Ce qui suit est le texte intégral de ce discours prononcé le 3 Juillet 2010, par l'Ayatollah Khamenei, Guide suprême de la Révolution islamique.
Au nom d'Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux
Je souhaite la bienvenue aux chers amis, frères, sœurs et artistes. Je n'ai jamais eu de réunion avec une telle audience ni l'occasion d'écouter les points de vue et de voir les visages populaires de ces personnalités dont j'ai seulement vu les noms et les visages à la télé.
Heureusement j'ai cette opportunité aujourd'hui. J'ai personnellement rencontré beaucoup d'amis et écouté leurs commentaires. Cette rencontre avec vous, chers amis, est très intéressante. Soyez surs que si nous avions plus de temps, je resterais plusieurs heures aujourd'hui, pour écouter vos commentaires et tous ceux qui ont quelque chose à me dire. Vos avis me sont très utiles. Ces réunions face-à-face, permettent de corriger les idées préconçues et contribuent à transmettre les points oubliés.
Nous avons peu de temps. Je veux dire que je n'aurai pas le temps d'aborder toutes les questions que j'ai notées aujourd'hui parce que nous mettrons naturellement fin à la réunion au moment de la prière de midi. Nous terminerons cette réunion avec l'appel à la prière. Il ne me reste que 25 ou 30 minutes pour exposer certains points que j'ai à l'esprit.
La raison pour laquelle j'ai dit que j'étais prêt à écouter avec attention tous vos commentaires est que l'IRIB, en particulier le département d'art dramatique et de production de films et de séries télévisées, est plus important que dans le passé. Je ne suis pas du tout indifférent aux programmes télévisés. Je n'ai pas cette attitude. Les arts sont très importants. Leurs effets et leur influence culturelle sont très vastes. Nous sommes un peuple dynamique, des gens qui ont quelque chose à dire au monde, des gens qui ont un sentiment d'identité et c'est pour ces raisons que nous avons de grands ennemis. Nous sommes aujourd'hui confrontés à des ennemis qui ont recours à différentes méthodes, y compris les méthodes artistiques, et notamment le cinéma et la télévision. Cela montre combien les efforts et les investissements, matériels et spirituels, que nous devons faire dans ce domaine, sont importants, et c'est pourquoi j'attache une grande importance à cette question.
Aujourd'hui, l'IRIB a un rôle très important à jouer et de grandes responsabilités. Chers amis qui êtes responsables de l'un des départements les plus sensibles de l'IRIB, vous avez un rôle très important à jouer dans les conditions actuelles et dans l'avenir de votre pays. Je crois que l'IRIB est le principal centre d'orientation intellectuelle. L'imam Khomeiny (ra) n'a pas simplement voulu faire preuve de politesse quand il a qualifié l'IRIB de « grande université du pays ». L'IRIB est vraiment une grande université qui doit présenter aux gens les enseignements divins et humains, des leçons politiques et d'autres leçons. C'est ce que nous attendons de l'IRIB. Maintenant, voyons ce que vous voulez faire dans ce domaine.
Bien sûr, je m'attendais aux commentaires qui ont été faits aujourd'hui. Ces commentaires ne sont pas inattendus. Je connaissais déjà les nombreux sujets dont vous avez parlé à cette réunion. Je sais que vous ressentez parfois un sentiment d'insécurité dans la production de vos œuvres artistiques, que vous êtes inquiets des critiques et des ennuis éventuels que vous pouvez rencontrer comme l'a dit l'un d'entre vous, même avec la justice, la police et d'autres organisations similaires. Le point important est que vous êtes des artistes et les artistes sont des gens sensibles. Si des gens comme moi, devaient être bouleversés par ces choses subtiles dont vous vous plaignez, la situation serait totalement différente. Depuis ma jeunesse, j'ai toujours été en contact avec les artistes pour la plupart, des poètes et des hommes de lettres, et je suis conscient de la subtilité et de la délicatesse de leur nature. Il me semble inutile de vous demander d'ignorer ces critiques et de faire votre travail. Cependant chacun est libre de critiquer. La série télévisée « Le prophète Joseph» a été réalisée dans le plus grand respect de tous les aspects religieux. Il s'agissait de la vie d'un prophète, d'une œuvre basée sur la morale et non sur des thèmes communs aujourd'hui dans les films, comme l'amour ou la pornographie. Ce feuilleton a eu un grand succès partout dans le monde de l'Islam et peut-être aussi, dans certains pays non musulmans. De nombreuses critiques et certains problèmes du film ont été exposés dans les journaux. Ce sont des choses qui arrivent. Je veux dire que vous ne devez pas être préoccupés par ces critiques, ces discours et ces objections. Sinon je vous assure qu'il vous sera impossible de continuer. Certaines de ces préoccupations ne sont pas réelles et viennent parfois de la nature délicate des artistes. Par conséquent, vous ne devez pas être gênés par ces préoccupations et ces inquiétudes. C'est un des aspects de la question.
L'autre aspect de la question est qu'il y a certaines lignes rouges qui doivent être respectées. Je ne veux pas parler particulièrement des lignes rouges politiques mais des lignes rouges dans le domaine de l'éthique, de la religion et d'autres sujets semblables qui nous préoccupent. Il n'est pas vraiment nécessaire de franchir certaines lignes morales dans nos films et nos séries télévisées. Parfois, le fait d'enlever certaines parties d'une série n'affecte pas vraiment le travail. De tels problèmes existent dans nos feuilletons. Il n'est pas approprié de montrer certaines scènes de relations amoureuses entre un garçon et une fille, qui peuvent être un mauvais exemple. Ceci est différent d'un autre film dans lequel un personnage est amené à croire en certaines choses et à la fin, se rend compte qu'il s'est trompé. Il n'y a pas de problèmes dans ce cas particulier. Mais il est nocif de présenter une relation romantique inappropriée comme dans ces diverses relations amoureuses. Il n'y a rien à faire, nous devons simplement éviter de telles choses dans nos films. C'est un problème qui existe dans nos films.
Imaginez un film censé être une critique, la critique est une bonne chose, mais qui au lieu d'être une critique il s'agit plutôt de manifestations de mauvaise humeur. Il y a une différence fondamentale entre la critique et la mauvaise humeur. La critique signifie montrer les points négatifs d'un travail et les surmontez en s'appuyant sur les points positifs. L'important dans une œuvre dramatique est son récit, vous avez un héros et un but. Le héros cherche à atteindre un but et doit affronter pour cela, certains défis. Vous montrez ces défis de façon réelle et concrète. Le but du héros est de relever les défis et d'atteindre l'objectif. Les obstacles sont les maux qu'il faut affronter. Que cherchent le réalisateur et le scénariste ? Que doit être, selon eux, le résultat de cette confrontation ? C'est un point très important. Si le résultat de la confrontation entre le bien et le mal est la victoire du bien sur le mal, vous devez présenter le bien et bien sûr, il n'y a aucun problème à présenter également le mal dans votre œuvre, mais en précisant bien que le héros est à la recherche du bien et est prêt à combattre et même parfois à donner sa vie, pour atteindre ce but. En dépit du fait que vous avez montré le mal, vous avez également montré quelque chose de plus grand à savoir les efforts déployés pour lutter contre ce fléau. C'est une critique positive. En tant que religieux et responsable dans la République islamique, je tiens à préciser qu'il n'y a rien de mal dans ce genre de critique, au contraire, ce genre de critique est positif car il oriente la société vers la réforme.
Mais parfois, ce n'est pas le cas, l'objectif est de faire preuve de mauvaise humeur. Un point négatif est présenté et constamment répété. Est-il possible d'éliminer tous les points négatifs et toutes les faiblesses d'une société ? Est-il possible de les faire disparaitre définitivement ? Ce n'est pas un honneur ou un avantage pour une personne de se borner aux points négatifs, de peindre un tableau très sombre et de semer le désespoir et le découragement. Lorsque vous montrez le mal sans montrer l'élément qui est censé le combattre et le vaincre, vous répandez le désespoir et le découragement dans la société. Lorsque les gens regardent votre film, ils se disent : « à quoi bon ? », à cause de l'influence spéciale que peut avoir un film ou un spectacle.
Je vous encourage à critiquer mais à faire des critiques authentiques, c'est-à-dire montrer la lutte et la confrontation entre le bien et le mal, et préciser que, même s'il y a des points négatifs dans la société, il y a aussi un mouvement et une motivation suffisante pour les éliminer. Si vous montrez la pauvreté, vous ne devez pas insinuer qu'il n'existe dans la société aucune motivation pour la combattre sinon votre film instaurera le désespoir et donnera une image exagérément sombre de la société qui est contraire à la réalité.
Chers frères et sœurs, comme certains de nos amis l'ont dit, nous traversons une époque exceptionnelle par son importance politique. Nous avançons sur un chemin difficile et dangereux. Bien entendu, la nation iranienne arrivera au bout de ce chemin en toute sécurité mais nous sommes au centre d'un grand mouvement. Ne vous en rendez-vous pas compte ? La plus grande puissance économique, militaire, politique et scientifique du monde manifeste ouvertement son hostilité. C'est un signe très important et très significatif. Qu'est-ce que notre nation a fait pour exaspérer ces puissances orgueilleuses qui ne sont pas prêtes à reconnaître les autres pays ? Bien sûr, ils disent de belles choses et font de beaux discours sur la démocratie, les droits de l'homme et la coopération entre les nations, mais il n'existe aucune personne sage dans le monde, qui ignore que ces discours ne sont que de purs et scandaleux mensonges.
Les organisations et systèmes qui se sont battus et opposés, et ont prouvé leur hostilité envers cette nation pendant trente ans, sont ceux dont les usines fabriquent des armes chimiques qu'ils ont offertes à Saddam Hussein qui les a utilisées contre les soldats et les villes iraniennes, ce sont encore eux qui créent des réseaux de propagande culturelle contre notre peuple et produisent des films politiques comme "Jamais sans ma fille" ou "300" qui sont un amas de mensonges et de malveillance, produits pour saper l'honneur du peuple iranien et vous le savez mieux que moi, pour détruire les fondements de la famille et porter atteinte à la morale et au hijab qui sont des héritages millénaires de l'Iran car vous savez que, dans le domaine sexuel, notre peuple était avant l'avènement de l'islam, un peuple pudique et correcte. Ces gens qui prétendent ne pas être opposés à l'Iran ni à la nation iranienne, manifestent jour et nuit leur hostilité. Cette question est très importante. Cela montre que notre pays est engagé dans un grand combat et résiste avec fermeté aux exigences des pouvoirs arrogants, coloniaux, avides et usurpateurs, dont les objectifs sont connus dans le monde. Nous sommes au centre d'une bataille générale. Notre nation est engagée dans un combat. Dans ces conditions, nous devons être conscients de ce que nous faisons dans le domaine politique, dans les orientations politiques et dans les tendances politiques de nos films.
En tant que réalisateur, acteur, scénariste et élément majeur dans la création d'œuvres dramatiques intéressantes et attractives, et en tant que personnes actives dans ce domaine, en encourageant la résistance et en dénonçant les ennemis, vous reconnaissez vos responsabilités et respectez votre rôle. Dans ce cas, vous êtes le héros d'une histoire réelle, tout comme dans une histoire dramatique nous avons un héros qui lutte et fait des efforts pour arriver à son objectif, et vaincre ceux qui s'opposent à lui, vous êtes un héros si vous êtes présents et engagés là où c'est nécessaire, et votre œuvre sera plus attirante et plus vivante. C'est ce que nous attendons de nos artistes surtout de ceux qui collaborent avec l'IRIB.
Je connais la valeur des œuvres dramatiques. Je sais combien elles sont précieuses. Je sais quelle pensée, innovation, imagination, quel art et quels efforts, et parfois combien de nuits sans sommeil sont consacrés pour chaque minute voire chaque seconde des films et des feuilletons que vous produisez.
Bien sûr, beaucoup de ceux qui regardent ces films ne sont pas conscients de ces efforts. Une œuvre est le résultat du travail de nombreux artistes et de nombreux esprits imaginatifs. Je suis conscient de cela et nous devons exprimer notre gratitude et apprécier ces efforts. Les plaintes que certains de nos amis ont exprimées sont appropriées à mon avis, mais les points que j'ai mentionnés doivent également être pris en considération.
J'avais fait une longue liste de questions à discuter et préparé un fascicule comportant quatorze recommandations sur des sujets différents. L'heure de la prière approche et malheureusement, je ne peux pas continuer à parler longtemps. Je remettrai donc ces recommandations à M. Zarghami à qui je tiens à exprimer ma sincère gratitude ainsi qu'aux autres responsables de l'IRIB, en particulier ceux qui sont chargés de la production de films et de feuilletons télévisés. Sans le rôle actif des responsables, les conditions seraient difficiles pour nos artistes. Je tiens à vous remercier tous.
Je dirais seulement qu'il y a beaucoup de choses à faire et de grandes possibilités de travail dans l'avenir. Comme M. Zarghami l'a dit, trente-trois mille heures de programmes ont été produites au cours des trente dernières années. 60% des séries et environ 40% des films sont des productions nationales. Ces chiffres sont vraiment très élevés et montrent qu'il existe des possibilités étonnantes dans le pays. Beaucoup de pays dans le monde n'ont pas ces capacités. Il y a un nombre limité de pays et de compagnies célèbres comme Hollywood aux Etats-Unis, dont dépendent totalement les programmes radiotélévisés des autres pays. Nous avons des capacités immenses et une main-d'œuvre remarquable. Nous avons beaucoup de possibilités en matière de logiciels et de matériel informatique, une Histoire en plein mouvement et par conséquent, de nombreuses possibilités dont nous pouvons tirer profit.
Vous avez fait de grands efforts qui ont abouti à des résultats remarquables mais il y a encore un grand écart entre ce que nous avons réalisé et ce que nous pouvons atteindre étant donné les grandes capacités dont nous disposons. Mes attentes sont très élevées. Je suis en général très exigeant vis-à-vis des responsables des différents domaines, pas seulement ceux qui travaillent à la télévision. Je crois que ces attentes sont raisonnables et n'ont rien d'illogique. Le fait que vous travaillez si dur est le signe que mes attentes ne sont légitimes et applicables. Malgré le manque de moyens, tant d'efforts ont été faits, tant d'œuvres artistiques ont été produites. Nous avons de nombreux acteurs de talent. Pour être juste, certains de nos acteurs comptent parmi les meilleurs acteurs dans le monde. Ils ont vraiment un grand talent. Certaines mises en scène sont exceptionnelles. Je ne suis pas un professionnel dans ce domaine et je ne peux pas donner un avis de professionnel mais quand je peux quand même reconnaître les effets et la valeur artistique d'une œuvre. Par conséquent, le champ est vaste pour la poursuite des travaux et vous devez faire encore plus d'efforts.
Une des choses qui me préoccupe dans le domaine du film historique est que vous devriez rendre la langue de ces films plus expressive. J'ai formulé quelques recommandations à cet égard. La situation actuelle n'est pas vraiment positive. Les films historiques se déroulent dans un cadre historique mais le style et les dialogues sont littéraires et démodés, malgré certaines erreurs. Les experts en linguistique remarqueront que le scénariste a essayé d'utiliser une langue proche de celle des grands écrivains anciens comme Saadi ou Beyhaghi. Or cette langue n'est pas appropriée. Ce langage n'est ni compréhensible ni intéressant pour le public, ni approprié pour les professionnels, et comporte beaucoup d'erreurs. Est-ce nécessaire? Leur but disent-ils, est de refléter l'atmosphère historique par le biais du langage. Non, ce n'est pas nécessaire. Il est possible de transmettre des contextes historiques d'une autre manière. Il n'y a aucun problème à ce que vos personnages utilisent un langage ordinaire et vivant. Par exemple, vous pouvez avoir deux personnages historiques comme Khajeh Nezam-ol-Molk ou Shah Abbas, et utiliser un langage contemporain. Cela n'aura pas d'effets négatifs sur le film, c'est le contraire qui risque de nuire au film.
J'ai d'autres recommandations à ce sujet, la plupart s'adresse à M. Zarghami qui doit faire beaucoup d'efforts. Quand je l'ai nommé à ce poste, j'ai mentionné dans le décret qu'il devait contribuer à des progrès dans la gestion de l'IRIB. Beaucoup d'efforts doivent être faits, en particulier dans le domaine des arts dramatiques pour pouvoir rivaliser avec les adversaires injustes auxquels vous êtes confrontés.
Nous n'avons plus de temps pour les commentaires et les recommandations. J'espère que nous nous reverrons bientôt. Que Dieu vous accorde à tous le succès.
Que les Salutations divines soit sur vous et que la miséricorde d'Allah et Sa bénédiction vous accompagnent !