Le monothéisme est principalement considéré et discuté comme une croyance et une conscience théorique par les savants musulmans ; la conscience humaine et la connaissance de l'origine de la Création. En conséquence, la question essentielle en ce qui concerne le monothéisme est généralement la conscience humaine. Tout être humain sait consciemment (par sa conscience) que ses connaissances des problèmes n'ont pas toutes la même importance ; certaines sont plus importantes et d'autres moins importantes. Les types de connaissance qui ne font aucune différence dans son chemin de vie n'auront aucune importance pour lui. Bien qu'au-delà de la portée du présent article, pour le dire brièvement, il est clair que tout changement dépend d'abord d'une connaissance et d'une compréhension exactes et, d'autre part, de sa juste mise en pratique. Sur cette base, dans les hadiths islamiques, la connaissance a été divisée en bénéfique et non bénéfique et dans certains hadiths, la connaissance non bénéfique est considérée comme la connaissance qui n'est pas mise en pratique par l'être humain.[2]

La connaissance du monothéisme n'est pas une exception dans ce cas. La connaissance humaine sur l'origine de la Création ne sera bénéfique que lorsque le but (de la vie) et le chemin pour atteindre ce but seront clarifiés et déterminés pour les êtres humains par cette connaissance monothéiste, conduisant les humains à entrer dans cette voie sur la base de leur libre arbitre. Par conséquent, dans le monothéisme islamique, les aspects théoriques et pratiques ne sont pas du tout séparés mais étroitement liés l’un de l’autre.

Maintenant, la question est de savoir quel type d'action la vision monothéiste requiert. On peut répondre à cette question en examinant le sens profond et authentique du monothéisme. Pour le dire brièvement, la vision monothéiste consiste à considérer l'origine de la création comme une seule et unique. Sur cette base, il y a deux concepts au cœur de la vision monothéiste : la qualité de Créateur et l'unité du Créateur. Le premier concept introduit la relation entre Dieu et l'homme comme la relation entre la créature et le Créateur ; cette relation est pratiquement évoquée dans le cadre de l'adoration et de l'obéissance humaine à Dieu : « O hommes ! Adorez votre Seigneur, qui vous a créés » [3] — qui a été présenté comme le but de la création de l'homme et des djinns : « Je n'ai créé les djinns et les humains que pour qu'ils M'adorent. » [4]

Cependant, le deuxième concept, qui est à la base du monothéisme, sans lequel le statut de Dieu le Tout-Puissant n'est pas reconnu, est la question de l'unité de Dieu et la négation du polythéisme. Comme la croyance en la création de Dieu se reflète pratiquement dans la servitude humaine envers Dieu, l'unité du Créateur se reflète également dans l'exclusivité de la servitude et de l'obéissance à Dieu le Tout-Glorieux dans les actions humaines. La négation d'adorer et d'obéir à quiconque/à quoi que ce soit d'autre que le seul et unique Dieu est manifestement exprimée dans la principale phrase islamique « Il n'y a de dieu qu'Allah » (« La illaha illa-Allah »). En effet, dans le monothéisme, liberté et servitude se rejoignent ; liberté de l'homme vis-à-vis quiconque/quoi que ce soit sauf Dieu et en même temps servitude et obéissance au seul et unique Créateur. Ici, l'accent est mis sur ce point essentiel que la servitude humaine et l'obéissance à tout être sont réalisées par son obéissance aux ordres de cet être et, en revanche, la libération humaine de l'esclavage d'un être exige sa désobéissance à cet être. En d'autres termes, la servitude envers tout être signifie accepter la domination de cet être.

Par conséquent, le monothéisme théorique exige l'obéissance à Dieu et l'acceptation de sa domination et simultanément la négation de l'obéissance à tout sauf Dieu et le rejet de leur domination. Étant donné que dans les communautés humaines, le meilleur exemple de pratique du leadership et de la domination sont les gouvernements, le résultat pratique le plus évident du monothéisme est la négation des gouvernements qui ne représentent pas les principes divins. Cependant, ce qu'est un gouvernement divin et qui est responsable de son établissement et de l'exécution de ses lois ne rentre pas dans le cadre du présent article, mais on peut brièvement affirmer qu'un gouvernement divin est celui dont les lois sont conformes aux ordres de Dieu et basé sur les révélations divines. Ces lois sont principalement adoptées par les prophètes et leurs successeurs et lorsque les prophètes ou leurs successeurs ne sont pas présents, elles sont exécutées par ceux pour lesquels les qualifications et conditions requises pour la légitimité de leur souveraineté ont été énoncées dans les hadiths ; ces qualifications incluent être connaisseur et bien informé des lois divines et être juste et vertueux.

Dans le Saint Coran, la contradiction entre la servitude envers Dieu, qui est le résultat direct du monothéisme, et l'acceptation de la domination de pouvoirs non divins a été clairement soulignée : « Certainement Nous avons envoyé dans chaque communauté un Messager, [pour leur dire] : "Adorez Dieu et écartez-vous du Taghut (faux dieux)". » [5] La gouvernance islamique est mise et contradiction avec la domination des fausses divinités. Considérant que, d'une part, l'existence d'un gouvernement est essentielle pour gérer une société, et que d'autre part, la gouvernance de fausses divinités est illégitime, la seule option restante serait le gouvernement religieux.

Bien sûr, les fausses divinités sont de différents types et elles peuvent être évitées de différentes manières selon les conditions et le niveau de pouvoir de la communauté monothéiste. Des concepts tels que l’Hégire (l'émigration des fidèles), le Djihad et la révolution peuvent être interprétés dans ce cadre et tout musulman devrait agir de ces manières autant qu'il le peut.

En conséquence, il existe un lien clair entre le monothéisme et la question du pouvoir régnant sur la société. D'autre part, le concept de politique renvoie principalement à la question du pouvoir en place et à la manière dont la société est gouvernée et gérée. Par conséquent, le monothéisme, qui est la base de l'Islam, est directement lié à la politique. Cela a été souligné par l'imam Khamenei de différentes manières. Par exemple, il a déclaré :

« L'Islam est une religion monothéiste et le monothéisme signifie la liberté de la servitude, de l'obéissance et de la soumission à n'importe quoi et à n'importe qui en dehors de Dieu ; cela signifie briser les chaînes de domination des systèmes humains dominants ; cela signifie briser le poids de la peur du diable et des puissances matérielles ; cela signifie s'appuyer sur des pouvoirs infinis que Dieu a mis dans le cœur de l'homme et a demandé à l'homme de les utiliser comme un devoir inviolable ; cela signifie la confiance en la promesse de Dieu de rendre les opprimés victorieux sur des oppresseurs et sur l'arrogance s'ils se soulèvent, se battent et résistent contre eux… ».[6]

Parmi les manifestations les plus évidentes du monothéisme se trouve le Hadj abrahamique. La plupart des rites du Hadj renvoient à l'un des événements liés à la prophétie du prophète Abraham (psl). Dans le Saint Coran, Abraham (psl) non seulement ne s'est pas cédé au polythéisme et à la domination des polythéistes, mais a essayé de libérer les autres du polythéisme et de l'idolâtrie et de mettre fin au règne illégitime de Nimrod. En fait, si le combat monothéiste d'Abraham contre Nimrod et l'ignorance de l'idolâtrie avaient été basés sur un compromis avec Nimrod et la souveraineté de ses disciples, comment pourrions-nous justifier le bellicisme de Nimrod contre Abraham ? Dans ce cas, cette action d'Abraham (psl) pourrait-elle signifier autre chose qu'une tentative de transformer une communauté et un système polythéistes en un système monothéiste, qui est de toute évidence une action politique ?

L'imam Khamenei, dans un contexte monothéiste, envisage une relation entre le Hadj et la politique : « Le Hadj est au centre de la connaissance islamique et révélateur d'une politique générale de l'Islam pour gérer la vie humaine. Le Hadj est une manifestation du monothéisme, du rejet et de la lapidation de Satan et une répétition du slogan d'Abraham (psl) selon lequel « Je répudie les polythéistes » [7] et [8]. Le guide suprême de la Révolution islamique décrit ensuite la cérémonie du Hadj comme la « scène de l'unité de la nation islamique basée sur le monothéisme et la haine des polythéistes et la négation et le rejet de toutes les idoles. Une idole est tout ce qui remplace Dieu et transforme la wilayat (règle) de Dieu en la sienne et prend la force et la volonté des humains sous contrôle, qu'il s'agisse de pierre, de bois ou des pouvoirs sataniques dominateurs et despotiques ou les préjugés injustes à l'ère de l'ignorance : « Au-delà de la vérité qu'y a-t-il donc sinon l'égarement ? » [9] et [10]. L'imam Khamenei, conclut alors qu'une véritable servitude envers Dieu le Tout-Puissant n'est réalisable qu'en se tournant simultanément vers Dieu le Tout-Puissant et en niant toutes les fausses divinités. [11]

Ce qui distingue le Hadj des autres rites religieux, c'est le grand rassemblement qui s'y déroule et, comme cela a déjà été mentionné, c'est très important. Le grand rassemblement des musulmans et leur unité autour du pivot du monothéisme est en soi une source de puissance et de grandeur pour les musulmans. Dans ses déclarations sur le Hadj, l'Imam Khamenei souligne que : « Quiconque voit le monothéisme – le slogan de la spiritualité et de l'unité des musulmans – dans le Hadj, comprend que ce grand rassemblement est pour montrer la grandeur de l'Islam et du monothéisme aux mécréants. » [12] Et il est évident que le pouvoir résultant de l'unité et du rassemblement est considéré comme un enjeu politique : « Ce dont nous avons besoin aujourd'hui dans le Hadj en termes d'affaires politiques est exactement basé sur les enseignements islamiques ; la création de l'unité est une question politique, une question islamique, un acte de culte ; « Attachez-vous, tous ensemble, à la corde d'Allah, et ne vous divisez pas [en sectes]. » [13] et [14].

Par conséquent, à la fois conceptuellement et formellement, le Hadj est étroitement lié à la politique ; son concept indique la négation des fausses divinités et la nécessité d'être obéissant au gouvernement divin et sa forme en termes de rassemblement et d'unité des musulmans conduit au pouvoir politique. L'effet de cette unité et de ce rassemblement sur la gloire et le pouvoir des musulmans sera maximisé s'il s'accompagne d'une connaissance et d'une reconnaissance de la réalité politique du monothéisme.

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[1] Saint Coran 2 : 258 ; Saint Coran 14 : 25 ; Saint Coran 19 : 42-45 ; Saint Coran 21 : 52-67 ; Saint Coran 26 : 70-82 ; Saint Coran 29 : 17, Saint Coran 43 : 26-27 et Saint Coran 60 : 4.

[2] Tohfatul-Oghul, p. 70 ; Nahj-ul-Balaghah (Sobhi Saleh), lettre no. 31 ; Kanz al-Foad, tome 1, p. 385 ; Oyun al-Hekam-e wa al-Mawaiz, p. 341 ; Ghurar al-Hikam wa Durar al-Kalim, p. 463 et 793.

[3] Saint Coran 2 : 21.

[4] Saint Coran 51 : 56.

[5] Saint Coran 16 : 36.

[6] Message à l'occasion du premier anniversaire de la disparition de l'Imam Khomeiny (31 mai 1990).

[7] Saint Coran 9 : 3.

[8] Message aux pèlerins du Hadj (5 juillet 1989).

[9] Saint Coran 10 : 32.

[10] Message aux pèlerins du Hadj (5 juillet 1989).

[11] Message aux pèlerins du Hadj (5 juillet 1989).

[12] Discours lors d’une réunion avec les organisateurs du Hadj (5 avril 1995).

[13] Saint Coran 2 : 103

[14] Discours lors d’une réunion avec les organisateurs du Hadj (3 juillet 2019).

 

Source : https://english.khamenei.ir/news/8592/Hajj-a-manifestation-of-a-correlation-between-religion-and-politics