Texte intégral du discours du Guide suprême de la Révolution, l'Ayatollah Khamenei, lors de sa visite à l'Institut de recherche Royan, 16/07/2007. 

 

Au nom de Dieu le très Miséricordieux le tout Miséricordieux 

 

Depuis quelques années, un mouvement scientifique positif s'est développé dans le pays. Chez les professeurs, les étudiants ou les chercheurs des centres de recherche, tout le monde s'accorde sur le fait que ces activités concernent l'ensemble de la société scientifique du pays. Pour ma part, je tiens à remercier nos scientifiques et nos chercheurs pour cet immense mouvement national.

Ma visite dans ce centre a une valeur symbolique, il s'agit de manifester notre gratitude pour ce vaste mouvement qui a commencé, même s'il n'en est qu'à ses débuts. Nous sommes venus ici, premièrement pour visiter l'institut Royan et deuxièmement à cause de l'importance du Djihad universitaire.

L'Institut Royan est un exemple parfait et unique de ce qui est visé. C'est pourquoi je tenais tellement au défunt Sayed Kazémi, dont j'ai toujours le souvenir vivant à l'esprit. Ses activités, sa gestion et sa méthode de travail étaient un ensemble parfait de ce qu'on attend  d'un scientifique.

Le centre Royan est né et s'est développé grâce à ses efforts et à ceux de ses collègues, je l'ai remarqué dès le début. Un de nos amis communs m'avait fait un rapport au début du travail, il y a quinze ou seize ans, sur leurs travaux et leurs demandes. Je me suis rendu compte qu'il s'agissait d'une activité de valeur à laquelle j'ai apporté mon plus grand soutien, cette idée s'est renforcée avec le temps.

Si je voulais présenter cette activité en une seule phrase, je dirais qu'il s'agit d'une composition de science, de croyances et de persévérance.

Il faut prendre au sérieux la science, sans considérer comme accessoires la croyance et l'attachement à la vertu, mais comme des éléments essentiels du travail, et éviter la lassitude. A mon avis, le défunt Kazémi a consacré sa vie à cette voie et aux activités du centre Royan. C'est pourquoi il m'est très cher ainsi que vous, jeunes hommes et femmes, croyants, qui travaillez ici. Je crois fermement que le centre Royan est capable de faire beaucoup de progrès. On a publié de ma part, que la question des cellules souches était en elle-même, un mouvement scientifique. C'est tout à fait exact, les recherches sur les cellules souches sont un vaste domaine de recherches qui ouvre continuellement de nouveaux terrains d'études. L'Institut Royan est capable de progresser et de poursuivre ses efforts. Il en est de même pour tous les chercheurs et les scientifiques croyants qui travaillent ici ou ailleurs. En un mot, leur potentiel est infini.

J'ai choisi aussi le Djihad universitaire, parce que c'est l'enfant béni de la Révolution. Pour comparer deux mosquées le saint Coran déclare :

"Une mosquée fondée, dès le premier jour sur la piété, il est plus digne que tu t'y tiennes, là sont des hommes qui aime à se purifier." (9/107),

Il en est de même pour le centre du Djihad universitaire, qui est un des produits directs de la Révolution. Certes, cela ne signifie pas que tout ce qui a été fait, est correct et acceptable. Non, nous sommes comme tous, sujets à faire des erreurs, tantôt nous pensons et agissons correctement, quelquefois aussi, nous nous trompons. Le jugement ne concerne pas ces fluctuations. Il faut juger en fonction de la direction et des objectifs finaux, et en fonction de la persévérance dans cette voie, même s'il arrive que quelqu'un fasse des erreurs.

Je fais allusion à l'identité et aux objectifs essentiels du Djihad qui a rendu de grands services. J'aborderai d'abord la question du Djihad puis, je dirai quelques mots à propos de la science et de la recherche, et de l'avenir scientifique du pays.

Le Djihad universitaire est composé de deux mots : Djihad et université, il faut donc concilier le Djihad et l'université. Agir dans le sens du Djihad a un sens particulier qu'on ne peut pas attribuer à n'importe quelle activité.

La racine étymologique de Djihad et du mot  "Djahd" qui signifie effort, est la même. Ce mot renferme le sens d'effort et de travail, mais le Djihad ne se limite pas à ce sens. Le Djahd est aussi le combat, dans le sens courant du persan actuel. Il y a différentes sortes de combat : le combat scientifique, médiatique, politique, économique, militaire, manifeste et caché, mais le point commun de tous ces combats est la présence d'un ennemi ou d'un obstacle. La lutte contre un ami est absurde, on lutte toujours contre un ennemi.

Si à l'époque despotique de l'ancien régime, quelqu'un lisait cinq livres par semaine, c'était un grand travail, mais ce n'était pas forcément un combat, c'était un effort, pas un Djihad. Pour une lecture dans le sens du Djihad, il fallait lire un livre qui encourageait  le mouvement contre ce régime dictatorial, c'est alors que cette lecture devenait un Djihad.

C'est là que réside la caractéristique principale du Djihad. Votre domaine de Djihad concerne celui de la science et de la  technologie, vous n'employez pas d'armes, mais votre cerveau et vos capacités mentales. 

Vous constituez un ensemble scientifique, mais quelle direction faut-il prendre pour qu'il s'agisse également d'un Djihad ?

C'est une question importante. Voyez quel ennemi guette et menace votre Révolution et ses objectifs, c'est cet ennemi que vous devez combattre. Une fois l'objectif identifié, votre travail devient un Djihad.Par conséquent, si vous apprenez une science qui plaît aux ennemis, ce ne sera pas Djihad.

Supposons que le Djihad universitaire ou une autre société qui en dépend, publie cent ou cinq cents articles dans "ISI", ce n'est pas un critère de réussite.

Quels sont les sujets et les objectifs de ces articles ?

A quoi servent-ils ?

Quelles ont été les réactions de ceux qui s'opposent à vos idéaux, à ces articles ?

 Est-ce qu'ils ont ressenti un danger ?

Leurs hommes politiques en particulier, (car les scientifiques ne pensent pas de la même manière), ont-ils sonné l'alarme ?

Quand vous avez parlé des recherches sur les cellules souches et de travaux dans ce sens, les autorités américaines ont aussitôt déclaré qu'il leur fallait créer un conseil de programmation des sciences génétiques. Cela montre que l'ennemi ne peut supporter que vous investissiez dans ce domaine. Un autre exemple plus clair : l'ennemi souffrira le jour où vous fabriquerez un radar qui puisse contrôler tout l'espace aérien du pays. En d'autres termes, le Djihad est une flèche qui atteint l'ennemi en plein cœur.

C'est la condition préalable d'un mouvement et d'une recherche qui se réclame du Djihad. L'ennemi n'est pas forcément les Etats-Unis, Il existe différents ennemis. Il se peut qu'un cartel économique soit mécontent du fait que vous construisiez une usine de ciment et cherche à vous mettre les bâtons dans les roues pour enrayer vos progrès. J'ai reçu un rapport de ce genre, ils vont même parfois jusqu'à conseiller la création d'un centre de contrôle de production du ciment, pour empêcher certaines activités sans leur accord !

Le travail du Djihad doit être à la fois logique, objectif et contre l'ennemi, et viser des idéaux qui définissent exactement le combat. C'est cela la définition du Djihad.

Le terme "universitaire" a été utilisé dans cette expression, car il faut que le niveau de cette activité soit conforme à la pensée scientifique de l'étudiant et du professeur, c'est à dire en progression constante. Ce niveau doit être respecté dans tous les travaux, il faut rejeter les clichés ou les travaux de faible valeur. Certes, les activités et les recherches de ce centre sont scientifiques, comme c'est le cas dans le centre Royan, mais les recherches dans le domaine des sciences humaines comme en histoire ou en philosophie, qui sont des domaines que je connais, doivent être différentes et originales, le niveau être plus élevé dans le Djihad universitaire que ce que l'on trouve généralement.

Les activités coraniques du Djihad sont des activités que j'encourage et pour lesquelles j'éprouvais une grande responsabilité, même avant la révolution. Il y a beaucoup de gens qui ont des activités coraniques, à mon avis c'est très bien que dix jeunes se rassemblent dans une mosquée pour réciter le Coran, mais vos activités doivent être différentes des activités coraniques des milieux non universitaires.

Si vous décidez de réciter le Coran comme les grands lecteurs, c'est très bien, mais cela ne répond pas aux critères d'activités coraniques au niveau de l'université. Il faut que vous trouviez le niveau universitaire de compréhension du Coran et que vous travailliez à la compréhension des sens coraniques. Il faut que l'assemblée ressente le sens des versets quand vous lisez le Coran, cela demande de l'originalité et de la créativité, c'est votre domaine.

Le Djihad universitaire possède un grand potentiel et a des moyens auxquels je crois fermement. Vous avez accompli de grands travaux, dès la création du Djihad universitaire et dans le respect du verset :

« Une moquée fondée, dès le premier jour sur la pitié, ... » (9/10) 

Comme je l'ai dit, dès son apparition, le Djihad a fondé ses activités  sur la piété et la religion. Gardez cela intact !

Ne permettez pas que l'identité de Djihad se transforme ! Il n'est pas naturel que certains aient totalement changé d'idées et de convictions. Si quelqu'un accepte une démarche sur une argumentation logique, il doit la suivre jusqu'au bout. Il n'est pas naturel de prendre un autre chemin et de changer sans cesse de direction et de vitesse, pour finir par marcher à l'envers !

Certains cherchent à se justifier en disant que nous ne vivons plus à l'époque de la Révolution. Non ! Le temps influence les gens de faible conviction ou apporte avec lui, des désirs et des envies. Le saint Coran décrit mieux leurs positions :

"Ceux parmi vous qui ont tourné le dos le jour où les deux armées se sont rencontrées, c'est seulement Satan qui les a fait trébucher à cause de ce qu'ils avaient commis. " (III/155)

Ceux qui ont fait demi tour pendant la guerre d’Ohod sans pouvoir résister, l'ont fait à cause de leurs actions passées. Tant que nous ne surveillons pas nos âmes et que nous ne travaillons pas à renforcer notre initiation, la moindre brise nous emportera, mais si nous travaillons à les rendre fermes comme de l'acier, sur la logique et la raison, le temps éclaircira et renforcera notre identité religieuse et révolutionnaire.

C'est aussi le cas des institutions, ne laissez pas le Djihad universitaire se transformer en une institution non religieuse et non révolutionnaire. Il y a quelques années, j'avais déjà insisté sur le fait que vous deviez protéger et défendre cette identité et heureusement vous l'avez fait  sans erreur, parce que la nature, la gestion, le bilan et la productivité du Djihad universitaire sont efficaces. J'ai dit ce jour-là, que les mouvements révolutionnaires ne signifiaient pas des mouvements chaotiques et désordonnés. Cette conception est complètement erronée, au contraire l'ordre révolutionnaire est un des plus ordonnés et des plus solides. En fait, l'ordre qui découle de la foi, de l'esprit et du cœur, est le meilleur ordre qu'on puisse imaginer.

Evidemment au début de toutes les révolutions y compris la nôtre, il y a des désordres bien naturels parce qu'un monument ancien et corrompu doit être détruit et qu'une autre fondation doit le remplacer. Mais une fois que le nouveau monument est construit, sur des bases fermes et justes, les activités doivent rentrer dans l'ordre et la cohérence, c'est la nature d'un véritable mouvement révolutionnaire. En un mot, le Djihad universitaire fait partie des centres sur lesquels nous comptons pour l'avenir scientifique du pays.

Au sujet de la science et de la recherche, je dois dire qu'il est impossible pour notre pays d'arriver au point désiré, sans investir dans la recherche scientifique. Cela ne concerne pas uniquement notre pays, la clé du progrès pour tous, est la science et la recherche.

Le progrès scientifique ne doit pas se limiter à acquérir les connaissances des autres, ce n'est que l'étape préliminaire du travail. En effet, la science est vaste et n'est pas l'exclusivité d'un certain nombre de pays dont les scientifiques seraient chargés de faire de nouvelles découvertes et de définir de nouvelles frontières scientifiques, pour en profiter ensuite et donner aux autres pays ce qu'ils jugent bon. Ce rapport implique le retard scientifique permanent de certains pays et une injustice entre les pays, qui se manifestent en terminologie politique, dans les expressions de "pays du Nord et du Sud", de "pays développés", "en voie de développement" ou "de pays du tiers monde".

Tous les gens possèdent les capacités de devenir des chercheurs et des scientifiques. Certes, les talents sont différents, mais il n'existe aucun pays qui soit privé de ces capacités et ne puisse jouer un rôle et gagner sa place dans le domaine scientifique.

Si un pays fait preuve de talent au-dessus de la moyenne, comme c'est le cas dans notre pays, il sera capable de jouer son rôle dans le progrès de la science et fera disparaître le retard, la discrimination et l'injustice dans tous les domaines, économiques, sociaux, politiques et culturels, et obtiendra sa part parmi les autres pouvoirs et les grandes puissances qui existent de nos jours. Il pourra alors se prendre en main, se gérer, rester indépendant, et donner et recevoir de façon équitable, mais ce n'est pas le cas aujourd'hui.  

De nos jours, les relations des forces de l'Arrogance avec les autres pays ne se fondent pas sur un partage légitime, il ne s'agit pas de donner et de recevoir, mais de prendre le plus et de rendre le moins. Certains engloutissent tous les biens matériels et prennent les décisions politiques et économique pour les autres sans rien rendre,  ou rendent des choses nuisibles ou au mieux, des choses sans valeur. Aujourd'hui le contexte politique du monde est construit sur la relation oppresseur / opprimé.

S'il faut que cette structure disparaisse et que les pays, selon leurs capacités et leurs potentiels, trouvent leur véritable place, l'élément le plus influent dans cette affaire est la science. Il faut donc la prendre au sérieux.

Notre mouvement est entamé, mais nous n'en sommes qu'au début. Il faut soutenir et financer les centres de recherche scientifique et généraliser l'aspiration à la science et à la recherche. Ce mouvement ne doit pas se réduire aux professeurs et aux chercheurs, mais s'étendre au milieu universitaire. En d'autres termes, les étudiants doivent se pencher vers l'apprentissage et la production scientifique, cela exige de la sagesse et ne se réalise pas par des conseils, des supplications ou des ordres.

Les responsables des questions pédagogiques, le ministère de l'éducation, de l'enseignement supérieur et des autres secteurs concernant les questions culturelles, assument cette responsabilité. Ils doivent programmer les activités de telle sorte que les milieux universitaires deviennent des milieux purement scientifiques et que l'apprentissage de la science vaille plus que la recherche d'un simple diplôme.

Ce mouvement est nécessaire, il doit continuer. L'aide du gouvernement et des associations concernées est nécessaire. J'insiste sur le fait que pendant votre travail pour le progrès scientifique, vous n'oubliiez pas que la science et la religion font corps. La science séparée de la religion, même si elle conduit un pays à court terme, à certains progrès, est dangereuse à long terme, comme nous le voyons actuellement dans le monde.

De nos jours la science est devenue un moyen d'oppression, de discrimination et de génocide. Un de ses résultats est la bombe atomique ou les hallucinants chimiques. Cette définition de la science favorise l'arrivée au pouvoir de politiciens pervers. Il faut reconnaître la réunion de la science et de la religion, et acquérir et mettre en œuvre la science, pour Dieu et dans le chemin de Dieu. Cela doit être un de nos principes fondamentaux.

Les avantages de cette science sont beaucoup plus grands que nous ne l'imaginons. Ne dites pas qu'une la science avec la religion, n'avancera pas et que si nous éduquons des scientifiques croyants, nous ne ferons plus de progrès, non ! Regardez le Djihad universitaire et l'ensemble des travaux accomplis par son personnel croyant, cela démontre bien que la science, accompagnée de la foi,  voit ses bénéfices se multiplier.

J'avais noté d'autres points, mais notre réunion touche à sa fin. J'espère que cette rencontre sera un message à la société scientifique du pays, un message de reconnaissance et de remerciements pour les mouvements scientifiques et en particulier, celui du Djihad universitaire et de l'institut Royan.

Je demande à Dieu, Tout Puissant, qu'il accorde ses bénédictions au défunt Sayed Kazémi et à sa famille et que tous ceux qui travaillent dans ces organisations progressent de jour en jour. Que les salutations et les bénédictions de Dieu vous accompagnent