Ce qui suit est le texte intégral du discours prononcé le 23 avril 2018 par l'Ayatollah Khamenei, Guide suprême de la Révolution islamique, lors d'une réunion avec les membres du Congrès national de philosophie islamique et les responsables du Congrès de commémoration d’Aqâ Ali Modarres-e Zonuzi - également connu sous le nom de "Sage de Téhéran". Ce congrès s’est tenu le 23 avril 2018 à Téhéran.
Au Nom d'Allah, le Tout Miséricordieux, le très Miséricordieux
Louange à Allah, Seigneur de l'univers, et paix et salutations sur notre maître Mohammad, et sur sa Lignée immaculée, en particulier celui qui représente le trésor d'Allah sur terre !
Vous êtes les bienvenus, honorables messieurs, grandes personnalités et chercheurs dans le domaine des sciences rationnelles. Je suis très reconnaissant à M. Fayyazi dont la vie et l'existence sont vraiment bénies et qui avait réussi à organiser ce congrès [Congrès national sur l’Hikma islamique tenu en 2005 à la demande du Guide suprême]. Les explications que les messieurs ont fournies au début de la réunion, ont rendu ce congrès très précieux. Heureusement, les sciences (rationnelles) se sont développées avec l’instauration de la République islamique. Avant la Révolution, il n'y avait aucune trace de cela à Qom. Quand je vivais à Qom, c'était seulement l’Allameh Tabatabaï [Sayed Muhammad Hussein Tabatabaï] qui donnait des cours de sciences rationnelles (de philosophie) à environ 40 ou 50 participants. Cependant, à l'heure actuelle, M. Javadi travaille depuis de nombreuses années dans ce domaine. M. Mesbah, M. Subhani et leurs organisations ont tenu de nombreux cours de philosophie et de science du kalam [étude de la doctrine islamique], à Qom. Ce sont des signes qui montrent que les sciences rationnelles ont été promues et se sont développées.
Les déclarations de M. Fayyazi et d'autres personnes qui ont mentionné que de nouvelles idées et réflexions, pour renforcer un sujet déjà prouvé ou pour rejeter une mauvaise idée, étaient discutées et soulignées dans ces congrès, sont très utiles et bénéfiques car elles aident les sciences à progresser. Une des caractéristiques du feu Aqâ Ali Modarres est qu'il a fourni une critique de Mulla Sadra et a contribué au développement de la philosophie autant que Mulla Sadra. Il a fait certaines critiques de Mulla Sadra. Ces tâches doivent être effectuées. Je ne veux pas me concentrer sur les critiques de Mulla Sadra, mais je veux dire qu’écrire des critiques, présenter de nouvelles idées et être créatif dans les sciences rationnelles, sont des questions très importantes. Parfois, il y a différentes interprétations d'une école de pensée. À l'heure actuelle, les Occidentaux sont plus actifs dans ce domaine. Dans les domaines de la propagation et des relations publiques, nous ne sommes pas vraiment comparables aux occidentaux. Ils sont beaucoup plus forts et beaucoup plus avancés que nous. Par exemple, il existe diverses interprétations des idées et des livres d’Hegel. Cela aide les sciences rationnelles à progresser en termes de pensée, de logique et de raisonnement. Donc, c'est une très bonne tâche. J'espère qu’In-cha-Allah, l'organisation dirigée par M. Fayyazi et qui, selon leurs propres déclarations, est supervisée et guidée par M. Javadi, M. Mesbah et M. Subhani, progressera. C'est une tâche très importante et essentielle qui doit être effectuée.
En ce qui concerne les congrès de commémoration, je dirai que cette tâche est une tâche importante. Nous ne devons pas penser qu'en commémorant une personne comme Ali Modarres, nous présentons simplement une personne exceptionnelle. Ce n'est pas le cas. C'est en réalité, une introduction à une orientation intellectuelle et la mise en valeur d'une certaine pensée et d'un grand intellectuel. Les messieurs ont précisé au début de la réunion, qu'il s'agit d'un congrès de commémoration « de l'enseignant et du hakim [sage] de Téhéran ». Il est vrai qu'il résidait à Téhéran et qu'il était « le hakim » de Téhéran, mais le défunt Aqâ Ali Modarres n'était pas le seul « hakim de Téhéran ». Comme vous l'avez dit, plusieurs noms d’érudits qui ont résidé à Téhéran au cours des 100 dernières années, me sont venus à l’esprit comme le feu Mirza Abul-Hassan Jelveh, M. Muhammad Reza Qomsheï - qui a travaillé sur le mysticisme – le feu Hidaji et le feu Mirza Abdullah Zonuzi. Mirza Abdullah Zonuzi était le père d'Ali Modarres. Aqâ Ali était l'élève de son père et tous deux étaient les élèves du regretté Mulla Ali Nouri Ispahani qui était une des grandes personnalités dans ce domaine. Ce sont des gens qui ont compris la philosophie de Mulla Sadra qui après quelques temps, a été sérieusement attaquée et qui a décliné. Plus tard, certaines personnes ont émergé à Ispahan et l'ont ressuscitée. Bien sûr, ils n'étaient pas tous d'Ispahan, Aqâ Ali n'était pas d'Ispahan. D'autres exemples sont les messieurs et les grandes personnalités dont les noms sont mentionnés ici et là. Ils n'étaient pas d'Ispahan, mais Ispahan était le centre des sciences rationnelles (de la philosophie islamique). Plus tard, ce père et fils – le feu Mirza Abdullah Zonuzi et le feu Aqâ Ali Hakim - se sont rendus à Téhéran qui est devenu le centre des sciences rationnelles. En tout cas, ce sont de très grandes personnalités et les dernières personnalités de cette lignée, étaient le feu Amirza Mahdi Ashtiani, le feu Amirza Ahmad Ashtiani et le feu Shahabadi. Amirza Mahdi est très célèbre, mais le feu Amirza Ahmad Ashtiani n'était pas considéré comme « un hakim » alors qu'il était un grand philosophe et un sage. Il en est de même pour Asheikh Muhammad Taqi Amoli qui a écrit un commentaire du Manzuma de Hadi Sabzevari pour expliquer la philosophie transcendante de Mulla Sadra. Donc, il était un hakim (un sage, un philosophe). Bien sûr, il était aussi un grand faqih du niveau des sources de référence religieuse (marja taqlid) mais il était aussi un hakim - c'est-à-dire qu'il possédait une connaissance des sciences rationnelles. À mon avis, ces personnalités devraient sortir de l'anonymat et être mises en relief et présentées car elles ont de nouvelles idées à présenter.
Vous avez publié le livre "Badayi-al-Hikam" [Introduction à la science de la sagesse] d’Aqâ Ali Hakim. Eh bien, il faudrait lire ce livre détaillé afin de comprendre ce qu'il dit. Combien de personnes sont prêtes à lire ce livre ? Combien de personnes sont capables de le faire ? Cela exige le même effort que celui que j'ai mentionné à propos du regretté Mulla Sadra [discours du Guide suprême prononcé le 29 novembre 2001 lors d'une réunion avec des représentants du Congrès de commémoration de Mulla Sadra]. Bien entendu, une petite tâche a été accomplie qui n'est pas mauvaise. Un groupe de personnes devrait réfléchir et extraire l'essentiel de la philosophie d'Aqâ Ali Hakim et clarifier ses idées principales. M. Javadi m'a un jour, montré un livre d'Aqâ Ali. Je pense que c'était une de ses thèses. Il m'a dit qu'Aqâ Ali avait dit telle ou telle chose à propos de cette question. Je ne me souviens pas maintenant de quoi il s’agissait mais je sais que c'était une question importante. Eh bien, ces idées devraient être extraites de ses livres et de ses thèses. Apparemment, Aqâ Ali a une thèse sur "l'existence dépendante" [par rapport à l'existence indépendante dans la philosophie islamique]. Aqâ Ali a écrit de nombreuses thèses. Il faudrait extraire ces idées afin que Téhéran - qui était le centre de la philosophie à une certaine époque selon vos déclarations - ressente l'existence d’une pensée philosophique aussi profonde et forte que celle qui a été formulée par Aqâ Ali, il y a 150 ans, avant son décès. Apparemment, il est décédé en 1928. Ses idées, ses pensées et sa philosophie devraient être décrites et clarifiées. La même chose devrait être faite pour d'autres personnalités comme le feu Amirza Abul-Hasan Jelveh (que Dieu lui accorde le paradis), qui a écrit de nombreux commentaires sur les Asfar [La sagesse transcendante dans les Quatre voyages intellectuels de Mulla Sadra] et qui avait un très bon style. On dit qu'après avoir enseigné diverses éditions des Asfar, il les a annotées. Je suis tombé sur une de ces éditions des Asfar - annotée par le feu Mirza Abul-Hasan Jelveh ou Hâdj Mirza Abul-Hasan Jelveh, Je ne suis pas sûr s'il était allé à la Mecque ou non - que j'ai donnée à la bibliothèque de la Fondation de M. Mesbah. Ce livre doit être là maintenant. Mirza Abul-Hasan avait de nouvelles idées. Comme vous le savez, il était un critique de Mulla Sadra et avait de nouvelles idées et de nouveaux arguments sur de nombreux principes de Mulla Sadra, tout comme Aqâ Ali. Eh bien, nous devons voir ce qu'il a dit. Quelqu'un devrait extraire et expliquer ses idées. À mon avis, ce sont des tâches très importantes et des terrains qui sont restés inexploités. Nous y avons pensé un peu tard et ce sont des tâches que nous devons effectuer.
En tout cas, inviter nos jeunes aux sciences rationnelles est très important. Il est très important que les centres islamiques prêtent attention aux sciences rationnelles, en particulier à la philosophie. Certains messieurs honorables et estimés – que nous respectons beaucoup - se sont plaints que les cours de philosophie, de mysticisme et d'autres domaines de ce genre, ont considérablement augmenté à Qom. J'ai répondu à ces messieurs que si nous éliminons la philosophie de Qom, d'autres personnes, dans d'autres endroits, entreprendront la tâche d'enseigner et de clarifier la philosophie alors qu'ils n'ont pas assez d'expertise en la matière. Actuellement, certaines personnes sont présentées comme philosophes ailleurs que Qom, alors que leurs informations sur la philosophie sont très superficielles. Cela ne signifie pas qu'ils n'ont aucune connaissance, mais leurs connaissances ne sont pas profondes. Ce sont des connaissances superficielles. Ils lisent quelque chose et font des déclarations qui ne sont pas fondées sur une connaissance profonde. Cela n'est pas approprié. Il faut que ces domaines restent à Qom et dans les centres islamiques. Il en est de même pour Téhéran. Si l'enseignement de la philosophie et des sciences rationnelles devient courant au centre islamique de Téhéran - qui était autrefois une référence dans ces domaines - ce sera à mon avis, un événement très bénéfique, in-cha-Allah.
Je n'ai pas mentionné les noms de Mirza Hashem Ashkvari et du feu Asayed Kazim Assâr. Bien entendu, certaines de ces personnalités enseignaient dans les universités et certains en dehors des universités. Ils sont les dernières personnalités avec leurs étudiants, mais ceux dont nous avons parlé font partie de la génération précédente. Chaque fois qu'ils parlent de l'école de pensée de Téhéran, les noms de ce père et de ce fils sont mentionnés. Bien sûr, vous n'avez pas mentionné Mirza Abdullah Zonuzi dont les œuvres devraient aussi être étudiées. C'est parce qu'Aqâ Ali était l'élève de son père que ces messieurs sont connus comme les précurseurs de l'école de pensée de Téhéran.
En tout cas, nous remercions les messieurs pour l'effort qu'ils ont fait et la tâche qu'ils ont entreprise – pour présenter les personnalités philosophiques. J'espère que Dieu vous bénira. J'espère que Dieu approuvera et préservera les grands enseignants de philosophie de Qom - et nous pouvons heureusement voir combien leur existence a de grands résultats - et j'espère qu'Il les aidera à continuer à faire des progrès. J'espère que vous, messieurs, qui êtes chargés de ces tâches, bénéficierez des bénédictions, de l'approbation et de la direction divines, in-cha-Allah, et réussirez dans votre tâche.
Avec mes salutations et que la miséricorde d'Allah et Ses bénédictions vous accompagnent !