Dans une terre où les murs des maisons se sont effondrés, où les hôpitaux sont devenus des cimetières et les écoles des monceaux de cendres et de feu, les femmes de Gaza tiennent toujours debout. Elles ne sont pas seulement des survivantes ; elles sont les narratrices d’une souffrance que le monde voit et oublie, mais pas elles. Aujourd’hui, les femmes de Gaza ne sont pas seulement des victimes de guerre ; elles sont aussi des victimes de l’injustice historique, du silence international et de l’oubli médiatique. Elles ont grandi sous le blocus depuis leur naissance, se sont cachées sous les bombardements dans leur enfance, sont devenues mères de martyrs dans leur jeunesse, et ont été prises pour cible à l’âge adulte. Les sionistes, avec le soutien des gouvernements occidentaux et le silence de la communauté internationale, arrachent les enfants des bras de leurs mères, car leur objectif est de détruire la Résistance ; un objectif vain, car « le massacre des femmes, des enfants et des civils ne peut ni ébranler la structure solide de la Résistance ni la faire plier » [1].

 

 La journée infernale d’Alaa al-Najjar 

Parmi les cendres et les décombres, le 23 mai, une image douloureuse est apparue dans la zone de Qizan al-Najjar : le régime sioniste a délibérément ciblé une maison où dix enfants, avec leur père, venaient de faire leurs adieux à leur mère, Alaa al-Najjar, alors qu’elle partait pour un quart de travail épuisant à l’hôpital Nasser de Khan Younis. Le Dr Alaa al-Najjar, pédiatre à l’hôpital Nasser de Khan Younis, est une femme qui a tragiquement endossé les rôles de mère et de médecin simultanément durant l’un des moments les plus sombres de l’histoire palestinienne contemporaine. Elle a consacré sa vie à sauver des enfants palestiniens, mais a finalement vu ses propres enfants brûlés et démembrés dans une attaque qui a réduit sa maison en poussière.

Vendredi matin, elle est devenue la mère endeuillée de neuf enfants martyrisés dans leur maison de Khan Younis par un bombardement sioniste. L’un de ses enfants était un nourrisson de six mois. Au moment où Alaa se trouvait en salle d’opération pour tenter de sauver un autre enfant, les corps calcinés des siens ont été amenés dans l’hôpital où elle travaillait. Elle avait laissé ses dix enfants à la maison, sans imaginer que ce serait un dernier adieu. Quelques heures plus tard, leur maison était ciblée. Son mari, le Dr Hamdi al-Najjar, a également été blessé, et un seul des dix enfants a survécu, gravement blessé. Les corps carbonisés de sept enfants ont été extraits des flammes sous les décombres. Deux autres, dont le nourrisson de six mois, restent ensevelis.

Dans une vidéo publiée par la Protection civile palestinienne, on voit les scènes d’extraction des corps brûlés des enfants du Dr Alaa sous les ruines. Dans l’hôpital surpeuplé, rempli de cadavres et de blessés, elle tente d’identifier les visages de ses enfants ; mais les brûlures sont si graves qu’il est même impossible de leur déposer un baiser d’adieu sur le front.

Madame le Dr Alaa n’est pas seulement une médecin, mais aussi un symbole parmi des milliers de femmes gazaouies qui, malgré leurs rôles professionnels et maternels, sont prises dans la guerre ; des femmes qui doivent parfois enregistrer le décès de leurs propres enfants et, quelques instants plus tard, se tenir aux côtés d’autres enfants pour les garder en vie.

 

 Être une femme à Gaza 

L’histoire du Dr Alaa est l’une parmi des milliers. À Gaza, être une femme est un champ de bataille en soi. Les femmes gazaouies, en tant qu’épouses ou mères, médecins, travailleuses humanitaires, journalistes, enseignantes ou simples citoyennes, portent le lourd fardeau de la guerre. Les foyers qui devraient être des refuges sont réduits en poussière. Les bras qui devraient offrir du réconfort sont ensevelis sous les décombres, et pourtant, les femmes tiennent toujours debout.

Le Dr Alaa est retournée travailler six mois seulement après son accouchement, à cause du manque de personnel. Sa décision était claire : « Tant qu’il y a un enfant à sauver, je dois être là. » C’est la voix forte des femmes qui, sous les bombardements, choisissent encore la vie et la résistance.

Alors que 1 400 médecins, infirmières et travailleurs humanitaires palestiniens ont perdu la vie, des récits comme celui du Dr Alaa montrent que la violence du régime sioniste contre les femmes de Gaza n’est pas seulement physique, mais aussi psychologique, sociale et structurelle. Les femmes palestiniennes sont privées non seulement de leurs foyers et de leurs proches, mais aussi de leur droit à la prise de décision, à la sécurité, et même à celui de pleurer.

Les femmes de Gaza affrontent non seulement la guerre, mais aussi les pressions structurelles du régime sioniste qui les privent de sécurité, de soins médicaux, d’éducation et de droits sociaux. Dans un blocus qui dure depuis près de deux décennies, les femmes, surtout pendant la grossesse, l’accouchement, l’éducation des enfants et les soins aux personnes âgées, font face à d’immenses défis :

- Les femmes de Gaza, en raison de la destruction des infrastructures médicales et du manque d’équipements, voient leur vie et celle de leurs nouveau-nés menacées.

- Les femmes enceintes sont obligées de parcourir des kilomètres sous les bombardements pour atteindre un hôpital à moitié détruit.

- Les mères assistent, impuissantes, aux convulsions de leurs enfants par manque de médicaments.

- Les filles sont privées d’éducation simplement parce que leurs écoles ont été réduites en cendres.

 

Une résistance féminine inépuisable

Pourtant, la femme de Gaza peut plier, mais ne s'épuise pas. Elle construit une école sous une tente pour son enfant, apporte des médicaments à son voisin, prépare de la nourriture pour les blessés et chante des berceuses à son nourrisson, même lorsque le bruit des explosions forme l’arrière-plan. La résistance féminine à Gaza ne réside pas dans les armes, mais dans la perpétuation de la vie : cuire du pain, arroser un petit jardin, écrire une lettre à un prisonnier ou lever une main vers le ciel en prière. La femme gazaouie, par ses actions, déclare : Nous existons.

 

Le silence mondial : complice du crime contre les femmes palestiniennes

Selon les statistiques officielles du ministère palestinien de la Santé, plus de 16 500 enfants et près de 9 000 femmes ont été martyrisés dans les attaques du régime sioniste. Ces chiffres montrent que les femmes et les enfants ont été des cibles principales, et non accidentelles, de ces attaques. Dans de nombreux cas, des familles entières ont été anéanties par un seul missile ; souvent sans avertissement, sans abri, sans issue. Ces massacres ne sont pas perpétrés uniquement par les armes, mais sont institutionnalisés par le silence des organisations internationales, la censure médiatique et l’absence de responsabilité juridique.

Dans de nombreuses régions du monde, un seul cas de violence contre une femme peut provoquer des centaines de titres de presse, des manifestations et des réactions officielles. Mais la femme palestinienne, lorsqu’elle perd son enfant, voit sa maison détruite ou son corps enseveli sous les décombres, ne rencontre souvent que le silence.

Ce silence mondial est plus dangereux que les bombardements eux-mêmes, car il ouvre la voie à la banalisation de la violence contre les femmes palestiniennes. Comme si la souffrance des mères de Gaza faisait partie d’une routine. La violence contre les femmes à Gaza ne se limite pas aux missiles et aux balles ; le sans-abrisme, la faim, le manque de soins, l’absence d’hygiène, l’insécurité physique et psychologique, et le silence total des médias internationaux en sont aussi des formes cachées mais tout aussi graves. La guerre ne les tue pas seulement, elle les réduit au silence.

De Madame le Dr Alaa al-Najjar aux milliers de femmes gazaouies inconnues, un schéma de souffrance se dessine : une femme qui accouche, soigne, résiste et devient simultanément une victime. Pourtant, le monde s’habitue peu à peu à ces scènes, et cette normalisation est en soi une catastrophe humaine. Chaque fois que nous passons avec indifférence devant une nouvelle d’un bombardement à Gaza, chaque fois que l’image d’une mère en pleurs traverse notre regard avant d’être oubliée, nous participons au processus d’étouffement de la voix de la femme palestinienne. La communauté internationale, les médias, les organisations de défense des droits des femmes, et même les nations opprimées, s’ils restent silencieux face à cette violence systématique contre les femmes de Gaza, consentent de fait à sa perpétuation. Nous ne devons pas laisser la souffrance de la femme palestinienne devenir normale. Nous ne devons pas laisser sa voix se perdre dans le bruit de la politique et des déclarations.

Et c’est précisément face à ce silence que l’Imam Khamenei a déclaré que la Palestine ne devait pas être oubliée : « [Certains] veulent faire oublier les questions liées à la Palestine. Les nations musulmanes ne doivent pas le permettre. En propageant diverses rumeurs, en soulevant des questions nouvelles, insignifiantes et hors de propos, ils tentent de détourner [les esprits] de la cause palestinienne. Ils [les esprits] ne doivent pas être détournés de la Palestine. Les crimes commis par le régime sioniste à Gaza et en Palestine ne peuvent être ignorés. Le monde entier doit se dresser fermement contre cela. Le monde doit se dresser fermement contre le régime sioniste lui-même, mais aussi contre ses soutiens. » [2]

La résistance de la femme palestinienne n’est pas qu’un symbole ; c’est un cri pour la vie, pour le droit de vivre, pour l’humanité. Et nous avons le devoir d’entendre ce cri, de le refléter et de nous opposer à son étouffement. Ce sont des êtres humains, des mères, des médecins, des enseignantes, et elles doivent vivre, non être enterrées sous les ruines sans même que leurs noms soient enregistrés. Nous sommes aussi obligés de défendre leur droit à la vie par tous les moyens possibles : en boycottant et sanctionnant les produits du régime sioniste, en participant aux manifestations, en parlant et écrivant sur ce génocide, en utilisant notre droit de vote pour influencer les politiques en faveur de la Palestine, en ne restant pas silencieux, en ne restant pas silencieux, en ne restant pas silencieux …

Références:

[1] https://french.khamenei.ir/news/14476

[2] https://french.khamenei.ir/news/14809

 

 

(Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l'auteure et ne reflètent pas nécessairement celles de Khamenei.ir.)