Suit ci-dessous, le texte du discours du Guide Suprême de la Révolution islamique, prononcé lors d'une audience accordée aux responsables, aux ambassadeurs des pays islamiques et aux participants à la conférence sur l'unité islamique, organisée à l'occasion de l'anniversaire de la première Révélation prophétique

 

Au nom de Dieu, le Très Miséricordieux, le Tout Miséricordieux

Je présente mes sincères félicitations à la communauté islamique, à la nation iranienne, à tous les invités épris d'unité islamique, et à Messieurs les ambassadeurs des Etats islamiques, à l'occasion de cette grande fête qui est de loin la plus grande fête de toute l'Histoire de l'Humanité.

Cette année a été désignée en Iran comme « l'année du Prophète de l'islam» et en ce jour, nous célébrons l'anniversaire de la première Révélation du message prophétique. Le Prophète lui-même a déclaré dans un hadith dont les sources ont été reconnues comme authentiques : « Je suis envoyé pour étendre les qualités et les vertus morales»

Le message prophétique a été révélé pour étendre les qualités et les vertus morales à l'ensemble de l'Humanité et la conduire vers la perfection.

Une si grande et si délicate mission exige que celui qui en est responsable, soit lui-même doté de toutes ces vertus. C'est ainsi que Dieu s'adresse au Prophète dès le début de sa mission, en ces termes : « tu es doté des plus grandes qualités morales ». (Coran, s.68, v.4)

C'est avant la Révélation que le Tout puissant a choisi son Prophète et l'a forgé, pour qu'il devienne capable, au fur et à mesure, de prendre en charge cette responsabilité. Le Messager de l'islam, qui faisait du commerce, avait offert en aumônes, une grande partie de ses biens pour nourrir et vêtir les pauvres. Avant la Révélation, le Prophète se rendait au sommet du mont «Hara», pour contempler les signes divins, le ciel, les étoiles, la terre et les différentes créatures vivantes. Il y voyait des miracles et son obéissance aux ordres de Dieu et son rejet des interdits divins ne faisaient que croître :
« Il était le plus sage et le plus digne parmi les hommes »

Le Prophète s'enrichissait chaque jour d'avantage au spectacle de la nature jusqu'à qu'il atteigne l'âge de 40 ans. À cet âge, le cœur du Prophète était le cœur le plus éclairé, son âme, l'âme la plus soumise, son être, l'être le plus vaste de tout l'univers, pour l'accueil du message divin :
C'est alors qu'à ce stade ultime de spiritualité, de perfection, de force d'âme et d'union avec Dieu que les portes du ciel et du monde de l'invisible s'ouvrirent à lui. Il voyait et entendait les anges qui lui parlaient jusqu'à ce que l'Archange Gabriel lui apparut et lui dit : « lis » (Coran, s. 96, v. 1)

Cette créature hors paire, cet homme parfait qui avait atteint le sommet de la perfection avant que le message divin lui soit révélé, commença dès les premiers instants de sa mission, un difficile Djihad qui dura 23 ans : le Djihad intérieur et le Djihad contre les gens qui n'avaient aucune connaissance de la vérité et qui vivaient dans un monde totalement obscur.

La corruption existait partout : l'amour du monde, la concupiscence, la tyrannie, la dépravation des mœurs et l'oppression des plus faibles. L'oppression régnait non seulement à la Mecque et dans la péninsule arabe, mais aussi au sein des plus grands empires de l'époque, l'empire de Rome et de la Perse. Regardez l'Histoire et ses sombres pages, quand le Prophète fut désigné comme messager de Dieu. La lutte contre ces grands pouvoirs et des efforts incessants et incommensurables, ont commencé dès le début de la Révélation qui, comme une source limpide imprégnait et illuminait le cœur du Prophète qui, de toutes ses forces, tenta de conduire le monde au seuil d'une profonde et radicale révolution et qui réussit.

La première ébauche de la communauté islamique prit forme à la Mecque, sur l'initiative du Prophète qui éleva les bases sur lesquelles devait se bâtir la société musulmane, avec les premiers croyants qui jouissaient de la sagesse, du courage et de la spiritualité nécessaires pour comprendre et assimiler le sens du message du Prophète, qui méritaient son affection et qui se lièrent d'amitié avec lui :
« Et celui qui aspire à Dieu, Dieu étend et prépare son cœur pour accueillir l'Islam »

Les cœurs s'ouvrirent aux connaissances et aux enseignements divins, les consciences s'éclaircirent, les volontés se renforcèrent et, des épreuves infiniment pénibles de la Mecque que nous ne pouvons pas imaginer, sortit une poignée de croyants authentiques dont le nombre ne cessait de croître. A cette époque dominée par l'intolérance, la rancune, les préjugés, la cruauté, les déviations idéologiques, du cœur de cet impénétrable rocher qu'était l'Arabie de l'époque, sortirent de petites pousses.

Rien ne put ébranler ces jeunes pousses qui grandissaient et s'enracinaient chaque jour davantage. Après treize ans, le Prophète créa une société civile dans le respect des valeurs islamiques et sur ces bases solides. La construction de cette société qui prit dix ans, ne concernait pas uniquement le domaine politique mais aussi l'éducation de chacun de ses membres.
« C'est Lui qui a [élu et] envoyé parmi ceux qui ne savaient ni lire ni écrire, un prophète issu d'eux , leur réciter ses versets, les purifier et leur enseigner le Livre et la Sagesse» (Coran, s. 62, v. 2)

Le Prophète éduquait toutes les âmes, il cultivait tous les esprits, il éclairait toutes les consciences et illuminait toutes les raisons :
« Et les enseigne le Livre et la Sagesse» (Coran, s. 3, v. 164)
Le Prophète n'enseignait pas seulement les lois et les règles, il apprenait aussi la sagesse et ouvrait les yeux sur les vérités et les mystères du monde. Pendant ces dix années à la Mecque, il ne s'occupait pas uniquement de politique, il ne gérait pas seulement l'état islamique, ne s'occupait pas uniquement de la défense et de la propagation des valeurs, mais cherchait aussi le moyen d'attirer les groupes qui vivaient hors de Médine, pour les conduire à s'engager l'un après l'autre, sur le chemin du salut. Il cultivait aussi l'esprit de chacun de ses disciples. Mes chers frères et sœurs, ces deux aspects ne peuvent être séparés.

Certains considérèrent l'islam comme une série d'enseignements individuels, privant ainsi cette religion de sa portée politique. C'est une idéologie qui se professe aujourd'hui dans de nombreuses sociétés musulmanes et dans le monde arrogant du colonialisme occidental et qui prêche la séparation de l'islam et de la politique alors que le vénéré messager de Dieu, une fois la longue épreuve mecquoise achevée, s'engagea dans la politique, érigea les fondements d'un état islamique, d'un système politique et d'une armée, et expédia des missives aux dirigeants du monde. Cela fut son premier pas sur la scène politique internationale. Comment peut-on dissocier l'islam de la politique, et interpréter la politique sous un angle autre que celui que lui ouvre cette religion divine ?
« Ceux qui ont fait du Coran des fractions diverses [selon leur passion ou pour engendrer des discordes]» (Coran, s. 15, v. 91)
Certains voudraient amputer le Livre saint d'une partie de son enseignement :
«Celui qui prétend croire en certains [d'entre eux] et en renier d'autres »

Ils sont prêts à accepter la foi mais refusent de croire en l'intégralité des lois qui la constituent, des lois qui ont toutes des aspects politiques :
« Nous avons envoyé Nos prophètes avec des preuves clairs et, avec eux, le Livre et la balance pour que les hommes mettent en œuvre la justice. » (Coran, s. 57, v. 25)

Le terme « Justice » désigne l'application de la justice sociale. Qui peut instaurer une telle justice, si ce n'est celui qui dirige la politique ? La politique signifie donner naissance à une société juste. C'est le but ultime du message divin tel qu'il fut confié à notre Prophète et avant lui, à Jésus, à Moise, à Abraham et à tous les autres Prophètes.

C'est alors que certains puristes prennent la plume, pour dire qu'ils n'ont rien à voir avec la politique. Peut-on séparer la religion de la politique ? La propagande malfaisante de l'Occident vient s'ajouter au débat en prônant la séparation de l'état et de la politique, de la religion. Si nous sommes de vrais musulmans, nous devons considérer ces deux domaines comme intrinsèques. Il ne s'agit pas de deux choses distinctes que l'on accolerait mais d'une seule et même chose, d'une seule et même vérité.

En Islam, la religion et l'état émanent d'une même source qui n'est autre que la Révélation divine. Certains séparent l'état et la religion et d'autres prétendent que l'Islam se limite à la politique et « ses magouilles », négligeant toute une partie des efforts du Prophète pour la purification des âmes, le développement de la spiritualité, de la bonté et du respect de la morale et de la dignité humaine. Les deux cotés ont tort : les uns sont concernés par le verset qui dit :
« Ceux qui ont fait du Coran des fractions diverses [selon leur passion ou pour engendrer des discordes]» (Coran, s. 15, v. 91)

Et les autres par le verset :
« Ceux qui disent que nous croyons en certains [d'entre eux] et nous en renions d'autres » (Coran, s. 4, v. 150)
Réduire la religion à quelques brillantes et belles phrases politiques, en négligeant le rappel de Dieu, la spiritualité, l'amour de Dieu, l'humilité devant Dieu, les larmes devant Sa grandeur, la recherche de Sa grâce, la patience, la tolérance, la fraternité, et l'altruisme, et se consacrer à la politique au nom de l'islam est aussi une erreur. Cela ne fait pas de différence.

« Les purifie et les enseigne le Livre et la Sagesse» (Coran, s. 3, v. 164)

La religion est purification et instruction ; elle concerne le cœur, l'esprit et les bras
« Ô Prophète, lutte contre les impies et les hypocrites et sois rude contre eux» (Coran, s. 66, v. 9).

Face à un ennemi agresseur qui s'oppose à la diffusion de la religion et de la spiritualité, il faut des bras :
« Et nous avons fait descendre [Nous vous avons donné] le fer dans lequel il y a une force [un effet sévère] et des utilités pour les hommes » (Coran, s.57, v.25).

C'est avec des bras et des poings de fer et une volonté imperturbable qu'il faut affronter les défis et c'est aujourd'hui, l'unique remède aux maux de la Communauté islamique.