Ruhollah Abdolmaleki, chercheur en études régionales
Les événements survenus récemment dans les Territoires occupés sont sans précédent au cours du dernier demi-siècle, voire depuis l’occupation de la Palestine par le régime occupant israélien. Ce qui a surpris tout le monde et a stupéfié le monde, c'est l'initiative et la démonstration de puissance d'une population musulmane opprimée et limitée qui, malgré les souffrances causées par la cruauté et la criminalité pendant trois quarts de siècle, sous les technologies de surveillance les plus modernes et sous des règles strictes et un contrôle de sécurité tous azimuts dans les Territoires occupés, a su porter un coup fatal et « irréparable » aux services militaires et de renseignement du régime sioniste dans une action surprenante et courageuse.
L’incident est représenté par les médias du régime sioniste et de nombreux médias de masse de telle manière que les combattants palestiniens, qui ont été jusque-là traités de la manière la plus brutale possible, sont les « terroristes » et les colons israéliens qui ont toujours transgressé les règles, les vies, les biens et la patrie des musulmans palestiniens en sont les victimes, imaginant qu’en présentant ces derniers comme des victimes, l’opinion publique mondiale sera par conséquent, prête à accepter l’intensification de la cruauté et des crimes du régime sioniste contre le peuple opprimé de Palestine.
Mais en réalité, les scènes de soulèvement des combattants palestiniens qui ont émergé ces derniers jours sont enracinées dans le comportement de la fausse entité israélienne dans les Territoires occupés ainsi que durant des décennies d'actes sauvages et de comportement inhumain des colons israéliens en coexistence et à proximité des musulmans, qui sont les premiers habitants de la Palestine. La réaction actuelle des combattants palestiniens en réponse à des décennies d’actes inhumains et hostiles de la part du régime sioniste et des colons des Territoires occupés n’est pas sans rappeler un proverbe adapté des paroles de Jésus-Christ : « Ce que vous semez, vous le récolterez aussi » [1].
Il suffit de passer en revue l'attitude et le comportement des colons à l'égard des musulmans palestiniens au cours des dernières décennies pour révéler que le soulèvement des combattants palestiniens lors des événements récents n'est rien d'autre que le reflet des actions inhumaines et violentes du régime sioniste et des forces israéliennes. L'oppression et la violence perpétrées par les colons qui frappent depuis longtemps le peuple opprimé de Palestine et l'adoption de la politique de construction de colonies, ont maintenu leur tendance croissante depuis l'occupation de cette terre.
Colons et expansion du cycle de panique
Avant tout, la construction de colonies fait partie des politiques discriminatoires du régime sioniste visant à attirer et à installer des Juifs du monde entier dans les Territoires occupés. Selon un rapport d'Amnesty International, l'aide généreuse du gouvernement juif dans le domaine de la construction de colonies dans les Territoires occupés et les incitations fiscales pour la construction de colonies pour les occupants, ainsi que d'autres facteurs tels que la saisie des ressources naturelles en Palestine afin de développer les infrastructures de colonies et la protection des colonies par l’armée sioniste [2], a ouvert la voie au mouvement des colons, à la destruction et à l’occupation des terres des premiers habitants de la Palestine. Dans de telles circonstances, les colons occupants ont progressivement répandu la tradition de persécution des Arabes non juifs et des musulmans, et la violence et l’intimidation sont devenues un outil pour l’expansion des colonies.
En conséquence, les colons ont agi de manière agressive dans le cadre de l'expansion des colonies israéliennes et ont fait pression sur les Palestiniens en augmentant leurs restrictions afin de les forcer à quitter leurs zones résidentielles. Un autre objectif poursuivi par les colons à travers de telles actions était d’étendre leur contrôle sur la vie des musulmans. Une telle action constitue une violation flagrante de la Convention de Genève qui interdit le transfert de civils depuis une zone occupée [3].
Les cas répétés de violence des colons dans les zones de construction des colonies ont créé un cycle de panique dans l’esprit des Arabes palestiniens et des musulmans. Ce cycle de panique que les colons créent par leur présence armée, l'intimidation infligée aux agriculteurs et des habitants palestiniens, les campagnes de violence et les attaques contre les maisons palestiniennes dans les villages et les villes voisins, ont réduit les terres disponibles pour les Palestiniens et accru le contrôle des terres par les colons [4]. Faire face à la violence et à l’intimidation croissantes des colons conduit-il à adopter une méthode autre que la violence et l’action réciproque ?
Tendance croissante de la violence des colons contre les musulmans palestiniens
Habituellement, les attaques des colons contre les Arabes et les musulmans palestiniens ont été menées sous diverses formes, allant de l'intimidation à l'attaque physique, en passant par le meurtre, les jets de pierres, la destruction de propriétés, l'endommagement d'arbres ou de produits agricoles, etc. Ces actes violents des colons ont été une tendance constante au cours de ces dernières années, devenant une tendance exponentielle à plusieurs périodes. Par exemple, entre 2006 et 2012 seulement, les attaques des colons ont presque quadruplé [5]. Or, en 2014, l’ONU a signalé plus de 320 actes de violence commis uniquement par les colons (sans compter la violence des forces militaires). Cela signifiait qu'en moyenne, il y avait plus de 6 attaques par semaine contre des Arabes et des musulmans [6]. L’intensité de la violence contre les Arabes et les musulmans palestiniens est parfois inimaginable. Par exemple, en 2014, des colons israéliens ont attaqué une famille palestinienne et, en plus de tuer le père et la mère, ils ont également tué leur bébé [7]. Dans un autre cas, des colons ont incendié deux voitures appartenant à des Arabes vivant en Israël [8]. Sans aucun doute, compte tenu des enseignements de l’Islam sur le rejet et la lutte contre l’oppression, les musulmans palestiniens n’ont d’autre choix que de faire face aux comportements violents et cruels des colons occupants.
La vengeance des colons sous le titre de « prix à payer »
Les crimes et les brutalités des colons visant à réduire la population palestinienne et même les chrétiens de Cisjordanie sous le titre de « prix à payer » ont conduit à la violation de nombreux droits des Palestiniens dans cette région. Ces attaques et actes de vandalisme comprennent de nombreux cas, tels que des attaques violentes contre des Palestiniens ordinaires, incendiant leurs mosquées et leurs terres agricoles, jetant des pierres, détruisant et déracinant leurs arbres et envahissant des villages et des terres palestiniennes [9]. Les colons ont commis à maintes reprises des actes aussi sauvages contre les Arabes et les musulmans palestiniens. Par exemple, en mai 2017, des Juifs extrémistes israéliens ont incendié deux voitures et un tracteur appartenant à des Palestiniens et ont écrit sur le mur voisin qu’il s’agissait d’une attaque pour payer le prix [10]. Ce qui est étrange, c'est que ces actions ne sont pas simplement menées comme un acte de vengeance contre les Palestiniens, mais qu'elles réagissent même avec violence et brutalité en protestation contre certaines des actions du gouvernement sioniste visant à limiter les intérêts des colons [11]. Daniel Byman, professeur d'université et chercheur au Centre d'études stratégiques et internationales, a qualifié ces attaques de terrorisme, affirmant que le « terrorisme des colons » contre les Arabes et les musulmans palestiniens est en augmentation [12]. La violence contre les Palestiniens et les violations de leurs droits dans ces attaques sont si excessives que même le Département d'État américain les a qualifiés d'« incidents terroristes » [13]. Néanmoins, les plaintes des Palestiniens concernant ces actes terroristes et le recours à la police sioniste pour rétablir leurs droits dans de nombreux cas (près de 90 %) n’ont abouti à aucune inculpation ni résultat [14]. Dans une situation où, d'une part, la violence brutale des colons est qualifiée de terrorisme même par les États-Unis, qui sont le partenaire le plus proche du régime sioniste, et d'autre part, les plaintes des musulmans palestiniens auprès de la police du régime sioniste reste infructueuse, existe-t-il un autre moyen pour tout être humain en quête de liberté et de justice que l'action réciproque et l'exigence du rétablissement des droits bafoués ?
Soutien juridique et militaire à la violence des colons israéliens
Non seulement le régime occupant et ses soldats ont toujours violé les droits des Arabes et des musulmans palestiniens, en particulier des femmes et des enfants, mais ils ont également été un fervent partisan de la violence et de la cruauté des colons israéliens. Concernant le premier problème, le meurtre de femmes palestiniennes aux points de contrôle, le passage à tabac des femmes qui protestaient contre l'occupation, l'enlèvement et l'emprisonnement illégaux de jeunes femmes et de filles, le refus de l'accès des femmes aux services de santé, le harcèlement, les crimes, la propagation de la haine et commettre des agressions sexuelles contre des femmes palestiniennes, en particulier dans les colonies illégales de Cisjordanie, constituent d’importantes violations des droits de l’homme dans lesquelles les forces militaires sionistes sont gravement impliquées. En 2017, le rapporteur spécial des Nations Unies sur la violence contre les femmes et les filles a annoncé dans un rapport que 70 000 Palestiniens vivant dans la zone C de Cisjordanie sont exposés à toutes sortes de violences, notamment le harcèlement, la violence physique et la destruction de biens [15]. Concernant la question de la protection juridique et militaire des colons, alors que les femmes et les filles palestiniennes vivant en Cisjordanie sont victimes d'attaques, de menaces et d'humiliations de la part des colons voisins depuis de nombreuses années, seul un faible pourcentage de leurs plaintes aboutit à des inculpations contre les colons [16], et les colons bénéficient d’une sorte d’impunité face à leurs actions barbares. Cette discrimination envers les plaintes déposées par les musulmans palestiniens contre les colons peut paraître étrange. Mais un problème plus étrange peut être observé dans le rapport 2021 de l’Initiative palestinienne pour la promotion du dialogue mondial et de la démocratie. Selon ce rapport, les violations commises par les colons contre les femmes et les filles palestiniennes ont eu lieu en présence des forces d'occupation israéliennes. Cependant, aucune intervention de ces forces n’a été enregistrée pour empêcher les attaques des colons ou pour protéger les Palestiniens qui ont été confrontés aux attaques des colons [17]. En conséquence, la présence des forces d’occupation israéliennes est censée avoir pour but de protéger les colons et d’empêcher les Palestiniens de les affronter. Dans de nombreux cas, il a été observé que les forces d'occupation israéliennes sont intervenues et ont agi uniquement lorsque leur objectif était d'empêcher les Palestiniens de faire face aux attaques des colons contre leurs maisons et leurs propriétés, ainsi que d'empêcher les efforts des Palestiniens pour mettre fin à l'incendie et à la destruction de leurs maisons et de leurs propriétés par les colons [18]. Par exemple, un témoignage enregistré par le Centre pour l’aide et le conseil juridique aux femmes déclare en 2020 :
« Quand j'ai vu les colons brûler toutes mes propriétés et mes moyens de subsistance, j'ai commencé à crier et je suis allée sur le terrain où se tenaient les soldats d'occupation. Ils ont mis une barrière à une distance de 200 mètres de notre terrain et nous ont empêchés d’y accéder afin que nous ne puissions pas éteindre le feu, jusqu'à ce que tout le matériel et le bois soient brûlés. Ensuite, ils ont cassé les caméras et se sont retirés des lieux. » [19]
De telles circonstances montrent clairement que la colère du peuple palestinien opprimé et son soulèvement de ces derniers jours sont quelque chose que le régime sioniste et les colons auraient toujours dû redouter. La cruauté, la brutalité et la violence chronique et progressive des colons, dans une situation où les premiers habitants des Territoires occupées perdent tout, n'aboutiront qu'à l'éruption du volcan populaire des habitants de Gaza et des zones occupées.
(Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles de Khamenei.ir.)
Références :
1. « Récolter ce que vous semez » Connaître Jésus, https://bible.knowing-jesus.com/topics/Reaping-What-You-Sow (Consulté le 17 octobre 2023).
2. « Israël et les territoires palestiniens occupés ». Amnesty International, septembre 2008, https://www2.ohchr.org/english/bodies/cat/docs/ngos/AI_Israel42.pdf.
3. « Convention relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre. Genève, 12 août 1949. » Traités de DIH, https://ihl-databases.icrc.org/en/ihl-treaties/gciv-1949 (Consulté le 17 octobre 2023).
4. « La violence des colons : une branche armée de l'expansion des colonies dans le Territoire palestinien occupé. » Première Urgence, mai 2016, https://mdm-me.org/wp-content/uploads/2016/05/RAPPORT-PALESTINE-ENGLISH-V3.pdf.
5. Laub, Karin et Mohammed Daraghmeh. « Les attaques des colons israéliens contre les Palestiniens quadruplent, selon l'ONU. » Independent, 15 janvier 2014, http://www.independent.co.uk/news/world/middle-east/israeli-settler-attacks-on-palestinians-quadruple-says-un-9062456.html.
6. « La violence des colons : une branche armée de l'expansion des colonies dans le Territoire palestinien occupé. » Première Urgence, mai 2016, https://mdm-me.org/wp-content/uploads/2016/05/RAPPORT-PALESTINE-ENGLISH-V3.pdf.
7. « Prix à payer et attaques extrémistes en Israël ». ADL, 20 juin 2017, https://www.adl.org/resources/backgrounder/price-tag-and-extremist-attacks-israel.
8. Ibid.
9. Yaakov, Yifa. « Les Arabes israéliens se plaignent de l’attaque sous le nom de prix à payer en Galilée. » Times of Israel, 21 avril 2014, https://www.timesofisrael.com/israeli-arab-complains-of-galilee-price-tag-attack.
10. « Prix à payer et attaques extrémistes en Israël ». ADL, 20 juin 2017, https://www.adl.org/resources/backgrounder/price-tag-and-extremist-attacks-israel.
11. Pfeffer, Anshel et Chaim Levinson. « Le Conseil des colons israéliens condamne le « groupe marginal » derrière le vandalisme dans la base de Tsahal. » Haaretz, 7 septembre 2011, http://www.haaretz.com/news/diplomacy-defense/israeli-settlers-council-condemns-marginal-group-behind-vandalism-at-idf-base-1.383089.
12. Byman, Daniel et Natan Sachs. « La montée du terrorisme des colons : les autres extrémistes violents de Cisjordanie. » Affaires étrangères, vol. 91, non. 5, octobre 2012, p. 73-86.
13. Sherwood, Harriet. « Les Attaques des colons juifs contre les Palestiniens sont répertoriées comme des « incidents terroristes » par les États-Unis. » The Guardian, 19 août 2012, https://www.theguardian.com/world/2012/aug/19/jewish-settler-attack-terrorist-us-palestinian.
14. « La violence des colons israéliens en Cisjordanie. » ONU, novembre 2011, https://www.ochaopt.org/sites/default/files/ocha_opt_settler_violence_FactSheet_October_2011_english.pdf.
15. « Rapport de la Rapporteuse spéciale sur la violence contre les femmes, ses causes et ses conséquences, dans sa mission en Israël. » Conseil des droits de l'homme, 8 juin 2017, https://www.un.org/unispal/wp-content/uploads/2018/01/A.HRC_.35.30.Add_.1.pdf.
16. Ibid.
17. Ibid.
18. « Rapport sur la violence des colons contre les femmes palestiniennes dans les gouvernorats du nord de la Cisjordanie occupée au cours du premier semestre 2021. » Miftah, juillet 2021, http://www.miftah.org/Publications/Books/Settler_violence_against_Palestinian_Women_032022_En.pdf.
19. Ibid.
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Source : https://english.khamenei.ir/news/10196/Zionist-settlers-are-far-from-being-civilians