Suit le texte des déclarations du Guide Suprême de la Révolution lors de sa rencontre avec des ingénieurs et des chercheurs des secteurs techniques et industriels
Au nom de Dieu le Très Miséricordieux, le Tout Miséricordieux
C'est une réunion utile premièrement parce qu'un nombre d'intellectuels, de gens lettrés et d'experts sont rassemblés ici, deuxièmement parce que c'est aujourd'hui l'anniversaire de l'une des étoiles de la science Khajé Nasîr ad-Dîn Tûsî et la commémoration de souvenir de ce grand homme, et troisièmement parce que certains responsables du pays sont présents, qui se considèrent liés à cette immense collectivité et ont eu des propos positifs. Je ferai quelques remarques.
L'une de ces remarques est le fait que les universités techniques de l'Iran, avant et après la Révolution, ont été le lieu de rassemblement des meilleurs talents du pays. Je me souviens quand j'étais jeune et dans mes contacts avec les milieux universitaires, les gens les plus actifs et les plus créatifs des milieux universitaires se trouvaient dans les facultés de technologie et dans les branches d'ingénierie. Mettons cela à côté d'une autre vérité qui est le haut niveau d'intelligence et le quotient intellectuel élevé de la jeune génération iranienne. C'est une chose évidente et absolument pas un slogan publicitaire. Le quotient intellectuel de la jeune génération iranienne est au-dessus de la moyenne mondiale, c'est une vérité scientifique, statistique et prouvée par différentes études. Notre passé le prouve aussi. La culture et la civilisation iranienne sont présentes dans toutes les périodes de l'Histoire, et sont un exemple et un « drapeau » pour toutes les nations. Durant la période islamique la seule nation qui a pu hériter de la science, de la philosophie, des différentes technologies et des modes de vie de l'islam, fut la nation iranienne. Les autres pays le reconnaissent.
Imaginez un ensemble national, intelligent et douée qui envoie les meilleurs et les jeunes les plus intelligents dans les secteurs techniques et d'ingénierie. Que doit être le résultat ? Nous attendons beaucoup de ces élites intellectuelles, dans le pays et la nation. Il faut avouer que malheureusement, on n'a pas répondu à cette attente durant les époques prérévolutionnaires et cela pour des raisons dont je parlerai toute à l'heure. Il faut aussi y ajouter la clairvoyance et la pensée sociale des étudiants de ces branches. Comme nous y avons fait allusion, les combattants les plus éclairés dans le domaine politique, sont également issus des universités de technologie.
Je ferai la remarque suivante : Lorsqu'un pays est en déclin au niveau social, politique ou technique, le plus grand préjudice qu'il porte à la nation, est le manque d'utilisation de ses ressources. Cela est naturel en période de décadence comme celle que nous avons connue pendant presque 100 ans, période qui commença au milieu de la dynastie des Qadjar jusque la fin de celle des Pahlavi. Même à l'époque des Pahlavi, que les responsables et les intellectuels de l'époque, considéraient comme une période de modernisation, nous étions en décadence. Pourquoi parler de décadence ?
Au début de la période des Qadjar, nous n'avons peut-être pas fait de grands progrès scientifiques et industriels mais je ne considère pas cette période comme une époque de décadence, qui a commencé au milieu de la période des Qadjar et après eux. Pourquoi ? Parce qu'à cette époque, la démarche naturelle du peuple iranien qui avait connu certaines accélérations, a commencé à ralentir, comme si on lui avait jeté un mauvais sort. Une nation ne peut pas toujours être en tête. Une nation talentueuse fait parfois des progrès grâce à différents éléments parfois elle ralentit, mais parfois un peuple est fasciné ; c'est ce qui est arrivé. Une fascination face à quoi ? Face à un nouvel être qui se mêle de toutes les questions du monde, petites ou grandes, la civilisation industrielle et le développement scientifique de l'Occident. Cet être est né dans le but de conquérir le monde parce qu'il était utile pour lui-même, mais dommageable pour le reste du monde. Pendant une longue période, il a infecté certaines nations comme la nôtre, celles de l'Asie et de l'Afrique et d'autres régions du monde. Ce phénomène les a empêchés de continuer leur démarche, rapide ou lente, et les a fascinées. Cela remonte au milieu de l'époque des Qadjar quand les signes du développement européen ont commencé à se montrer en Iran. Nos intellectuels n'étaient que ceux qui partaient en Europe ou lisaient leurs écrits. Ils se familiarisaient alors avec le développement des Européens et se sentaient faibles et impuissants vis-à-vis d'eux. Les intellectuels du début de l'époque des Qadjar ne cessaient de répéter qu'il fallait qu'on imite les Occidentaux et qu'il fallait les écouter. Cela est connu de tous et c'est la pure vérité. Ces gens là disaient qu'il fallait suivre les méthodes proposées par les Occidentaux pour progresser et aucune place n'était réservée à la créativité ni au regard local sur les questions scientifiques et industrielle, dans leurs calculs. Regardons l'autre face de la question maintenant, il fallait connaître ce que nous devions imiter. Il s'agissait d'une révolution scientifique et d'un développement qui ne se limitaient pas à leur pays mais au contraire, considérait le monde comme une grande réserve à utiliser et à engloutir pour grandir et se développer. L'époque dont je vous parle se situe un siècle après le début de l'époque coloniale quand les Portugais, les Espagnols, les Anglais, les Hollandais et différents pays européens mirent la main sur les régions riches et vierges du monde comme la nôtre, celle de l'Océan Indien, le sous-continent indien, l'Indonésie, l'Afrique et d'autres régions, et y trouvèrent de multiples richesses encore inexploitées. Il faut noter que les caractéristiques européennes ont joué leur rôle. Certaines sont positives, certaines négatives. Je ne suis pas de ceux qui les considèrent toutes comme négatives, non, il en a qui sont positives. Ils prennent des risques, sont courageux et persévérants. Ils se sont embarqués pour partir à la recherche de pays et de régions inconnues, et de ressources naturelles. Ils ont ainsi conquis l'Asie, l'Afrique et naturellement l'Amérique.
Quelle sera notre situation si nous suivons un politicien qui recommande de suivre les Occidentaux sur tous les points ? Si celui qu'on doit imiter est juste et ne tente pas de mettre à sac nos richesses, cela ne pose pas de problèmes, mais quand il considère le monde comme une réserve au service de son développement, nous devenons un imitant et lui entre dans notre pays, sans nous donner sa science ni son industrie, sans nous éduquer sur le plan scientifique et culturel, comme le ferait un professeur soucieux de son élève, et nous sommes devenus en pleine époque de renouvellement scientifique et industriel, ou comme certains le disent à l'époque de la modernisation- un terme que personnellement je n'aime pas- un simple ouvrier au service d'un architecte et d'un ingénieur. De quoi est capable un simple ouvrier ? Oui, il joue son rôle dans la construction du bâtiment, mais ce n'est qu'un rôle physique et non intellectuel. Il prépare le ciment, les briques, le plâtre ou fait des travaux de ce genre. Cette époque a donc été celle de notre décadence à cause de ce qui vient d'être dit.
L'Iranien intelligent et talentueux, n'avait qu'à choisir entre se soumettre ou sortir du pays pour rendre service aux autres. Dans l'industrie aéronautique et militaire, dans lesquelles nous avons certaines informations aujourd'hui, les ingénieurs de notre pays sont capables de construire des avions et de fabriquer les pièces les plus sophistiquées, alors qu'à l'époque, ils étaient chargés uniquement de contrôler les avions et de dire quelle pièce était en panne. Si une pièce était déficiente, ils la démontaient et la passaient à l'ingénieur étranger pour qu'il aille en avion à nos frais, aux Etats-Unis pour la changer ou la faire réparer, et finalement nous la ramener, c'était tout ce que nos ingénieurs étaient autorisés à faire. Cet ingénieur, cet homme intelligent et talentueux, était obligé de supporter cette situation, mais si un ingénieur avait le goût de l'aventure, il abandonnait le pays pour rendre service aux étrangers et ne revenait plus. Nous en avons de nombreux cas. Après la Révolution, j'ai eu l'occasion d'en rencontrer quelques-uns.
Les bilans que les ministres ont présentés aujourd'hui sont bons mais ne représentent pas toutes les réalités actuelles ou passées, la vérité est différente. Ils n'ont pas eu assez de temps pour des études très précises. A cette époque, le pays et le régime n'accordaient aucune place aux ingénieurs dans la production, la recherche, le développement scientifique, et même dans les bénéfices. Je l'ai déjà dit lors d'une interview après une visite du barrage de Dez, que vous avez peut-être entendue. Après la construction d'une partie de ce barrage par des ingénieurs étrangers, on a laissé l'utilisation de la centrale à une petite compagnie iranienne. Ensuite, on a décidé de doubler la production de la centrale. Une compagnie américaine s'est d'abord engagée à le faire, mais dès qu'elle s'est rendue compte que les bénéfices revenaient à une société iranienne, ils ont demandé son exclusion du projet. Le gouvernement iranien les a donc remplacés par une compagnie italienne, c'est alors que les Américains ont accepté d'achever la moitié du travail de la centrale. On ne donnait même pas la permission aux Iraniens de participer aux bénéfices. C'est pourquoi nous n'avons pas grand-chose à présenter en matière de construction ou de travaux d'ingénieries, alors que nos possibilités sont les mêmes et que l'actuelle génération n'est point différente de celle de cette époque. Des jeunes comme ceux qui ont construit ces barrages, ces centrales, ces autoroutes, ces voies de chemin de fer et différentes entreprises, qui ont pu construire des voitures, des avions, du matériel militaires et cette technologie sophistiquée qu'est l'énergie nucléaire, existaient aussi dans la génération précédente mais à leur époque, il n'était pas question de faire ce que je viens d'énumérer. Cela est le plus grand service de la Révolution au pays. A mon avis, dans le domaine scientifique, le service le plus considérable est d'avoir fait prendre conscience aux Iraniens qu'ils en étaient capables comme l'avait dit l'Imam Khomeiny : « Nous pouvons. »
A cette époque, ils nous encourageaient à travailler dans la poterie, même pas à fabriquer des brocs en fer ! On importait les manches de bêches en plus des choses dont notre industrie avait besoin. Le niveau de vie progressait et les demandes augmentaient de jour en jour. Il fallait importer tout cela. Les politiciens de l'époque en étaient même fiers ! Dans les années 65, 66 je suis allé à Machhad rendre visite à un ami, et nous avons rencontré un des députés du gouvernement de l'époque par hasard. Nous étions jeunes et passionnés et nous avons donc commencé à critiquer la dépendance, la domination des étrangers et d'autres choses de ce genre sans faire attention au fait que ce monsieur était un député que le gouvernement avait désigné dans la région, à l'époque il n'y a avait pas d'élections. Ce monsieur m'a répondu sans amertume ni fierté, après m'avoir reproché mes critiques, que les Européens et les Occidentaux travaillaient à notre profit, que nous avions du pétrole, qu'on les payait, et qu'ils étaient nos ouvriers ! C'était la logique d'un député du Parlement à cette époque ! Voilà la décadence dont je vous parle. Pourquoi produire ? Pourquoi apprendre ? On reste à la maison comme des bourgeois et on nous apporte ce dont nous avons besoin et de notre côté, nous avons du pétrole, nous les payons et menons une vie tranquille. C'était la logique d'un politicien de haut rang de cette époque et des organisations administratives, qui nous a coûté cent ans de retard.
La Révolution a tout changé. Une chose qui nous est venue en aide, je crois nécessaire de vous le dire, est la rupture du monde industriel et occidental avec nous. Ces sanctions que vous voyez depuis le début de la Révolution, certains en ont peur mais je crois qu'elles nous ont aidés. J'ai un souvenir que j'ai raconté plusieurs fois. Au début de la guerre entre l'Iran et l'Irak, nous avions besoin de fils barbelés que nous avons décidé d'importer d'un pays étranger. La cargaison devait nous parvenir via l'Union soviétique qui soutenait l'Irak à l'époque, et qui ne l'a pas laissée passer. Ils étaient contre nous. Quand nous avons voulu acheter des canons, ils ne nous en ont pas vendus, de même que le fil barbelé. Nous avions besoin de certaines choses qu'ils ne nous donnaient pas. Les trafiquants nous les vendaient deux ou trois fois plus chères, et comme nous en avions besoin nous les achetions à un prix élevé. La conséquence de ces sanctions n'est rien d'autre que le fait que nous sommes aujourd'hui parmi les dix premiers pays du monde dans la construction des équipements anti-blindés. Nous sommes parmi les dix pays qui maîtrisent la technologie de l'enrichissement de l'uranium au niveau national. Nous sommes différents de ce pays communiste que l'Union soviétique aidait à l'époque. Certains nous comparent avec la Chine or l'Union soviétique a mis à la disposition de la Chine tout ce dont elle avait besoin les dix premières années après sa révolution, à l'époque où elles ne s'étaient pas encore brouillées. Mais aucune puissance scientifique et industrielle ne nous a jamais aidés. Tout ce que nous avons fait, est notre propre œuvre.
Avant la Révolution, on disait que nous achetions notre blé aux États-Unis et que l'Union soviétique qui nous construisait des silos. Au début de la Révolution, je suis allé au Sud de l'Iran où les membres du Djihad pour la Construction et ses ingénieurs avaient construit un silo à capacité réduite. Je crois que je me suis prosterné (en signe de reconnaissance) parce que le silo est difficile à construire. De l'extérieur cela paraît facile mais en fait c'est compliqué. Aujourd'hui nous sommes un des constructeurs de silos à grande capacité, les plus connus, nous en construisons pour les autres aussi. Nous pouvons donc déduire que l'hostilité de l'Occident n'a pas été à notre détriment. Certains considéraient cela comme une catastrophe et disaient que le boycott économique anéantirait notre technologie. Oui, il est possible qu'on nous interdise une route asphaltée, mais l'asphalte n'est pas toujours une bonne voie, parfois les routes que l'homme construit lui-même lui sont plus utile et lui font les muscles, parfois on prend aussi des raccourcis. Les routes asphaltées que les autres ont construites nous mènent là où ils le désirent. Si c'est nous qui faisons la route, nous pourrons également faire des raccourcis. Nous savons que notre retard vient d'une fascination dont nous sommes sortis aujourd'hui. L'un des services de la Révolution islamique- comme je viens de vous le dire- dans le domaine scientifique et technologique, est qu'elle nous a prouvé que nous étions capables de tout faire. Nous avons cette confiance et cette assurance aujourd'hui. Nous avons fait des progrès remarquable dans la construction des pièces de rechange et dans les modèles de technologie de pointe.
La troisième remarque est que tout cela n'est pas du tout suffisant. Nous sommes très en retard par rapport à la technologie mondiale. Cette distance était plus longue à l'époque de la décadence et a été réduite aujourd'hui. Nous avons avancé mais il existe encore un fossé à remplir. Ce que j'ai dit sur la production scientifique ne signifie pas qu'on doit apprendre la science des autres, il faut l'apprendre, sans aucun doute, mais je voulais dire par là qu'il faut dépasser les frontières du savoir et conquérir de nouveaux horizons, c'est une entreprise difficile. Il faut qu'on atteigne les technologies de pointe et qu'on apporte quelque chose de nouveau aux technologies du monde. Il faut présenter des inventions typiquement iraniennes sur le marché mondial. Nous avons été très bons jusqu'ici. C'est sûr. Je connais beaucoup de travaux qui ont été faits. Cela fait des années que nous faisons des statistiques dans différents domaines et que nous les étudions, je sais que nous avons fait beaucoup de progrès mais cela n'est pas suffisant pour la société iranienne. Cela n'est pas suffisant pour un pays dont les médecins, les astrologues et les savants sociologues brillaient dans le monde, il y a 1000 ans. Il est possible que le monde de la médecine ne profite plus des recherches d'Avicenne bien que personnellement, je crois qu'aujourd'hui encore on puisse en tirer profit dans multiples domaines, mais tout le monde fait son éloge en voyant ses recherches et les recherches de Mohammad Ibn Zakariya al-Razi, de Khajé Nasir al-Din Tûsî, de Khayâm, de Khârezmi et d'autres savants. C'est notre gloire et ces progrès ne sont pas suffisants pour notre peuple. Il y a quelques jours, une de nos personnalités politiques s'est rendue dans un pays islamique dont je ne veux pas citer le nom. Le Président de ce pays avait dit en présence de ses homologues européens, pas lors d'une réunion privée et loin de vouloir faire des compliments, que son pays était fier de l'Iran et du régime islamique, ainsi que de l'Iran dans l'Histoire de l'islam. Il a dit que les progrès islamique, le savoir faire islamique et la civilisation islamique s'étaient développés grâce aux Iraniens. Nous exigeons cela. Nous avons l'intention d'atteindre le niveau de technologie que nous méritons. Ce n'est pas du nationalisme ou du racisme, c'est un regard humaniste à l'Humanité parce que, si nous nous plaçons en tête dans la science mondiale, nous n'avons pas l'ambition de conquérir le monde à l'instar de l'Occident. Nous n'avons pas l'intention d'abuser des nations. Notre science nous profitera et profitera aussi aux autres pays. Le Président s'était rendu dans des pays africains et avait présenté quelques projets. Il m'a présenté un rapport à ce sujet en disant que nous pouvions en réaliser facilement quelques-uns, même mieux que les Européens qui le font pour dix fois plus cher dans les pays africains. Ces derniers sont obligés mais nous n'agissons pas de cette manière, nous essayons de nous entendre avec ces pays. Ce n'est pas que l'on néglige les profits nationaux, mais c'est parce que nous ne considérons pas des bénéfices exagérés comme Halal (permis). Si nous avons une science nous la partageons avec les autres. Il y a un pays qui pouvait nous donner des armes mais il ne nous en a pas donnée ! Il n'avait pas l'autorisation car c'était un autre pays qui les fabriquait. Bien que ce pays ne fût pas de notre côté, il n'avait pas la permission de nous vendre ces armes. Cela remonte aux années 80. Le pays qui n'avait pas l'autorisation de nous vendre un produit manufacturé, nous lui donnons aujourd'hui la technologie de production que nous avons atteinte et qu'il ne peut pas atteindre. En fait, on la lui vend, notre technologie sera au service du monde et des nations pauvres, et en premier lieu au service du monde de l'islam. Ce n'est pas par racisme ou parce que nous sommes Iraniens que nous voulons dépasser les frontières de la technologie et de la science, il faut que nous le fassions. Oui, nous sommes aussi nationalistes et fiers de notre passé. Nous sommes ceux qui ont accepté l'islam à bras ouverts et qui ont reconnu la famille sainte avant beaucoup d'autres. Nous sommes ceux qui ont fait des efforts pour propager l'islam, qui ont accueilli les opprimés de la famille sainte, de Médine, de la Mecque et de Kufah, à bras ouverts. Regardez combien de descendants des Imams ont été enterrés en Iran ! Qui sont-ils ? Ils n'étaient pas Iraniens. Ce sont des gens qui se sont réfugiés en Iran et les Iraniens parfois se sont battus pour les défendre et ont fait des sacrifices dans leur voie. Des Iraniens des provinces de Mazandéran et de Guilân, au nord de la chaîne d'Alborz, sont partis pour le Yémen et y ont installé le gouvernement chiite zaydite. Les Yéménites sont zaydites et avaient un gouvernement zaydite, cela a été fait par les soldats iraniens et les combattants et les partisans de l'islam et du chiisme. Notre exigence pour l'avenir est une revendication nationale, nous ne le nions pas mais ce n'est pas seulement cela, comme nous l'avons dit, il s'agit aussi d'un regard humain et d'une perspective islamique.
Les recherches sont nécessaires, un budget spécial est nécessaire, des moyens et de la place sont nécessaires, la coopération de l'université et de l'industrie est nécessaire. Tout cela est l'outil nécessaire au travail. De toutes façons, c'est nous qui sommes les responsables, et les autorités et le gouvernement sont aussi responsables sans aucun doute. Durant ces dernières années, l'ambiance a été heureusement favorable, grâce à Dieu, des travaux ont été entrepris, Dieu merci, et vous êtes l'élément essentiel et le plus fort de cette entreprise. Seule des ressources humaines et passionnées franchiront les obstacles comme une plante qui sort du cœur d'un rocher. Il faut faire revire ce goût pour le développement et la coopération au sein des milieux techniques et scientifiques, y compris dans l'ensemble que vous constituez ici et dans le domaine d'ingénierie du bâtiment, des infrastructures et bien d'autres, et bref dans toutes les disciplines d'ingénierie.
La dernière remarque concerne les questions d'architecture, d'urbanisme et de construction en général. Cette question est d'une grande importance. Il ne faut pas commencer à agir après les tremblements de terre, il faut tirer une leçon du passé. Il y a plus d'un an qui est passé depuis le terrible tremblement de terre de la ville de Bam. Un peu plus tard ce fut le tour de Baladé et du Nord, un tremblement de terre qui a fait de grands dommages, mais qui n'était pas comparable au désastre de Bam, et récemment celui de la région de Zarand. Il est possible qu'un tremblement de terre arrive à tout moment dans n'importe quelle région du pays. Qu'est-ce que ces incidents nous disent sinon qu'il faut prêter plus d'attention à la construction des habitations. La maison est avant tout un abri. La famille qui constitue le groupe le plus proche est à l'intérieure de la maison. Les enfants, la femme et le mari sont à l'intérieur, il faut qu'ils se sentent en sécurité. Comme nous y avons fait allusion, nous avons un brillant passé dans ce domaine. Prenez l'exemple de Persépolis, du Ivan-é-Madayen et des constructions colossales de l'époque islamique et des autres époques, bâties selon différents modèles architecturaux. Bien sûr il faut tenir compte d'autres critères comme la résistance, la beauté, la qualité des matériaux, l'environnement et avant tout l'économie. Ce sont des facteurs dont vous tenez compte dans la construction des bâtiments. Je me rappelle quand j'étais enfant, on avait voulu restaurer une partie de notre ancienne maison qui avait au moins une centaine d'années. J'avais à peine 12 ans et j'aidais les ouvriers et les maçons en sortant les vieilles briques pour les remplacer par les briques neuves. Quand les maçons voulaient sortir une brique, ils lui donnaient des coups de marteau pour la casser mais ils n'arrivaient pas à la sortir complètement car elle était aussi dure que la pierre. Ces briques sont devenues des briques creuses à notre époque, comme vous le voyez. C'est l'époque de la décadence, tout a une influence. Il y a des matériaux modernes sur le marché, mais un manque de souci dans la construction et dans leur utilisation. L'harmonie avec les bâtiments anciens n'existe presque pas dans ces nouvelles constructions. Regardez nos anciennes constructions bâties en fonction de la région et des prescriptions islamiques. Dans le Nord, le Sud ou l'Est, dans la région du Khorasan par exemple, les bâtiments étaient différents. L'architecture changeait selon les besoins, l'environnement et l'utilisation. Ils pensaient bien et par conséquent ils agissaient bien. Ne vous trompez pas, je ne pense pas que nous devons construire sur le modèle d'il y a 150 ans, non, il faut innover et tenir compte des nouveaux besoins. Il faut tenir compte de l'écologie, cela n'existait pas à l'époque, il faut économiser l'énergie, il faut employer les nouveaux matériaux, il n'y aucun doute là-dessus, mais n'oublions pas la précision dans le travail, qui était très bien respectée par nos ancêtres.
Au sujet de l'ingénierie et des lois qui sont passées dans ce domaine, dont nos amis ont parlé et dont je suis au courant, ce sont de bonnes idées mais il faut passer à l'action. L'ingénieur et l'architecte doivent se sentir responsables. Quand des problèmes surviennent on dit que l'ensemble des ingénieurs a honte. Oui, en vérité, ils doivent tous se sentir responsables.
Tout le monde est responsable et en particulier le secteur de la construction. L'ingénieur qui surveille les travaux doit veiller comme un médecin qui prescrit des médicaments lorsqu'il détecte la maladie. S'il reconnaît la maladie et donne une mauvaise ordonnance ou s'il ne fait pas attention dans son diagnostic, il sera critiqué et s'en repentira lui-même. Il faut que cet esprit et cette conscience professionnelle se développent dans le travail des ingénieurs, des architectes, des programmateurs et de tous ceux qui travaillent dans ce secteur. Certains pensent que la beauté est une chose superflue, non, la beauté est un élément de la vie et rend la vie plus facile et l'environnement plus supportable. Il y a une grande différence entre une rue avec des constructions et des maisons harmonieuses et une rue avec des bâtiments laids, imposés à l'espace et à l'environnement. Ces deux rues sont très différentes. Cela est aussi vrai pour l'intérieur du bâtiment et les lieux publics. L'esthétique joue un rôle important dans la construction ainsi que le respect des critères islamiques et locaux, et dans l'urbanisme. J'ai dit aux amis qui sont chargés de reconstruire la ville de Bam de ne pas se limiter à la question de la résistance des matériaux et de l'économie - ces dernières sont indispensables et il faut y accorder une attention spéciale - mais de faire en sorte qu'en marchant dans les rues de Bam, on se réjouisse de voir les nouveaux bâtiments. Il faut que toutes nos villes suivent cet exemple. Mais il faut accorder plus d'attention aux travaux urgents, et entres autres, la restauration des vieux quartiers. Nous avons beaucoup de cas comme celui de la ville de Bam. Un séisme d'une intensité de six Richter et tant de morts ! Cela fait trembler. J'ai voyagé dans les villes de l'Iran et j'ai sillonné les quartiers et les rues de ces villes que je connais bien. Il y a des villes où un accident pareil aurait des conséquences inimaginables. Il faut y penser et étudier cette question. J'ai eu plusieurs réunions avec les responsables du gouvernement et des organisations en aval, après le désastre de Bam. Tout le monde se souciait de ces travaux. On a beaucoup discuté et échangé des conseils et des idées, on a aussi fait des choses mais je voudrais que les travaux soient plus actifs. Jusqu'à présent, une centaine de personnes ont été victimes de ces récents séismes, cela doit nous rappeler nos responsabilités.
J'espère que Dieu vous aide . Je suis très content d'avoir eu l'occasion de vous rencontrer, vous les spécialistes, les experts et les savants. J'ai encore beaucoup à dire et vous aussi, vous avez beaucoup de choses à me dire, mais le temps que nous avions est terminé. J'espère que l'Imam du temps (que Dieu hâte son Retour), vous rappellera dans ses prières, que Dieu vous accordera le succès et que nous pourrons tous, assumer incha-Allah nos responsabilités envers Dieu et le peuple.
Que salut de Dieu, sa clémence et sa bénédiction vous soient accordées