d’autres questions du même genre ?» Cela n’a aucune importance. Vous avez besoin de ce que vous enseigne la façon de déduire ces règles. Ces règles concernent parfois le taharat, les prières quotidiennes, les transactions commerciales, la location de locaux, etc. Vous devriez savoir comment les obtenir. Si vous apprenez à déduire ces règles, vous pourrez alors déduire les valeurs morales du Livre et de la Sunna de la bonne manière. Vous ne devriez pas ressembler à des personnes à demi-instruites - nous voulons les respecter et, par conséquent, nous ne les qualifions pas de non instruites, nous les décrivons plutôt de demi-instruites - qui ont appris certaines choses de manière incomplète sur des questions religieuses, citant parfois un certain verset. Eh bien, ce verset spécifique n’a pas ce sens ni cette interprétation. C’est à cause de la faiblesse de notre compréhension et de notre interprétation des versets. Et c'est pourquoi ils n'ont pas l'idjtihad. Il est donc nécessaire d’étudier ses leçons pour devenir mudjtahid. Bien sûr, je ne veux pas dire que tout le monde devrait devenir un mudjtahid. En fait, il s’agit d’une obligation collective kefaï wajib [une obligation islamique qui ne s’adresse pas à une personne en particulier. Si certains individus remplissent cette obligation, d'autres n'auront pas à le faire eux-mêmes]. Certaines personnes peuvent ne pas avoir besoin de devenir mujtahid, mais pour acquérir les enseignements de l'Islam, l'idjtihad est nécessaire. C'est un point : vous devriez bien étudier. Le clergé intellectuel d’aujourd’hui n’a pas le droit de dire : « Oubliez ces idées. Oubliez les leçons. » Vous devriez étudier vos leçons. Sans les ingrédients principaux, la nourriture sera insipide. À l'époque des activités révolutionnaires, nous enseignions le « Makasib » et le « Kefayah ». Certains membres du clergé enthousiastes et énergiques autour de nous à Machhad étaient réellement engagé dans des activités révolutionnaires, mais nous les entendions parfois dire : « Quelles sont ces leçons ? ». Je leur dirais que s’ils n’étudiaient pas ces leçons, ils ne pourraient pas servir le gouvernement islamique plus tard et qu’ils ne pourraient rien enseigner à la population. Donc, suivre ces études est une question importante.
Une autre question est qu’il pourrait y avoir des divergences d’opinion sur divers sujets dans les séminaires islamiques. Ces différences d’opinion existent déjà dans les domaines de la recherche et les orientations intellectuelles. Ces divergences d’opinion pourraient donc également exister dans les domaines politiques. Il n'y a rien de mal à cela. Les différences peuvent être gérées. Veillez à ne pas laisser les différences mener à la confrontation, à la tension et à se gratter mutuellement le visage. Dans le passé, nous avions des divergences d’opinion dans la tradition de nos séminaires islamiques. Pour citer l’exemple le plus récent, je voudrais mentionner le regretté Hajj Sheikh Mojtaba Qazvini (que Dieu lui accorde le paradis). Il était un mullah exceptionnel et formidable à Machhad, opposé à la philosophie et au mysticisme. J'étais moi-même et je suis toujours l'un de ses admirateurs. C’était vraiment un grand homme, mais c’était quand même son goût d’érudit : il était très opposé à la philosophie et au mysticisme et il avait écrit des livres à cet égard. Il enseignait aussi et il était l'un des meilleurs élèves du feu Amirza Mahdi Ispahani. Et notre magnanime imam [Khomeiny] était le cerveau de la philosophie et du mysticisme. Il était l'incarnation de la philosophie et du mysticisme. Eh bien, ils étaient très différents l’un de l’autre. Ce sont deux pôles complètement différents. Cependant, lorsque les activités révolutionnaires ont commencé et que l'Imam a montré qu'il était le leader de ces activités - il l'a montré dès les premiers jours - M. Hajj Sheikh Mojtaba Qazvini, malgré tous ses désaccords, est allé de Machhad à Qom pour voir l’Imam accompagné d’une foule d'individus. Là, il a montré son soutien à l’Imam. Tant qu'il fut en vie - il mourut en 1967 - il est resté attaché à la Révolution. Les espoirs de nous, jeunes membres du clergé d'alors de Machhad, étaient vraiment ancrés dans le regretté Hajj Sheikh Mojtaba, en dépit du fait qu'il avait des divergences d'opinions avec l'Imam.
Le regretté Amirza Javad Aqa Tehrani était un autre mollah appartenant au groupe opposé à la philosophie et au mysticisme. Nous avons eu des cours avec lui aussi. Eh bien, il était le point opposé à l’Imam. Cependant, avant la Révolution, il montrait son admiration pour l’Imam. Avant la victoire de la Révolution, je l'ai moi-même entendu admirer l’Imam. Après la victoire de la Révolution aussi, il est allé à la guerre. Un homme octogénaire ans revêtu de vêtements bassidjis, tient un mortier et se bat ! Nous avons eu de tels individus. Malgré l'unité dans le vrai sens du mot, il y avait aussi des divergences d'opinion. Ils ont travaillé pour Allah et sur le sentier d'Allah.
Nous avons eu un tel clergé dans le passé lointain aussi. Le regretté Yusuf al-Bahrani - connu sous le nom de « Saheb al-Hadaeq » - était un akhbari [un groupe d'érudits chiites qui rejettent l'utilisation du raisonnement dans les verdicts et qui utilisent le Livre et la Sunna comme critère principal]. Bien sûr, il était un akhbari très compétent et il a écrit «al-Hadaeq ». Il y avait aussi le feu Aqa Baqir Behbahani, un fervent et pur usuli. En effet, il a relancé l’école usuli à un moment donné de l’histoire de nos séminaires. Ces deux personnalités résidaient toutes deux à Karbala et avaient eu des discussions animées. Le regretté Saheb al-Hadaeq a écrit dans son testament qu’à sa mort, il souhaitait que M. Baqir Behbahani dise des prières pour lui et c’était ce qui s’était passé. À sa mort, le regretté Aqa Baqir Behbahani a prononcé des prières sur son corps. Ces choses existaient dans les séminaires islamiques. Bien entendu, le contraire existait également : il y avait des tensions et des conflits inutiles. Nous avons eu ces choses aussi. Cependant, nos personnalités exceptionnelles étaient comme ça.
Dans les séminaires, d’une part, les jeunes membres du clergé doivent respecter les grandes personnalités des séminaires et suivre leurs instructions - comme cela a été mentionné dans la "Charte des séminaristes" de l’Imam Khomeiny (que Dieu lui accorde le paradis) - et, d’autre part, les grandes personnalités des séminaires islamiques doivent faire preuve de patience et de courage à l'égard de la jeunesse. D'une part, il faut faire preuve de patience et de courage et, d'autre part, de politesse et d'obéissance. Est-il temps pour l’appel à la prière ? [Un des participants dit “Oui”]. Je m’excuse vraiment [pour avoir dépassé le temps].
Avec mes salutations et que la miséricorde d'Allah et Ses bénédictions vous accompagnent !