Ce qui suit est le texte intégral du discours prononcé le 12 juillet 2023 par le Guide suprême de la Révolution islamique, lors d’une réunion avec des étudiants et des prédicateurs des centres d’enseignement islamique.
Au nom d’Allah, le Tout-Miséricordieux, le Très-Miséricordieux
Louange à Allah, Seigneur de l’univers, et paix et salutations à notre Maître Abi al-Qassem Muhammad, et à sa Lignée pure, immaculée et élue, en particulier celui qui représente le trésor d’Allah sur Terre.
Il m’est très agréable et réconfortant de participer à ce rassemblement d’étudiants et de prédicateurs des centres d’enseignement islamique. J’ai toujours rêvé d’être parmi vous et de vivre dans l’environnement des centres islamiques, des étudiants des centres islamiques et des responsables religieux. Quand l’Imam [Khomeiny] me demanda de me présenter pour un second mandat, à la présidence, je lui ai dit que je préférerais aller vivre à Qom, à la fin de mon premier mandat. Il a dit qu’il aimerait aussi aller à Qom, mais que ce n’était pas possible. Mon rêve est d’être parmi vous et de travailler avec vous, mes chers frères et sœurs – vous, étudiants du centre d’enseignement islamique, vous faites partie des groupes les meilleurs et les plus dignes de confiance, avec lesquels on peut travailler.
Les questions abordées par M. Arafi [responsable des centres islamiques] étaient très intéressantes. Avant d’entrer ici, dans le couloir, une petite exposition avait été organisée où certaines activités [des centres islamiques] étaient mentionnées, que j’ai également trouvée très agréable. J’approuve tout ce qui a été dit ici, concernant les devoirs des centres islamiques, qui avaient également été présentés dans l’exposition.
Il y a beaucoup à dire sur les centres islamiques et ceux qui en font partie. On peut en parler sous différents aspects. Le point que j’ai choisi aujourd’hui, est la question du tabligh [activités de propagation de l’islam]. Quand je vois les informations qu’on me donne sur différents sujets, je deviens très inquiet pour le tabligh. Toutes les activités qui ont été mentionnées et rapportées sont vraies, nous savons qu’elles sont vraies. Cependant, ce dont nous avons besoin est bien supérieur. Les capacités du tabligh dans ce pays, sont si grandes et si étendues, que même si nous travaillons plusieurs fois plus qu’actuellement, je ne pense pas que cela répondra aux capacités que nous avons. Nous avons besoin du tabligh, de la prédication et des recherches. Si notre prédication n’est pas basée sur la recherche, elle sera inefficace et inutile. Je dirai quelque chose à ce sujet à la fin de mon discours. Donc, j’ai préparé quelques points au sujet de la prédication (tabligh) que je partagerai avec vous, aujourd’hui.
Aujourd’hui, l’opinion courante dans les centres islamiques, est que la prédication vient en second lieu. La priorité est ailleurs comme les diplômes universitaires et des choses de ce genre. La prédication vient en second lieu. Il faut dépasser ce point de vue. La prédication doit venir en premier. C’est ce que je veux dire. Pourquoi disons-nous cela ? Que considérons-nous comme le but de la religion ? Qu’est-ce que la religion de Dieu a à voir avec nous, les êtres humains ? Eh bien, nous avons un but ultime qui - en fonction de notre potentiel - nous élève sur la voie du khalifatullah [représentant de Dieu], et de l’être humain parfait. C’est le but de la religion. Il existe également des objectifs intermédiaires comme le maintien de la justice : « … afin que les gens puissent établir la justice » (Coran 57:25), ou la nécessité d’établir un système de gouvernance islamique : « Nous n’avons envoyé de Messager que pour être obéis par l’ordre d’Allah » (Coran 4:64). Le centre de l’obéissance est la religion, et signifie la formation d’un système de gouvernance islamique, c’est l’un des objectifs de la religion. C’est un objectif intermédiaire, comme l’établissement du bien, la propagation du bien, l’élimination du mal et la propagation des bonnes paroles et des bonnes œuvres : « Vers Lui monte la bonne parole, et Il élève la conduite juste » (Coran 35 :10). Ce sont les buts de la religion. Quel que soit celui que vous examinez, vous verrez que le moyen d’y parvenir passe par le tabligh. Cela ne peut pas arriver sans tabligh (formation). Maintenant, il peut y avoir des exceptions où une lumière [divine] pénètre dans le cœur de quelqu’un, comme un appel divin, et l’éclaire, mais c’est une autre affaire, c’est une exception. Lorsque l’on considère ces objectifs et des objectifs similaires pour les gens, la religion de Dieu ne peut pas se réaliser sans tabligh. Donc le tabigh vient en premier. C’est pourquoi nous voyons que dans le Coran, l’accent est mis sur la question du tabligh.
Dans les références coraniques que j’ai vues pour cette discussion, le mot balâgh [communication] ou balâghun mubin apparaissent dans le Coran environ 12 ou 13 fois. Balâghun mubin signifie une communication qui ne laisse aucun doute : « Et notre devoir est seulement de communiquer en termes clairs » (36:17). Elle ne doit laisser aucune place au doute. Le mot [arabe] Balâgh signifie transmettre et communiquer un message aux oreilles et au cœur des gens. Cela est répété plusieurs fois dans le Coran, 12 ou 13 fois. Ce terme a été utilisé par les prophètes : « Notre devoir est seulement de communiquer en termes clairs » (36:17). Il est utilisé par Dieu, Tout-Puissant, lorsqu’Il s’adresse au Prophète : « Alors [avec emphase] ton devoir est de communiquer » (3:20). Cette question de communication est également présente dans le verset : « Ceux qui communiquent les messages d’Allah et Le craignent, et ne craignent personne sauf Allah » (33:39). C’est le verset qui a été récité [au début de la réunion] par le lecteur respecté. Il existe également d’autres versets : « Je vous communique les messages de mon Seigneur » (7:62) ou « Communiquez ce qui vous a été envoyé par votre Seigneur » (5:67).
Il existe de nombreux mots parallèles et similaires au mot balâgh, dans le Coran. Le tabligh en tant qu’invitation, a été cité à de nombreuses reprises dans le Coran : « Invite à la voie de ton Seigneur avec sagesse et bon conseil » (16:25) ou : « Réponds à Allah et au Messager quand ils t’appellent à ce qui donne la vie » (8 :24). Il existe de nombreux autres versets qui font également référence à l’invitation. Il existe également de nombreux versets sur l’avertissement aux gens et l’annonce de bonnes nouvelles. Tout cela est une invitation, tout cela est un tabligh. Si vous examinez largement le Coran, vous verrez qu’il met l’accent sur le tabligh. En fait, le Coran considère le tabligh comme le devoir des prophètes.
Mais qu’en est-il des successeurs des prophètes ? « Les savants sont les successeurs des prophètes » (Al-Amâli du Cheikh Saduq p 60). Puisque vous êtes les successeurs des prophètes, une partie fondamentale de votre devoir est le tabligh, vous devez vous engager dans le tabligh et transmettre le message de la religion et le message de Dieu au cœur et aux oreilles des gens. A qui transmettre ce message ? A toute l’humanité. Bien sûr, il y a des priorités, naturellement votre société est prioritaire. Certains endroits sont prioritaires et certains endroits ont moins d’importance. Mais le message doit atteindre tout le monde. Voyons l’importance du tabligh de cette manière.
C’est pourquoi vous voyez que la tradition du tabligh existe dans les centres islamiques, depuis le début, il y a mille ans. Bien sûr, je n’ai pas eu le temps d’examiner cela en détail - je veux dire que je n’ai pas eu le temps de trouver les références, mais d’après ce que je me souviens, disons qu’il s’agit de l’époque du Cheikh Saduq, par exemple, qui a écrit de nombreux livres, tous consacrés au tabligh. Al-Amâli parle du tabligh, Al-Khissâl parle du tabligh et Uyun Akhbâr Al-Reza parle du tabligh. Tous ces livres traitent du tabligh pas seulement dans le sens religieux, mais aussi dans le domaine de l’éthique, de la religion et du monothéisme. Ce sont exactement les choses que nous devons faire. Les traités du Cheikh Mufid qui répondaient à des questions de divers pays – qui ont été publiés il y a quelques années lors de la Conférence sur le Cheikh Mufid – sont une forme de tabligh. Cheikh Tussi, en plus du profond juriste qu’il était, a écrit le livre Al-Amâli qui est un livre de tabligh. Al-Amâli de Sayed Morteza est un livre de tabligh. Comme je l’ai dit, je n’ai pas eu le temps de chercher les références, mais vous pouvez vous y référer, vous avez plus de temps, pour voir comment le tabligh était pratiqué dans les centres islamiques, les siècles précédents. Par exemple, au cours des derniers siècles [Mohammad Baqer] Majlisi - qui était une grande personnalité qu’il ne faut pas sous-estimer, car il était vraiment une personnalité exceptionnelle - en plus de sa [très célèbre encyclopédie de hadiths : Bihar-al Anwar], a écrit de nombreux livres sur les hadiths et les études de hadiths - des livres comme le Haq-ul Yaqin et Hayat-al Qulub, tous deux écrits en persan. Quel était le but de ces livres ? le tabligh ! [Muhammad Mahdi] Naraqi a également écrit des livres en persan. Bien sûr, il y a eu d’autres écrits plus tard, dont je me souviens. Par exemple, le Minhaj al-Sadeqin et d’autres livres similaires qui ont été écrits en persan. À qui s’adressent ces livres en persan ? Ils n’étaient pas destinés aux érudits, ce sont des livres de tabligh destinés au grand public. En d’autres termes, les érudits attachaient de l’importance à la tradition du tabligh. Je n’ai pas eu le temps [de faire des recherches] pour voir quand le tabligh a commencé sous sa forme [actuelle] depuis les minbars [les chaires des mosquées], j’aurais aimé faire des recherches là-dessus, mais considérez par exemple, Mollah Hussein Kashefi Sabzevari, aux IXème et Xème siècles [de l’hégire], ou par exemple, Vaez Qazvini, au Xème siècle, qui était aussi un grand poète. Si je me souviens bien, ils montaient en chaire et faisaient des discours, et la tradition de parler depuis le minbar existait alors. Mollah Hussein Kashefi est l’auteur du livre Rawzat ul-Shuhada. Les élégies que nous récitons sont en fait, tirées de son livre. Et aussi plus tard, de grands érudits comme Cheikh Jafar Shushtari [ont fait de même]. Cheikh Jafar Shushtari était un prédicateur bien connu, un religieux et un grand juriste, mais il parlait également sur le minbar, bien sûr, il ne faut pas le confondre avec Cheikh Jafar Kashif al-Ghita. Il y avait aussi Agha Reza Hamedani Vaez, un grand religieux, qui ne doit pas être confondu avec Agha Reza Hamedani qui a écrit le Misbah al-Faqih. C’est quelqu’un d’autre. Vaez a écrit le livre Hidayat ul-Naml ila Rais ul-Millah. A notre époque, le regretté philosophe Sayed Abul-Hasan Qazvini, auprès de qui l’Imam Khomeiny a brièvement étudié, dans sa jeunesse, était un grand érudit. Je l’ai vu moi-même, il priait dans une salle de la Grande Mosquée de Téhéran. Il parlait depuis le minbar et les gens écoutaient ses discours. Avant lui, Mirza Muhammad Ali Shahabadi, le professeur de l’imam Khomeiny - que [malheureusement] nous n’avons pas vu - avait l’habitude de parler depuis le minbar de la même mosquée. Ils ne considéraient pas les discours depuis le minbar, comme une chose sans importance. À Machhad, Hadj Mirza Hussein Sabzevari et Hadj Agha Hassan Qomi parlaient également depuis le minbar. Ainsi, la tradition du tabligh - que ce soit sous forme d’écriture, de discours ou de récitation de poésie - existait dans les centres islamiques. Cela montre à quel point cela est important.
Donc, comme je l’ai dit, le tabligh doit être la priorité absolue des centres islamiques. Il en a été ainsi à différentes époques, mais c’est beaucoup plus important à notre époque, parce que quelque chose s’est produit à notre époque, qui ne s’est pas produit depuis plus de mille ans, depuis le début de l’Islam, c’est-à-dire l’établissement d’un gouvernement islamique. La formation d’un système politique d’administration du pays basé sur l’Islam, est sans précédent (dans le pays). Dans une telle situation, il est évident que l’inimitié envers l’islam s’intensifie, comme vous le savez et comme vous pouvez le voir aujourd’hui. Ces inimitiés ont tellement augmenté que nous nous y sommes habitués et ne remarquons pas tous, les différents types d’inimitiés de l’ennemi. Par conséquent, le tabligh est beaucoup plus important à notre époque, parce que dans le système islamique, le peuple et la foi du peuple, constituent la force du système. Si les gens n’ont pas la foi, il n’y aura pas de système. Comme [l’Imam Khomeiny] l’a déclaré : « La défense du régime islamique est l’une des questions les plus importantes sur le plan religieux ». Et si c’est la chose la plus importante, la préservation de la foi des gens devient obligatoire. Le tabligh devient alors encore plus important dans ce sens. Deuxièmement, parce que cette époque est une époque de développement scientifique. Il existe aujourd’hui, différentes manières de diffuser le message, qui n’auraient même pas pu être imaginées dans le passé. Il y a les télévisions et les satellites, l’Internet et le post-Internet, et des choses plus récentes comme l’intelligence artificielle et d’autres choses en route !
Dans une telle situation où l’ennemi a ses épées tranchantes imbibées de sang, dans les mains, que devons-nous faire ? le tabligh revêt une plus grande importance dans cette situation. Aujourd’hui, comme je l’ai mentionné, le matériel et les logiciels de l’opposition et des ennemis ont progressé et se sont développés. Ils utilisent généralement diverses méthodes pour rendre leurs messages crédibles - en utilisant des méthodes scientifiques et psychologiques que les gens ne connaissaient pas dans le passé - ce sont les outils logiciels qu’ils utilisent et ils sont très importants. La façon dont ils parlent, la façon dont ils font des films, la façon dont ils créent une scène et la façon dont ils écrivent les gros titres sont telles que celui qui les voit (ou les entend), ne doute pas de leur validité, même si tout est faux à cent pour cent. C’est ce à quoi nous sommes confrontés aujourd’hui. Si nous négligeons ces choses et si aujourd’hui, les centres islamiques négligent l’importance du tabligh, la signification du tabligh, la haute priorité et le devoir du tabligh, nous ferons confrontés à des problèmes qui ne pourront pas être facilement réglés - je ne dis pas que c’est impossible, mais ce ne sera pas facile - et nous serons victimes d’un vide culturel. Si, à Dieu ne plaise, un vide culturel se produit, corriger la situation et la réparer ne seront pas des tâches faciles. L’imam [Khomeiny] a dit à plusieurs reprises, que si une telle chose se produisait, ce serait une gifle pour l’Islam dont l’effet restera pendant de nombreuses années. Si nous sommes négligents, cela arrivera. Si nous sommes négligents, les péchés deviendront une chose normale. Les péchés majeurs ne seront plus considérés comme des péchés majeurs et deviendront une chose normale. Vous pouvez voir comment cela s’est produit en Occident ! L’Occident avance, pas à pas, dans cette direction. On n’aime pas utiliser les phrases qu’ils utilisent couramment. La dignité de la parole et de la langue d’un être humain est trop élevée pour répéter ces phrases, mais c’est la réalité. Si nous sous-estimons [l’importance du] tabligh, ces choses toucheront notre société.
Ces points et ces points de vue que j’ai mentionnés, sont clairs et ne laissent aucune place au doute, mais pour rendre cette discussion plus pratique, j’ai noté certains points que je vais mentionner.
Le premier point à propos du tabligh, est de connaître votre public. Si nous voulons mener correctement le tabligh, nous devons apprendre à connaître notre public. Par exemple, le niveau de sensibilisation du public aujourd’hui, tant chez les jeunes que chez les personnes âgées, n’est pas comparable au passé. Ce n’est vraiment pas comparable. J’ai consacré presque toute ma vie au tabligh - plus de 60 ans - avec les jeunes. Dans mes années de jeunesse à Machhad, j’organisais des discussions auxquelles assistaient des jeunes, des universitaires, des étudiants et des lycéens. Les jeunes de l’époque avaient de bonnes idées, ils réfléchissaient bien aussi, mais ils n’étaient pas comparables à [la jeunesse d’] aujourd’hui. Le niveau de réflexion a augmenté. Le tabligh sans garder ce fait à l’esprit, sera inutile. Nous devons connaître le niveau de réflexion de notre public afin de pouvoir ajuster le contenu, le sujet et la forme - les modèles - en fonction de leurs besoins. Sans cela, ce sera inutile. En plus du fait que le niveau de réflexion de nos jeunes, de nos adolescents et de notre public a augmenté, le problème est que dans cette situation chaotique où de nombreuses voix viennent du cyberespace et de divers médias, au milieu de ce pluralisme de voix, une voix a été mise de côté qui est la voix des familles et des générations qui transmettaient leur savoir. Les parents enseignent beaucoup de choses à leurs enfants. Beaucoup de gens ou peut-être la majorité des gens, ont acquis leurs informations et leurs connaissances sur la religion, grâce aux paroles et au comportement de leurs parents. Ces voix sont devenues faibles aujourd’hui. Dans le tumulte provoqué par le pluralisme médiatique, cette voix a été étouffée. Il faut aussi considérer que [d’une part] notre public est un public qui entend beaucoup de choses sur toutes sortes de sujets qui lui viennent à l’esprit, et [d’autre part], est également confronté à des problèmes.
Dans le passé, nous conseillions aux jeunes, de rester à l’écart des mauvais amis et compagnons. Maintenant, les mauvais compagnons sont dans leurs poches ! Ils ont un écran de mauvais compagnons, juste devant leurs yeux et tout y est. Vous devez apprendre à connaître ce public. Si notre matériel et nos méthodes de tabligh ne conviennent pas à notre public, nous ne réussirons pas. C’est un point. Il est possible que ce soit l’une des significations du verset sacré : « Nous n’avons envoyé de Messager qu’avec la langue de son peuple » (Coran 14 :4). Si nous devons le comprendre dans le sens que, par exemple, aux personnes parlant turc, il faut envoyer des prophètes parlant turc, c’est évident, le contraire n’aurait pas de sens, mais je crois que :« Nous n’avons envoyé de Messager qu’avec la langue de son peuple » signifie plus que [les prophètes] doivent parler et expliquer en fonction de la pensée et de la structure intellectuelle de leur peuple. C’est un point. Le premier point est donc de connaître votre public.
Le deuxième point est que le tabligh ne consiste pas seulement à répondre aux doutes et à adopter une approche défensive. Attendre de voir quels doutes et appréhensions apparaissent afin de les empêcher [de se propager] ou d’y répondre, est une mauvaise approche. Bien sûr, il faut le faire, c’est nécessaire, mais le tabligh ne se limite pas à cela. L’autre partie a des fondements idéologiques qui doivent être attaqués. L’autre partie a des discours, des idées et sa propre logique. Les bases de cette logique sont erronées et nous devons identifier ses erreurs. Dans le tabligh, il faut adopter une approche offensive. Pour que cette démarche offensive se concrétise réellement, il est nécessaire de connaître les lieux. Vous devez savoir à qui vous faites face, lorsque vous êtes confrontés à un grand nombre de doutes dans l’esprit des jeunes. Contre qui nous trouvons-nous ? Supposons qu’un éditorialiste, un chroniqueur ou un faiseur de tweets écrive quelque chose sur un réseau social. Face à qui sommes-nous ? Qui est-il ? Est-ce qu’il agit de lui-même ? Il est fort probable que ce ne soit pas le cas. Il est fort probable qu’il se passe des choses en coulisses. Qui est dans les coulisses ? Nous devons savoir qui ils sont.
Un jour dans ce pays – où la plupart d’entre vous n’étaient probablement « rien qui puisse être mentionné » (Coran 76:1) – il y a environ 50 ou 60 ans, lorsque le parti Tudeh (communiste) avait des activités de propagande, en apparence, il s’agissait d’un jeune membre du parti Tudeh qui parlait à un jeune musulman, religieux ou non religieux, et essayait de le convaincre. C’était comme ça en apparence, mais ce n’était pas la réalité. La réalité était que le parti Tudeh était fondamentalement dépendant du vaste système, idéologique et politique, appelé l’Union soviétique. C’est de là que le parti Tudeh était nourri et recevait un soutien financier et idéologique. On était face au marxisme. Par conséquent, nos sages érudits de l’époque, comme l’Allamah Tabatabaï, n’ont pas essayé de répondre à ces gens, mais ont plutôt répondu au marxisme. Le livre Les principes de la philosophie et la méthode du réalisme est une réponse aux fondements théoriques du marxisme. Trouvez les bases idéologiques de l’autre partie et visez-les. C’est ce qu’ont fait de nombreux livres du Martyr Motahhari. Nous devons connaître les lieux et savoir à qui nous sommes confrontés.
Aujourd’hui, on ne parle plus du marxisme. Il y a un autre front et un autre rival face à nous. Aujourd’hui, un autre affrontement existe entre deux fronts. Si nous connaissons ces deux fronts, alors nous pourrons déterminer si le phénomène qui s’est élevé contre nous, est indépendant ou dépend d’un front opposé. Quels sont ces deux fronts ? L’un est le front du « système islamique », dont je parlerai brièvement, l’autre est le front trompeur qui se fait appeler « démocratie libérale » mais en réalité, n’est ni libéral ni démocratique ! Ils mentent quand ils disent qu’ils sont une démocratie libérale. Si vous êtes libéraux, pourquoi avez-vous colonisé les autres – [sous la forme] du colonialisme traditionnel, du colonialisme moderne et du néocolonialisme ? Quel genre de libéraux êtes-vous ? Quel genre de défenseurs des libertés êtes-vous ? Et quel genre de libres penseurs êtes-vous, pour avoir colonisé un pays comme l’Inde, qui comptait des millions d’habitants dont vous avez pris le contrôle pendant plus de 100 ans ? Vous avez pillé leurs biens et les avez transformés en une nation pauvre. Ce sont les mots de Nehru. Nehru était un nationaliste indien qui est devenu Premier ministre de l’Inde. Il a écrit et expliqué à quoi ressemblait l’Inde avant que les Britanniques arrivent et entrent dans leur pays, et ce qu’elle est devenue ensuite. Êtes-vous des libéraux ? Est-ce du libéralisme ? Ou les Français, par exemple, qui ont commis en Algérie, des crimes et assassiné des gens pendant plus de 100 ans ! Le nombre de personnes qu’ils ont tuées a été enregistré et noté, et il existe des statistiques claires, je ne me souviens pas du nombre exact. Ils ont tué des milliers, voire des dizaines de milliers de personnes en quelques années, en Algérie, en Tunisie et dans d’autres endroits d’Afrique du Nord. Ils ne sont pas démocrates, ils mentent ! Ils imposent des gouvernements aux autres, dans de nombreux endroits. Ils ne soutiennent pas la démocratie. Ils sont 100% contre les démocraties qui ne les servent pas. C’est l’autre front. Nous ne pouvons pas dire que cela concerne le passé. Oui, cela s’est passé en Inde, il y a 100 ans, et en Algérie, il y a 60 ou 70 ans, mais ceux [des gouvernements] qui ont commis ces crimes en Algérie et en Inde, à cette époque, avaient la même nature (que ceux) d’aujourd’hui. Aujourd’hui, ils sont prêts à pousser en avant la nation pauvre et sans défense de l’Ukraine, pour remplir les poches des entreprises américaines de production d’armes. C’est ce qui se passe. C’est le cas en Ukraine. Ils [les Ukrainiens] se battent et se font tuer pour que des armes puissent être vendues, pour que l’Europe soit obligée d’acheter ces armes, pour que les entreprises productrices d’armes puissent produire et vendre des armes et se remplir les poches. Ce sont les mêmes. Ils veulent voler le pétrole de la Syrie et ils le volent. Les gens s’imaginent qu’un voleur est une personne pauvre et misérable. Or, un gouvernement comme [le gouvernement de] les États-Unis vole le pétrole de la Syrie et le fait ouvertement, à la vue de tous ! Ce sont les mêmes, ils n’ont pas changé. C’est donc un des fronts.
En face de lui, il y a un système qui, s’appuyant sur l’Islam et inspiré par l’Islam, s’oppose à l’arrogance, s’oppose au colonialisme et s’oppose aux ingérences dans les intérêts des nations. Cette opposition existe. Maintenant, ces deux fronts se dressent l’un contre l’autre. Parfois, vous voyez que la propagande contre le système islamique, crée des doutes sur les fondements de ce système. D’où cela vient-il ? Lorsque nous l’examinons et y donnons suite, ce que, grâce à Dieu, nous pouvons facilement faire avec les outils dont nous disposons, nous comprenons d’où cela vient. Mais quelqu’un qui n’a pas ces outils à sa disposition, devrait lui aussi, le comprendre. Nous ne sommes pas confrontés à un chroniqueur antirévolutionnaire qui s’est réfugié à l’étranger ou réside peut-être même dans notre pays - même s’il n’y en a pas beaucoup - Nous sommes faces à des organisations gouvernementales. Cette bataille est une bataille de civilisation, c’est une bataille mondiale. C’est le conflit qui existe. Cependant, ce n’est pas tout, dans cette bataille mondiale, d’autres choses peuvent également être faites. Pour réduire les dommages causés par cette bataille, il y a des gens qui sont obligés de recourir à la diplomatie. Lorsque la diplomatie est menée sur la base de principes corrects, il n’y a rien de mal à cela, et cela doit être fait. Mais nous devons savoir à qui nous sommes confrontés et à qui nous avons affaire. Sans cela, le tabligh ne sera pas fait correctement.
Bien sûr, aujourd’hui, l’Occident est heureusement plus vulnérable que jamais. L’imam [Khomeiny] a nommé les États-Unis « Le Grand Satan », ce qui est très vrai. Il existe une collection de traits sataniques aux États-Unis, qui peuvent chacun, être la cible d’attaques dans le tabligh. Quand je dis qu’il ne faut pas se limiter à une position défensive, c’est un exemple. Aujourd’hui, la malfaisance et les traits sataniques des Etats-Unis peuvent être vus en politique, dans leur confrontation avec les autres nations, dans le traitement du peuple américain, le racisme, les différences de classe, la morale sexuelle, les crimes et la cruauté [qu’ils affichent]. Ce sont des points faibles. Partout où ils vont, ils font preuve de cruauté. Les Américains sont entrés en Irak, il y a environ 21 ou 22 ans, et même imaginer certaines scènes que nous avons vues à la télévision, sur la façon dont ils ont traité les gens là-bas, nous fait trembler. Ils ont traité le peuple irakien de cette manière. Il ne s’agissait même pas de Saddam - ils sont cruels. Le premier point est donc de connaître votre public. Le deuxième point est d’éviter d’adopter et de se limiter à une approche défensive. Bien sûr, la défense est nécessaire et obligatoire, mais nous devons avoir une approche offensive. Toutes ces choses [que j’ai mentionnées] peuvent être des cibles pour vos attaques dans le tabligh, bien que cela soit conditionné par votre compréhension des mouvements mondiaux et de la situation politique mondiale, et des oppositions [qui existent] - afin de voir et de raconter les choses correctement. C’est le deuxième point.
Mes chers frères, mes chères sœurs ! Le troisième point est qu’un esprit djihadiste [des efforts continus et dévoués] est nécessaire dans le tabligh. Si un esprit djihadiste existe, les choses avanceront, mais sans esprit djihadiste, le travail n’aura pas l’esprit requis. Sans esprit djihadiste, des erreurs se produiront dans la compréhension des choses et dans les comportements, pendant le tabligh. Mais dans un esprit djihadiste, les choses seront vues correctement, le travail sera fait efficacement et des progrès seront réalisés. Bien sûr, lorsque nous parlons d’esprit djihadiste, cela ne signifie pas que les connaissances, l’éthique et des capacités similaires ne sont plus nécessaires. Elles sont nécessaires, tout comme l’esprit djihadiste est nécessaire. Cet esprit djihadiste est basé sur ce noble verset : « ... et ils ne fouleront aucune terre en provoquant la colère des infidèles, et n'obtiendront aucun avantage sur un ennemi, sans qu'il ne leur soit écrit pour cela une bonne action » (Coran 9:120).
Une action qui déclenche la colère des infidèles est une action juste. Yanaluna minh signifie frapper. Le verbe [arabe] Nala a deux significations, mais quand il vient avec [la préposition] minh cela signifie qu’il ne frappera pas sans qu’un acte juste sera écrit pour lui. C’est la meilleure forme de djihad. Les religieux musulmans doivent être présents au milieu du terrain, et ne doivent pas se décourager. C’est la caractéristique de l’action djihadiste. Il ne suffit pas de s’asseoir à l’écart et de donner parfois, un conseil ou un message, comme les prêtres chrétiens. Bien sûr, il existe différents types de prêtres chrétiens. Certains d’entre eux ont été confinés dans les églises, [c’est-à-dire] ils se sont confinés eux-mêmes. Certains ont fait le contraire [et pire], sont devenus des pionniers de la colonisation ! En Amérique latine, en Afrique et ailleurs, avant que les colonisateurs y mettent les pieds et que les forces militaires arrivent, les prêtres ont préparé le terrain pour qu’elles puissent venir et commettre leurs exactions. C’est ainsi que certains d’entre eux sont arrivés. Mais les religieux musulmans doivent être sur le champ de bataille, s’engager dans le djihad pour Allah, avec l’aide d’Allah et par la force d’Allah, sans se décourager. Lorsque ce djihad s’accompagne d’efforts scientifiques et d’une vision scientifique, l’effet du tabligh est garanti. C’est un autre point.
Le point suivant est d’accorder une attention particulière à la jeunesse et à la jeune génération qui formeront l’avenir du pays. Bien sûr, les autres groupes ne doivent pas être négligés - les penseurs, les leaders d’opinion, les leaders de pensées, les universitaires, les scientifiques, les artistes, les auteurs, les poètes - devraient tous avoir suffisamment de matière à réflexion [à leur disposition], et être préparés. Il y a quelques années, un grand nombre de personnes, peut-être 50 ou 60 personnes ou même plus, parmi les cinéastes du pays, sont venus ici, et nous nous sommes rencontrés au dernier étage de ce Husseinyah. Ils ont posé certaines questions et exprimé certaines plaintes. J’en ai conclu que parfois, nous attendions trop d’eux. Quand leur avons-nous fourni les connaissances dont ils ont besoin, pour les accuser de ne pas avoir fait de films basés sur ces connaissances ? Nous devons leur fournir le matériel dont ils ont besoin. C’est l’une des choses que nous devons faire. Par conséquent, il devrait y avoir une approche appropriée adoptée dans le tabligh, lorsque nous traitons avec des penseurs, des artistes, des écrivains, des conférenciers et des gens dans tous les domaines. Mais le groupe le plus important est celui des jeunes et des adolescents. L’avenir du pays leur appartient et sera entre leurs mains. Leur foi doit être forte et leur esprit doit être exempt de doutes.
Les moyens pour inciter les jeunes à s’engager dans la pratique religieuse, sont très importants. Parfois, nous pouvons avoir un jeune dont la passion pour l’Imam Hussein (as), par exemple, l’attire dans le droit chemin, le chemin du djihad, mais qui peut être faible lorsqu’il s’agit d’actes d’adoration. Eh bien, les actes d’adoration sont très importants. La prière est le meilleur acte d’adoration. Elle est supérieure à toutes les autres actions, elle apporte le salut, c’est la meilleure des actions. Par exemple, supposons qu’un jeune néglige parfois ses prières. De tels cas existent. Il y a des choses qui peuvent inciter ce jeune à accomplir des actes d’adoration et l’un d’eux est la mosquée. Les cérémonies religieuses [hey’ats] peuvent être un autre facteur. Ceux-ci sont importants. L’une des tâches nécessaires est d’améliorer les mosquées et de les maintenir en vie. Bien sûr, le nombre de mosquées que nous avons dans le pays, n’est pas très grand par rapport à la population. Mais certaines, ou peut-être la plupart de celles qui existent, ne sont pas bien entretenues ni très actives. Tout au plus, elles ouvrent leurs portes à l’heure de la prière, les gens y font leurs prières et puis les portes des mosquées se ferment ! Cela ne devrait pas arriver ! Les mosquées devraient être des lieux où les gens vont et viennent constamment. Bien sûr, l’état des hey’ats (réunions religieuses) est bon et c’est un des endroits qui encourage la jeunesse.
La prédication ne doit pas être négligée, comme je l’ai mentionné au début. Nous avons tous besoin d’entendre les prédications. Nous tous, tout le monde, sans exception, avons besoin de cela, nous avons tous besoin d’entendre les prédications. Parfois, nous savons quelque chose, mais l’entendre [à nouveau] peut être plus important que de le savoir. Nous avons besoin des prédications, des bonnes prédications. Voilà donc les mesures pratiques que je voulais mentionner.
Le dernier point qui, à mon avis, est le point le plus important, concerne la façon dont nous pouvons mettre en œuvre ces choses. J’ai parlé de ces questions et vous en savez probablement deux fois plus que moi sur les choses que j’ai mentionnées et évoquées. Ce qui est important, est comment ces choses doivent être mises en œuvre. Je vois qu’il y a du bon travail qui se fait dans le tabligh, à la fois sous forme écrite et sous forme de discours et de minbars. Il y a du bon travail qui se fait dans le tabligh, mais, bien sûr, cela est inférieur à ce qui devrait être fait. Nous sommes très en retard, en termes de quantité. Si nous voulons avoir les personnes requises pour le tabligh, avec ces caractéristiques et ces capacités, ou proches de ces capacités, nous avons besoin de grands centres. Des centres devraient être créés au Centre d’enseignement islamique dans le seul but de former les gens au tabligh qui ont besoin d’un soutien intellectuel, scientifique et de recherche. Lorsque nous disons que nous devons nous concentrer sur le tabligh, cela ne doit pas être une excuse pour certains, de ne plus étudier le Kifayat ou les études de Kharij [études islamiques supérieures]. Non, cette base scientifique est nécessaire, mais prêter attention à cette question [le tabligh] est très important. Nous avons besoin d’un centre approprié, principalement au Hawza Ilmiyya (Centre d’enseignement islamique) de Qom. Lorsque ce travail aura été effectué à Qom, et que l’expérience aura été acquise, cela pourra être répété dans d’autres grands centres islamiques du pays. Un centre doit être formé avec la mission principale de « préparer des matériaux de tabligh à jour ». Il y a certaines choses qu’il convient de mentionner sur le minbar aujourd’hui, mais la même chose peut être inefficace et inutile, dans l’avenir. Quelque chose qui convenait l’année dernière, peut ne pas convenir cette année. C’est ainsi que le monde avance, les événements se succèdent. Le contenu requis pour le tabligh, doit être mis à jour. Dans ce contexte, les sources comme le Livre [le Coran] et la Sunna [les paroles et les actes des Quatorze Infaillibles] sont si profondes et si complètes qu’elles sont inépuisables. On peut utiliser le Coran. Vous pouvez proposer de nouveaux contenus ou de nouveaux discours à partir du Coran et des hadiths, cela peut suffire à répondre à tous les besoins du tabligh. Ainsi l’une des missions de ce grand centre serait la préparation du matériel.
La deuxième mission est d’organiser des méthodes efficaces pour le tabligh. Après tout, nos méthodes de tabligh sont limitées, il existe peut-être des méthodes plus efficaces. Ces techniques doivent être organisées et préparées dans ce centre. L’Occident est en avance sur nous, dans ce domaine. Ils disposent de méthodes, innovantes et efficaces, pour diffuser leurs messages. Nous sommes en retard dans ce domaine. Nous devons organiser et créer des méthodes, et enseigner les compétences oratoires. C’est la deuxième mission de ce centre.
Il s’agit donc de la question de la formation des muballigh [les prédicateurs], les mubaligh devraient être formés dans ces centres. Nous devons former des mubaligh de la même manière que nous formons des mujtahid [juristes islamiques]. Dieu soit loué, les responsables respectés de Qom ont lancé de nouveaux travaux dans le fiqh [jurisprudence islamique]. Ils font des recherches et travaillent sur les problèmes contemporains du fiqh. C’est très important et cela doit se poursuivre. De même, nous devons former des mubalighs qui peuvent être efficaces et diffuser leur message partout, au niveau quantitatif et qualitatif. Il y a des endroits que l’on connaît, qui n’ont pas de religieux actifs dans leur communauté. Ce n’est pas le cas d’un ou deux endroits. Il existe de nombreux endroits de ce genre, par exemple, dans le centre du pays, et ici même, à Téhéran. Le manque d’enseignants, de mubalighs et de religieux devrait être compensé dans ce centre. Par conséquent, ce qui doit être poursuivi et qui est une des tâches essentielles - si vous commencez aujourd’hui, cela peut donner des résultats dans cinq ans ou peut-être même plus - est de créer un tel centre avec les objectifs que j’ai mentionnés.
Je suis très heureux de vous avoir rencontrés. Avec nos salutations aux martyrs et à l’âme pure de l’Imam [Khomeiny].
Avec mes salutations et que la miséricorde d’Allah vous accompagne !