Tout d'abord, je souhaite la bienvenue aux chers députés du huitième Parlement islamique. Vous êtes tous les bienvenus dans la fonction extrêmement sensible des parlementaires qui sont chargés de la législation et de l'administration de la République islamique.

J'espère que pendant votre mandat vous pourrez trouver d'une part, la récompense divine et d'autre part, un dossier brillant rempli d'œuvres efficaces et positives pour vos compatriotes.

Je remercie également Monsieur le docteur Laridjani, président estimé du Parlement pour son discours argumenté et réfléchi.

A mon avis, ce qui importe le plus lors de telles rencontres, est de rappeler qu'en tant que fonctionnaires du pays et serviteurs de Dieu, nous devons assumer nos responsabilités devant Lui. C'est la question principale.

Les différences de point de vue, de goût et d'intentions qui, bien entendu, sont naturelles, convergent sur ce point comme des cours d'eau qui se rejoignent dans une mer calme et sereine. Nous devons essayer de créer une ambiance spirituelle dans le milieu de travail, les autres questions ne causeront pas de problème et ne nous gêneront pas autant si nous respectons ce principe.

Le régime de la République islamique a été constitué pour répondre à l'invitation des Prophètes, dont la principale préoccupation est de faire avancer les gens vers la perfection spirituelle.

Cela ne se réalisera qu'avec la construction d'un monde rempli de bienfaisance qui rend la vie paisible et supportable et dont le plus important critère est la justice. Cependant la mise en place d'une société juste est un objectif intermédiaire.

Nous voulons établir une société islamique qui nous aide à nous perfectionner et à nous faire parvenir au salut et à la paix.

La question de la vie véritable de l'au-delà commence après le passage dans l'autre monde et a une grande influence sur la façon de gérer nos comportements ici-bas. Le Coran dit :

" La Demeure de l'au-delà est assurément la vraie vie. S'ils savaient !" (Coran, 29 : 64). Le saint Coran dit aussi à ce sujet :

" Dis : "Les perdants sont ceux qui, au Jour de la Résurrection, auront causé la perte de leurs propres âmes et celles des membres de leur famille". C'est bien cela la perte évidente." (39/15).

La perte des biens, des proches ou la privation des plaisirs sont des dommages qui nous affligent dans ce monde. Cependant ce ne sont pas les véritables dommages et même parfois ces pertes apparentes nous épargnent d'autres pertes plus importantes.

C'est pour cela que dans cette vie où nous nous sommes engagés à prendre nos responsabilités, la concurrence, les rivalités, les pertes et la popularité sont des questions totalement secondaires et marginales. La question principale est le salut éternel qui se réalise avec l'application des devoirs divins.

Quand j'étais Président, j'ai demandé à un grand homme très respecté de me donner un conseil, brièvement il m'écrivit sur un papier d'exécuter ce qui est obligatoire, de m'abstenir de ce qui est illicite et de me méfier de ce qui est douteux.

Au premier regard cette parole paraît très simple et même banale. Nous nous sommes dit que nous connaissions ces principes, mais en y regardant de plus près, nous nous sommes rendu compte que non ! En vérité ils constituent l'essence de toute décision.

En fait c'est la tâche la plus difficile pour celui qui n'a pas réussi à se maîtriser.

Chacun doit connaître son devoir et l'accomplir sans aucune peur des répercussions et ni aucun conservatisme.

La maîtrise de notre âme et le contrôle de nos passions, sont les choses les plus difficiles et ce n'est qu'en affrontant ces difficultés que nous pourrons atteindre les plus hauts sommets.

Chaque personne selon sa profession, a certaines responsabilités, celles d'un professeur et d'un directeur d'usine sont différentes de niveau et de nature, ceci étant, le devoir extrêmement délicat du législateur est encore d'un autre domaine.

Les lois adoptées à l'Assemblée, constituent en fait le plan théorique du rythme du progrès du pays.

La gestion d'un pays de soixante-dix millions d'habitants est une responsabilité très lourde. Cela est encore plus difficile dans le cas de notre pays, car votre Révolution et la République islamique ont ouvert une nouvelle voie. Ce n'est nullement de l'emphase ni des compliments, mais la réalité de l'idéologie sur laquelle se fonde la République islamique.

Le monde d'aujourd'hui n'est pas prévu pour le salut de l'homme. Cela n'a pas besoin d'argumentation, il suffit de regarder les pays qui prétendent être des modèles de civilisation et de démocratie pour se rendre compte dans quelle mesure ils respectent la dignité humaine et respectent les droits des nations.

Regardez comment ces questions motivent les décisions et les activités, en réalité, elles sont tout à fait oubliées.

L'imam Khomeiny a dit que certains attendaient que le monde se remplisse d'oppression et d'injustice pour que l'Imam du Temps vienne alors que le monde était déjà rempli d'injustice. "Ne voyez-vous pas comme la justice est isolée et comment on traite l'Humanité ?", avait-il dit.

Chaque jour, nous sommes confrontés à de nombreux cas d'injustice partout dans le monde. Le régime de la République islamique est un cri fondé sur la raison, face à ces régimes dominants.

Le fait que nous soyons en désaccord avec l'ordre dominant le monde est une réalité qui découle de la nature de l'islam.

"Celui qui renie le Taghout et croit en Dieu, a saisi vraiment le lien le plus solide qui ne sera jamais rompu. (2/256)

C'est cela la signification de l'islam. La foi en Dieu ne suffit pas en elle-même et le rejet du Taghout est le prélude de l'authenticité de la foi en Dieu. Que signifie le Taghout ? Ce sont les ordres de l'Arrogance mondiale.

Cela ne veut pas dire que la République islamique a choisi l'option militaire pour affronter les puissances totalitaires du monde, ce serait une idée vraiment naïve. Il s'agit plutôt d'une nouvelle pensée, d'une nouvelle voie, analogue à l'invitation des Prophètes.

La mission des Prophètes est basée sur l'avertissement et le message divin aux peuples, mais cette invitation peut se faire de différentes manières dont la meilleure est de mettre en place une société fondée sur ces mêmes principes, qui puisse symboliser ses traits distinctifs et être présentée comme un exemple au monde. C'est exactement ce que la République islamique souhaite faire.

Le choix de la violence et de la guerre est totalement absurde. Nous devons essayer de construire un régime islamique fondé sur la justice et les enseignements islamiques, et le présenter au monde, cela suffit.

Souvenez-vous du jour où notre Imam a exposé courageusement la théorie de ce système politique. Son appel a conquis les cœurs de nombreux musulmans et non musulmans, dans le monde, comme aucune propagande n'aurait pu le faire. La nature de ce message est qu'il attire les cœurs.

Dans l'instauration d'une telle administration avec les propriétés que je viens de décrire, différents pouvoirs sont engagés : le pouvoir exécutif, le pouvoir juridique et le pouvoir législatif et, comme je l'ai dit tout à l'heure, le pouvoir législatif est chargé de préparer le programme de cet immense mouvement. Voyez donc, comme votre travail est important.

Votre travail ne se limite pas à mener à bien les campagnes électorales et à gagner des sièges au parlement, non ! il s'agit d'une question beaucoup plus importante.

Celui qui entre dans ce domaine prend en charge une responsabilité divine et lourde.

« Ce Jour-là, vous serez interrogés sur les biens » (102 /8)

Cela constituait l'essence de mes propos dans cette réunion, et je demande votre réussite au Tout Clément.

Dans le message que nous avons communiqué à l'ouverture du Parlement, nous avons fait quelques remarques et donné quelques conseils, qui sont les résultats de nos relations avec les différents parlements qui se sont succédés ces dernières années.

Je voudrais maintenant en faire un bref rappel.

Tout d'abord nous devons insister sur ce point, que, dans la pensée islamique, la question de la représentation du peuple est très ancienne. Il ne s'agit pas d'une aveugle imitation des règles démocratiques qui sont en vogue dans le monde.

Elle n'a rien de comparable avec les fausses démocraties et les soi-disant parlements, issus d'apparentes élections dans certains pays.

Les fondements de notre pensée sont d'une autre nature. Dans la philosophie de l'islam, la Welayat (pouvoir) est réservée à Dieu, personne n'est apte à être le Wali (le maître) d'autrui. En islam, personne ne peut obliger quelqu'un à lui obéir. La Welayat appartient exclusivement à Dieu, mais si Dieu le Tout Clément, désigne un intermédiaire pour lui confier Sa Welayat, cet intermédiaire doit être obéi.

En islam, Dieu a nettement déterminé cela.

L'adoption des lois ainsi que leur application, doivent être conformes aux lois islamiques ou aux règles secondaires qui sont le résultat de l'interprétation des principes de l'islam.

Les dirigeants bénéficient également de pouvoirs définis exactement par la constitution qui est la garantie de la réalisation de ce que la Welayat divine nous prescrit.

La question de la majorité et de la minorité est en elle-même, une nécessité, quoique l'islam n'ait pas prévu explicitement une telle règle. Mais il est naturel que les différences de points de vue apparaissent dans les diverses questions humaines. Lorsqu'une majorité a voté une loi, l'opposition, minoritaire, doit s'y résigner. C'est un principe clair et raisonnable que l'islam a aussi approuvé.

Vous êtes dans un état de législation qui s'enracine dans la Welayat divine, la démocratie religieuse que nous avons proclamée signifie que les députés obtiennent l'autorité d'adopter des lois, dans le cadre de la constitution. Votre devoir est en réalité, une obligation religieuse. Toute loi rédigée par le parlement doit être respectée sans exception, par tous les individus.

Par conséquent, le pouvoir qui est le vôtre aujourd'hui, la législation, est un pouvoir de nature divine qui s'enracine et se forme dans le pouvoir divin. C'est le sens de la Démocratie islamique dont nous parlons. Les membres du Parlement islamique, par le canal qui a été prévu dans la constitution, pour la réalisation du pouvoir divin, se trouve dotés d'un pouvoir qui devient une responsabilité. Par conséquent ce qui est décidé au Parlement, à mon avis, doit être intégralement appliqué et respecté. Ce sens est le sens islamique (de la législation).

Dans l'optique de ceux qui ne sont pas accoutumés aux principes islamiques, apparaît une contradiction évidente. Lorsque le peuple vote à leur profit, ils insistent sur l'importance de la démocratie et du vote du peuple :

"Quand le droit est de leur coté ils viennent à lui docilement." (Coran 24/49)

Si un jour, l'électorat, qui est le véritable détenteur de ce droit, se détourne de ce parti, le scrutin et la démocratie deviennent alors du populisme et de la démagogie et ils font couler beaucoup d'encre pour justifier l'incrédibilité de l'avis des masses.

Parfois vous constatez qu'ils citent l'avis de penseurs musulmans du troisième ou quatrième siècle de l'hégire et de l'époque contemporaine ou citent les avis de philosophes comme Bertrand Russel ou Gustave Lebon, pour dénoncer les risques de la domination des foules dans la société.

"Quand ils sont appelés à Dieu et à Son prophète pour que (le prophète) juge entre eux, certains d'entre eux tournent le dos. Quand le droit est de leur coté ils viennent à Lui docilement." (24/ 48-49)

Si on leur dit d'agir selon les principes de la Tradition et du Coran, ils tournent le dos, mais ils acceptent et se résignent si les conditions sont à leur profit.

"Y a-t-il une maladie dans leurs cœurs ?

Est-ce qu'ils doutent ?

Craignent-ils que Dieu et Son prophète ne les oppriment ?" (24/50)

Dans la terminologie du Coran, la "maladie" signifie les pulsions intérieures qui brisent la volonté de l'homme.

Cela est différent de l'hypocrisie, néanmoins elles aboutissent parfois à l'hypocrisie.

Ils doutent des principes de l'islam.

Pourquoi n'acceptent-ils pas la vérité et la parole juste ?

La pensée islamique est fondée sur la Welayat de Dieu et un processus, précisé dans la constitution de la République islamique, selon lequel Dieu, le Très-Haut, a donné aux gens le droit de remettre la responsabilité des affaires de la société à un représentant pour qu'il gère en leur nom. Le peuple utilise ce droit dans l'élection des députés ou du Président. C'est le fondement de la Démocratie islamique qui est original et juste.

Ce qui me semble très important actuellement est que nos amis parlementaires doivent examiner attentivement l'adoption et l'application des lois.

Les lois doivent être le résultat d'un travail de recherche, elles doivent être durables, applicables et efficaces. Je ne rejette pas les lois temporaires qui sont nécessaires et utiles à certains moments, néanmoins la nature des lois est qu'elles sont immuables, adaptées, claires et toujours dans le cadre que la constitution, définie par le Parlement.

Dans les cas où il existe des divergences sur les limites du champ d'action du Parlement, cette question doit être discutée et résolue hors du Parlement, dans les instances intermédiaires.

Ces dernières années, nous en avons eu quelques cas quand le Parlement a inséré dans le cadre de ses responsabilités des charges que le gouvernement ne lui reconnaissait pas. Et bien, la constitution prévoit la solution et désigne les interprètes et les gardiens de la constitution, qui doivent éclaircir ces points ambigus.

La loi doit donc être adoptée en respectant ces principes, le législateur doit surtout tenir compte du bien commun pour que la sécurité de l'investissement soit garantie dans le pays.

L'autre point est que la loi ne doit pas être rédigée sous l'influence d'un petit groupe de gens influents, puis abolie une fois que leurs objectifs sont atteints. Nous en avons eu des exemples dans les Parlements des autres pays et même ici, dans notre pays.

Il faut veiller à ce que l'adoption des lois ne se fasse pas sous l'influence d'un groupe particulier. C'est pourquoi on conseille aux députés de ne pas accepter d'aides financières lors des élections, car ces aides impliquent des attentes en contrepartie.

Le député doit veiller à son indépendance et à son impartialité, qui lui sont confiées par la constitution et par Dieu. Ce sont des choses qui ne sont pas du tout négociables.

Dans la question de la surveillance, tout à l'heure j'ai dit qu'elle devait être stricte et effectuée soit par des organismes, comme le Divan-e-Mohasebat (organisme qui équivaut dans certaines de ses fonctions à la cour des comptes ndt) soit directement par les députés ou d'autres dispositifs de surveillance du Majlis. Toutefois il faut rappeler qu'elle ne doit pas devenir un prétexte pour la confrontation des pouvoirs.

Bien que vous soyez tous conscients de cela, sachez que sont nombreux ceux qui tentent de créer des divergences entre les trois pouvoirs et les centres de décisions du pays, et de les monter les uns contre les autres.

C'est un projet poursuivi depuis des années par les ennemis pour nuire à la République islamique.

Parfois ils révèlent publiquement leurs plans, par exemple ils ont exposé ouvertement la question du double pouvoir qui a été reprise à l'intérieur du pays, par certains, de façon machinale.

Parfois ils ne proclament pas ouvertement leurs objectifs, mais les bulletins que nous recevons des services de sécurité, affirment que leurs activités vont dans le sens de la création de divergences.

Je tiens à cette occasion, à remercier le septième parlement, en particulier son président, Monsieur Haddad Adel.

Ce qui est reflété dans le public peut être différent de la vérité, mais nous étions au courant des affaires et témoins des efforts du parlement précédent pour empêcher les conflits entre ces deux instances.

Malgré la malhonnêteté de certains journaux ou tribunes politiques, la réalité des efforts du parlement est évidente.

Ces efforts de coopération et de convergence ont été des efforts bilatéraux, de la part du gouvernement et du Parlement.

Un certain nombre de gens ne l'approuvaient pas et n'approuvent toujours pas cette alliance.

Vous devez mettre en relief cette question. En fait, le gouvernement vous appartient et est chargé d'exécuter ce que vous décidez.

Il faut reconnaître que l'actuel gouvernement est un gouvernement actif.

Depuis la victoire de la Révolution, je vois difficilement un gouvernement qui ait fait plus d'effort et fourni plus de travail.

Des points de vue différents existent dans divers domaines, politiques, économiques ou autres. Ces avis doivent être discutés et examinés loin du brouhaha et du vacarme médiatique.

On pourrait prévoir des réunions entre les représentants du Parlement et ceux du gouvernement, pour arriver à des solutions communes.

L'autre point qui me semble important et que j'avais également noté dans mon message d'ouverture du Majlis, est que les parlementaires doivent préserver leur relation avec le peuple.

Bien que le fait de se rendre de temps à autre, dans la région où ils ont été élus, est un devoir, rester populaire à une signification plus large.

Nous ne devons pas favoriser la naissance d'une nouvelle couche fortunée, dans la République islamique. Cela ne se réalise pas par des ordres ou des décrets, mais concerne le cœur, la foi et la volonté.

Il arrive parfois qu'on se lance dans une action, dans le plus grand désintéressement, et qu'on en sorte, contaminé par les questions matérielles car l'argent est dangereux.

Voyez, l'Imam Sadjad ( as) dans une des prières de son Sahifeh où il prie pour les soldats, et demande à Dieu de faire disparaître de leur cœur, la tentation des biens matériels.

Le goût pour la fortune et le pouvoir ne connaît pas de limites.

La seule solution est de se surveiller.

Il faut invoquer le Tout Clément, il faut se tourner vers la prière, la lecture du Coran et la supplication.

L'un de mes conseils aux députés et aux autres responsables est de ne pas abandonner la lecture du Coran. N'oubliez pas de lire chaque jour le Coran, même une page. Lisez-le avec recueillement et attention.

Bien que la très bonne initiative de récitation de la traduction du Coran ait été prise au Majlis précédent et se poursuit actuellement, cela n'est pas suffisant, car le Coran est plein de leçons et de conseils dont nous avons constamment besoin. Un conseil ne doit pas seulement être traduit, il faut être à l'écoute des choses dont nous sommes inconscients. Nous savons parfois des choses, mais leur rappel a une autre influence. Dans le Coran, le terme de conseil a été utilisé à plusieurs reprises. « Un conseil de votre Seigneur »

A propos de la prière qui est très importante, à mon avis, le livre de Sahifeh Sadjadieh, qui contient l'ensemble des prières de l'Imam Sadjad, est une de nos meilleures sources spirituelles. Accoutumez-vous à le lire, il adoucit le cœur et enseigne l'humilité et les règles religieuses.

J'espère que Dieu vous aidera durant votre mandat, heureux est celui qui profite de ce court laps de temps pour enrichir son dossier de l'au-delà.

Veuillez m'excuser pour la longueur de mon discours.

Que les salutations et les bénédictions de Dieu soient sur vous !