Ya'la bin Marah Aameri a raconté : « Je suis sorti avec le Messager de Dieu vers un banquet auquel il a été invité. Hussein (a.s.) jouait avec d'autres enfants. Le Messager de Dieu s'est tenu devant eux et a ouvert ses bras, mais cet enfant (Imam Hussein) a continué à courir ici et là, s'échappant du Messager de Dieu, ce qui l'a fait rire. Jusqu'à ce que finalement, le Prophète l'a pris dans ses bras et embrassé. « Hussein est de moi et je suis de Hussein, que Dieu aime celui qui aime Hussein.»  » [1]

 

Dans ce hadith, la phrase polémique est la phrase où le Prophète, après avoir dit « Hussein est de moi », dit : « Et je suis de Hussein. » La délibération sur cette partie de sa déclaration révèle son caractère vraiment étonnant. Par conséquent, il est préférable d'expliquer ce hadith sous plusieurs angles afin de mieux le comprendre.

 

À cet égard, il est nécessaire de réfléchir à ce que l'on entend par « moi et ma dépendance envers quelqu'un d'autre » ou « la dépendance de quelqu'un d'autre envers moi ». Pour la première partie de ce discours, qui traite cette interdépendance et cette relation humaine, nous pouvons étudier cette question sous différents angles. Les deux perspectives les plus importantes seront expliquées.

 

Liens familiaux ou par le sang : Ce type de lien signifie qu'une personne est liée par le sang à une ou plusieurs autres personnes. Par exemple, il est clair dans cette tradition que la première interprétation des mots « Hussein est de moi » est une interprétation généalogique, car Hussein (a.s.) est le fils de la fille du Prophète et sa lignée remonte au Saint Prophète de l'Islam.

 

Relation idéologique : Une relation idéologique, comme l'indique clairement le mot « idéologie », fait référence aux croyances et aux convictions. Dans la première partie du hadith, cet aspect peut également être vu. C'est-à-dire que la croyance et la conviction de Hussein (a.s.) sont les mêmes que les miennes. En fait, les perspectives et la vision du monde d’Hussein sont similaires aux miennes.

 

Mais pour comprendre la mystérieuse partie du hadith, nous devons également démêler les autres dimensions qui peuvent être comprises à partir de celle-ci.

 

Relation de sang : Cette relation n'est pas logique et ne peut naturellement pas être facilement acceptée ici. C'est-à-dire que le Prophète étant du sang d’Hussein n'a aucune signification ou manifestation dans le monde réel.

 

Relation idéologique : Ceci n'est pas non plus acceptable parce que le porteur de la religion et de l'idéologie est le Prophète Muhammad (SAWA), qui est le Prophète de l'Islam, et non l'Imam Hussein (a.s.). Ce n'est pas non plus accepté historiquement. C'est le Prophète de l'Islam qui a influencé les croyances des êtres humains après lui-même.

 

Comme nous pouvons le voir, si nous analysons la question du point de vue de l'individu lui-même, aucune compréhension raisonnable ne peut être obtenue à partir de cette partie du hadith en discussion à moins que nous supprimions le « je » en tant que personne et ne considérons pas seulement le corps et les croyances de cette personne, mais aussi considérer "l'effet" et "l'étendue de son influence" comme faisant partie de lui. Et c'est la bonne approche. Aujourd'hui, nous utilisons cette même approche lorsque nous considérons les mouvements et les écoles de pensée. Maintenant, dans cette perspective, il faut se demander quel a été "l'effet" du Prophète de l'Islam. Si cet effet et l'étendue de son influence sont déterminés, une relation peut-elle être établie entre ceux-ci et l'Imam Hussein (a.s.). Et puis dans la suite, peut-on trouver une relation par rapport à la phrase mystérieuse en question ?

 

Le Prophète Muhammad (SAWA) est appelé le Prophète de l'Islam parce qu'il a apporté la religion de l'Islam aux gens de son temps et leur a enseigné une vision du monde et un mode de vie qui s'appelle l'Islam. Par conséquent, nous pouvons nous référer à la religion de l'Islam et des musulmans comme l'héritage du Saint Prophète et la portée de son effet et de son influence. Maintenant, si nous revenons au hadith en discussion et l'examinons du point de vue de l'effet du Saint Prophète, nous devrions lire la deuxième phrase comme suit : « Mon Islam vient de Hussein. »

 

Ici aussi, la question précédente se pose, et elle concerne le fait que nous savons que l'Islam a été apporté par le Prophète de l'Islam, le Prophète Muhammad (SAWA). Donc cette idée que l'Islam ait été apporté par l'Imam Hussein (a.s.) n'est pas acceptable. Mais un autre aspect de ceci peut devenir clair pour nous en étudiant bien l'histoire de l'Islam. Cet aspect concerne la « survie de l'Islam », et c'est ce que l'étude de l'histoire nous montre clairement.

 

Historiquement, après la mort du Prophète de l'Islam, la voie de la religion et de la société musulmane ne s'est pas avancée comme prévu par le Saint Coran et le Prophète. Il existe de nombreuses preuves concernant l'émergence de nombreux cas de mensonge, d'injustice, de distorsion religieuse, de croissance de l'hypocrisie, et ainsi de suite. Bon nombre des problèmes sur lesquels l'Islam met l'accent ont progressivement disparu de la société islamique. La montée des guerres civiles, rapportée dans les textes historiques et dans de nombreuses sources, illustre cette situation.

 

Une affaire sérieuse entraînant l'apparition d'une déviation après la mort du Prophète était l'affaire de son successeur. Certains, comme les chiites, croyaient que le Prophète avait présenté un successeur, et il s'agit d'Ali ibn Abi Talib (a.s.). Il était la personne la plus proche du Prophète en termes de foi, de connaissance, de justice et de courage, et le Prophète l'a présenté à tout le monde à Ghadir Khom. Mais un autre groupe croyait que le Prophète n'avait choisi personne, et qu’il avait laissé ce choix au peuple seul et aux anciens des tribus. En fin de compte, le résultat était que l'Imam Ali (a.s.) n'est pas devenu le calife immédiatement après le Prophète parce que certaines personnes des tribus ont choisi d'autres individus.

 

Suite à cela, les troubles sociaux et religieux se sont intensifiés dans la communauté musulmane, et même les trois califes ont été tués les uns après les autres. Après l'assassinat et le martyre de l'Imam Ali (a.s.) et l'élimination de l'Imam Hassan (a.s.) du califat, Muawiyah ibn Abi Sufyan s'est proclamé souverain. En plus et contrairement à la promesse qu'il avait faite aux musulmans, il a présenté son fils, Yazid ibn Abi Sufyan, comme le prochain calife dans un geste qui rappelait une tradition monarchique. Il a également demandé à d'autres de lui prêter allégeance. Cet événement a suffi à un certain nombre de musulmans pour considérer cette nomination comme un signe de danger pour tout l'Islam. Car avant cela, si un calife ne pratiquait pas l'islam conformément au Coran et au Prophète, au moins il ne montrait pas d'opposition ouverte à la religion. Cette fois cependant, Yazid était un dirigeant tyrannique qui ridiculisait ouvertement les cultes de l’Islam, et il était déterminé à le déformer avec l'aide de ses cohortes. Dans une telle situation, l'Imam Hussein (a.s.) n'a pas prêté allégeance à Yazid ibn Muawiyah, et conformément à la pratique islamique consistant à conseiller le bien et à déconseiller le mal, il s'est engagé dans le djihad pour réformer la communauté islamique.

 

Yazid a décidé d'assassiner l'Imam Hussein (a.s.), mais les efforts réformistes et éclairants de l'Imam Hussein (a.s.) se sont poursuivis et ont conduit à une série d'événements qui ont abouti à l'Achoura. Il s'agissait d'un événement au cours duquel l'imam Hussein, ses proches et ses compagnons ont été martyrisés sur l'ordre de Yazid, et leurs femmes et leurs enfants ont été emmenés en captivité par l'armée de Yazid.

 

Cet événement était si immense et choquant pour la nation islamique qu'après cet événement, des mouvements de réforme et de lutte contre l'oppression ont commencé dans le monde islamique. Avec son soulèvement, l'Imam Hussein (a.s.) a agi de telle manière que la différence entre les deux voies, la voie de l'Islam originel et la voie qui n'était pas islamique, est devenue claire au sein de la communauté islamique. Un côté mettait l'accent sur l'Islam pur et la justice et l'autre côté s'y opposait.

 

En fait, avec son soulèvement, l'Imam Hussein (a.s.) a souligné cette réalité que ce qui avait dominé le gouvernement et la société islamiques après la mort du Prophète n'était pas un système islamique ou un gouvernement islamique. C'était plutôt une société dont le nom était islamique mais qui était en proie à la tyrannie et au leadership anti-islamiques. Par conséquent, dans un sens, l'Imam Hussein (a.s.) a souligné à nouveau avec son mouvement ce pour quoi le Saint Prophète avait été envoyé. Comme nous l'avons vu pendant des milliers et des centaines d'années, de nombreux mouvements révolutionnaires pieux et en quête de justice, ont défini leur identité et leur voie sur la base de l'exemple du soulèvement de l'imam Hussein (a.s.).

 

L'histoire suivante a été racontée dans un hadith : « Lorsque l'Imam Sadjad (a.s.) retourna à Médine après l'événement d'Achoura, quelqu'un vint à lui et dit : "O fils du Messager de Dieu ! Vous avez été témoin de ce qui s'est passé à cause de votre départ !... Cette caravane est revenue et un seul homme [Imam Sadjad (a.s.)] est dans cette caravane." Les femmes avaient été capturées, avaient souffert et pleuraient. L'imam Hussein n'était plus en vie. Ali Akbar n'était plus en vie. Même le petit bébé de six mois de l'imam Hussein n'était plus en vie. En réponse à cette personne, l'Imam Sadjad (a.s.) a dit : « Pensez à ce qui se serait passé si nous n'étions pas partis ! » Oui, s'ils n'étaient pas partis, les corps auraient survécu, mais la vérité aurait été détruite. Les âmes auraient fondu, les consciences auraient été piétinées, la sagesse et la logique auraient été condamnées à travers l'histoire, et même le nom de l'Islam n'aurait pas survécu. » [2]

 

Le Guide suprême de la Révolution islamique a déclaré à cet égard : « La base de la religion est devenue liée à l'Achoura, et elle a survécu grâce à l'Achoura. Sans le grand sacrifice de Hussein ibn Ali (a.s.) - qui a permis à la conscience de l'histoire de devenir pleinement consciente et éveillée - au premier siècle ou dans la première moitié du deuxième siècle selon le calendrier hégirien, l'islam aurait été complètement éliminé. » [3] Et d'où l'on peut dire, "Je suis de Hussein" signifie que la religion du Prophète a été ravivée par Hussein bin Ali. » [4]

 

Notes :

 

[1] Ibn Abi Shibah, Abubakr, Masnaf Ibn Abi Shibah, vol.6, p. 380.

[2] Discours de l’Ayatollah Khamenei lors d'une rencontre avec des représentants du gouvernement. [18 mars 2002]

[3] Discours de l’Ayatollah Khamenei lors d'une rencontre avec des membres du clergé. [19 juin 1993]

[4] Sermon de prière du vendredi dirigée par l’Ayatollah Khamenei. [8 mai 1997]

 

 

Source: https://english.khamenei.ir/print/8693/and-I-am-from-Hussein-Looking-into-a-hadith-from-Prophet