Arbaïn est un mot arabe et signifie "le quarantième". Dans la culture chiite, ce mot fait référence au quarantième jour du martyre de l'Imam Hussein (a.s.). L'Imam Hussein (a.s.) a été martyrisé à Karbala le dixième jour de Muharram (le premier mois du calendrier de l’Hégire lunaire), qui est connu comme le jour de l'Achoura, et selon les récits historiques, le quarantième jour après son martyre au 20 de Safar (le deuxième mois du calendrier de l’Hégire lunaire), les survivants de l'événement d'Achoura, à savoir les enfants, les épouses et d'autres parents des martyrs d'Achoura, sont retournés à Karbala et ont fait le pèlerinage sur les tombes de l'Imam Hussein (a.s.) et autres martyrs de Karbala.

Le pèlerinage de l'Imam Hussein (a.s.) s'est poursuivi le jour d'Arbaïn dans les années suivantes. Les imams chiites ont encouragé leurs fidèles à ce pèlerinage. Leurs paroles ont persuadé les musulmans chiites de se rendre à Karbala le jour d'Arbaïn pour faire un pèlerinage au sanctuaire de l'Imam Hussein (a.s.). La tradition du pèlerinage d'Arbaïn s'est poursuivie jusqu'à nos jours.

Les chiites irakiens effectuaient principalement ce pèlerinage à pied, mais à un moment donné de l'histoire, cette tradition a été abandonnée. Il y a une centaine d'années, cette tradition a été relancée en Irak, mais sous le règne de Saddam Hussein en Irak (1979-2003), la Marche d'Arbaïn a été interdite et les personnes qui se rendaient à pied à Karbala ont parfois fait face à des réactions violentes. Selon certains rapports, le gouvernement de Saddam coupait les jambes de ceux qui marchaient vers Karbala. Cependant, malgré les pressions du gouvernement, les chiites ont secrètement maintenu cette tradition en se déplaçant dans les palmeraies et pendant la nuit.

Après la chute de Saddam, les chiites irakiens ont commencé à faire librement le pèlerinage à pied à partir des quatre coins du pays vers Karbala. Ils planifient leur marche de manière à atteindre Karbala le jour d'Arbaïn ou les jours proches de celui-ci.

Dans les jours précédant Arbaïn, toutes les routes menant à Karbala sont pleines de pèlerins qui se dirigent vers cette ville. Selon les statistiques des années précédentes, environ 20 millions de personnes assistent à cet événement chaque année.

La majorité des chiites irakiens habitent dans les régions du sud de l'Irak. Le premier groupe de pèlerins à pied en Irak sont les chiites de la région d'Al-Faw, à 667 km de Karbala dans le sud de l'Irak, qui commencent leur mouvement le 24 Muharram, 26 jours avant Arbaïn. Ils traversent différentes villes pour atteindre Karbala. Les habitants des villes sur la route rejoignent également le mouvement et se rendent à Karbala principalement en passant par la ville de Hilla.

La plupart des pèlerins qui se rendent en Irak depuis d'autres pays pour assister au pèlerinage d'Arbaïn commencent leur marche depuis la ville de Najaf, le lieu de sépulture de l'imam Ali (a.s.), le premier imam des chiites. La distance de Najaf à Karbala est d'environ 80 km, donc les pèlerins qui veulent être à Karbala le jour d'Arbaïn devraient mieux commencer leur voyage à partir du 16 Safar.

Le long des sentiers pédestres, il y a des endroits où les pèlerins peuvent prendre leurs repas et se reposer ; ces espaces de repos sont connues sous le nom de "Mowkeb". Ces Mowkebs sont principalement organisés par des citoyens irakiens et sont entièrement gérés par eux, et le gouvernement irakien n'a presque aucun rôle dans leur organisation, et son rôle principal est d'assurer et de maintenir leur sécurité.

En plus d'avoir une valeur religieuse, cette Marche a plusieurs objectifs :

1. La Marche d’Arbaïn est un symbole du privilège géopolitique chiite. La géopolitique constitue les trois éléments de la géographie, de la politique et du pouvoir, ainsi que leurs actions et réactions. Le résultat et la valeur de cette nouvelle géopolitique du monde et du système mondial, qui repose sur la puissance, est un grand capital à la fois dissuasif et progressiste. Le pèlerinage d'Arbaïn apporte ces trois éléments. Il introduit à la fois l'étendue de la présence chiite dans le monde et l'élément politique, qui se manifeste dans la théorie de Wilayat-e Faqih, et montre également le pouvoir des musulmans chiites.

2. La Marche d’Arbaïn crée un avantage compétitif. L'existence d'un grand nombre de personnes religieuses et motivées dans la défense de la religion et de ses valeurs et symboles est une source unique de pouvoir qui ne peut être imitée d'aucune autre manière et ses résultats peuvent être utilisés pour le progrès des intérêts et des politiques du Monde islamique. La marche Arbaïn est un signe d'avantage inégalé et une expression de pouvoir potentiel illimité chez les chiites, qui a créé la capacité de défendre et de contrer tout danger.

3. La Marche d’Arbaïn offre au monde un modèle de vie humaine désirable. Au cours de ces quelques jours de vie, les gens abandonnent tous leurs biens matériels et, au lieu de rivalités nuisibles, la fraternité, l'empathie et l'entraide sont valorisées. Les gens ne cherchent pas à accumuler des richesses mondaines et chacun essaie d'acquérir plus de spiritualité. Les gens aiment se servir les uns les autres et même se précipitent pour aider les autres. En fait, on peut dire que la Marche d’Arbaïn donne aux gens une nouvelle identité.

4. La Marche d’Arbaïn entraîne une croissance des connaissances de la conscience sociopolitiques. Au cours de la Marche d'Arbaïn, une quantité considérable d'informations est échangée dans divers domaines politiques, culturels et sociaux, dont la plupart sont des connaissances religieuses, ce qui conduit à une augmentation des connaissances et de la sensibilisation des pèlerins. Cette fonction de la Marche d’Arbaïn est conforme à la mission de l'Imam Hussein (a.s.) qui est mentionnée dans la prière du pèlerinage d’Arbaïn, où il est écrit : « Pour libérer Tes serviteurs de l'ignorance et de l'égarement. »

5. La Marche d’Arbaïn approfondit la spiritualité. Les enseignements islamiques accordent une grande importance aux rituels collectifs et au culte comme moyen d'atteindre la spiritualité. L'adoration apporte la spiritualité, mais l'adoration qui a lieu collectivement conduit à une synergie spirituelle.

Dans la Marche d’Arbaïn, chacun des participants a sa solitude avec Dieu et une expérience spirituelle particulière; Mais ce mouvement collectif et l'observation de toutes sortes de comportements dévotionnels et spirituels des autres comme réciter des prières, le deuil, la bienveillance, tolérer toutes sortes de difficultés comme la chaleur et la soif et les ampoules aux pieds approfondissent la spiritualité.

Le pèlerinage d'Arbaïn, qui a eu lieu en l'an 61 AH avec la présence d'un nombre limité de membres de la famille de l'Imam Hussein (a.s.), se tient aujourd'hui avec la présence des dizaines de millions de pèlerins et d'amoureux de l'Imam Hussein (a.s.) et est devenu une source d'inspiration pour tous ceux pour qui la vérité, la justice et la dignité comptent.

 

Source : https://english.khamenei.ir/news/8016/The-Arbaïn-walk-An-introduction