* Muhammad Mahdi Rahimi, journaliste et chercheur
À l’occasion de l’anniversaire de l’opération Déluge d’Al-Aqsa, le 7 octobre 2024, Abou Obeida, porte-parole des brigades Al-Qassam, a soulevé un point intéressant dans un message vidéo adressé aux peuples du monde : « Après que l’ennemi a atteint la phase finale de son plan pour infliger un coup majeur à la Résistance à Gaza, nous avons lancé une frappe préventive contre lui. »
Cette évaluation des groupes de Résistance à Gaza coïncide étroitement avec le plan global des États-Unis pour la région de l’Asie de l’Ouest. Un plan qu’Imam Khamenei a décrit dans son discours du 4 octobre 2024 de la manière suivante : « L’insistance des États-Unis et de leurs alliés sur la sécurité du régime usurpateur sert de couverture à leur politique meurtrière visant à transformer ce régime [sioniste] en un outil pour s’emparer de toutes les ressources de cette région et l’utiliser dans les grands conflits mondiaux. Leur politique consiste à faire de ce régime [sioniste] une porte d’exportation de l’énergie de la région vers le monde occidental tout en facilitant l’importation de biens et de technologies depuis l’Occident vers la région. Cela [cette approche] garantit la survie du régime usurpateur et renforce la dépendance de toute la région envers lui. »
Pour atteindre cet objectif, au cours des deux dernières années, l’Amérique a mis sur la table un menu ouvert de tout ce qui pourrait aider la machine de guerre du régime sioniste, observant avec empressement le massacre de civils et de militaires dans la région, de Gaza à Téhéran.
La « trousse de premiers soins » américaine pour le régime sioniste : bombes multi-tonnes et obus d’artillerie
Les bombardements aveugles de Gaza ont commencé dès le lendemain du 7 octobre. Le volume des frappes était tel que le chef d’état-major de l’armée sioniste, après sa démission, a déclaré dans une interview : « Au cours des 48 premières heures de la guerre, nous avons bombardé 1 500 cibles », tandis que Netanyahou se plaignait : « Pourquoi ne pas en avoir frappé 5 000 ? » [1]
Il est évident que ces cibles n’étaient pas toutes militaires, et que telle n’était non plus l’intention. En moins de 72 heures après le début de la guerre, environ 600 Palestiniens ont été martyrisés et plus de 1 000 autres blessés, la majorité étant des femmes et des enfants. [2] Ce niveau de destruction allait au-delà des capacités des industries militaires du régime sioniste ; il correspondait parfaitement aux objectifs américains dans la région : l’expulsion des Palestiniens de Gaza et le basculement de l’équilibre régional en faveur d’Israël. Pour cela, ils ont lancé une campagne de génocide et de nettoyage ethnique.
Le dernier front que l’Amérique et Israël ont ouvert fut le front iranien. Le matin du 13 juin 2025, le régime sioniste a ciblé plusieurs bâtiments en Iran, avec l’objectif d’assassiner des commandants militaires et scientifiques nucléaires. La plupart de ces bâtiments se trouvaient dans des zones résidentielles densément peuplées. Dans un seul cas, pour assassiner un scientifique nucléaire dans le nord-est de Téhéran, plus de 60 personnes ont été tuées, dont plusieurs enfants, dans un complexe résidentiel.
La dernière nuit avant le cessez-le-feu, en tentant d’assassiner le martyr Sayed Mohammad Reza Seddighi Saber, un scientifique nucléaire, le régime a bombardé sa maison familiale dans le nord de l’Iran, tuant lui, sa femme, leurs trois enfants et un total de dix membres de la famille.
Dans les médias occidentaux, tout cela est justifié comme des « dommages collatéraux », mais dans de nombreux cas, les attaques du régime ont délibérément visé des civils. Lors du bombardement de la place Qods dans le nord de Téhéran, le régime sioniste a visé le pipeline principal d’eau de la région en bombardant une rue remplie de voitures arrêtées à un feu rouge.
Malgré tous ces crimes, pendant les 12 jours de guerre entre Israël et l’Iran, les attaques de roquettes sur des cibles vitales dans les territoires occupés ont continué quotidiennement. À Gaza également, les opérations des groupes de résistance contre l’armée israélienne se poursuivent jusqu’à ce jour, et l’échec des projets régionaux américano-israéliens est évident.
Mais les bombes ne sont pas tombées uniquement sur Gaza et Téhéran. Le front de la Résistance est le principal obstacle au projet régional américain. Avant l’Iran et après Gaza, le Hezbollah du Liban est devenu la deuxième cible des bombes américaines. Après que le Hezbollah a tenté de diviser le volume des opérations israéliennes en soutenant le peuple opprimé de Gaza, une part importante des bombes américaines lui a été destinée.
Au cours de près d’un an d’affrontements contrôlés et de 66 jours de guerre totale, de nombreux villages du sud du Liban ont été rasés.
Dans deux tentatives d’assassinat visant à tuer les secrétaires généraux du Hezbollah, les martyrs Nasrallah et Safieddine, plus de 150 tonnes de bombes américaines ont été larguées sur Beyrouth. Plus de 3 000 personnes ont été tuées, et des dégâts massifs ont été infligés aux zones résidentielles de Beyrouth, Baalbek, Tyr, et d’autres villes pro-Résistance.
Sous le prétexte absurde de viser des dépôts d’armes du Hezbollah, le régime sioniste a bombardé des banques, des centres communautaires, des habitations et des terres agricoles de la population.
La prochaine cible des bombes américaines, larguées depuis des chasseurs israéliens, fut le Yémen. Les sionistes ont bombardé des installations civiles telles que des dépôts de pétrole, des centrales électriques, des ports et des aéroports afin de miner la volonté des Yéménites de défendre le peuple de Gaza. L’un des signes les plus significatifs de l’échec des sionistes au Yémen est que, sauf pendant les cessez-le-feu à Gaza, les attaques du Yémen contre le régime occupant n’ont jamais cessé.
Tout est prêt pour le bombardement
Mais les bombes et les balles ne sont pas les seules armes fournies par l’Amérique au régime sioniste. Lors de l’attaque contre l’Iran, des dizaines d’avions ravitailleurs américains accompagnaient chaque jour les chasseurs du régime pour bombarder l’Iran. Dès le début de la guerre à Gaza, des porte-avions américains ont été déployés dans la région pour garantir la sécurité des frontières du régime. Ces porte-avions sont même intervenus directement dans la guerre au Yémen à certains moments pour neutraliser la menace sécuritaire posée par AnsarAllah à Israël.
L’Amérique prépare également le terrain politique pour les guerres du régime sioniste. En initiant puis en sabotant les négociations nucléaires, en faisant adopter des résolutions au sein du conseil des gouverneurs de l’AIEA, et en menant une propagande constante contre le programme nucléaire iranien, les États-Unis ont ouvert la voie politique à une attaque contre l’Iran. Les quatre vetos opposés aux résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU ont constitué le plus grand feu vert donné par l’Amérique au régime sioniste pour poursuivre le génocide à Gaza.
Au Liban, l’Amérique a soutenu des groupes anti-Résistance, empêchant ainsi l’unité nationale face à l’agression. En fermant les yeux sur les événements de Gaza, elle a qualifié l’agression israélienne contre le Liban d’« autodéfense » et a soutenu les assassinats de dirigeants de la Résistance, les étiquetant comme terroristes.
Une autre forme d’aide américaine est le soutien en renseignement fourni au régime sioniste. Les satellites et radars américains ont été constamment au service du régime pendant la guerre contre l’Iran, extrayant les coordonnées des sites de lancement de missiles.
Dès le début de la guerre, les grands services d’intelligence artificielle comme le Project Nimbus de Google ont été employés pour collecter des informations et créer une base de données de cibles pour Israël.
À Gaza, cette intelligence artificielle a tué tant de civils et d’enfants avant d’arriver à tuer un commandant du Hamas.
Au Liban, l’ampleur de l’espionnage utilisant les appareils électroniques des citoyens était telle que même les caméras de surveillance de petits magasins sont devenues des outils de la machine à tuer israélienne. Cette transformation de la technologie en arme a provoqué des protestations de la part d’employés de sociétés comme Google et d’étudiants des universités américaines, qui ont été licenciés ou exclus de leurs établissements.
Enfin, au cours des deux dernières années de guerre régionale, l'Amérique a tenté de blanchir les crimes de son régime proxy. Comme mentionné dans notre article « Les griffes exténués » [3] , cet effort des médias occidentaux, particulièrement américains, s'est transformé en l'un de leurs plus grands échecs. Cependant, on ne peut ignorer la déshumanisation des populations de la région, des groupes de résistance et de leurs dirigeants par les médias américains.
Criminel par procuration
Tous les crimes des deux dernières années peuvent être compris dans le puzzle plus large du plan américain pour la région. Les États-Unis, cette hégémonie déclinante, doivent consolider leur emprise sur l’Asie de l’Ouest, et pour atteindre cet objectif, ils ont lancé leur chien de garde, le régime sioniste, contre les peuples de la région.
Il est aujourd’hui prouvé au monde entier que les droits de l’homme et le droit international ne signifient rien pour eux, et que, chaque fois qu’ils contredisent leurs objectifs, ils n’hésitent pas à larguer une bombe sur la Cour internationale de Justice à La Haye ou les bureaux de l’ONU.
L’Amérique et Israël tuent de Gaza à Téhéran sans aucun scrupule moral pour créer un « Nouveau Moyen-Orient ».
La nation de la Résistance a mobilisé toutes ses ressources pour empêcher la réalisation du rêve américain pour la région. Le peuple iranien s’est tenu unis derrière ses forces armées pendant la guerre de 12 jours, et ses efforts pour renforcer l’unité interne et combattre l’infiltration ont constitué un djihad continu.
La nation de la Résistance à Gaza a enduré la douleur de la perte de proches, du sans-abrisme, du déplacement, de la faim et de la soif pendant près de deux ans, tout en continuant à soutenir la Résistance. Malgré tous les sacrifices, les mains de la Résistance ne sont pas restées vides de soldats.
Au Liban, la population s’est considérée comme des soldats en première ligne et n’a pas permis que les difficultés qu’elle subissait affaiblissent sa détermination à combattre les occupants de la Palestine.
Les marches hebdomadaires de millions de personnes au Yémen sont devenues des symboles de la solidarité de la nation de la Résistance avec le peuple opprimé de Gaza. C’est avec le soutien de cette nation que le front de la Résistance en Iran, à Gaza, au Liban, au Yémen et en Irak a pu combattre l’Amérique et Israël pendant deux ans.
Comme l’a dit l’Imam Khamenei : « Elles ont pu percer la défense avancée et en couches multiples de l’ennemi, et raser de nombreuses zones urbaines et militaires sous la pression des missiles iraniens et des attaques puissantes utilisant des armes de pointe. » [4]
Références :
[3] https://english.khamenei.ir/news/11715/The-loosen-grip
[4] https://french.khamenei.ir/news/14879
(Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l'auteure et ne reflètent pas nécessairement celles de Khamenei.ir.)