* Mohammad Saleh Soltani, chercheur en culture
30 août 1981 – Téhéran, bureau du Premier ministre
Le président nouvellement élu de l’Iran n’avait pas encore terminé son premier mois de mandat que le pays traversait certains de ses jours les plus sensibles. Après la présidence turbulente d’Abolhassan Banisadr, qui fut le premier président de la République islamique puis destitué par un vote parlementaire approuvé par le Guide de la Révolution, l’imam Khomeiny, l’été 1981 vit le peuple élire Mohammad-Ali Rajaï, un enseignant de Qazvin qui avait auparavant exercé la fonction de Premier ministre sous Banisadr, comme deuxième président de l’Iran.
Rajaï et son fidèle Premier ministre, Mohammad-Javad Bahonar, étaient en pleine réunion importante avec des collègues lorsqu’une explosion massive secoua le bâtiment. Il devint rapidement clair que le président et le Premier ministre avaient été délibérément visés. Les deux hommes furent martyrisés ce jour-là, et la nation pleura la perte d’un président connu pour sa modestie et son travail infatigable.
Peu de temps après, les enquêteurs découvrirent que l’attentat avait été perpétré par un infiltré : Massoud Kashmiri, membre de l’Organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI ou OMK), qui avait pénétré les plus hauts cercles de sécurité du gouvernement et passé des mois à préparer cette attaque. Le terrorisme porta un coup sévère à l’Iran, mais le peuple se ressaisit rapidement, et les préparatifs furent lancés pour la troisième élection présidentielle de l’Iran, moins de deux ans après la Révolution. Cette fois, la nation choisit un religieux populaire de Machhad : Sayed Ali Khamenei.
16 juin 2025 – Téhéran, Conseil suprême de sécurité nationale
Le peuple iranien défend son pays contre le régime sioniste depuis quatre jours sans interruption. Depuis l’aube de vendredi, lorsque Israël a lancé de brutales frappes contre des commandants militaires, des scientifiques nucléaires et des civils, d’intenses échanges de tirs se poursuivent. Les missiles iraniens ont atteint en profondeur Tel-Aviv et Haïfa. Le régime, qui s’attendait à ce que des troubles intérieurs éclatent en Iran parallèlement à la guerre, a désormais compris sa grave erreur de calcul : le peuple iranien est plus uni que jamais, mettant de côté les querelles internes pour affronter un ennemi commun. C’est peut-être cette unité qui a encouragé Israël à commencer à frapper des zones résidentielles de Téhéran.
Dans cette atmosphère tendue, le Conseil suprême de sécurité nationale convoqua une réunion urgente avec les chefs des trois pouvoirs de l’État et les hauts commandants militaires. L’ordre du jour était clair : gérer la guerre en cours. Pour des raisons évidentes de sécurité, la réunion se déroula dans un lieu sécurisé de l’ouest de Téhéran. En pleine séance, une puissante explosion frappa la zone. Les lumières s’éteignirent. Une épaisse poussière envahit la salle — preuve que ce n’était pas une frappe manquée. Beaucoup des plus hauts responsables du pays étaient présents, et toute victime aurait provoqué une crise majeure dans la gestion de la guerre. Pourtant, malgré la fumée suffocante et les sorties bloquées, tout le monde s’en sortit vivant. Cette fois, l’histoire ne se répéta pas. Le cadre de direction de la République islamique échappa indemne à une nouvelle attaque terroriste.
L’Iran : une grande victime du terrorisme
La République islamique d’Iran est l’une des plus grandes victimes du terrorisme au monde. Depuis la Révolution de 1979, plus de 17 000 Iraniens ont été assassinés — depuis de simples citoyens abattus dans la rue par les Moudjahidine du peuple pour leur apparence religieuse, jusqu’à des commandants comme le général Qassem Soleimani, tué sur ordre direct du président américain.
Le terrorisme contre l’Iran a pris de nombreuses formes. Il y eut la violence extrémiste de groupes comme Forqan, nés d’idées religieuses déformées, qui prirent la vie de personnalités telles que le lieutenant-général Mohammad-Vali Gharani et l’ayatollah Morteza Motahhari. Il y eut aussi le terrorisme d’État, orchestré par les États-Unis et Israël ; un terrorisme qui, au cours de cette seule guerre de 12 jours, a tué plus d’un millier de civils iraniens.
Depuis des années, les Iraniens interrogent les soi-disant champions des droits de l’homme : quel est notre crime ? Est-ce de poursuivre un programme nucléaire pacifique sous la surveillance la plus stricte de l’Agence internationale de l’énergie atomique ? Est-ce la décision prise en 1979 d’assurer l’indépendance, la liberté et la fin des ingérences étrangères ? Est-ce de s’opposer au régime d’apartheid en Israël et à son massacre incessant des Palestiniens ?
Une nation connue à travers l’histoire pour sa tolérance, son hospitalité et sa riche civilisation a, au cours des 47 dernières années, enduré toutes les formes de terrorisme, des groupes clandestins aux régimes étatiques. Tous — des présidents et hauts commandants jusqu’aux commerçants et employés de bureau — en ont ressenti la morsure. Mais l’attaque contre le Conseil suprême de sécurité nationale durant la guerre récente révéla le terrorisme sous sa forme la plus hideuse : un régime hors-la-loi frappant la plus haute direction d’un État souverain, un acte flagrant de terrorisme d’État par une puissance occupante contre un gouvernement légitime.
Du 30 août 1981 au 16 juin 2025, le schéma n’a pas changé : des assassinats visant ceux qui incarnent la volonté de la nation iranienne et la manifestation concrète de la gouvernance populaire au sein d’un système islamique. Pour les architectes de l’assassinat, viser des hauts responsables est symbolique, c’est une attaque contre les symboles mêmes de la détermination nationale. Mais l’Iran n’est plus la nation vulnérable de 1981. Depuis ce jour amer jusqu’à aujourd’hui, le peuple iranien a bâti sa force et sa résilience. Après douze jours de combats acharnés, c’est cette volonté nationale, avec l’aide de Dieu, qui força Israël à demander un cessez-le-feu. La même détermination, soutenue par l’assistance divine, qui fit avancer la Révolution islamique après le martyre de son président et de son Premier ministre en temps de guerre, a de nouveau prévalu, prouvant qu’aucun acte terroriste ne peut briser la volonté du peuple iranien et ne peut non plus entraver le mouvement en avant de la Révoltions Islamique.
(Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles de Khamenei.ir.)