Interviewer : Quelle est votre analyse des déclarations du Guide suprême de la Révolution sur la nécessité de lever les sanctions ?

M. Ghalibaf : L'un des principaux progrès réalisés après la Révolution a été les réalisations scientifiques et technologiques. Son Eminence a répété à maintes reprises qu’il soutiendrait le développement et les progrès scientifiques du pays jusqu’à son dernier souffle. Aujourd'hui, nous pouvons constater que nous sommes vraiment parmi les 10 premiers pays au monde dans tous les domaines, y compris : la nanotechnologie, la biotechnologie, la science nucléaire et la santé – tout comme les récentes réalisations en termes de vaccin contre le Coronavirus.

Les États-Unis et le régime sioniste s'inquiétaient de nos progrès scientifiques. Bien sûr, ils n'ont pas pu trouver des prétextes afin de perturber le cours au chemin que nous avions emprunté dans de nombreux autres domaines scientifiques. Mais dans le domaine de l'énergie nucléaire, ils ont réussi à fabriquer une excuse. En conséquence, ils ont exercé des pressions, imposé des sanctions et émis continuellement des menaces, et cela a continué jusqu'à ce que nous arrivions à la question du JCPOA. Quel était le but du JCPOA ? Il a essentiellement vu le jour pour répondre aux accusations du régime sioniste et des États-Unis et pour dissiper les doutes concernant le programme nucléaire pacifique de l'Iran. Et deuxièmement, l'objectif en était de supprimer les sanctions injustes, lâches, inhumaines et illégales imposées par les États-Unis. En effet, la philosophie principale du JCPOA était de lever toutes les sanctions qu'ils avaient imposées.

Bien sûr, Trump a détruit tous les accords conclus avec une seule signature, montrant comment ils pouvaient violer les lois internationales avec leur attitude agressive. Au contraire, ils ont même imposé plus de sanctions. Lorsque le JCPOA était censé entraîner la levée complète de toutes les sanctions, que restera-t-il de la philosophie de son existence s'il ne va pas dans ce sens ?

 

Interviewer : compte tenu de cette démarche américaine, on pourra donc dire que la JCPOA n'a pas atteint son objectif ?

M. Ghalibaf : Oui, même sous l'administration Obama, les sanctions n'ont pas été levées. Plus tard, Trump a imposé des sanctions non nucléaires et de sévères restrictions sous diverses excuses. Ces nouvelles sanctions incluaient même les médicaments et les denrées alimentaires.

 

Interviewer : Le Guide suprême de la Révolution a posé une condition selon laquelle la condition préalable pour le retour des États-Unis au JCPOA est la levée des sanctions. À votre avis, quelles mesures concrètes et pratiques les États-Unis et les pays européens devraient-ils prendre ?

M. Ghalibaf : Le retour des États-Unis au JCOPA n’a aucune importance pour nous et notre nation. Pourquoi ça ? Parce que pour nous, le principal objectif du JCOPA était la levée des sanctions. Les États-Unis s'en sont retirés de leur propre gré. Ils ont également imposé des sanctions supplémentaires à notre nation et n'ont pas honoré leurs engagements pris dans le cadre du JCPOA. Que veulent faire alors les États-Unis s'ils retournent au JCPOA ? Tout d'abord, ils sont obligés de lever les sanctions qu'ils ont imposées après leur retrait de l'accord nucléaire. Deuxièmement, il devrait honorer les engagements spécifiés dans le JCOPA. Ce sont des engagements qui ont jusqu'à présent été violés.

Lorsque nous disons que la levée des sanctions doit avoir lieu en action, cela signifie que nous devrions être en mesure de mener à bien nos transactions économiques normalement et facilement. Nous devrions pouvoir exporter notre pétrole et conclure d’autres accords commerciaux : qu’il s’agisse d’importations ou d’exportations. Notre système bancaire devrait pouvoir fonctionner normalement. Nos biens et nos actifs dans d'autres pays devraient être libérés - les biens que nous ne pouvons pas transférer pour le moment. Ces mesures devraient être adoptées dans la pratique. Et notre nation, notre peuple et notre système économique devraient les voir dans la pratique. Sous l'administration Obama et John Kerry, ils ont signé cet accord. Nous avons honoré nos engagements et ils n'ont honoré les leurs que sur papier. C’est alors que nous n'avons même pas pu importer de médicaments.

 

Interviewer : Concernant l'idée « d’engagement en échange d’engagement », le Parlement et l'administration ont adopté une mesure selon laquelle la République islamique cessera de respecter certains de ses engagements et lancera le processus d'enrichissement à 20% en raison des actions du côté Ouest. À votre avis, avec l'expérience acquise grâce au JCPOA, pouvons-nous utiliser ces leviers de pouvoir en ce moment ?

M. Ghalibaf : La discussion sur l'enrichissement d'uranium à 20% a eu lieu dans le cadre de la levée des sanctions et elle a été ratifiée en tant que loi au Parlement. Pourquoi cela a eu lieu ? C'est clair. Les deux parties étaient censées remplir leurs engagements en parallèle. Nous avons rempli les nôtres, mais ils n'ont pas rempli les leurs.

Notre objectif en ratifiant le projet de loi était de produire de la force. Bien entendu, permettez-moi de dire clairement que ce qui a été ratifié au Parlement s'inscrivait dans le cadre du JCPOA. Certains articles de l'accord sur le nucléaire donnent aux membres le pouvoir de cesser de remplir leurs engagements si l'autre partie ne respecte pas les siens.

La loi ratifiée au Parlement était en fait capable de produire de la force dans le domaine de la diplomatie. Bien sûr, c'était une vraie force, pas seulement un acte de ratification d'un simple projet de loi. Une fois, j’ai vu que l’une des parties impliquées dans le JCPOA a dit à notre ministre des Affaires étrangères que nous ne devrions pas appliquer notre loi. Eh bien, nous avons vu l'exemple trumpiste de cela aux États-Unis, et nous avons vu ce que signifie la démocratie dans ce pays. Eh bien, nous avons également entendu cela des Européens. En d'autres termes, ils recommandent de ne pas appliquer notre loi ! C'est vraiment étrange.

 

Interviewer : Un terme important et fréquemment utilisé par le Guide suprême de la Révolution islamique est « l’expérience du JCPOA ». Nous nous occupons de la question nucléaire depuis de nombreuses années et nous avons acquis de l'expérience grâce à l'accord sur le nucléaire ces dernières années. Selon vous, si le pays souhaite faire un nouveau pas dans ce domaine, quelle pourrait être notre feuille de route possible ?

M. Ghalibaf : À mon avis, tout ce qui s'est passé après le JCPOA a clarifié une certaine réalité d'une manière très claire et transparente, à savoir le fait qu'on ne peut pas faire confiance à l'ennemi. L'ennemi est après ses propres intérêts. Bien sûr, nous ne cherchons pas à créer un ennemi. Par « ennemi », nous entendons ceux dont l'hostilité envers notre nation a été claire avant et après la Révolution. Même en ce qui concerne la question nucléaire, lorsque nous avons commencé à négocier avec les États-Unis et que nous sommes parvenus à un accord nucléaire, nous avons été témoins de la façon dont ils ont manqué à honorer et violé leurs engagements. Par un simple changement d’administration, la nouvelle administration n'a pas tenu compte de tous les accords conclus et les a tous rompus.