Ce qui suit est le texte abrégé d'un discours prononcé par l'Ayatollah Sayed Ali Khamenei, Guide suprême de la Révolution islamique, lors d'une réunion avec des recteurs d'université, des professeurs, des chercheurs et des étudiants, le 16 Décembre 2004.
Au nom d'Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux
Lors de cette réunion plusieurs participants ont exprimé leurs points de vue sur différentes questions universitaires en particulier la recherche et les questions culturelles et éducatives.
« Tout d'abord, je voudrais faire quelques commentaires. Ensuite, je serai prêt à entendre les points de vue de nos amis qui sont ici présents », a dit l'Ayatollah Khamenei.
Je salue tous les chers frères et sœurs, et je suis heureux que cette réunion ait été organisée. Cette réunion est un rassemblement d'intellectuels, de chercheurs et de scientifiques. Cela est pour moi un honneur et une grande joie. Si nous pouvions inviter tous les professeurs d'université, nous le ferions sûrement mais malheureusement, ce n'est pas possible.
Les objectifs de cette réunion sont tout d'abord de rendre hommage aux enseignants et aux professeurs d'université, c'est un geste symbolique pour montrer notre gratitude et notre attachement aux enseignants des différentes sciences qui sont les piliers et les administrateurs des différentes branches scientifiques de notre pays. Nous savons que plusieurs facteurs contribuent au progrès de la science dont l'un consiste à encourager les enseignants et à rendre hommage aux savants.
Le deuxième objectif de cette rencontre est de vous donner l'occasion d'exprimer vos opinions et de m'informer de vos préoccupations. J'espère que l'expression de vos points de vue et mon attention donneront des résultats fructueux. Bien sûr la durée de notre réunion est limitée et seuls quelques participants pourront y prendre la parole. Cependant des résultats utiles peuvent être obtenus grâce à l'expression de ces points de vue même limitée à quelques-uns d'entre vous. Les réunions de ce genre avaient généralement pendant le mois sacré du Ramadan, les années précédentes. Certains d'entre vous, chers frères et sœurs, y ont assisté. Cette année nous voulions inviter des amis de province, c'est pourquoi nous avons décidé d'organiser cette réunion après le Ramadan. Nous avons trouvé l'occasion de vous accueillir ici ce soir, et de vous entendre, ce que nous considérons comme une chose très bénéfique pour tous.
Toutes les questions qui ont été soulevées et discutées lors des réunions précédentes ont été dans une certaine mesure, suivies. J'ai récemment demandé un rapport sur les sujets et les thèmes abordés dans les réunions précédentes, ainsi que sur les mesures qui ont été prises. Certaines questions dépendaient du gouvernement ou d'autres organismes gouvernementaux, et certaines de nos universités. Par conséquent, la poursuite des points de vue exprimés ici, sera le prochain objectif de cette réunion.
Il n'y a aucune limite à l'éventail des sujets et des questions que vous souhaitez aborder. En d'autres termes, je n'exige pas que vous parliez uniquement de certaines questions, au contraire, j'insiste pour que vous abordiez tous les sujets qui vous intéressent. Néanmoins, je pense que ce serait une bonne idée si vous incluez deux sujets dans vos discussions et accordez une attention particulière aux deux points que je vais mentionner.
Le premier point concerne les mesures concrètes pour promouvoir et faciliter la recherche scientifique et l'investigation, dans notre pays, tant par les professeurs d'université que par les étudiants dans leurs thèses. Les professeurs et les étudiants consacrent un temps précieux à écrire des thèses ou des articles. Ont-ils été programmés pour répondre aux besoins du pays ?
Les résultats des recherches menées conjointement par les étudiants et les professeurs sont-ils utilisés dans la pratique ?
Est-ce que ces recherches permettent un développement de nos universités, de nos centres de recherche et de notre savoir ?
Certains étudiants me font parvenir une copie de leurs thèses que je range sur une étagère spéciale dans ma bibliothèque. Bien que je n'aie pas le temps de les lire toutes, j'ai remarqué que certaines d'entre elles avaient des titres très intéressants qui méritent notre attention.
D'autres titres par contre, semblent très marginaux et éloignés de la tendance scientifique prédominante du pays. Que faut-il faire pour utiliser à bien ces thèses et ces rapports de recherche importants, pour lesquelles un temps précieux a été consacré. Je pense qu'il serait utile que vous donniez votre avis sur ce sujet.
Le deuxième point est qu'aujourd'hui, nous ressentons un fort sentiment d'engagement envers les questions sociales, chez les professeurs d'université et les étudiants, dont nous devons être reconnaissants à Dieu le Tout-Puissant. Je me souviens de l'état de nos universités avant la Révolution. Aujourd'hui, l'engagement des étudiants et des professeurs dans les questions nationales et sociales mérite notre admiration. Mais que fait-il faire pour renforcer cet engagement et ce sens des responsabilités vis-à-vis de l'avenir du pays dans nos milieux académiques, qui sont caractérisés par leur intérêt pour la science et la recherche, et pleins de dynamisme et de vitalité ?
Les gens ordinaires accordent généralement la priorité à leurs préoccupations personnelles même si, d'un point de vue islamique, c'est l'intérêt général qui devrait être prioritaire. Toutefois, les intellectuels, les penseurs et les chercheurs, y compris les professeurs d'université et les étudiants, sont particulièrement réputés pour la priorité qu'ils donnent à l'avenir de notre nation et de notre pays, et leur oubli des questions personnelles. La question est de savoir quelles mesures doivent être prises pour renforcer ce sentiment d'engagement et de responsabilités vis-à-vis de la nation, dans les milieux universitaires.
Naturellement, les résultats que nous attendons de cette rencontre, cordiale et amicale, ne sont pas ceux que nous attendons des réunions scientifiques spécialisés. Je suggère que des séminaires scientifiques soient organisés sur toutes les questions importantes. Parfois, certains séminaires nationaux ou internationaux n'ont pas de résultats concrets. Ces séminaires doivent être scientifique et produire des résultats tangibles et bénéfiques. Nous ne nous attendons pas à un tel résultat à partir de cette rencontre cordiale mais puisque cette réunion est organisée à l'échelle nationale, elle peut être une source d'inspiration et de motivations pour ceux qui suivent ce programme à la télévision.
Je voudrais que nos amis commencent à s'exprimer. Je crois que M. Azizi, un éminent chercheur et une personne engagée, va diriger la réunion. Nous lui en sommes reconnaissants.
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Après les interventions des participants le Guide suprême a de nouveau pris la parole.
Au nom d'Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux
Nous avons eu une bonne réunion et qui a été très profitable. Même si tous les chers frères et sœurs présents qui voulaient s'exprimer n'ont pas tous eu l'occasion d'exprimer leurs points de vue, ceux qui se sont exprimés ont formulé des observations et des commentaires très utiles dont j'ai pris note. Plus tard, si Dieu le veut, ces points seront étudiés en détail.
Grâce à Dieu, nous avons fait des progrès dans de nombreux domaines. Je suis au courant des réalités et des évolutions sociales. Vous, Mesdames et Messieurs, qui êtes présents à cette réunion, vous faites partie de l'élite de notre société. J'ai aussi des contacts avec d'autres groupes auxquels je rends visite chez eux et avec qui je discute. Je suis donc en contact étroit avec les réalités de notre société. [...] Je reconnais qu'il existe certains problèmes qui ont été mentionnés par nos amis. Il y a des problèmes et des obstacles, mais il y a aussi des points positifs qui nous donnent espoir et nous motivent. Nous devons augmenter nos efforts pour résoudre les problèmes.
Dans l'ensemble, je pense que les responsables doivent faire davantage d'efforts pour former les élites à la fois dans le domaine universitaire et dans le domaine de la recherche. Les responsables doivent être réalistes et envisager des plans à court terme pour atteindre ces objectifs, sans tenir compte des questions matérielles, bien qu'à long terme les progrès et les bénéfices dépendront en grande partie, de ces plans. Mais en ce qui concerne les questions universitaires, les plans à court terme ne doivent pas être évalués en fonction des revenus économiques et financiers qu'ils peuvent produire. A l'heure actuelle, les responsables de la gestion et de la planification, ainsi que les membres du Cabinet partagent cette attitude, car ils sont eux-mêmes des universitaires et des gens instruits qui connaissent la valeur de l'enseignement supérieur et de la recherche. Néanmoins, il faut une bonne planification et une gestion efficace.
La question de l'émigration des élites ou de la fuite des cerveaux qui a également été abordée par vos collègues, vient des possibilités mais aussi des valeurs morales et des modèles de gestion. Ceux qui ont des responsabilités de gestion au ministère de la Science, de la recherche et de la technologie, dans les centres de recherches et les universités, doivent agir dans le cadre d'une gestion efficace, appropriée et raisonnable. En effet, la campagne de promotion de la science et de la recherche a besoin d'une bonne gestion et comme certains de nos amis l'ont précisé, d'un contrôle, d'une planification, d'une orientation et de la définition des objectifs. Nous devons définir au préalable, notre stratégie dans les travaux de recherche et pour que les résultats des recherches profitent au développement du pays.
Le pays a un brillant avenir. Il existe des talents remarquables et suffisamment de possibilités dans le pays. Mais les possibilités doivent être augmentées. Les organismes gouvernementaux et les centres de décision sont tous d'accord que le fait que la science est l'axe central du développement de notre pays. Il n'est pas possible de parvenir au développement sans progrès scientifique. Cela a été clairement souligné dans le document national de perspectives vicennales. Des efforts supplémentaires sont nécessaires, tant de la part des organismes de gestion que de la part des honorables enseignants universitaires.
C'est la production scientifique qui est importante. Des efforts doivent être déployés pour ouvrir de nouveaux horizons scientifiques. Il ne suffit pas d'apprendre les différentes sciences, il faut ouvrir de nouveaux horizons dans le domaine scientifique et faire des progrès. Si nous dépendons des résultats des recherches menées par d'autres chercheurs et scientifiques dans le domaine des sciences expérimentales ou des sciences humaines, sans procéder nous-mêmes à des recherches indépendantes, cela ne contribuera pas à notre progrès. Nous avons déjà vu que les hypothèses issues de la recherche et des enquêtes menées par le monde occidental dans le domaine des sciences expérimentales et, en particulier, dans le domaine des sciences humaines, n'ont pas fourni des résultats très fiables et très acceptables. La vision de l'islam sur l'humanité, la science, la vie humaine, la nature et l'existence, fournit aux êtres humains une nouvelle connaissance qui est différente des bases de la recherche scientifique en Occident.
Les recherches scientifiques en Occident ont commencé avec le défi les Occidentaux à ce qu'ils pensaient être la religion. Ils avaient raison en lançant ce défi car la religion contre laquelle les Occidentaux se sont soulevés pendant la Renaissance, et contre laquelle ils ont dirigé leur mouvement intellectuel et scientifique, n'était pas réellement une religion mais un ensemble de superstitions présentées comme une religion. La religion ecclésiastique au Moyen Age n'était pas fondée sur la connaissance. Naturellement, un ensemble de préjugés et de rancunes sont nés dans l'esprit des savants, des intellectuels et des élites de l'époque qui ont cherché des solutions antireligieuses et irréligieuses à ces problèmes. Ils estiment encore que la science est incompatible avec la religion. Toutefois, en l'Islam, la science s'enracine dans la religion et la religion est le principal défenseur et soutien de la science. La religion que nous avons acceptée, l'idéologie religieuse qui nous a été présentée par le Saint Coran et notre conception de la création, de l'humanité, de la métaphysique, du monothéisme, du destin et de la providence sont tous compatibles avec la science. C'est pourquoi l'islam est à l'origine et le soutien de la science.
Vous pouvez voir des preuves de ce soutien dans l'Histoire de l'Islam. Le soutien considérable que le mouvement scientifique des premiers siècles de l'ère islamique a reçu de la part de l'Islam et les grands progrès qu'il a faits par la suite, ont été sans précédent dans le monde. Dans tous les domaines, la science et la religion s'unissaient et se mêlaient. Toutefois, en Occident les sciences comme l'économie, la sociologie, la gestion et les sciences humaines sont fondées sur des bases antireligieuses et laïques qui sont considérées comme invalides par les savants musulmans car la science en islam est fondée sur le monothéisme.
Nous devons faire plus d'efforts dans le domaine des sciences humaines et des sciences expérimentales. Nous devons réaliser des progrès scientifiques et ouvrir de nouveaux horizons scientifiques. Plus d'efforts doivent être déployés et de plus grands progrès doivent être faits dans ce sens. C'est ce qu'on attend de nos milieux universitaires et scientifiques. Heureusement, nous avons fait des progrès considérables après la Révolution. Ceci est évident. Si le milieu antireligieux et laïc était plus propice au progrès scientifique nous aurions du faire plus de progrès dans le passé, sous le règne des gouvernements irréligieux. Or avant la Révolution, nous avait été retardés dans les domaines scientifiques. Ils ont privé la nation iranienne de la confiance en soi. Nos intellectuels et nos élites étaient tellement fascinés par l'Occident que personne n'aurait osé exprimer des pensées, des opinions et des théories opposées à celles qui prévalaient en Occident. Nous sommes encore, plus ou moins, confrontés à ce problème.
L'islam nous a redonné confiance en nous-mêmes et la Révolution a rempli nos cœurs de courage. Les réalisations actuelles sont le résultat de ce courage qui doit être renforcé pour réaliser des progrès encore plus importants. Nos jeunes sont brillants et talentueux. Des mesures doivent être prises pour identifier, former et employer ces étudiants talentueux et plus performants. La création de la Fondation des élites scientifiques est une étape positive dans ce sens.
Il y a un point que je tiens à préciser pour finir. Certains amis qui se sont exprimés dans cette réunion m'ont demandé de donner des directives dans certaines questions. Je ne donnerai aucune directive sur ces questions. Ce n'est pas mon travail. Je n'ordonnerai jamais au ministère des sciences de prendre telle ou telle mesure. En définissant les politiques, je présente un cadre d'action au gouvernement et aux responsables. Je ne donne pas non plus d'ordres aux juges comme certains amis l'ont demandé. Le juge décide lui-même et est responsable de ce qu'il fait comme les organismes gouvernementaux. Nous ne faisons qu'encourager et suivre ces questions pour qu'elles se réalisent dans un cadre légal, logique et juste. Ces choses-là ne se réalisent pas par des ordres. Il y a beaucoup de problèmes qui ne peuvent pas être résolus par des ordres, des directives ou d'autres choses de ce genre.
J'espère que Dieu le Tout-Puissant, accordera Ses bénédictions aux honorables invités qui ont participé à cette réunion, ce soir. J'espère aussi que les points de vue que vous avez exprimés et les commentaires que vous avez faits seront bénéfiques et contribueront à de plus grands progrès dans l'enseignement supérieur.
Que les Salutations divines soit sur vous et que la miséricorde d'Allah et Sa bénédiction vous accompagnent !