Interviewer : Pourquoi les pays occidentaux sont-ils obligés de lever toutes les sanctions contre la nation iranienne ? Pourquoi la levée des sanctions a-t-elle la priorité sur le retour des États-Unis au JCPOA ?

Dr Velayati : Les Américains ont proposé que si nous limitons nos activités nucléaires pacifiques, ils lèveront les sanctions. Nous l'avons fait dans le délai qui avait été imparti et que nous avions promis le P5 + 1. Mais en contrepartie, les Américains n'ont fait que lever temporairement certaines des sanctions qu’ils prolongeaient à nouveau à de courts laps de temps. Je veux dire que dès le début, ils avaient l'intention de ne les lever que temporairement.

Lorsque l’administration suivante est arrivée au pouvoir en Amérique, elle n'était pas du tout attachée à cet engagement. Quelle que soit l’administration au pouvoir en Amérique, si elle prend un engagement, cet engagement est également obligatoire pour les l’administration ultérieures. Nous avons rempli nos engagements, mais ils n’ont pas rempli les leurs. Naturellement, s'ils veulent retourner au JCPOA, ils doivent lever les sanctions comme ils s'étaient engagés à le faire.

Par obéissance aux États-Unis, trois autres pays occidentaux - à savoir, la France, l'Allemagne et l'Angleterre -, qui représentent l'Union européenne - nous ont également imposé de nombreuses limitations. D'une certaine manière, on peut dire qu'ils ont imposé des sanctions indirectes. Cependant, parmi les pays du P5+1, la Russie et la Chine nous ont aidés autant qu'elles le pouvaient et ont rempli leurs engagements. Lorsque les Américains ont un si mauvais bilan dans le respect de leurs engagements, nous avons le droit de nous méfier d'eux. S'ils reviennent et envisagent reprendre les négociations alors qu'ils n'ont pas encore rempli leurs engagements antérieurs, cela n'est pas du tout acceptable. De plus, nous avons déjà subi des pertes et ils devraient compenser les pertes y afférentes.

Interviewer : Le retour des États-Unis au JCPOA sera-t-il utile ?

Dr Velayati : Nous n’insistons pas sur le retour des États-Unis et nous ne sommes pas pressés. Mais s'ils veulent y revenir, il y a des conditions préalables, dont la plus importante est la lavée des sanctions pour nous assurer que la nouvelle administration s'engage à respecter les obligations américaines en vertu du JCPOA. C'est-à-dire qu'ils devraient annoncer cet engagement et que le président américain devrait également s'y engager. Obama, le président des États-Unis à l'époque, était initialement censé prendre un engagement. La condition préalable posée par le Guide suprême de la Révolution islamique était que le président américain prenne un engagement écrit qu'il ne pouvait pas nier plus tard. Bien qu'ils aient dit qu'un engagement oral était suffisant, le Guide suprême de la Révolution n'a pas consenti à cela. Malheureusement, ce n’était qu’un engagement oral qu'ils n'ont pas tenu par la suite. Le Guide suprême de la Révolution n'a même pas accepté le mécanisme de déclenchement et cela a été fait contre sa volonté. S’il y aurait des négociations ultérieures, ce mécanisme doit définitivement être mis de côté, car il s’agit d’un principe illogique.

Interviewer : Comment évaluez-vous les conséquences de la détermination du parlement et de l’administration ireniens d’annuler progressivement les obligations de l’Iran vis-à-vis le JCPOA ?

 

Dr Velayati : Le parlement et l’administration ont rempli leur devoir. Plus des quatre cinquièmes des parlementaires ont voté en faveur de cette loi. C'est une loi tout à fait valide et l’administration est tenue de l'exécuter. Bien entendu, notre administration a montré qu’il allait appliquer la décision du Parlement. Ce que notre administration et notre parlement ont fait était absolument légal et il n'était pas approprié de le reporter encore plus.

Ce qu'il convient de noter à cet égard, c'est que nous avons besoin de développement scientifique et de médecine nucléaire, ce qui nécessite de l'uranium enrichi à 20%. Nos scientifiques nucléaires ont pu produire de manière judicieuse et efficace de l'uranium enrichi à 20%, nécessaire aux activités diagnostiques et thérapeutiques en médecine. Cette mesure adoptée par le parlement et l’administration était très importante et absolument légale. Nous n'avons pris aucun engagement de ne pas nous engager dans des activités liées à des applications pacifiques, et celle de la médecine nucléaire. C'était donc une très bonne mesure qui a d’ailleurs montré que chaque fois que l'Iran décide de produire de l'uranium enrichi à un niveau plus haut, il a la capacité de le faire facilement.

 

Interviewer : En tant que conseiller du Guide suprême dans les affaires internationales, comment voyez-vous la voie à suivre par la République islamique d'Iran pour poursuivre le JCPOA ? Comment devons-nous continuer cette voie ?

 

Dr Velayati : Tout gouvernement qui est membre du TNP a le droit de bénéficier des sciences nucléaires pacifiques. L'industrie nucléaire, en tant qu'industrie mère, est liée à environ 500 secteurs industriels et scientifiques. Aucun pays ne peut se priver d'énergie nucléaire pacifique à l'ère actuelle. Les combustibles fossiles finiront tôt ou tard, et nous devons utiliser les sciences nucléaires pour produire de l’électricité et de l’énergie et pour faire progresser les efforts industriels et scientifiques. Si la République islamique n'est pas autosuffisante à cet égard, elle sera sous la pression de ceux qui possèdent l'énergie nucléaire. L'Iran n'y consentira pas, car cela est en conflit avec son indépendance.

D'autres ont montré qu'ils ne respectaient pas leurs engagements. Par conséquent, nous devons certainement tirer parti des sciences nucléaires pacifiques. Cependant, avec les engagements que nous avons pris dans le cadre du JCPOA, nos activités seront limitées pendant une courte période. Mais à partir de 2025, ces limitations seront supprimées. En raison de l'engagement que nous avons tant sur le plan religieux qu'international, comme l'a souligné le Guide suprême de la révolution islamique, les armes nucléaires sont interdites (illicites). Hormis cette exception, toute autre application (autre que les armes nucléaires) est autorisée et nécessaire pour nous, et nous l’utiliserons, par la volonté de Dieu. Nous ne nous séparerons jamais de l'industrie nucléaire et nous ne nous en priverons jamais.

Interviewer : Si vous avez quelque chose à ajouter, allez-y.

Dr Velayati : Nous sommes un pays indépendant et avons payé un coût énorme pour notre indépendance. Avec son héritage culturel de 10,000 ans, son parcours politique de 2,500 ans et sa grande expérience scientifique dans la création d'une civilisation islamique, notre pays a le droit de satisfaire ses besoins et de se gérer en toute souveraineté. La souveraineté dans la gestion du pays est en conflit avec l’ingérence des autres dans nos affaires pour nous dire « faire ceci » ou « ne pas faire cela ».

C’est pourquoi nous prendrons les mesures nécessaires en ce qui concerne l’avenir de notre pays de la manière qui est la bonne pour la nation et conformément aux intérêts de notre pays. Cela se fera dans le cadre des lois internationales et des exigences nationales. Et sans aucun doute, nous n'accepterons pas les impositions des Américains ou des non-Américains. En fait, la caractéristique la plus importante de la Révolution a été de nous sauver de la dépendance. Avec la Révolution islamique iranienne, les mains des puissances dominatrices ont été coupées et l'Iran s'est libérée. Si nous acceptons que d'autres déterminent quels sont nos intérêts ou prennent des décisions en notre nom, cela signifie que nous avons perdu l'indépendance que notre peuple se sont efforcée d'obtenir depuis des décennies. Nous ne ferons certainement pas ce qui est en conflit avec notre indépendance.